En théorie, Bambi n'explosait pas à la figure de ses proches, du moins pas sans une excellente raison. Et des raisons, elle en possédait à la pelle ces derniers temps. Que Coco soit perdu au milieu de tout ça n'était pas franchement étonnant, car il passait d'une italienne joviale, câline à une bombe à retardement. Mais la bombe amoindrissait son tic tac pour faire face à une nouvelle donnée : la fièvre. Le fait qu'un sale type lui ait retourné le poignet d'y était pour rien, en revanche, sa maladie... De l'eau, oui... des tonnes, je dessèche, rien me désaltère... souffla-t-elle dans une moue. Bah ouais j'ai cru que tu bluffais... si ça avait été le cas, j'aurais pris mon beusou en otage ! rit-elle de plus belle avant de hausser les épaules alors qu'il venait de prendre délicatement son poignet, et de passer sa main à son front brûlant. Mais naaaan j'arrête pas de boire j'te dis ! On t'a jamais dit que t'étais beau en noir ?

Sa main au front de la demoiselle ne laissait pas place au doute. Elle était nécessairement fivreuse. Paris tout entier souffrait de la chaleur certes mais l'italienne n'était seulement victime de cette canicule. Il y avait autre chose, Coco le voyait, le sentait. Tu m'aurais privé pour me punir alors ? A-t-il rit amusé par la légèreté de la conversation. Cela dit si la fièvre ne l'inquiétait pas follement, on ne pouvait pas en dire de même de l'euphorie dont elle faisait preuve. L'invitant à marcher avec elle, avec dans l'idée de s'installer face à madame Eiffel. Uhm, si ça arrive.. souvent. On me flatte même dans le noir figure toi. Irratrapable Coco ! Il se vantait gentiment ce qui restait bon enfant. Je m'installe et je t'y aide ensuite. T'es peut-être pas en état mais on sera bien là. A-t-il argumenté alors qu'il s'installait sur ce rebord épais. Là ils pourraient aisément profiter de la vue sur madame Eiffel et sur les jardins du Troca' même de nuit. Allez, viens ! Il avait des infos à gratter. Il voulais discuter et expliquer ses agissements.

Le rire de Bambi était léger, et il aurait pu être diablement agréable si la fièvre ne gâchait pas légèrement la chose. Coco ne pouvait pas ne pas le remarquer, sa main ainsi déposée contre son front. La donne fit légèrement froncer les sourcils à l'italienne, mais, bien incapable de laisser son esprit se pencher sur une pensée plus de dix secondes, elle se concentra davantage sur leur conversation : bien sûr ! Pu de beusou jusqu'à nouvel ordre ! Na ! Et la brunette rit de plus belle de sa connerie. Oh elle aurait très bien pu être capable d'une telle joute en compagnie du jeune homme, mais là, c'était tout de même exacerbé. Moi j'veux bien te flatter dans le noir hein... c'est quand tu veux papillonna-t-elle, coquine. Dépasser les bornes, elle s'en moquait bien, la fièvre la désinhibant totalement. Suis po fatiguée hein ! Moi je suis prête à faire un marathon sulfureux d'abord ! fanfaronna-t-elle sans même rougir, même si elle s'installa tout de même aux côtés de Coco. Tu veux me faire parler sous torture ?

Il pourrait vouloir interpréter les agissements de la demoiselle, il n'y arriverait pas. Une part de lui était resté sur le moment très bizarre qu'ils avaient eu plutôt dans la journée. C'était le jour et la nuit. Il se voyait dont privé de bisous, et eut à peine de le temps d'encaisser sa punition qu'elle finissait par le faire rire. Voilà, qu'il retrouvait son amie, dis donc. Que tu veuilles bien me flatter dans le noir... ça, ça me flatte ! A-t-il en surfant sur cette vague. Il en jouait certes, mais là aussi tout n'était que second degré, et elle semblait en faire preuve ce soir. En attendant il ne la trouvait très lucide, elle, qui tanguait debout finissait l'aise à l'idée de s'installer en hauteur à ses côtés. D'ailleurs c'est ce qu'elle fit sans difficultés bien qu'il se soit appliqué à être prudent. Qui est-ce qui a parlé de torture ? Si ce n'était, elle ? Non, son intention n'était pas là. Profitant de la vue, il finissait par dire. Qu'est-ce qui se passe Bambi ? Alors qu'elle l'avait évité sévèrement plus tôt dans la journée, lui en était même arrivé à se demander s'il avait pu l'offenser sans le réaliser.

Mais c'est quand tu veux ! s'amusa-t-elle à repousser ses propres limites sans se préoccuper une seconde des conséquences. Bambi y réfléchirait demain, une fois que la fièvre serait redescendue, mais pour l'heure, la légèreté de l'instant guidait la moindre de ses réactions, ainsi que le délire circulant dans la moindre particule de son être. Bah je sais pas... je préfère prévenir que guérir, donc je garde mes beusous en otage au cas où ! sifflota-t-elle une fois assise précautionneusement, un sourire éclatant et détendu. Ce dernier continua à ourler ses lèvres même face à la question de Coco, alors qu'elle haussait les épaules d'un air détaché. Je suis mourante et je n'ai plus envie de me soigner. Je l'ai longtemps fait pour les autres, je me suis battue comme une lionne... mais j'en ai marre de souffrir. On m'a trahie, on m'a humiliée, déçue... je ne vois aucune raison de continuer. Mais ça va hein ! Je profite du temps qu'il me reste énonça-t-elle d'un ton presque trop enjoué pour ce qu'elle avouait...

Voilà qu'elle lui faisait presque des avances. Autant dire que c'était bien plus agréable que se sentir ignoré sans raisons n'est-ce pas ? Allez, je gentil comme tout et doux comme agneau tu le sais ! Mais je ne resterai pas sans réponses. Oui apparemment expliquer son comportement était très important pour lui. Après tout, si il comprenait, il passerait vite au dessus. Il appréciait énormément la Corleonesi et elle le savait, mais les sauts d'humeur il détestait ça. Mais par chance, elle finissait par se livrer sans qu'il n'ait à insister davantage, ce qu'il appréciait véritablement. Si au début son regard s'était posé sur elle, il en finissait très tôt par regarder la belle vue qui s'offrait à lui. Quelques secondes de silence s'imposèrent à lui. Au fond, après cette fameuse tâche de sang à sa joue, il s'était douté quelque chose.  Tu te condamnes mais tu profites ? C'est.. intéressant. Il ne la regardait pas, mais par chance, il n'était clairement pas le genre à dramatiser et encore moins à juger mais cette confidence ne lui était clairement pas agréable.

Bambi n'avait aucune intention de ne pas profiter de ce petit interlude, et ce fut sans doute pourquoi la phrase de Coco la fit éclater de rire. Diable, cette fièvre l'aidait à ne plus culpabiliser de rien, à ne plus réfléchir des heures... tout semblait si simple, si facile que l'italienne, inconsciemment, aurait rêvé que cet état se poursuive encore et encore. Hélas, ce n'était que temporaire. Doux comme un agneau hein ? Fais beusou alooors ! tapota-t-elle sa joue en la lui tendant, n'ayant pas conscience ni de jouer un petit jeu de séduction, ni de manquer de se brûler avec les limites. Un bisou sur la joue, rien de plus innocent en soi, si ce n'est que chaque fois qu'ils se touchaient, le corps de la brunette réagissait violemment. De longs frissons agréables lui parcouraient l'échine, lui faisant oublier où ils étaient, ce qu'ils étaient, ainsi que leur conversation... Tu n'as pas vu l'envers du décor... à chaque fois que j'étais absente une semaine, tu te souviens ? Ben... coma artificiel ou respirateur pour soulager mes poumons qui se détruisent tous seuls. Je suis fatiguée de tout ça... et quand un type que tu adorais couche avec une autre en s'en foutent de toi, tu te dis : je sers à rien ici. Si le ton de l'italienne s'était fait plus sérieux, elle obligea Coco à la regarder en passant sa main à sa joue, reprenant un gigantesque sourire. Je veux profiter aujourd'hui. Avec toi. C'est pas ce que tu voulais aussi ?

C'était certain, elle était fiévreuse, pas dans son état normal. Cela dit, Coco n'était que très rarement premier degré, psycho-rigide ou trop sérieux. Alors forcément l'humeur de la belle italienne n'était en rien un problème. D'ailleurs il finissait par dire. Tout est prétexte ce soir, hein ? A-t-il dit amusé en s'exécutant. Il ne pouvait pas lui refuser un bisou tout de même ! Puis dans le temps, c'était plus qui avait eu ce genre de comportement, la taquinant, la charmant gentiment sans jamais être pris au sérieux. En même temps, il était bien trop taquin pour tout ça. Je peux pas croire que tu renonces parce qu'un mec que tu adores s'est envoyé en l'air avec une autre ! Ça, ce n'est une excuse. N'importe qui serait stupide d'y accorder autant d'importance, mais Coco ne voulait pas croire que la belle italienne se laisserait aller à cela. Il avait bien sûr sa propre idée en tête, son propre avis sur tout ça, mais il se le gardait pour ne pas être maladroit, et pour mieux apprivoiser la biche devenue sauvage. Alors qu'elle se saisissait de son visage, il se laissait faire avant de dire. Ce que je voulais c'est comprendre comment tu pouvais te permettre d'agir comme psychorigide lunatique, avec moi. Maintenant que c'est fait, oui, profitons. Il n'en fallait pas plus pour qu'il fixe ses espoirs hauts. Il allait vite d'une manière ou d'une autre lui faire comprendre que sa résolution était bien stupide. A nouveau, il détournait son regard vers la mère Eiffel et lui dit. Regarde moi cette vue. Paris nous appartient, ce soir. Tu devrais lui crier ses quatre vérités à ce mec, lâche toi. Oui il l'invitait à crier en pleine place du Troca' et maudire ce mec.

Bambi se marrait comme jamais, ne donnant pas du tout l'impression d'être mourante ou même avec la ferme intention de ne plus se soigner. La succession de choses déprimantes l'ayant conduite à cette décision ne semblait pas faire partie de l'équation de ce soir : merci la fièvre ! Absolument, tout est prétexte pour un bisouuuu ! papillonna-t-elle des yeux d'un air absolument adorable et craquant. Impossible de résister, même pour quelqu'un habitué au trente-sixième degré. Ce n'est pas que pour un mec... c'est pour la succession merdique qu'est devenue ma vie ! Mais tu sais quoi ? Ce soir, on s'en fouuuut ! s'exclama-t-elle dans un rire, comme si elle venait de lâcher une vanne absolument impayable. Par chance, Coco ne poursuivit pas sur sa lancée : la questionner là dessus serait bien inutile dans l'état actuel des choses, la fièvre n'aidant pas l'italienne à avoir les idées claires. C'était pas contre toi... baissa-t-elle la tête, penaude, se prenant en pleine face ce reproche. Bambi était prête à s'effondrer, à pleurer, mais il lui donna l'occasion de faire mieux : se lâcher. Elle redressa la tête, descendit du petit muret et, d'une voix forte, s'écria comme si sa vie entière en dépendait, beuglant après le Troca : espèce de connard de stronzo de merde !! Tu sais pas ce que tu perds !! D'ABORD JE T'AURAIS RENDU HEUREUX PARCE QUE MOI JE SUIS UNE FILLE TOP !! T'AS PAS VOULU DE MOI TANT PIS POUR TOI ! Plus les mots filaient, plus elle s'essoufflait, plus elle s'apaisait... pour finir dans un rire, et à enlacer Coco. Heureusement que toi t'es là... j'suis la pire des potes...

Soit. Tout était donc prétexte pour un bisou. Elle semblait manquer cruellement d'affection à force de réclamer ainsi, mais il ne soulevait pas. Préférant presque se concentrer sur ce qui semblait le plus urgent, à savoir son besoin d'arrêter de se battre. Très bien, ce soir on s'en fout. A-t-il reprit avec une idée bien arrêté dans la tête. Une idée dont il lui fera certainement part en temps voulu. Mais Cocon considérait que si ils s'en foutaient aujourd'hui, ils pourraient s'en foutre tous les jours d'après. En faisant ça, elle se libérerait et trouverait la force de se battre davantage. Hochant la tête de haut en bas, il accueillait volontiers ce qui pouvait être des excuses, une justification bien qu'il soit en réalité déjà passer à autre chose. Néanmoins en l'entendant crier ce qu'elle avait sur le coeur, il souriait amusé. Et voilà, un souci en moins, très chère ! Oublie le, maintenant ! Un mec qui avait couché avec une autre ! C'était d'une banalité, et certainement pas un argument suffisant pour baisser les bras. Alors qu'il descendit à son tour de se muret, il finissait par l'accueillir naturellement dans ses bras, tout en disant. Ça, tu peux le dire ! Ajoutait-il sans une once de sérieux. Bien sûr il ne pensait rien de tout ça, puis il la connaissait depuis tellement longtemps la Corleonesi ! T'es fiévreuse, chouquette.. on devrait rentrer. Pinçant le nez de la demoiselle entre son index et son majeur, il passait son bras autour de son marchant ainsi avec elle.