Effectivement, un paracétamol à lui seul ne ferait pas de miracles contre la fièvre carabinée que se payait actuellement Bambi... mais cela ne l'empêcha pas de fanfaronner joyeusement en entendant Coco être fier d'elle. Qu'il soit en train de se moquer ou pas, ça la touchait et elle sautilla telle une gamine un matin de Noël, devant ses cadeaux, avant de lui offrir deux bisous presque provocants. A aucun moment l'italienne n'eut vraiment conscience de frôler les limites tellement elle se sentait bien, vivante, presque à surfer sur la vague du shooting. Je savais que tu serais fiérot que je sois un bon petit soldat ! ajouta-t-elle en esquissant un petit V de victoire. Mais la brunette ne s'attarda pas sur la chose, s'occupant plutôt de sa tenue, toute décidée à faire mouche devant son photographe unique et préféré. Il allait de soit que Bambi n'aurait pas fait ça devant n'importe qui, ni n'aurait risqué d'étaler ses brûlures face au regard du premier venu. Coco, ce n'était pas pareil... C'est vrai ? J'avais envie que tu me trouves belle... ce sont mes préférés ! expliqua-t-elle avant de s'approcher, remerciant presque la fièvre de lui ôter ce rien de timidité qui l'aurait probablement empêchée d'être aussi naturelle face à l'objectif. Pour la première pose, elle se mit dans une position presque lascive sur l'un des fauteuils de la chambre, avant de décocher un regard brûlant à faire fondre un iceberg. Un peu... comme ça ?

Coco semblait noter que Bambi ne faisait preuve d'aucune inhibition. Ils étaient de très bons potes de longue date mais il la sentait différente ce soir, pire après son comportement de ce matin. Mais ils restaient à leur aise ensemble, et la tournure que prenait la soirée lui plaisait, même si il y avait bien des choses préoccupantes. Tu ne manques pas d'intuition. Toi, comment tu te trouves ? Lui, la trouvait belle bien sûr mais après ce qu'elle lui avait confié sur la place du Troca, il ne prendrait certainement pas la peine de lui laisser le temps de vivre à travers les avis des autres. Il avait profondément détesté son abandon sous prétexte qu'elle n'avait plus personne pour qui se battre. Bullshit. Les choses ne devaient jamais fonctionner ainsi. Cela dit s'il avait pensé à un temps d'adaptation, il finissait surpris, agréablement surpris de l'aisance de la belle italienne. Oui ! oui carrément, continue, ne t'arrête pas. Il craignait tellement qu'elle perde le fil qu'il ne s'appliquait même pas observer les photos prises. Il sera toujours temps d'opérer à un tri plus tard. Je savais que tu manquerais ni d'audace, ni de classe. Lui qui adorait la photo, passait un excellent moment.

Comment Bambi se trouvait ? Vaste question. Elle n'avait pas réellement envie d'y réfléchir, bien que pour être honnête, l'ensemble était absolument canon et qu'elle comptait bien le remettre pour les grandes occasions. Moi ? Je ne suis pas sûre d'être bon juge... Bakou il n'a-t-elle à moitié avant de finalement hausser les épaules. J'adore l'ensemble... Certes, l'italienne biaisait à fond la caisse mais son esprit demeurait tellement embrumé que lui demander davantage relevait de l'impossible. Coco devrait se contenter de cela, pour le moment, car cela n'empêcha aucunement la demoiselle de s'adonner à la séance photo avec une prestance digne d'une véritable professionnelle. A croire qu'elle ait fait cela toute sa vie, ou, à tout le moins, qu'elle en avait rêvé. Je vais rougir si tu continues... attends j'essaye sur le lit ! s'exclama-t-elle, toujours plus audacieuse. Mais ses poses n'étaient jamais trop provocantes. Cela restait dans la classe, toujours, tant et si bien qu'au bout d'un moment, et après s'en être donnée à cœur joie, elle se rapprocha du jeune homme. Je peux voir le résultat ?

J'adore l'ensemble ! Ce qu'il ne fallait pas entendre. Voilà qui l'amusait. Mais à l'évidence Coco ne voulait pas lui montrer qu'il était déterminé à la repousser dans ses retranchements. Il y allait doucement en douceur, l'air détaché. Ouais moi aussi j'adore l'ensemble cocotte.. mais c'est pas ce que je demande. C'était plutôt clair, mais il était lucide et comprenais bien qu'elle n'osait pas se prononcer, ou peut-être pas comme lui le voulait. Qu'importe elle était belle, et finirait bien par le voir à nouveau. Prenant plusieurs photos, et il en prenait aussi plein la vue. Elle avait un côté coquin. Non pas coquin vulgaire mais coquin sensuel. C'était une petite découverte pour lui aussi ce soir, mais il semblait vouloir garder la tête froide, ne pas vouloir s'égarer. S'approchant à son tour, il s'installa sur le lit, et lui montrait ses jolies photos. Et là comment tu te trouves ? La question méritait d'être posée n'est-ce pas ?

Ce n'était peut-être pas ce que Coco lui demandait, mais ce serait très probablement la seule réponse qu'il obtiendrait de Bambi, encore moins confiante que d'habitude vis à vis de son corps mutilé. Une chance que, non seulement chaque photo numérique pouvait être retouchée sur photoshop au cas où les stigmates de son passé apparaissaient, mais elle fit tout pour que ce ne soit pas nécessaire. Non je sais... bafouilla-t-elle une nouvelle en baissant légèrement la tête, même si cela ne l'empêcha pas de s'adonner à cœur joie à cette séance photo improvisée. Bien entendu, l'italienne demanda comment cela rendait, chose qui fit renchérir Coco de plus belle. C'est toi qui m'a embellie avec ton appareil ! s'exclama-t-elle en posant sa tête sur l'épaule du jeune homme.

Coco ne désespérait pas. Il ne voulait pas qu'elle lui dise ce qu'il voulait entendre. Lui voulait bêtement qu'elle reconstruise un semblant d'estime d'elle-même pour cesser de lui servir un discours comme celui qu'elle avait pu lui lancé plus tôt. Forcément, il ne l'avait pas montré, mais bon sang ce qu'il avait réfuté complètement ses considérations, et il avait fini même sidéré de réaliser tout ça après qu'elle se soit autant perdue. Mais ce soir c'était comme si il avait l'impression d'avoir le contrôle. Alors qu'il regardait les photos ensemble, et elle se mettait à son aise, il ajoutait. Tu te trouves donc plus belle, déjà ! Douce victoire. Lui, qui était fondamentalement optimiste, ne pouvait pas laisser Bambi se morfondre. Pourtant il fallait aussi noter qu'il n'était nullement dans le reproche ou autre. Si tu ne l'étais pas, tu n'aurais pas eu cette impression, crois moi. Un peu de sérieux, mais très peu. La connerie allait forcément finir par se pointer. D'ailleurs... Je vais importer ça sur mon ordinateur. Tu sais le nombre de magasines de charme qui se feraient un plaisir de publier ce genre de photos amateurs ? Il la taquinait forcément.

Bambi avait peut-être parue à son aise devant l'objectif, mais chassons le naturel, il reviendra forcément au galop... dès lors que la séance - ô combien agréable - fut terminée, ses doutes furent également de retour à la vitesse de la lumière, et ce bien qu'elle devait admettre le talent extraordinaire de Coco à ce niveau là. En même temps... difficile face à temps de talent ! Comment tu peux ne pas tenter un parcours pro ? L'italienne ne changeait pas de sujet, elle était juste admirablement sincère face au talent de son pote. Si d'aventure il se lançait, elle serait d'ailleurs la première à l'encourager. C'est dans tes yeux que je le suis... reprit-elle en rougissant doucement, ayant encore du mal à admettre tout bonnement la chose. Cela viendrait... mais probablement pas aujourd'hui. Tu es sérieux ? Moi j'ai surtout fait ça pour toi... pour que tu les gardes...

Un parcours pro ? Certainement pas. Et il n'y avait même pas de regret là-dedans. Il avait échappé à la politique et c'était déjà beaucoup. Y'a pas assez de place pour moi en médecine ? Dit-il à la belle italienne qui elle aussi était en médecine. Cela dit, la photographie comme la musique, le passionnait véritablement mais en rien il ne regrettait ses choix de professionnalisation. Bien au contraire. Pas seulement, Bambi. Pas seulement. Pas seulement dans ses yeux affirmait-il. Mais dans les yeux de beaucoup d'autres, et qu'importe le nombre de personnes qu'elle avait perdu en chemin, personne ne méritait autant d'importance, au point qu'elle capitule sur sa vie. Amusé, il se retournait vers elle, en se laissant allongé sur le lit. Et toi, tu es sérieuse ? C'est plutôt subtilement érotique comme cadeau.. Il s'en étonnait un peu, s'en amusait, mais au fond il prenait la température. Longtemps il lui avait fait un peu de charme pour faire son guignol mais jamais il n'avait eu d'écho, et ce soir il semblait presque en recevoir beaucoup d'un coup. Après tout il n'était qu'un homme.

Bambi fut surprise par sa question. Mais non bien sûr que non ! C'était un compliment... se rattrapa-t-elle, étonnée que Coco ne l'ait pas pris comme tel. Tu seras un grand toubib, je te l'ai déjà dit... murmura-t-elle en baissant légèrement la tête, avant de la poser sur l'épaule de son ami, éprouvant un besoin irrépressible de ce contact avec lui. Que ce soit un peu trop subtilement érotique, l'italienne semblait s'en moquer totalement, et en haussa même les épaules pour le prouver. Ce n'est pas subtil... j'avais envie de te faire ce cadeau, c'est tout lui avoua-t-elle, nature peinture, avant d'entourer le corps de Coco de ses bras, enfouissant même son nez contre son cou, respirant sa délicate odeur.

Bien qu'il n'ait été que taquin, il retrouvait le premier degré de Bambi par moment, ce qui cette fois le poussait à préciser. Tu sais comme il était hors de question que je m'engage en politique, la photo comme la musique ça occupera toujours mon temps libre. Comme une promesse de ne pas gâcher cela. Une promesse qu'il se faisait mais qu'il semblait également faire à la belle italienne qui se désolait qu'il ne soit pas en photographie. Cela dit elle le flattait, et prenait le temps de se répéter ce qui le fit sourire. Au moins tout autant que toi. Ce serait du gâchis de ne plus te battre pour.. Loin de lui, l'envie de la culpabiliser mais à l'inverse il tenait à lui montrer ce qu'elle valait. Voir le verre à moitié plein. La résilience, ça se domptait pensait-il. Alors que la, toujours fiévreuse, Bambi venait se poser près de lui, il conserva cette proximité en lui répondant. Tu sais que je serai de refuser un tel cadeau.. je l'accepte et il va de soit que je le garderai pour moi. Oui il précisait tout de même. Bambi était chaude, mais à aucun moment il ne s'en éloignait. Elle en avait peut-être besoin, et lui était bien à ses côtés.