Les cours viennent tout juste de prendre fin et Lisa s'empresse de quitter le bâtiment principal afin de gagner le parking de l'université pour y retrouver sa voiture comme elle doit se rendre à Boston. Approchant de celle-ci, l'autrichienne sort sa clé de son sac à main et appuie. Le signal lumineux apparaît et elle ouvre la portière, pose ses affaires sur le siège passager. Elle se regarde un instant dans le rétroviseur avant de s'en désintéresser et faire tourner la clé pour allumer le contact. Alors, paresseusement, la voiture émet un bruit mécanique avant de s'arrêter. Lisa soupire et quitte le véhicule pour aller ouvrir le capot histoire de jeter un œil. Mais elle n'y connaît rien en mécanique. Arborant une petite moue, elle observe le tout, parfaitement consciente qu’elle ne pourra rien faire toute seule. Si bien qu’elle attrape son téléphone dans son sac à main, pour appeler un garagiste, sans succès alors qu’aucun ne répond à ses appels. Refermant la portière du véhicule et son capot toujours ouvert, elle fait les cent pas sur le parking en composant un énième numéro.

Réunion de professeur, compte rendu de réunion et apéro entre collègues. J'évitais d'ailleurs ce dernier autant que faire ce peu. Mais voilà quel était mon lot quotidien depuis que j'avais décrété que cette couverture serais la meilleure  pour me permettre de poursuivre mes autres activités sans m'inquiéter de rien. Si c'était ce à quoi ressemblait avoir une vie normal je n'étais guère déçu de m'avoir éviter ce supplice ses dix dernières années.
Je rejoignais donc enfin mon véhicule avec une sorte de lassitude. Quoiqu'heureux de pouvoir retrouver un semblant de tranquillité dans cette villa que j'avais acheté comptant à ce richissime russe. Je n'avais pas eu besoin de tourner la tête vers la jeune femme qui avançait vers sa voiture pour avoir une idée de sa taille et de sa corpulence. Elle se déplaçait avec aisance, ses pas étaient mesurés, légers.
Quelques instants tard après être monté à bord je passais à pas lent à côté de la jeune brune qui avait de toute évidence un soucis avec son démarreur, son moteur, ses bougies d'allumage, manquait-elle de liquide de refroidissement ou d'huile de moteur ?  Ma mâchoire se serrait, je tirais le frein à main non loin d'elle. Laissant le moteur en route. Je ne comptait pas m'éterniser de toute façon. Il m'arrivait assez rarement de rendre service gratuitement. Mais ce n'était pas là tout le propre de rendre service ? Vous vous en sortez ? avais-je lâché en espérant que la réponse soit positive. Mais inutile d'en attendre d'avantage avec ce regard et cette posture. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qui n'allait pas.
Je retenais un soupire et quittait finalement mon véhicule, retirant la veste de mon costume, déboutonnant les boutons de mes manches pour mieux les remonter ainsi que les deux boutons du col. Redémarrez que j'entende ce qu'elle raconte.

La jolie jeune femme - car oui il fallait bien lui rendre justice elle était très charmante - semblait tout aussi embarrassée par le tracas que lui causait son moyen de transport que par le fait d'avoir à accepter l'aide de quelqu'un lorsque celle dernière avait sensiblement tentée de se débrouiller toute seule. Je levais la main comme pour lui signifier qu'elle n'était pas forcée de s'excuser. Ne m'étais je pas arrêté de ma propre initiative ? Oui ! Eh bien voilà, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même quoi à présent. J'imaginais le véhicule un tantinet entretenu et me disait de ce fait que l'affaire ne devait pas être si insurmontable. Je vérifiais alors alternativement le niveau d'huile et l'eau. Ces derniers me semblait relativement correct quoiqu'un petit plus ne leur aurait fait aucun mal.
Je fronce les sourcils en entendant le bruit du moteur tentant désespérément de démarrer. La demoiselle me demandait mon avis sur la question - question à laquelle j'aurais bien aimé répondre - sauf que la suite m'amusa quelque peu. Alors qu'elle m'expliquait ce qu'elle avait commencé à entreprendre, un sourire amusé se dessinait sur mes lèvres et je laissais échapper un petit rire.
En effet elle avait vraiment "essayé" seule. Enfin... Seule ! Tout était relatif, elle avait tenté de contacter quelques dépanneurs ? C'était du moins ce que j'avais pensé avant de l'entendre dire que la majorité des garages étaient fermés. Je tournais la tête vers elle, les mains en appuie sur le capot ouvert désormais. Ce genre de chose n'a pas dû vous arriver souvent... Ce sont les dépanneurs qu'on appelle à cette heure là. Ou votre assurance ?

Je perdais bien vite mon sourire réalisant qu'il pourrait être vexant de se sentir amusé par la situation. Pardon, ce n'était pas correct. Vous êtes assuré je suppose. affirmait-il Je pense que la batterie est à plat. Est ce que vous arrivez à allumer la radio ? demandais-je ensuite

Je n'avais eu aucun mal à le deviner, j'avais pourtant préféré lui faire croire qu'il s'agissait d'une question dont je tenais à avoir une réponse. Même s'il n'en était rien, il était parfois préférable d'avoir l'air plus stupide que je ne l'étais. De plus, le commun des mortels avait une sainte horreur d'être trop prévisible. Que devait-il en être pour elle qui - là encore je le devinais aisément - appartenait à la classe sociale des privilégiés. J'ignorais encore qu'il s'agissait d'une princesse, comment l'aurais-je su ? Je n'avais jamais encore traité avec l'Autriche. Mais je savais par logique que la majorité des étudiants présents avaient les moyens de se présenter au cours qui était donné. Sa tenue vestimentaire, son discours et même sa posture indiquait en tout point, même si elle semblait de par quelques unes de ses manières vouloir le dissimuler.
Une voix se fit entendre, douce, fragile, mélodieuse, bientôt doublée par celle de la jeune femme. Je penchais la tête, tendait l'oreille, ne pouvant pas la voir rougir derrière le capot redressé mais je l'imaginais bien gênée de s'être laissée aller.
Dommage... lançais je en choisissant d'ignorer - pour l'instant l'avoir entendu fredonner. Ca aurait été tellement plus simple de juste lui donner un bon coup de jus pour qu'elle démarre et basta !
Dans la longue liste de ma check liste virtuel il ne me restait la plus que deux options. Un soucis de démarreur qui m'obligerait à pousser le véhicule pour l'aider à démarrer ou problème avec les bougies d'allumage et dans ce cas je ne pourrai rien faire de plus pour l'aider. Si ce n'était peut-être lui indiquer où se trouvait la station de bus du campus. Restez au volant, baissez la vitre arrière et mettez vous au point mort.. lui donnais je comme indication. Je retournais rapidement dans ma voiture pour la sortir de la route, la garant non loin et revenait près de la jolie brune sans ma chemise que j'avais malgré mes précautions réussi à tâcher. Le débardeur blanc que je portais sous cette dernière n'était en rien la tenue idéal d'un professeur c'était pourtant bien celle que je portais en présence de mes élèves. Vous essayez de démarrer quand j'arriverai à lui donner un peu de vitesse, d'accord ?. lui conseillais je en m'y employant..

La jeune femme soupire. En matière de voiture elle n'y comprend vraiment pas grand-chose c'est le moins que l'on puisse dire alors qu'elle n'a jamais eut à se soucier de cela. Et face à cet homme qui se propose pour venir en aide à la princesse, cette dernière se sent encore un peu plus idiote si cela est possible. Vraiment ignorante. Bien sûr elle maitrise d'autres sujets mais elle se rend bien compte d'une certaine façon qu'elle n'est pas en phase avec le reste du monde. Soit.

Elle pique un fard comme elle s'est mise à chanter en oubliant un peu la présence de son interlocuteur. Il va la prendre pour une folle et puis elle ne fait pas plus confiance à sa voix qu'à son poids il faut bien le dire.

"- Navrée." Répond la brune sans savoir si le reproche est pour elle ou non.

Elle écoute les propos de son interlocuteur et fait ce qu'il lui demande. Elle reste au volant, reste au point mort et attend. Elle le laisse lui donner un peu de vitesse et quand il le lui demande elle essaie de démarrer le véhicule.

Je fronçais les sourcils sans vraiment comprendre pourquoi elle s'excusait cette fois. Peut-être ferait-il mieux de lui expliquer ce qu'il faisait. Qu'elle sache à quoi s'en tenir la prochaine fois... si prochaine fois il y avait. Je m'exécutais alors lui expliquant brièvement que la radio n'aurait pas pu s'allumer si la batterie était à plat. D'ailleurs la seule raison pour laquelle cela aurait été le cas pourrait s'expliquer par le fait que la princesse ai laissé les phares allumés ou quelque chose du genre. Quoiqu'il en soit il n'y a pas de raison de vous en vouloir... Puisque ce n'est pas ça. terminais-je.
Revenant finalement vers elle, je prenais appuie sur l'espace que me laissait la fenêtre arrière totalement abaissée pour aider les roues libres à se positionner convenablement sur la route. Après quoi je me plaçais derrière le véhicule et le poussait sur quelques mètres. Allez y... lui demandais-je avant d'entendre le moteur crachoter dans le vide à deux ou trois reprises... En vain bien sur. Une légère grimace s'était dessinée sur mes lèvres. Je cessais de m'épuiser à la tâche, quoique la chose ne fut pas si épuisante que cela. Je me replaçais près de la fenêtre arrière pour replacer la voiture de l'autrichienne à cheval sur deux places libres. Vous allez avoir besoin d'une dépanneuse finalement. lui annonçais-je en me postant près d'elle réfléchissant dans un même temps à ce qui allait sortir de ma bouche. Je laissais le silence s'éterniser l'écoutant songeur avant de lui proposer Qu'est ce que vous préférez ? Attendre ici que votre assurance vous fournisse un nouveau véhicule ici ou que je vous raccompagne ? lui proposais-je me rendant bien compte qu'il s'agissait de rendre un service supplémentaire. Comme quoi être prof sur ce campus m'avait bien changé !

Besoin d'une dépanneuse ? Lisa soupire, c'est bien sa veine, il va falloir qu'elle fasse appel à son assurance. Heureusement que le parking n'est qu'à quelques pas de la Eliot House, elle va pouvoir aller s'occuper rapidement de tout cela et surveiller l'arrivée de la dépanneuse. Cependant, l'homme qui lui fait face a prit de son temps pour lui venir en aide et la jeune femme n'entend pas partir sans le remercier, ça ne lui ressemblerait pas. Elle sourit dont à son interlocuteur comme ce dernier confirme le besoin d'appeler des professionnels.

"- Je vais aller m'en occuper tout de suite, merci à vous d'avoir bien voulu essayer de m'aider en tout cas. Je sais un peu mieux d'où vient le problème du coup."

Ou pas, parce qu'elle n'y comprend rien en mécanique, mais bon, elle a comprit le principal, soit que le problème est tout de même assez grave puisqu'il nécessite l'intervention d'un professionnel pour être réglé. La jeune femme adresse un petit sourire à son interlocuteur.

"- Je vais appeler l'assurance en rentrant, et je ne suis pas loin, je vis à la Eliot House, je voulais aller en ville. Je peut vous offrir un café ? En dédommagement ?" propose gentiment la princesse.

Son éducation fait qu'elle ne peut pas ne pas remercier, récompenser, une personne qui lui est venu en aide, qui a passé du temps sur son problème.


@William Bloomberg