J’ai un sourire lorsqu’il pose son front contre mon torse, comme si c’était le plus naturel du monde. Je m’attendais à ce qu’il roule sur le côté ou peut-être se redresse pour s’habiller. Après tout, on en reste pas moins dans un local de l’université, même s’il est verrouillé à clé. Alors qu’il reste là, reposant sur moi, le temps de reprendre le contrôle sur ses sens, ça me fait plaisir. Comme une vieille habitude, et en réponse à ses caresses, je glisse une main à son dos, tandis que je faufile l’autre entres ses mèches moites, lui massant vaguement le fond de la tête.

- T’as réussi, soufflais-je doucement, continuant de fixer le plafond. Je crois que t’as réussi à me rendre dingue de nos moments ensemble, affirmais-je avec un petit rire.

C’est pas de l’amour : il ne me fait pas flipper le coeur comme c’est déjà arriver par le passé, mais je reconnais très bien que sous ses doigts, je m’anime d’une tout autre façon. Autant pour nos échanges verbaux que physiques, y’a du plaisir. Pas aux mêmes degrés, certes, mais c’est tout appuyé par le fait qu’on a pas à se prendre la tête. Ça apporte une légèreté bienfaitrice qui fait que je cherche sa présence. Et qu’il me l’offre avec autant de simplicité c’est délicieux.

Avec un soupir de contrariété, j’ai un mouvement pour me redresser. On peut pas rester ici toute la nuit.

- Viens, je suis pas certain que tu veuilles tenter la chance que le gardien fasse un tour de surveillance et nous trouve comme ça, lui indiquais-je, affichant tout de même un sourire - peut-être un peu moqueur, je l’avoue. Et puis… ajoutais-je, laissant un instant ma phrase planée alors que je m’approche à nouveau de ses lèvres, les effleurant, puis y volant un baiser papillon, très peu appuyé, juste tentant. …on sera plus confortable dans mon lit.

Me redressant complètement, me retrouvant à nouveau sur mes pieds, j’ai un mouvement d’étirement, faisant craquer ma colonne du bas du dos jusqu’à la nuque pour débloquer le tout. La carcasse frêle, c’est ce que ça donne : tu craque de partout pour n’importe quoi. Récupérant boxer et jeans au sol, je les secoues pour chasser la poussière.

- D’accord, une douche ça sera peut-être pas du luxe avant de profiter du confort du matelas, admis-je avec un léger rire.

On doit être un peu gris si j'en juge par mes vêtements. Faudra que je pense à ranger tout mon matériel aussi.

Le sourire sur les lèvres, j’en fronce cependant les sourcils lorsqu’il dit avoir la trouille. Écoutant ses paroles, je comprends bien que ma présence dans sa vie, dans son lit, lui fait perdre ses repères. Je ne sais pas si c’est sa manière de me dire qu’il développe des sentiments pour moi où si c’est simplement pour m’indiquer que ses bases changent et que c'est perturbant. Pour l’instant, je lui souhaite que ce soit la deuxième option. Parce que j’ai l’impression que de me remettre officiellement en couple, ce serait compliqué. Avec le recul, ma relation avec Saël a fait tellement de montagnes russes que je me demande si ça vaut toutes les prises de tête? Après, est-ce que c’était qu’avec lui ou est-ce que ça fera ça à chaque fois? J’en sais rien. J’ai pas trop envie d’y penser pour le moment, à dire vrai. Mais pour Jax, si c’est la deuxième option, j’essaierai de l’aider quand même du mieux que je peux. Je sais bien qu’il ne veut pas que notre relation - même si on est pas un couple et plutôt « amis avec bonus » - se sache, ça n’en reste pas moins que je peux être là pour lui. Je crois pas qu’il refuse systématiquement qu’on soit vu en public, c’est plutôt les démonstrations affectives ou plus qui sont à restreindre, alors ça devrait aller. Et puis sinon, je traverse quand même la Mather House ou le quartier ou n'importe pour aller le rejoindre, alors niveau "aucun lien" on a botter l'étape depuis un moment. Qu'il me présente comme un simple pote, après, ça me dérange pas trop. Il serait pas le premier et comme il dit, ça se passe entre nous. Du coup, on va à son rythme.

Nous obligeant à nous lever, après lui avoir signifié qu'on serait plus confortable dans mon lit, mon baiser semble le calmer, diminuer le début de panique que j'ai vu apparaître lorsque j'ai mentionné le gardien de sécurité. S'inquiétant pour la présence de mon coloc de chambre, je penche un instant la tête.

- Heu… je sais pas, admis-je après une hésitation.

J'avoue que je suis pas encore 100% habitué à ne plus être seul. Et y'a l'option Carter aussi. Moins probable par contre ses derniers temps puisqu'elle passe ses instants libre avec son mari. Chose parfaitement compréhensible. Après j'ai quand même pas le choix de passer à ma chambre.

Ayant rit en remarquant la poussière sur nos vêtements, résultat de leur passage au sol, je lui fait remarquer qu'un passage à la douche serait bien agréable avant de s'étendre. Ses mains à nouveau sur mes hanches, je m'immobilise, me permettant de m'appuyer sur lui un instant tandis qu'il me fait savoir qu'il est partant pour mon plan, me collant même un bisou sur la joue pour appuyer le tout.

- J’espère, tu me l’as prom… Hey! m'exclamais finalement quand il me lâche, me laissant en plan au milieu de la pièce alors qu'il se barre.

Non, mais s't'une blague! Enfilant rapidement mon t-shirt que j'avais encore en main, ayant favorisé pantalon, bas et bottes, je le suis à retardement. M'arrêtant cependant dès que je suis dans le corridor, je l'interpelle.

- Jax! Ramènes ton cul ici, merde! Fis-je en riant. Je dois encore ramasser tout mon matériel.

Ça prendra pas des heures, mais je laisserai pas tout ça ici! Entrant à nouveau dans le local, je vais ramasser le pot de peinture que j'ai ouvert tantôt pour finalement l'abandonner, favorisant une tout autre activité. Me penchant, j'ai un élancement au bas du dos, me faisant y poser ma main quand je me redresse avec le stock. Ouais, définitivement, demain, je serai courbaturé si j'ai ce genre de tiraillement maintenant. Me dirigeant vers la table, je range le tout dans ma trousse de peinture, puis dans mon sac. En profitant de passer près de lui, je tire un peu sur le collet de son t-shirt, pour l'enquiquiner, mais surtout pour lui tirer un autre baiser.

- Je peux pas courir après tout après le sport que tu viens de me faire faire à même le plancher, l'informais-je doucement en le relâchant, tout aussi bien ses lèvres que ton vêtement.

J'aurais pu être plus cru dans ma façon de le dire, mais je me serais mérité sa main devant ma bouche. Lui tournant le dos, je vais chercher ma caméra, je la décroche du trépied, ramenant celui-ci également près de la table. La manette, je l'ai prise en même temps que le pot de phospho. Éteignant l'appareil, je la glisse précautionneusement dans l'étui de transport, avec mes autres lentilles et accessoires pour ça, me concentrant ensuite à replié le trépied.

- Je dois quand même passer à ma chambre, ne serait-ce que pour y laisser tout ça, expliquais-je. Si mon coloc est là ou que t'es pas super à l'aise, on aura qu'à aller à la Mather et si ça va, tu pourras profiter de l'hospitalité des Lowells, fis-je avec un sourire amusé.

L'interpellant alors qu'il s'éloigne dans le couloir, j'ai le plaisir de l'entendre rire et de le voir rebrousser chemin.

- Avoue, t'as aimé, me moquais-je légèrement après l'avoir embrasser. Et puis, oui, ton cul me plaît, admis-je y descendant d'ailleurs la main pour une caresse légère. Et tu peux pas dire le contraire avec le mien, souris-je.

L'informant que je ne peux pas courir pour quelques temps encore - pitié donnez-moi une chance! - je ris doucement lorsqu'il tente de me faire avouer que je préfère le sport de chambre à la peinture. C'est pas tout à fait comparable malheureusement.

- J'adore la peinture, c'est une grande part de ma vie, ça permet de m'exprimer, le renseignais-je, sérieusement. Après, c'est certain que l'évolution de la soirée est loin de me déplaire, admis-je un peu plus bas en collant à nouveau mon bassin au sien. Surtout si tu m'offres vraiment ce massage après la douche, fis-je avec un petit sourire tenté.

Ça m'arrive rarement, mais c'est le genre de situation pour lesquelles je devrais apprendre à ronronner, vous voyez le genre. J'ai beau être chatouilleux, me faire masser, je kiffe. Que ce soit le dos comme il me le propose où juste le fond de la tête, je deviens guimauve. Encore plus inoffensif qu'à la normal.

- Et pour ta question, non je suis pas du genre à avoir des éclairs de génie artistique après avoir couché avec quelqu'un. Je suis plutôt du genre à avoir la cervelle qui s'éteint tranquillement jusqu'à ce que je plonge dans le sommeil. Ou l'inspiration viendra pour ...autre chose, suggérais-je en tirant un léger coup sur la taille de son pantalon pour lui illustrer mon allusion.

Zéro subtilité, mais après, avec Jax, j'ai pas vraiment besoin. Ça me fait tout de même rire comme question de sa part. Il est connais beaucoup d'artistes pour me demander ça? Son tatoueur et etc. peut-être. Après je suis pas vraiment au courant de ses fréquentations non plus.

Un peu étonné, je le vois me donner un coup de main - j'aurais pu faire seul, mais c'est gentil de sa part - avant de se saisir de tout le matos et me filer une claque sur une fesse. La surprise beaucoup plus que la douleur me fait échapper un léger cri et je le regarde avant de rire de son clin d'oeil et de l'information qu'il laisse filtrer. D'accord, Monsieur veut jouer. Pas offenser le moins du monde, j'insiste quand même pour récupérer au moins mon étui de caméra. Un, je veux pas qu'il se trimballe tout ça. Deux, je sais pas, c'est l'habitude que y'a pas beaucoup de personnes à qui je laisse la manipuler et se promener avec.

Verrouillant la porte derrière nous après qu'on soit sorti, je me dirige tranquillement dans les couloirs, m'assurant que Jax m'emboite le pas.

- Si on retourne à la Mather finalement, tu peux me faire penser de prendre mon ordinateur? lui demandais-je. Pour visionner le résultat de ton passage derrière la caméra.

Je suis curieux de voir ce que ça va donner, autant pour son possible talent de photographe que pour les clichés sortis. Après si Ewen est là, j'irai pas afficher ça sur mon laptop. Par principe. Enfilant les couloirs, je m'assure de laisser les clés du local dans le bac à cet effet du bureau de location, avant de sortir à l'air libre. Traversant la rue, puis le parc, je prends vers la gauche, faisant un léger détour pour ne pas passer l'entrée qui fait fasse à la Winthrop House, habitude que j'ai prise depuis la rentrée. Je sais bien qu'il n'y habite plus et qu'il a son appart, mais présentement, ce serait bien le bouquet de tomber face à lui alors que je suis en compagnie de Jax. Me rendant presqu'au fond du couloir une fois à l'intérieur, j'ai un nouveau sourire pour le grand tatoué à mes côtés.

- Bienvenue chez moi, fis-je simplement en déverrouillant. Et fait gaffe à pas laisser le chat filer s'il-te-plait.

C'est pas dans ses habitudes, mais sait-on jamais qu'il aie envie de faire différent aujourd'hui! J'ai pas envie d'essayer de l'attraper un peu partout. Ouvrant, je laisse Jax entrer avant moi, allumant simplement l'interrupteur principal. Ewen ne semble pas être là. Et son chat semble profiter du confort de son cageot. Récupérant mes effets des épaules du Mather, je le remercie d'un bisou sur la joue à mon tour avant d'aller déposer le tout à mon bureau, m'y appuyant ensuite en le regardant.

- Fait comme chez toi, je t'en pris, lui indiquais-je, ayant un vague mouvement vers mon lit. Mon coloc n'est pas là pour le moment, mais je ne sais pas s'il compte rentrer plus tard, alors, comment tu préfères qu'on prévoit le tout? le questionnais-je.

Je lui laisse le choix. Parce que même si je ne crois pas avoir préciser au viking qui dort ici qu'il était possible qu'il trouve un mec dans mon lit aussi parfois, ça ne me dérangerait pas qu'il le découvre là. Sauf que je me doute que c'est pas la même chose pour mon ami ici présent.