Samedi 28 Août.

Tourner en rond dans l’appartement. Fauve en cage qui devait réfréner ses instincts de chasseur. Envie de ne pas écouter les consignes du sexy voisin et d’aller ainsi foutre la merde dans l’appartement d’à côté. Cet appartement où il se trouvait en compagnie de ce futur marié dont il ne savait pas se détacher. Cet appartement où j’avais folle envie de débarquer pour provoquer les flammes. Ange déchu en manque des brûlures agréables de l’Enfer. Ange bien sage en manque de l’impact de l’existence. Le soupir glissait entre mes lèvres. Je n’avais pas le droit de débarquer comme ça chez Laurys. Le sexy voisin m’avait explicitement demandé de ne pas le faire et je désirais respecter son souhait pour une fois. C’était son anniversaire. Je pouvais bien lui offrir ma brève obéissance. Je portais la bouteille d’alcool à mes lèvres me laissant de nouveau tomber dans mon canapé. Gamin impatient qui n’aimait guère attendre pour obtenir un prix. Gosse à la vie effrénée qui n’aimait pas se poser sagement. Je faisais des efforts pour Laurys et j’espérais obtenir quelque chose en échange ce soir. Quelque chose que je convoitais depuis que je m’étais installé à côté de chez lui. Quelque chose qu’il refusait de donner bien trop épris d’un homme qui semblait ne pas vouloir de lui. Quelque chose qui lui ferait pourtant tant de bien. La déchéance était toujours si délicieuse. Le sexe était toujours si salvateur. Il éteignait la tête et les contraintes. Il effaçait la réalité et les horreurs. Des horreurs du passé qui cherchaient à m’attraper ce soir dans cette tranquillité que je fuyais incessamment. Des horreurs du passé qui s’invitaient dans la tête me poussant à porter incessamment la bouteille aux lèvres. Endormir la tête de cette liqueur alcoolisée pour ne plus laisser les monstres la contrôler.

La sonnerie libératrice résonnait au sein de l’appartement. Je ne l’attendais pas si tôt et je ne pouvais m’empêcher de sursauter perdu dans un tourbillon de pensée. Le sursaut provoquait la désastre. L’alcool se renversait sur ma chemise me poussant à soupirer une nouvelle fois. Bouteille d’alcool posée sur la table, je venais retirer la chemise. Ce n’était guère agréable d’avoir un bout de tissu mouillé qui collait à la peau. Tendant la main, j’attrapais le mobile pour voir que le message tant attendu était présent. Je pouvais me rendre chez Laurys puisque son bien aimé venait de le quitter. Grand sourire aux lèvres, je ne prenais même pas le temps de répondre. J’attrapais la bouteille d’alcool pour la finir cul sec avant de me redresser. Je ne retournais pas dans la chambre pour enfiler une nouvelle chemise. Hors de question de perdre encore de longues minutes. Je n’enfilais même pas de chaussures. Son appartement était juste à côté. Je pouvais parfaitement y aller comme ça. Vêtu uniquement d’un jean, j’attrapais les deux surprises posées dans la cuisine. La première était cette bougie que j’allais lui faire souffler. Rituel des anniversaires que j’avais envie de respecter. La seconde était ce nœud de papier cadeau que je fixais avec une barrette dans mes cheveux. Tout était prêt. Je ne perdais pas une seconde de plus quittant mon appartement pour rejoindre celui de Laurys. J’entrais sans frapper gueulant « Bonsoiiiiiiir sexy boy ! » Grand sourire aux lèvres, je m’approchais de lui remarquant les deux verres de vodka sur la table basse. Parfait, j’allais pouvoir continuer de m’enivrer. Tirant un briquet de ma poche, j’allumais la bougie en lançant « Bon anniversaire ! Il faut souffler ta bougie ! » Cette bougie que j’agitais à peine devant lui prenant soin à ne pas la laisser s’étendre dans le mouvement. « Oh et une fois que ce sera fait, tu pourras déballer ton cadeau… » Le sourire s’agrandissait sur mes lèvres tandis que je tournais sur moi-même pour lui offrir l’aperçu de son cadeau. Moi. Je m’arrêtais de nouveau face à lui tendant la bougie vers lui pour qu’il souffle et que la soirée commence enfin.

Nœud de papier cadeau dans les cheveux et bougie à la main, je me retrouvais dans l’appartement de Laurys, mon très sexy voisin. Ce voisin qui fêtait son anniversaire et qui avait passé une partie de sa soirée avec un autre. Ce voisin qui n’avait jamais voulu franchir le pas avec moi. Ce voisin que j’espérais faire craquer ce soir. Il se levait d’ailleurs enfin du canapé pour s’approcher de moi et souffler cette bougie allumée spécialement pour lui. Ange qui savait fêter les choses même si c’était un peu trop particulier. Pas de gâteau quand bien même j’aurai pu en faire un aujourd’hui. Pas de chanson d’anniversaire même si j’aurai pu lui chanter. Pas un nombre adéquat de bougies quand bien même j’aurai pu le trouver. Il n’y avait que mon corps qui pourrait être dévoré ce soir. Il n’y avait qu’un bon anniversaire lancé à haute voix. Il n’y avait qu’une bougie à la flamme dansante. Une bougie que Laurys soufflait après avoir pris un temps comme pour faire un vœu. Ange qui se mordait la langue pour ne pas lui dire que ça ne servait à rien. Ange qui avait tant de fois souhaité retrouver l’être aimé et qui n’avait jamais vu son souhait réalisé. Le voisin m’offrait un sourire comme pour me remercier de cette bougie apportée et j’haussais simplement les épaules refusant de m’attarder sur l’acte commis. Je n’étais pas ici pour papoter. Je n’étais pas ici pour faire la fête en tant qu’ami et j’espérais qu’il l’avait bien compris. Peut-être bien oui. Son regard glissait le long de mon corps et je laissais faire en silence. Je demeurais immobile alors que sa voix s’élevait entre nous. J’hochais doucement la tête pour confirmer que j’étais bel et bien son cadeau ce soir. Il ne pourrait pas trouver mieux comme cadeau. J’étais utile. J’étais satisfaisant. J’apportais quelque chose. C’était bien tout ce qu’on demandait à un cadeau non ? Oh f*ck, je m’en fichais bien d’entrer dans les normes en fait. Ange qui avait juste envie de passer à la vitesse supérieure. Ange qui voulait profiter de la soirée et se noyer dans l’enivrement des corps et de l’alcool.

La question tombait et je penchais doucement la tête sur le côté comme en pleine réflexion. Déposant la bougie sur le premier meuble que j’apercevais parce que je comptais bien lui laisser cette bougie, ma langue glissait sur mes lèvres avant que je ne réponde « Tu as le droit à absolument tout ce que tu veux sexy boy… » Mes iris bleues se perdaient sur son corps un instant. Mon corps chauffait déjà. Ma tête s’emballait follement. Depuis le temps que j’attendais de vivre une partie de sexe salvatrice avec le voisin… Si ça fonctionnait, cela signifiait que, lors de mes folles nuits blanches, je pourrais squatter chez lui pour faire taire la tête et épuiser le corps. Retrouvant son regard, je reprenais la parole « Enfin… Peut-être pas tout… » Il y avait quelques interdits. Il y avait toujours des interdits avec moi. Ces limites à ne pas franchir parce que le corps appartenait au mari décédé et que je ne savais pas m’en détacher. Ces limites à ne pas sauter sous peine d’éveiller le démon qui saurait faire du mal. Observant Laurys se diriger vers la table pour attraper les verres de vodka, je complétais « Les baisers et la tendresse sont interdits. Pour le reste, tu fais ce que tu veux ou je fais ce que tu veux. » Sourire aux lèvres, j’attrapais le verre de vodka qu’il me tendait prêt à trinquer. Trinquer à son anniversaire comme il le disait. Trinquer au jour où j’allais l’avoir entre des draps finalement. Le sourire s’agrandissait sur mon visage. Les verres cognaient entre eux comme la promesse solennelle d’une soirée qui allait devenir chaude. Je l’observais boire lentement son verre. Je l’observais et je finissais par descendre mon verre cul sec avant de le poser n’importe où. Ça ne comptait pas. Ça ne comptait plus. M’approchant du sexy boy, mes mains se posaient sur ses hanches pressant nos deux corps l’un contre l’autre. Ma bouche glissait à son oreille pour venir murmurer « Alors… Qu’est-ce que tu veux sexy boy ? » Parce que si moi j’avais très envie qu’il me baise, c’était son anniversaire et je voulais lui laisser la possibilité de choisir. Lui offrir le cadeau qu’il voulait. M’offrir comme il le souhaitait. Juste une nuit pour tout oublier encore. Juste une nuit pour effacer l’aimé de la tête.