Même face à ma perplexité, Lisa - car tel était son prénom - avait choisi de garder sous silence des informations supplémentaires concernant sa famille. Je gardais dans un coin de mon esprit ce nom de famille qui ne m'étais pas totalement étranger et me disait que je ne me priverais pas de quelque recherche afin de satisfaire ma curiosité si elle était toujours présente lorsque je serai de nouveau seul à bord. Astucieusement, la jeune femme se re-concentrait sur moi. Je connaissais assez bien cette technique de diversion puisque je l'empruntais moi même assez souvent afin de ne pas faire parler de moi. J'avais repris en allemand pour lui répondre   Oui ! Je suis né ici mais j'y ai vécu quelques années. Plusieurs mois à différentes périodes qui bout à bout comptabilisait bien une période de 3 ans. L'Allemagne avait été mon pied à terre - appelons là ma planque si cela est plus parlant - pour la majeur partie de mes contrats européens... Elle et la Russie. Mais la jeune femme n'avait pas à savoir tout ça.   Pour me rendre aux endroits que ma mère avait dû fréquenter sans doute... affirmais-je sans être totalement sur qu'il s'agisse d'un vrai mensonge.

La jeune femme est surprise de l’entendre dire qu’il connaît l’Allemagne, elle ne l’aurait pas crû au timbre de sa voix, à son accent. Mais elle le croit sur parole s’il dit qu’il l’est. Et elle se dit que cela lui fait au moins une personne avec qui elle peut parler sa langue maternelle, parce qu’ici à Harvard elle en a assez peu souvent l’occasion. Les natifs d’Allemagne ou des pays germanophones ne sont pas légions, ou elle ne les connaît pas. Alors elle est ravie d’entendre quelqu’un dire qu’il peut parler cette langue. Elle hoche la tête comme il parle de sa mère.

«- Oui, la famille… C’est important.» admet la jeune femme avec un sourire.

Mais peut-être dit-elle cela parce qu’elle n’a pas de soucis particuliers avec la sienne, tout simplement et d’autres ne tiendraient pas le même discours, certainement. Mais Lisa n’a jamais vraiment eut de problème avec la sienne, alors il est dur pour elle de se prononcer.

Si je n'avais pas été très convainquant, c'était sans aucun doute parce que je n'y croyais pas moi même ! De son côté, la jeune femme semble assez sur des propos qu'elle affirme. Je n'en croyais pas un mot, seulement je ne devais pas me montrer trop ingrat. Surtout lorsque j'ignorais ce qui avait conduit ma mère à couper les ponts avec les siens. Cela expliquerait pourtant assez bien pourquoi je ne pouvais en aucun cas lier les mots Famille et Important sans que la chose ne me paraisse risible ! A plus forte raison lorsque cette dernière était absente. Mais ça n'était surement pas le cas de la belle autrichienne
Mon visage s'était assombrit sans que je ne tente de masquer quoique ce soit. Un léger ... Mmh-Hmm mi-approbateur, mi-désapprobateur.
Très vite après cette onomatopée je demandais. Où allez vous d'ailleurs ? Quoi de mieux pour détourner un moment la conversation que de me concentrer un bref instant sur la route à suivre.

Il ne semble pas avoir très envie de parler de lui ou de sa maman finalement et l'autrichienne trouve cela très bizarre mais elle ne lui en fait pas la réflexion, pour ne pas le vexer, ou pour ne pas... elle ne sait pas trop, en soit. Mais peut-être qu'elle considère que ce ne serait pas une bonne idée de se montrer trop invasive, trop intrusive. Alors elle ne dit rien et se contente de sourire à son interlocuteur, comme il demande où elle voulait aller.

"- Je me rendais au magasin de décoration, sur la 5ème." indique la jeune femme.

Si elle n'aime pas faire les magasins pour se vêtir, la jeune femme apprécie largement, en revanche, de se balader dans les autres boutiques. Tout ce qui est articles de maison, décoration... Elle aime bien cela et change le décor de sa chambre à la Eliot assez régulièrement quand on y pense.

"- Et vous ? Vous alliez où ?"

Si Lisa trouvait anormal que je ne tienne pas à parler plus qu'il ne m'était nécessaire de ma mère biologique, elle ne le montra d'aucune façon. Si bien que je ne cherchais même pas à me dédouaner d'avoir si brièvement achever la conversation. Je hochais la tête et suivais l'itinéraire que je supposais devoir prendre. Une décoration pour ?... La Eliot House ? Pour le bal de fin d'année ? avais-je demandé assez curieux sur le coup.
Je n'étais pas très porté sur ce genre de chose. J'aurais pu mettre cela sur le fait que j'étais un homme, mais Dave prenait grand soin d'aménager ses appartements, lui. Oui, ses appartements. Mon mentor, même s'il appréciait grandement le confort d'une chambre d'hôtel préférait l'intimité d'un appartement meublé par ses soins. Chez moi. avais-je répondu simplement. Mais ne vous en faites pas... Ma femme n'a rien contre le fait que je kidnappe deux ou trois étudiantes. lâchais-je ensuite sur un ton qui ne laissais distinguer si je plaisantais ou si j'étais sérieux.
Quelques secondes s'écoulaient avant que je ne ris tout bas assez satisfait de la mine qui s'était affiché sur le visage de l'autrichienne. Je plaisante. la rassurais-je alors même si mon rire devait lui avoir laissé entendre que ma réplique était ironique. ... Je n'ai pas de femme. précisais-je ensuite en tournant à droite au feu suivant. Une précision qui voulait surement pointer le doigt sur le fait que je ne plaisantais peut-être pas sur le reste de la teneur de mes propos.

Elle sursaute un peu quand il demande si elle avait l'intention de décorer la Eliot House. Tout d'un coup elle ne se souvient plus si le sujet de sa maison a été évoquée. Si il l'a été, alors la jeune femme l'a totalement oublié. Elle adresse un regard en coin à son interlocuteur en se demandant, si elle ne l'a pas dit, comment il peut savoir qu'elle est de la Eliot ? Mais rapidement elle chasse ces pensées de son esprit. Il sait, ce n'est pas un drame non plus.

"- C'est pour ma chambre." se contente de répondre la demoiselle avec un sourire en considérant qu'elle n'a pas besoin de lui en dire plus.

Il a un humour des plus particuliers, et la jeune femme lui adresse un sourire. Même si ce n'est pas très drôle non plus ce qu'il lui dit. Kidnapper des étudiantes pour finalement dire qu'il n'a pas de femme, donc qu'il rigole. Alors il ne rigole pas quand il parle de kidnapper ? Elle imagine bien que oui, quand-même.

"- Très drôle." fait remarquer l'étudiante comme l'homme plaisante. "Et vous faites quoi après avec vos étudiantes ? Vous les tuez ? Par qu'elle méthode ? Et vous les cachez où alors ? Le lac ? Dans la forêt peut-être ?" demande la jeune femme.

Lisa semblait assez surprise que je fasse référence à la Eliot House. Je tentais alors de me rassurer sur le fait que je n'avais pas pu l'inventer. Je me souvenais même très bien l'avoir entendu dire qu'elle était à côté et qu'elle n'aurait pas à s'embêter puisqu'elle habitait à côté. Lorsqu'elle précisa pour quel lieu qu'elle comptait décorer je lâchais un petit Mmh... songeur.
Elle sourit à mon humeur quelque peu décalé. Peut-être riait-elle jaune. J'étais trop concentré sur la route pour pouvoir en avoir le coeur net. Elle me demandait alors des précisions sur la manière dont je me serait prit. Serait-il bien vu de la part d'un professeur - de sport ou quelque soit son domaine d'exercice - de plaisanter sur ce type de sujet ? Pourtant, il n'était pas non plus très commun qu'un ancien tueur à gage de se réinsérer dans un milieu aussi social que celui de l'éducation. Et encore... Je n'étais pas un ancien. Puisque j'exerçais encore. Ce n'est pas le genre de chose qui me plait de faire. avouais-je plus sincèrement qu'elle ne pourrait le croire. Mais si vous voulez mon avis, il n'y a rien de plus stupide que de cacher le corps d'un mort dans un forêt ou dans un lac. Sauf si on souhaite qu'il soit retrouvé. Je donnais mon avis de professionnel autant que de contestataire de toute ses émissions et tous ses films qui ne demandent qu'à être remis en cause. Enfin ce n'est que mon avis. Sans compter qu'il était bien plus stupide de se lancer dans ce genre d'entreprise. Ce n'était pas moi qui risquerait ma carrière en kidnappant une étudiante. Les médias et les autorités seraient bien trop hargneux de retrouver le coupable. C'était risqué... Bien trop ! Je pourrais faire de vous ma complice. Comment vous y prendriez vous ? lui renvoyais-je la question

Cette conversation a quelque chose de très malsain dans un sens alors qu'ils sont en train de parler du meilleur moyen de tuer une personne et de cacher le corps ensuite. C'est légèrement morbide comme discussion, mais cela ne semble pas choquer la jeune Autrichienne. Étrange. Parce que ce n'est pas le genre de choses qu'elle affectionnerait en temps normal. Et même là, elle plaisante mais ce n'est pas non plus le sujet de l'année à son goût.

"- Donc... si vous deviez cacher un corps comment vous vous y prendriez ? A votre avis ? Certains les jettent chez les charognards au zoo !" demande la jeune femme.

Elle n'a pas vraiment envie de cacher le moindre corps, ou de tuer qui que ce soit. Loin de là même. Mais elle fait la conversation au moins, on lui reconnaîtra au moins ça. Souriant à son interlocuteur, elle perd son regard sur l'extérieur, regardant le paysage qui défile par la fenêtre. Un sourire étire ses lèvres comme elle regarde le soleil couchant. Elle aime ces couleurs parant le ciel, le calme de la nuit qui s'apprête à tomber.

Je me surprenais que la jeune femme ne garde pas le silence sur ce sujet. Sur le coup, je n'étais pas plus méfiant que d'habitude. Dave - mon mentor - lui aurait sans doute dit que ce genre de discours n'était pas du tout adapté. S'il se passait quoique ce soit dans le futur, l'étudiante serait l'une de celle qui pourrait témoigner contre lui. Il fallait croire que les avertissement de mon instructeur ne m'empêchait pas d'être moi ! En effet, pour une fois, je n'avais pas à camoufler le véritable moi. Hum... lâchais-je en faisant mine d'être songeur. Je ne le cacherai pas justement ! continuais-je tout aussi sincèrement. Comme par exemple... Faire passer un meurtre pour un suicide ou un accident ? Avec ça plus de raison de cacher quelques corps que ce soit !
Je suivais son regard, lisais son sourire sur son visage et lorsque je me concentrais à nouveau sur la route, en dépit du feu vert dans mon sens de circulation une voiture nous barra la route. Je donnais un gros coup de volant pour l'éviter. Il nous érafla tout de même le pare-choc avant droit, j'allongeais ma main jusque sur le siège passager pour maintenir Lisa avant que ce ne soit finalement un véhicule qui roulait initialement à ma gauche, qui, surprise nous emboutit côté conducteur. Le fautif de cet incident continua sa route après avoir re-stabilisé son véhicule tandis que notre course s'arrêtait là.

Elle hoche la tête. Non en fait ce type n'est pas drôle du tout, même si elle ne le prend pas au sérieux. A vrai dire ce professeur se classerait même dans la catégorie des carrément flippants à bien y penser. Mais heureusement selon l'Autrichienne, il n'est pas le moins du monde sérieux quand il parle de masquer un meurtre en accident ou en suicide. Il dit ça... sur le ton de la conversation, rien de plus.

Elle n'avait pas imaginé qu'ils auraient cet accident. La jeune femme n'a pas eut le temps de réaliser. Tout s'est passé si vite. Tellement vite. Trop vite. Alors que son conducteur évite un véhicule qui les érafle, un second vient emboutir la voiture côté conducteur. La brune, choquée par ce qui vient de se passer, ne réalise pas vraiment que le responsable est en train de faire un délit de fuite. Le véhicule étant arrêté, elle se concentre plutôt sur William et son téléphone portable, afin de signaler l'accident. Autour d'eux, les badauds s'arrêtent, certains ayant assistés à la scène.

"- Monsieur ? Vous allez bien ?"