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En venant ici, Connor ne s'attendait pas à voir beaucoup de visage connu. Il y avait bien entendu, Izzy car elle était la raison de sa présence ici, mais il avait également croisé Lorenzo lorsqu'ils avaient été contraint de se regrouper dans le restaurant pendant la tempête. Alors il s'était surpris à la chercher du regard à plusieurs reprises... La Nymphe  aux cheveux d'ébènes. Mais il ne l'avait jamais revu. Nous étions quelques jours après la tempête, les dégâts avaient été modérés et les commerces avaient rapidement ré-ouverts leur portes. Le jeune homme était finalement sortie de l'hôtel pour aller découvrir les environs. Attrapant sa canne, il s'aventura dans les rues d'Orlando, découvrant une ville dont il ne connaissait rien. Sa promenade le mena finalement dans un parc non d'un lac. Il ne put retenir un sourire devant cette scène, cela lui rappelait quelque chose. Tellement de rebondissements c'était passé depuis cette rencontre, cela semblait remonter à une éternité. S'installant sur un banc, la canne coincée entre ses jambes, Connor se mit à regarder l'ondulation de l'eau derrière ses lunettes de soleil. Le jeune homme était méconnaissable, il avait perdu une quinzaine de kilos. Son squelette reposait presque à même la peau. Ses joues, qui ressortaient déjà à l'époque, étaient creusées d'avantage. On pouvait presque se demander comment il pouvait tenir debout. Néanmoins on pouvait encore le reconnaître à ses tatouages qui dépassaient de la nuque de son col en V. Plongeant la main dans la poche de son jeans, il en ressorti son paquet de cigarette avant d'en prendre une... Il y avait des choses qui ne changeaient pas. Prenant une bouffée de sa cancerette, il bascula sa tête en arrière pour admirer le ciel à présent bleu. Néanmoins ce ne fut pas ça qui le manqua de le faire avaler de travers. Au loin, il eu l'impression de voir de une silhouette qui lui était familière. Il toussa en redressant la tête avant de se retourner pour observer la personne qui s'approchait de plus près. Mais lorsqu'elle passa juste à côté de lui, il se rendit compte que son imagination lui jouait encore des tours. Agacé par lui même, il recommença à observer la scène qui se jouait devant ses yeux. Pourquoi avait-il tant envie de la revoir... ? Quel idiot... Il n'avait même pas pensé à lui demander son numéro de téléphone. Mais après ce qu'il s'était passé, aurait-elle seulement accepté de lui donner... Passant une main dans ses cheveux, il secoua la tête dans l'espoir de remettre ses idées en place.

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Je sais pas si tu peux concevoir ce que c'est de maintenir une illusion de normalité sur le chaos. Sans doute que oui. Parce que j'ai toujours été persuadée qu'on se comprenait. J'ai cette impression horrible d'être un oisillon qui peine à marcher sur la branche. Mais j'ai choisi. De rester là dans nos enfers, de ne pas laisser la ténébreuse m'appeler et pourtant dieu sait que j'ai eu envie de succomber à son appel. De tout oublier, de ne plus rien sentir et de fermer définitivement les yeux sur le monde. Je peux pas dire que j'y céderai jamais, mais l'acte appartient aux faibles. Et je ne le suis pas. Je refuse de l'être. Quand bien même je ne parviens pas à vivre. C'est dans les choses simples que je me sens le plus vivante. Une robe courte et légère venant couvrir mon corps amaigri. Je n'ai jamais été une grosse mangeuse mais là ma seule nourriture tient dans l'alcool. Lunettes vissées au nez et peau encore bien trop blanche. Ça fait toujours un drôle d'effet un fantôme irlandais en Floride. Je repère un similaire. Je te repère toi Connor. Yeux levés au ciel et je pensais pas ça possible mais t'es dans un état encore plus pitoyable que moi. Une canne venant accompagner tes jambes, d'une silhouette toujours plus chétive. « Connor ? » que je m'entends dire malgré moi en me baissant vers toi. Je vais sans doute te surprendre mais peu importe. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Je viens enlacer mes phalanges autour de ton poignet. Il est si mince et me voilà inquiète. Pour toi, ta santé, j'espère qu'aucun mal ne te ronge car il m'a déjà trop accompagné par le passé.

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Pourquoi porter un masque dans une société qui, de toutes manières, ne t'acceptera pas comme tu es...? Cela faisait bien longtemps que Connor y avait renoncé. Il n'en avait pas l'énergie. A la place, il préférait ignorer les autres. Est-ce que ça faisait de lui quelqu'un de seul. Oui d'une certaine façon. Mais il avait découvert que des personnes s’intéressaient à lui malgré tout. Pour ce qu'il était... Et elle en faisait partie. Ce n'est pas parce qu'ils avaient choisi une vie différente qu'ils étaient faibles. Ça lui était arrivé plus d'une fois, de souhaiter en finir, de ne plus pouvoir supporter les cauchemars, la douleur... Ça aurait été d'une simplicité terrifiante, placer le canon de son arme à l'intérieur de sa bouche pour finalement presser la gâchette et puis le néant... Néanmoins il n'en avait jamais eu le courage car il y avait toujours eu une petite voix dans sa tête lui disant que le plus dur était derrière lui. Pourquoi avait-il pris le temps de l'écouter...? Il ne savait pas répondre à cette question. Laissant ses pensées aller au fil du courant aquatique, il continua à fumer sa cigarette jusqu'à entendre son prénom... Mais ce n'était pas la voix d'Izzy, ce n'était pas son timbre de voix ou sa façon de parler. Est-ce que son esprit lui jouait encore des tours à cause de son manque de sommeil...? Il se figea pendant une seconde avant de tourner rapidement du côté de la voix. Sa cancerette s'échappa de ses lèvres en la voyant. Tel un ange descendant du ciel dans sa robe fluide, elle était si blanche, lumineuse. "Deirdre..." Il voulu se relever pour vérifier qu'il n'était pas en train de rêver mais sa jambe le força à se rasseoir aussitôt. Connor la détailla du regard, elle aussi avait changé... Elle n'avait rien perdu de son aura mais son corps semblait si frêle. Lorsque la main de la jeune femme se posa sur son poignet, il savait qu'il n'était pas en train de rêver. Ses bras s'enroulèrent autour de sa silhouette, soulagé de la voir. Il s'écoula une minute avant qu'il ne relâche son étreinte pour la regarder, répondant enfin à sa question. "Beaucoup trop de chose... Tu as perdu du poids... Tout va bien ?" Deirdre était déjà une belle femme, elle n'avait pas besoin de faire un quelconque régime. Il sentait que la raison de cette perte de poids était autre. Plaçant son index plié sous son menton, il lui souleva délicatement le visage pour l'observer. Mais avait-il seulement conscience de son propre état...? Car mise à part sa jambe, le reste semblait passer en second plan.

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C'est à l'abri des feuillages, dans un coin reculé et austère qu'on s'est rencontrés pour la première fois. Dans l'obscur, on s'est exposés. Et c'est étrange de nous voir désormais, à visage découvert dans le cœur de l’exubérante Floride. De voir à quel point nous sommes désormais. Encore une fois, je trouve de l'écho dans mes tourments à observer ta silhouette Connor. Se peut-il qu'on soit liés d'une façon qui dépasse toute logique ? Je m'inquiète de te voir ainsi, puisque pour ma part, mon sort ne me préoccupe plus depuis longtemps. Tes bras viennent m'entourer et mes paupières se ferment car j'ai oublié comme parfois c'est doux. De savoir qu'on compte pour un autre. Qu'on a une importance, pour une personne au moins. Mes bras se referment autour de ta taille. Si bien que le spectacle qu'on offre doit être très étrange, mais toi comme moi, nous ne sommes pas du genre à nous en soucier. Mon regard se relève pour t'observer. « Beaucoup trop de choses aussi. » dis-je en grimaçant sous l'assaut de cette vérité. Je resserre quelque peu mes phalanges contre le tissu qui te pare, pour le froisser tout juste sous l'attaque de ma curiosité. « Raconte-moi. » dis-je en remontant le long de ton dos. Tu m'inquiètes, je veux savoir. Et pour ma part, j'ai tout mon temps. Depuis qu'il a fuit avec ce qu'il m'en reste.

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La scène qu'ils étaient en train de vivre était à la fois familière et diamétralement opposée. Ils étaient à nouveau dans un parc mais il n'y avait plus rien pour les masquer cette fois ci et le climat bien plus chaud que celui de Boston. Pourtant la saison était toujours la même. Mais la chaleur extérieur importait peu à Connor. Même s'il transpirait par une belle journée ensoleillée, quelque chose en lui était gelé... Un sentiment de vide dans le creux de son ventre. Et pourtant... Cette simple étreinte était bien plus chaleureuse que n'importe quoi... Même le soleil faisait pâle figure à côté. La présence de Deirdre l'avait soulagée en un instant, il avait l'impression d'aller mieux. La jeune femme n'eut aucun mal à passer autour de sa taille, sa maigreur aidant... Néanmoins cela aida Connor a réaliser d'une manière violente à quel point elle avait perdu du poids. Comme son reflet dans le miroir... Il la laissa tirer sur son haut tandis que sa main quitta le menton de la jeune femme pour aller vers ses cheveux. On pouvait les regarder étrangement, il s'en fichait royalement... Plus encore sachant qu'ils n'étaient même pas à Boston. Prenant une grande inspiration, il la regarda dans les yeux en commençant à conter sur histoire. "J'ai tout perdu... L'entreprise de ma famille, tout ceux à quoi j'avais consacré ma vie... C'est partie en fumée à cause d'une personne..." Sa mâchoire se crispa à ses révélations, il caressa les cheveux bruns de la jeune femme pour ne pas laisser sa colère prendre le dessus à cet instant. Et cela sembla marcher. "Mais j'ai finalement retrouvé cette personne et j'ai pu lui faire payer ce qu'elle avait fait." Le moteur de Connor n'avait pas changé lui... La vengeance était toujours ce qu'il le faisait avancer. "Néanmoins cela ne me rend pas la vie que j'ai perdu... Alors je me raccroche à un projet... C'est tout ce qu'il me reste à présent." Il soupira légèrement, sa main glissa sur celle de la jeune femme pour en caresser le dos. Ce qui était en train de lui raconter n'était qu'une partie des problèmes qui l'avait dévoré jusqu'à ce jour. L'autre partie était plus délicate à aborder avec elle alors il n'en parla tout simplement pas. Ses yeux tombèrent sur sa canne et il réalisa qu'il ne l'avait pas lorsqu'il avait rencontré la première. "Je me suis pris une balle dans la jambe à Chinatown, il y a quelques mois... Les tissus ont du mal à se réparer..." Car il se refusait à prendre le repos nécessaire pour la convalescence. Sa main libre se referma sur la poignée de sa canne tandis qu'il reporta son attention vers elle... "Et toi...?"

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Nos histoires se reflètent, le sort se répète. Je reste sage, bien campée dans tes bras lorsque tu viens m'expliquer ce qui a changé pour toi. Cette famille j'en ignore tout, mais j'imagine qu'elle a une lourde importance. « Je suis désolée. » dis-je en te regardant. Parce que je ne connais pas les détails mais je vois bien comme tout ceci t'affecte. Je ne peux pas vraiment comprendre ce que c'est que d'avoir une famille pour ma part, mais je conçois l'importance des gens qu'on aime, des repères qu'on peut bâtir. Tu as trouvé vengeance toutefois et je ne peux pas te le reprocher. Je ne peux que comprendre. Parce que j'aurais été animée du même feu à ta place. On ne peut que se rendre justice par moi-même dans un monde qui ne l'est pas. Et surtout pas avec nous. « Quel est ce projet ? » je te le demande puisque ça m'intéresse, parce que j'imagine que c'est ce qui te donne la force d'avancer. Je grimace légèrement quand tu me dis avoir pris une balle, j'en comprends que j'aurais pu tout aussi bien ne jamais te revoir. « Pourquoi tu as pris cette balle ? » Je te sais évoluant dans les ténèbres, de ce froid canon dont tu m'avais menacé dans un geste. On n'adopte pas ses conduites sans raisons. La violence n'est qu'une défense finalement. Je baisse les yeux lorsque tu viens me questionner sur mon état. Ça paraît pathétique à côté de toi mais c'est tout aussi douloureux. « J'ai tout perdu. » Quelque part oui. Mon meilleur ami. Mon argent. Mais surtout. « Je l'ai perdu lui. » Cet homme dont tu m'as dit qu'il n'avait pas conscience de la chance qu'il avait de m'avoir. Faut croire que je suis pas une si grande chance finalement. Et ça me brise. De pas avoir valu la peine. Surtout pour lui.

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Sa famille... C'est tout ce que Connor avait. Isolé très jeune du reste du monde, ils étaient ses seuls contacts avec l'extérieur. Et malgré les conflits qu'il avait avec ses aînés, sa petite sœur avait toujours été la pour lui, pour calmer ses peurs, chasser ses cauchemars. Avec Deirdre dans ses bras, il souhaitait tout lui dire... La mettre dans la confidence. Lui expliquer toute l'histoire pour qu'elle comprenne en toute connaissance de cause ce qu'il ressentait. Mais les mots d'Izzy ne cessaient de résonner dans sa tête. Si on venait à apprendre ce qu'ils avaient, ils termineraient probablement tous en prison à vie, faute de peine de mort car elle avait été abolie dans cet Etat. Grimm posa son menton contre l'épaule de la jeune femme avant de fermer les yeux. "J'aimerais pouvoir tout t'expliquer... Vraiment." Pour une raison aussi obscure que le lien qu'ils partageaient tous les deux, il avait confiance en elle. Il sentait que même s'il lui disait tout, elle ne partirait pas vers le premier poste de police pour tout raconter. Alors qu'est-ce qui empêchait les mots de sortir de sa bouche ? Peut être la crainte de faire d'elle une complice si tout cela venait à se savoir. Il tenait beaucoup trop à elle pour la faire sombrer avec lui. La vengeance n'était plus la seule chose qui le faisait avancer... Car tant qu'il n'aurait pas fait payer à ses bourreaux ce qui lui avaient fait, il ne trouverait pas le repos. Néanmoins à présent, elle faisait également partie des choses qui lui donner la force d'avancer. "Je vais ouvrir une boite de nuit à Boston, en plein City Center... Le Nephilim." Nephilim, un mot que l'on peut traduire par « ceux qui sont tombés », les anges déchus. Cela avait une forte symbolique à ses yeux. Déchu de tout ce qu'il avait connu, il avait finalement choisi sa propre voie. Puis elle lui demanda pourquoi il s'était fait tiré dessus et il se retrouva à nouveau face au dilemme qu'il avait avec Deirdre, tout lui avouer et la mettre en danger ou reste vague pour la protéger. Il tourna la tête sur le côté pour appuyer sa joue contre son épaule cette fois-ci. Dans leur étreinte, elle pouvait sentir de manière plus marquée, les cicatrices qu'il portait sur son corps, malgré le tissu noir que les recouvraient. "Car je suis né dans une famille que l'on menace... Et que l'on peut tuer pour envoyer un message..." Le pouvoir venait avec la convoitise et la jalousie. C'était la vie que Connor avait toujours connu... Et il se redressa pour la regarder, il écouta avec attention les paroles de la jeune femme... Il ne la trouvait pas pathétique... Il avait de la peine pour elle car il ressentait sa douleur, il voyait à quel point cela la touchait. Lorsqu'elle lui lâcha d'une voix presque étranglée qu'elle avait perdu l'homme qu'elle aimait, la colère fusa dans ses veines. La serrant d'avantage contre lui, il posa sa main sur ses cheveux, l'invitant à pleurer si cela pouvait la soulager. Il essaya de l'envelopper de sa chaleur et de sa protection, espérant chasser le désespoir qui la consumait. Elle n'était pas seule, il était là pour elle. "Je suis désolé, Deirdre..." A cet instant, il ne pensait même à ce qu'il pouvait ressentir. Il avait de la peine pour elle. Il était en colère contre lui. Il n'acceptait pas qu'une personne puisse lui faire du mal, volontairement ou non. "Tu sais où il se trouve...?" Car il était prêt à aller le chercher pour lui demander des comptes si cela permettait à la jeune femme d'aller mieux.

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Je pose beaucoup de questions là où le silence s'impose. J'en ai conscience. Mais tu as toujours été un lot de questions à mes yeux Connor. Un mystère que je veux résoudre, un écho dans mon monde. Toujours ôtée de logique lorsqu'il s'agit de ta personne. « Je peux comprendre, ne t'en fais pas. » Que les secrets ne sont pas avouables, qu'il vaut mieux que je reste à l'écart de tes noirceurs. Mais je t'interroge également sur ton projet, ce qui te pousse à avancer. Moi, peu de choses me semblent valoir encore la peine, alors je t'envie quelque part. Un léger sourire vient fissurer mon marbre, lorsque tu me révèles ton projet. « Tu l'imagines comment cette boîte ? » On va dire que je suis plutôt habituée à ce monde, que j'y ai eu une place enviable et influente quelque part. Que dans les excès nocturnes, on se perd mais que j'ai trouvé une partie de ma personne. Je ne suis plus la même depuis ça. Tout a changé pour de bon. Je n'aime pas cette idée qu'on puisse te blesser, je me surprends à être comme ces enfants qui ne veulent pas voir la réalité en face. Je veux imaginer plus de lumière autour de toi. Plus d'insouciance, mais c'est peine perdue. Tout juste ta joue qui vient reposer à mon épaule, et mes phalanges en silence qui viennent se poser sur ta nuque. Sur cette étreinte singulière viennent se coucher nos confidences. « Tu as une famille même si elle risque d'entraîner ta perte. » Je peux tout juste imaginer l'idée, pas vraiment la comprendre. J'ai toujours été seule. Abandonnée et solitaire. Il n'y a que pour moi jusqu'ici que j'ai dû réellement me battre. Je viens te livrer la nature de mon mal, ce qui me conduit à te montrer aujourd'hui ce misérable spectacle. Un chagrin d'amour. On a connu plus digne. Mais peu de personnes peuvent comprendre ce que c'est de perdre réellement une partie de son âme. On ne regrette même pas de s'être donnée, et on recommencerait, c'est ça le pire au fond. Aucun instinct de survie dans la chose. « Merci. » dis-je en repliant mes phalanges contre toi. Parce que je te sais sincère, parce que tu ne viens pas me dire que tu le savais où que j'aurais dû faire plus attention. Le mal est fait, la blessure crée pour de bon. « Je n'en ai aucune idée. On ne peut pas trouver quelqu'un qui ne veut pas qu'on le cherche. » Ares est doué pour disparaître. Il a appris à n'être qu'une ombre parmi les hommes, tout juste un souvenir embrumé. Mais pas pour ma personne. « Tu es à l'abri maintenant ? » Je te le demande parce que si ils t'ont tiré dessus, ils pourront recommencer ? Où avez-vous régler le problème à la source ? J'ai bien conscience que ces eaux troubles ne sont pas tellement bonnes pour mon sang, mais l'inquiétude me ronge. Toute logique disparaît te concernant.

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Aurait-il toujours le même charme à ses yeux si elle perçait la brume de mystère qui l'entourait ? "Je te promet un jour de t'expliquer tout ça... En échange, il faudra que tu gardes cela pour toi." En dehors de toute logique et de toute apprentissage, il était prêt à trahir le secret de sa famille pour elle... Il fallait se rendre à l'évidence, elle lui faisait complètement perdre la tête. Et cela aurait pu se relever dangereux. Comment imaginait-il le Nephilim ? En réalité, il était plus qu'un mirage, il existait réellement même s'il était pas encore prêt à s'ouvrir au publique pour l'instant. "Tu vois la vieille église gothique abandonnée en plein centre ville." Toutes personnes habitant à Boston depuis un certain temps connaissait cette bâtisse d'un autre age. "Quel endroit mieux adapté pour un ange déchu." Il se mit à sourire devant l'ironie de la chose. Lorsque tout semblait ne plus avoir aucune saveur, lorsque les ténèbres dévoraient les couleurs de son univers tel un monstre glouton, il avait choisi de se donner un but pour ne pas se noyer. Peu à peu, il entrevoyait les couleurs d'un nouveau futur. Un futur qu'il souhaitait partager. "Tu peux venir travailler avec nous si tu le souhaites." Lorsqu'il disait nous, il incluait également sa sœur qui allait devenir co-propriétaire de l'établissement. Il ne lui aurait fait pas l'affront de lui proposer de devenir danseuse... Il pensait plutôt à un poste dans la communication. Ça n'allait pas être quelque chose qui allait changer sa vie mais au moins elle ne serait pas seule. Les poils de sa nuque se mirent à s'hérisser lorsque Deirdre y posa la main, ses épaules s'affaissèrent légèrement, détendu par ce geste. "C'est plutôt moi qui ait faillit causer sa perte plus d'une fois... Je ne compte plus les fois où ma grande sœur m'a sauvé la mise... Avant de me faire casser la gueule par son jumeau." Recommençant à soupirer doucement. Mais il ne semblait pas réellement leur en vouloir pour cela. Non, cela faisait partie de son monde depuis toujours. "Comment est la tienne...?" De famille. Ne se doutant pas un instant de la réponse qu'elle allait lui donner et des conséquences de cette dernière. Ironiquement, il pouvait comprendre mieux que quiconque à cet instant ce qu'on pouvait ressentir lors d'un chagrin d'amour... Et c'était encore pire lorsque c'était la première fois. La serrant d'avantage contre lui, comme pour la protéger, il se contenta d'être présent. Ce n'était pas grand chose, mais il lui donna cette attention de bon cœur. Quelqu'un qui ne veut pas qu'on le retrouve, il avait déjà vu ça... La question n'était pas de pouvoir mais comment le retrouver. Néanmoins la jeune femme ne semblait pas vouloir se lancer dans une chasse à l'homme qui n'aboutirait peut être pas... A nouveau, la colère traversa ses veines et son incapacité à changer les choses pour la voir à nouveau heureuse lui donnait mal au crâne. Maintenant que le gang était derrière eux, est-ce qu'il était à l'abri pour autant... Probablement... Jusqu'à ce qu'il remette les pieds dans les orties pour faire ce qu'il avait toujours voulu voir. Les corps inanimés des gens qui l'avaient détruits..."Pour l'instant..." Il aurait pu vivre une vie normale, essayait de se réadapter à ce monde... Mais pour quoi faire...? Qu'est-ce qui en valait la peine...? Il ne pouvait pas avoir ce qui comptait réellement pour lui. Comme les deux faces d'une même pièce. Liées, communes mais destinées à ne jamais se croiser. Il passait sa main sur la chevelure de la Rose Obsidienne avant d'appuyer sa tête contre la sienne.

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Je te scrute quelques secondes en silence tentant de comprendre tout ce mystère qui te compose. Je ne suis pas du genre curieuse, du genre intrusive ou à vouloir comprendre la vie des autres. Si ce n'est dans le but de me servir, mais faut croire que les choses sont différentes lorsqu'il s'agit de toi. « Je sais garder les secrets. » Mieux que personne. Pour preuve, je suis parvenue à mener pendant presque une année une double existence. Mais cela concerne les secrets qui me compose. On en a tous. Toi et moi peut-être davantage que la plupart. Tu me vois douce, presque candide, fragile aussi. Je le suis en ce moment, mais je suis bien plus redoutable qu'il n'y paraît. Bien plus sombre. Bien plus mauvaise aussi. « Je vois très bien oui. » dis-je avec un petit sourire. J'ai appris à connaître Boston comme ma poche, et mon regard brille à t'imaginer dans cet endroit. Il te pare mieux que personne. Faut croire qu'il t'étais destiné. « Tu fus un ange toi au moins. Je ne suis que déchue moi. » Je ne sais même pas comment j'arrive encore à faire preuve de sarcasme, sans doute que c'est inhérent à mon verbiage. Mais je suis convaincue que tu l'es, que la vie ne t'a pas épargné mais que ce que tu recèles au plus profond de ton âme est bon. « Vraiment ? » Je me recule quelques instants pour t'observer. Quel duo, je composerai avec toi ? Comment me verrait ta sœur ? Sans doute pas d'un bel œil. « Tu voudrais que je fasse quoi ? » La danse c'est une deuxième respiration pour moi mais je suis passée à autre chose, je ne m'exposerai pas de nouveau aux yeux des hommes. Pour autant, je me verrai bien recruter des filles capables, orner ton endroit d'une certaine prestance, un peu malsaine mais quelque peu dorée. « J'ai besoin d'argent. » Parce que je me sens obligée d'être honnête avec toi. Ma scission avec Abélard a entraîné la perte de mes investissements, il compte me les rendre, mais je ne veux pas de son argent en plus. Tout ceci est trop frais et je veux avoir mon indépendance. « Tu as combien de frères et sœurs ? » que je te demande. Je me questionne pour savoir si ils ont tous aussi étranges que toi, mais j'ai la sensation que non. Tu es unique. Ta question m'arrache une légère grimace mais je suis habituée à exposer cette faille. « Je n'en ai pas. Ma mère est morte lorsque j'avais dix ans. Mon père ne s'est pas occupée de moi. Je connais un peu mon demi-frère et j'ai une demi-soeur mais je pense pas qu'on puisse appeler ça une famille. » Le temps est passé, les stigmates sont présents. Je ne suis pas de celles qu'on peut réparer. Encore moins maintenant. Je viens te demander si tu es à l'abri de tout ça, si tu peux respirer plus tranquillement et je ne suis pas vraiment étonnée lorsque tu viens m'apprendre l'éphémère soulagement. On est jamais vraiment à l'abri de ces choses là. « Mieux vaut qu'ils ne s'attaquent plus à toi. » Tu pourrais en rire, me juger trop fragile mais je suis bien plus redoutable qu'il n'y paraît. Me passant d'écorchures sur mes poings mais maîtrisant parfaitement le métal d'un canon ou les poisons des herbages. Je suis bien plus sombre que la lumière glacée que je veux bien offrir au monde. Bien plus dangereuse que ma facette dorée et révélée. Démoniaque peut-être, va savoir... Il n'y a que dans la perte, qu'on se trouve finalement.