Au milieu de notre petit groupe, Lily fait son arrivée, et c’est naturellement que je lui souris, alors qu’elle finit par gratifier Clay d’une réplique qui me donne presque la nausée. Sur tous les fronts… Mais au lieu de relever, je me contenter de froncer les sourcils alors qu’elle commande une bière, étrangement, je me dis que c’est pour l’homme dont nous avons parlé il y a quelques mois, alors celui qui est plus âgé qu’elle doit se trouver quelque part par là.
Lorsque Declan lui aussi fait son entrée, je me dis que la ville semble réellement trop petite aujourd’hui, comme si toutes les personnes que je connais se sont proposées pour jouer les bon samaritain cette après midi. Il attaque à son tour Clay, et pour le coup, j’avoue que je m’en satisfait, peut-être que ça pourrait lui faire les pieds. D’ailleurs, ma satisfaction n’en devient que plus grande quand Lisbeth s’éclipse et que mon degré de jalousie redescend, ce n’était peut-être pas une si bonne idée d’accepter finalement. Alysse revient finalement à moi et me tends ma commande non sans accuser Declan d’une chose à laquelle je ne m’attendais pas, et surtout que je ne suis pas certaine de comprendre dans un premier temps. Elle fabule ou quoi ? « Je touche pas aux jouets de  Cooper, je tiens à ma vie. » Excuse-moi ? Sans penser au fait qu’il me touche ou pas, je fulmine à l’utilisation du mot « jouet » envisage même de lui lancer au visage ce que je viens de prendre à sa dulcinée. Laquelle il embrasse furtivement avant de se tirer. A croire qu’ils pètent tous une durite aujourd’hui.

Mon attention s’en reste sur le visage d’Alysse, alors que Clay souligne sa présence lors du 4 juillet, de toutes les manières, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ? J’ai comme une sensation de ne pas être à ma place, de m’être perdue au mauvais endroit, et je regrette d’avoir accepté d’être là. Me fondant dans un silence tandis que la vie continue. " 2 dollars le câlin?" Excuse-moi ? " A tout à l'heure. " Bien sur … comme si je pouvais compter sur toi pour te tenir à ce que tu dis. Je n’ai plus confiance, tu vois. Mais mon regard le suit alors qu’il s’éloigne, et le goût de mon jus de fruit semble tourner lorsqu’il se retrouve non loin de là avec Lisbeth. Trop loin pour les entendre, je ferme les paupières une seconde pour ne pas me sentir trop … amoindris. Mais lorsque je les ouvre à nouveau, c’est sur leur furtif baiser que je le fais. L’aigreur de ma boisson me brûle la gorge et le reste avec ça. Qu’il refasse sa vie, pourquoi pas, qu’il me le crache en plein visage, je ne le pensais pas aussi connard que cela. Et elle … putain. Elle et ses bonnes intentions, son innocence à la con alors qu’elle est comme toutes les autres, une pâle copie de femme fatale qui au final ne vaut rien, un passe temps qu’il jettera un de ces quatre matins, c’est une baffe en plein visage que j’aimerai lui foutre. Perdre la face contre ça. « Pétasse. » Comment dire, ses deux dollars il peut certainement se les garder. « Je vais gerber. » que je me contente de prononcer alors que je vais vers mon stand prête à vomir de l’affection même si ça me donne par avance le bourdon.

Intérieurement je me demande combien de fois je me suis répétée qu’il ne représentait plus rien pour moi, et de ce fait je ne comprends pas pourquoi je peux être autant piquée par un spectacle comme celui là. Et volontairement je détourne mon attention de leur petite mascarade, n’ayant réellement pas l’envie de tergiverser sur ce sujet plus que ce que je le devrai. Qu’il saute toutes les salopes de Boston, et qu’il se chope une MST. Schéma parfait. " Mais d'où vient cet émoi dites-moi…" Je me une seconde à réaliser que la question m’est destinée, levant les yeux au ciel parce qu’entendue lorsque j’ai lancé ce « pétasse » dans le vent. J’en soupire en regardant le jeune homme aux yeux rieurs, un brin emmerdeur, qui se tient devant moi. Et tentée de lui préciser que « Qu’est-ce que ça peut te faire, de toute manière ? » A la vérité, il est clair que ce que je ressens n’a ici et maintenant absolument d’important.

Alors avec désinvolture, j’envoie dans une poubelle mon jus de fruit encore à moitié plein, avant de reporter mon regard sur l’imbécile heureux qui est encore et toujours planté là, à attendre que je lui répondre tout ou bien n’importe quoi. « D’un connard. » Vulgaire comme peu souvent, alors que nous sommes essentiellement entouré d’enfants. Presque mère indigne quand je le réalise, et hausse les épaules pour continuer dans ma lancée. « Espèce très répandue et connue mais qui arrive encore à surprendre. » Et dans ce sourire que je lui vends, complètement forcé, je souligne le fils de mes pensées, celui qui chante qu’à mon humble avis, avec sa belle gueule et cette insolence qui suinte de ses pores il est clair qu’il ne fait pas partie de la majorité des hommes en voie d’extinction. Ceux que certaines s’amusent à appeler « le bon. »