Le fait que Carter soit au courant que j'aie eu une aventure avec quelqu'un semble le stressé et j'essaie de lui expliquer calmement que je respecte ce qu'il m'a demandé et d'un sens, je vois pas non plus ce que ça changerait que Carter sache qui il est. Je veux dire, elle n'ira pas en parler nul part. ...bon peut-être qu'elle irait le voir directement pour lui dire de faire attention à moi par contre. Oui, ça, ça serait plausible. Retenant un rire à cette pensée, je m'étonne cependant de l'entendre me dire qu'il a parler de notre nuit à l'une de ses amies. Mon regard s'adoucit alors qu'il dit espérer que je ne lui en veuille pas pour ça.

- Jax, fis-je tranquillement, presque tendre, de nous deux, tu es celui que ça dérange si ça vient à se savoir qu'on a couché ensemble. Moi, ça ne me pose aucun problème, donc, non, je ne t'en veux pas du tout, souris-je légèrement pour appuyer mes paroles. Je suis content que ton amie aie bien réagit. ...du moins, c'est ce que j'en déduis selon ce que tu m'as dit. Il y aura des gens pour juger et d'autres qui comprendront que tu restes la même personne même si tu as un peu élargi tes horizons, expliquais-je. J'espère sincèrement qu'il y en aura plus de la seconde catégorie que de la première si tu décides d'en parler. Dans les deux cas, je serai là s'il y a quelque chose. Et en aucun cas, je te pousse à le dire : tu vas à ton rythme.

Je sais que d'essayer de faire son coming out peut être difficile, alors si c'est fait dans l'urgence ou pour faire plaisir à quelqu'un d'autre que soi-même, peut vraiment créer des problèmes. Les phrases ne sortiront pas comme c'était prévu, les mots trébucheront sur la langue et parfois, des paroles non-pensées seront émises parce qu'au final, c'est dit sous stress ou sous pression et que la tête ne sait plus dans quel sens aller. Cependant, s'il est arrivé à en parler à une amie, j'ose croire que c'est parce qu'il se sentait à l'aise de le faire et ça me fait plaisir si c'est le cas.

Allégeant l'atmosphère, on déconne un peu alors que je lui dit de retirer son haut pour commencer l’exercice avec la peinture. Sa réplique me tire un sourire, mais j’essaie que ça ne paraisse pas et tente de faire le mec qui se croit au-dessus de tout.

- Oh, il manque que ma petite touche perso, tu vois, commentais-je simplement en agitant mes pinceaux, comme si ça prenait ça pour que les oeuvres qu’il aborde déjà soient parfaites.

M’installant derrière lui, alors qu’il s’asseoit au sol, affirmant que son corps m’appartient pour la nuit, j’en souris et décide de le provoquer un peu plus, sussurant à son oreille, lui demandant jusqu’à quel point il est prêt à se donner. M’attendant à ce qu’il bloque à nouveau, je commence à travaillé, appliquant la pate phosphorescente sur les différente zones de son dos. Je suis cependant obligé de lever mon pinceau pour ne pas faire de une grande marque involontaire lorsqu’il parle à nouveau, ses dires déclanchant un fort frisson le long de mon échine. Fuuuuck!

- T’es tentateur, Jax, grondais-je la voix un peu plus rauque.

Il est pas que tentateur, merde! Il arrive à faire monter la température sans même me toucher!

Amusé par ses paroles, je penche la tête, le regardant avec un regard adoucit alors qu’il me défile des qualités et me remercie, me faisant sourire. Depuis un moment déjà, j’essaie d’aider lorsque je vois quelqu’un qui n’est pas à l’aise avec qui il est où se bat pour le devenir. Probablement parce que je sais que ça peut être un combat long et ardu, même si je ne l’ai pas vraiment fait pour mon orientation, plus pour la personne que je suis en entier. Et malheureusement, dans ce genre de situation, les amis se font souvent rare. Le fait de dire à Jax que je serai là pour lui, s’il se passe quoi que ce soit par rapport à notre relation, même si on est que sexfriend, ne me gêne pas, parce que je sais que ce sera le cas. Et ce n’est pas un fardeau.

- Merci, dis-je à mon tour, le remerciant d’un signe de tête pour sa loyauté.


Le pinceau glisse sur sa peau et ça devrait bien aller …s’il ne me sort pas d’autres idées du genre qu’il aimerait m’allonger à même le sol en me promettant de quoi donner à mon imagination de quoi me faire plusieurs scénarios. T’inquiètes, elle fonctionne à plein régime là! Et c’est encore pire quand il ajoute que tout ce qui lui tente, présentement c’est moi, qu’il aimerait voir mon corps nu et tout. Mes doigts se crispe sur le manche du pinceau tandis que j’essaie de m’appliquer dans ce que je fais.

- Tu m’aides pas, là, grognais-je à nouveau.

Il dit qu’il laisse son esprit vagabonder, mais en me le disant c’est le mien qui veut faire pareil. Et accessoirement y’a le corps qui répond qu’il veut tester. Fermant les yeux quelques secondes, je suspens mon geste au dessus du pot de peinture. Respire Oli. Zen et focus. Focus sur les tatouages du corps devant toi, pas sur les gémissements qu’il peut te tirer.

…

Fuck.

Ça marche absolument pas. Pour me calmer : gros zéro pointé. L’idée d’avoir l’imagination qui s’anime facilement aussi! Présentement, elle repasse surtout ce qu’on a déjà fait. Alors la question reste : est-ce que je sacrifie le projet pour ce soir ou non? Inspirant un coup pour essayer une nouvelle fois, un sourire vient étiré le coin de mes lèvres tandis que dépose le pot et pinceau utilisé - et les deux autres aussi -, au sol un peu plus loin.

Rapidement, je retire mon t-shirt et, provocateur, je le lance pour être certain qu’il passe près de Jax et atterrisse quelque part dans son champ de vision. Je me penche un peu vers lui, tentant de ne pas m’appuyer sur la peinture fraîche, pour venir poser à nouveau mes lèvres à la base de sa nuque remontant jusque derrière son oreille.

- Et tu ferais quoi si tu voyais mon corps, nu, là, maintenant? Sussurais-je, passant les bras de chaque côté de ses flancs pour aller caresser son torse du bout des doigts.

T’oseras le dire à voix haute Jax?

J'ai cru qu'il allait bloquer. Très honnêtement. De voir le tissu noir qui me servait de t-shirt passé près de sa tête pour aller voir le plancher, ça, je me disais que ça l'amuserait peut-être, qu'il tournerait peut-être la tête pour regarder au final. Par contre de me coller un peu plus sur lui, en le caressant, je m'attendais à ce qu'il frissonne. Et à ma question, j'ai vraiment cru qu'il allait bloquer. Pourtant non, il affiche un large sourire lorsqu'il tourne la tête. Lui laissant de la liberté de mouvement, je me redresse légèrement pour lui permettre de se tourner complètement s'il le souhaite. Je ne garde d'ailleurs qu'une seule main à son torse, n'ayant pas envie de passer l'autre dans la peinture s'il fait une torsion du buste.

Contrairement à ce que je m'attendais, il me décrit ce qu'il ferait et je m'en trouve plus que surpris. Cash, il vient de me proposer d'échanger les rôles auxquels je suis habitué : à savoir que je fasse le modèle et que lui se place derrière le viseur. Depuis combien de temps, j'ai pas fait ça? Nu, je crois que c'est jamais arrivé, ou alors c'était à l'adolescence peut-être, quand on fait des conneries et tout ça. Son autre proposition n'étonne encore plus par contre : jouer avec le déclencheur automatique pour nous prendre en photo. Il oserait pour vrai? Qu'un cliché puisse être produit prouvant notre relation?

Tandis que mon cerveau travaille les centaines de questions qui y passent, Jax en profite pour décider de mes mouvements et je suis les actions qu'il me guide silencieusement. Ça ne prends pas longtemps pour que je me retrouve doucement au sol, frissonnant à cause du linoléum froid contre mon dos. D'accord, j'admet que je déteste pas cette position. Me surplombant, semblant bien installé et fier de lui, il me fixe un instant et encore étonné, je finis tout de même par lui rendre son sourire en coin.

- La télécommande de mon appareil photo est accroché sur son côté gauche avec du velcro. Suffit que vises où on est en tournant le trépied et tu pourras choisir quand prendre la photo, expliquais-je avec un léger air de défi.

S'il va vraiment chercher la télécommande, je mettrai la caméra sur automatique et je lui montrerai où il doit appuyer pour capter l'image. Mais est-ce que t'oseras vraiment Jax?

Il m’étonne, je peux pas dire le contraire. Qu’il parle de faire des photos, osées qui plus est, où du moins qui risque de le devenir assez vite si on se fit à notre moyenne de rencontres …et le fait qu’on soit déjà qu’à moitié vêtu. Le dos sur le lino, alors qu’il m’a allongé comme il a dit qu’il ferait, je le fixe, me demandant s’il osera vraiment vraiment appuyé sur la détente pour immortalisé quoi que ce soit entre nous. Ça représente tout de même un certain risque de fuite et il tient assez à ce qu’on n’ébruite pas trop tout ça. Après, lorsqu’il dit que c’est plus excitant dans le secret, je ne sais pas si c’est pour me convaincre ou peut-être même se convaincre, mais bon… ça me dérange pas vraiment. Et puis je peux jouer un peu? Le provoquer comme il s’amuse à le faire avec moi? Aussi, je lui explique que mon appareil dispo d’une télécommande, petit gadget que je me suis payé cet été, s’il tient véritablement à lancer le déclencheur.

Avec plaisir, je le vois se pencher pour venir couvrir ses lèvres des miennes. C’est lent, c’est doux. Pourquoi se presser après tout : on a toute la soirée, toute la nuit même si j’ai bien compris. Et personne d’autres n’a réservé ce local après moi. Ce serait peut-être pas une mauvaise idée de verrouillé la porte par contre si on prends nos aises. Oh et puis, pas besoin dans le moment présent. Pour le plaisir et pour montrer que j’apprécie grandement son baiser tout lenteur, je glisse une main à sa nuque remontant vers le haut de son crâne, mes doigts allant se perdre entre ses mèches. Et lorsqu’il me relâche, je fais de même, mes doigts glissant doucement sur sa joue avant que je ne pose ma main sagement sur mon torse.

Avec surprise, je l’entends me proposer de faire les clichés « compromettants » si je promets en échange de les supprimer ensuite. Affichant une moue boudeuse, je le regarde.

- T’oses me dire que tu voudras même pas en garder une, me plaignis-je pour rigoler. Tu me blesses, Jax. Tu fais souffrir mon petit coeur, ajoutais-je dramaticalement.

Mais je ne suis pas un très bon acteur, aussi, la moue est vite remplacée par un sourire et la plainte par un rire silencieux. Il n’est pas obligé et il le sait. C’est probablement ce qui rends sa proposition plus alléchante : qu’il le fasse de plein gré. Même s’il le prend comme un défi. Et honnêtement, il tire sur les bonnes ficelles pour me faire flancher, soit ma curiosité artistique. D’accord la curiosité et l’envie tout court aussi.

Je le suis des yeux tandis qu’il se lève, me faisant signe de ne pas bouger. Heu… d’accord. J’ai une hésitation lorsque je le vois retirer mon appareil photo du trépied sur lequel je l’avais fixé. Cependant, je me rassure lorsqu’il le manipuler avec une certaine dose de respect : il fait pas le con et semble avoir une bonne prise dessus. Avec un temps de retard, je souris en entendant le bruit caractéristique de la mise en boite. J’aurais pas cru qu’il la prendrait vraiment, mais faut que je me rende à l’évidence : il a bien en tête de d’ajouter des photos à la carte mémoire.

Me redressant donc sur un coude et j’étire mon bras pour atteindre la roulette de réglage sur le dessus de l’appareil. La connaissant par coeur, je la tourne jusqu’à atteindre le mode full automatic. Je m’en voudrais vraiment si toutes les photos sont hors focus.

- Se sera plus simple comme ça, expliquais-je vaguement.

L’objectif s’ajustera tout seul sur son sujet. Sujet qui pour l’instant se trouve à être ma petite personne. Et je suis certain que, stupidement, j’ai les joues rosés rien que pour ça. Ça fait longtemps que je n’ai pas été de ce côté de la lentille. Et ce qu’il me demande…

Appuyé sur mes coudes, je le regarde avec envie, penchant légèrement la tête sur le côté, mordillant ma lèvre comme lui le fait souvent. Ça lui fera peut-être pas autant d’effet qu’à moi, mais y’aura quand même un petit quelque chose, non?

- Que je me rende désirable pour l’objectif ou pour toi? Demandais-je finalement, jouant le jeu et le narguant un peu.

Lentement, j'hoche la tête avec un léger sourire, laissant entendre un "hun-hun" approbatif à sa question. Plus net, moins flou, etc. Je laisse le cadrage à sa discrétion, qu'il fasse un photographe de lui-même. En fait, je le laisse s'amuser avec mon appareil photo, parce qu'il semble faire attention et parce que j'ai envie de voir le résultat. C'est une chose que je trouve génial de pouvoir capter le monde avec l'oeil de quelqu'un d'autre. De savoir que ce qui sera capté, c'est moi, ça met un peu moins à l'aise, mais ça pique quand même ma curiosité. Et puis, il a l'air d'aimer. C'est fun à voir.

Mon sourire s'agrandit quand il me retourne ma question. Pour qui d'autres pourrais-je vouloir me rendre désirable présentement? Y'a que lui et moi, ici. Et c'est bel et bien pour le provoquer lui que j'ai retiré mon t-shirt. Parce qu'il me tentait. Pour ce qui est de me lâcher par contre, c'est pas tout à fait ça. Je sais pas quoi faire en vrai. Je suis normalement de l'autre côté du viseur. Et je dicte comment bouger pour capter la lumière correctement, refléter une émotion, etc. Draguer, je suis une nullité, alors d'essayer de le faire là, bonne chance! Pourtant, j'ai pas vraiment eu de difficulté à l'allumer les dernières fois. C'est tellement plus simple quand je peux le toucher, quand il me touche…

Et si…?

Sa voix qui s'élève me coupe dans mon élan, dans mon idée et je pique un fard, restant figé quelques secondes alors qu'il me vante ma beauté. Heu… Un nuage passe et je secoue finalement la tête pour me reprendre et agir normalement. M'enfin agir selon l'idée que j'ai eu avant qu'il ne fige mes neurones momentanément avec ses compliments. D'un mouvement leste, je me débarrasse de mes bottines, les envoyant boulés plus loin. Par jeu, je passe un pied sur le côté de sa cuisse, caressant entre son genoux et sa fesse, fixant l'objectif au travers duquel je sais qu'il me voit. Je me veux quelque peu provocateur, joueur. Peut-être histoire de me donner le courage pour faire ce qui m'est passé par la tête. À savoir, tenter d'imiter son toucher puisqu'il a les deux mains occupées avec l'appareil photo.

Encore appuyé sur un coude, je glisse ma main libre sur mon ventre, remontant tranquillement jusqu'à ma gorge. Ce n'est qu'à ce moment que je brise le contact, fermant les yeux, inclinant la tête vers l'arrière sous une fausse pression de ma main qui remonte mon cou jusqu'à mon menton en une légère prise. De l'index, je passe doucement sur ma lèvre inférieure comme j'aimerais qu'il fasse en m'embrassant à nouveau, laissant filtrer un soupir. D'accord, je me laisse peut-être prendre à son petit jeu. En espérant qu'il apprécie au moins un minimum.