Gentleman bien élevé, il change de sujet en voyant mon malaise lorsqu'on parle d'argent. En soi, le sujet ne me dérange pas. Mais comment parler d'argent quand toutes les personnes dans cette salle vivent dans l'opulence. Pour se moquer de moi ? Pour comparer les chiffres sur nos comptes en banque ? Parce que c'est ce qu'ils font entre eux dans l'optique de se rassurer ? Manque de chance, je ne suis pas de bonne famille et j'ai un salaire plus que convenable, mais j'aurais l'air d'une paysanne en comparaison de toutes ces personnes ici. Et je n'ai pas envie d'être intentionnellement ou non jugée par la comparaison du salaire que je gagne par rapport à tous les convives ici présents.

- Des blessures amusantes ? Il y en a rarement, j'ai généralement le choix entre les sportifs qui se blessent en s'entraînant ou les jeunes femmes qui ont des vertiges. Et quelques étudiants qui essayent de simuler pour éviter un examen ou un cours obligatoire. Mais je me souviens d'une fois où un étudiant était arrivé pendant mon service de nuit, avec sa petite amie. Il s'était déboité l'épaule pendant leur relation sexuelle. J'ai dû la lui remettre en place. Apparemment ils essayaient de calquer les mouvements qu'ils avaient vu dans une vidéo

Je ris doucement, répondant tout bas tout en commençant à couper mon rosbeef une fois l'assiette emmenée. Je le regarde converser avec le couple avec autant d'aisance qu'habituellement. Je le trouve remarquable, il est dans son milieu, comme un poisson dans l'eau. Je souris, le regardant faire, amusée, participant de temps en temps à la conversation, mais surtout profitant du délicieux rosbeef et de sa sauce divine. Un véritable orgasme culinaire. J'ai bien fait de venir rien que pour le repas, ça valait la peine.

- Si on mange ce genre de plat à chaque soirée de bienfaisance, tu peux m'inviter quand tu veux.

Je lance en riant.

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Au début, lorsqu'Ellana répondait à sa question curieuse, Alejandro crut qu'elle ne parlerait pas d'anecdote particulière, mais finalement, la belle blonde s'aventura sur ce terrain. Déjà, le beau brun riait un brin quand la jeune femme mentionnait les étudiants qui tentent de simuler une maladie quelconque pour échapper à un examen. Ah oui, vraiment? Incroyable! Puis, la jeune femme parla d'un déboitement d'épaule qui était plutôt mal tombé. Pauvre type!

-C'est la preuve qu'il vaut mieux s'en tenir à ce qui est simple et efficace plutôt que s'aventurer en terrain inconnu. Quoiqu'être aventurier, c'est bien aussi.

Puis, l'Espagnol converse avec les autres personnes à sa table. Après tout, il ne pouvait quand même pas les ignorer. La belle blonde à ses côtés était plus discrète et mangeait son rosbeef, qu'elle semblait vraiment apprécier, ce qu'elle lui confirma. À nouveau, il eut un léger rire. Elle était vraiment comique!

-Ahah, je voudrais bien, mais même sa ma petite amie est gentille comme tout, la jalousie guette toujours.

De toute façon, ils parlaient pour parler comme on dit, il n'allait pas traîner la pauvre infirmière à toute ses soirées, elle a sans doute mieux à faire. Parlant de chose à faire, l'organisateur de la soirée s'avançait pour parler au lutrin installé et expliquer le but de la soirée, remercier tous les gens présents, etc, mais surtout, laisser la parole au premier conférencier. Alejandro reporta son attention sur Ellana.

-Pas trop nerveuse?

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- Oh tu sais un peu de piment ça fait pas de mal à un couple. Mais il faut connaître les limites de son corps pour ne pas se blesser.

Je ris, ayant déjà essayé d'imaginer dans quelle situations ils avaient dû bien se retrouver pour arriver à se déboiter l'épaule pendant leur relation sexuelle. Je continue de savourer la viande petit à petit, je prends mon temps et je vais jusqu'à saucer l'assiette tant la sauce était divine. J'ai tellement saucé avec le pain que l'assiette a l'air toute propre.

- Depuis combien de temps sortez-vous avec votre petite amie ? J'espère que tout se passe bien.

Je lui demande, curieuse. Le jeune Ortega est beau. Très beau, grand, couleur caramel, un sourire lumineux et des yeux de feu. Il a tout pour plaire, il pourrait littéralement avoir une femme différente chaque soir de la semaine. C'est difficile de croire qu'un homme aussi beau puisse être déjà dans une relation sérieuse. Généralement les beaux jeunes hommes de son âge profitent. Et je lui en aurais pas tenu rigueur.

- J'ai bien mangé, ça m'a donné du courage. Pour tout avouer, j'ai presque hâte de monter sur l'estrade.

Je dis en me tournant vers l'organisateur surélevé sur une petite estrade avec un lutrin où il commence à parler. Les gens l'applaudissent, je les imite. Quand les gens font une chose, je fais la même, pour ne pas paraître grossière, mal éduquée ou tout simplement me fondre dans la masse.

- Si je comprends bien, le dessert c'est après le discours ? Belle récompense ... j'espère qu'il en vaut la peine.

Je me penche et chuchote à l'oreille du bel espagnol. Avec un plat de résistance comme celui qu'on vient de manger, j'ai tout simplement hâte de goûter au dessert.

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Son rire se joint à celui de son invitée. Encore une fois, il ne pouvait qu'être d'accord!

-Je suis bien d'accord.

Le meilleur moyen de connaître ses limites d'ailleurs, c'est de faire du sport, de bouger. Ellana avait mangé avec appétit et n'avait rien laissé dans son assiette. Du côté d'Alejandro, ce genre de repas délicieux et appréciable était bien, mais ce n'était rien de renversant pour lui. Puis, curieusement, quand il fut question de sa copine, la jolie blonde à ses côtés se mit à le vouvoyer. Il ne releva pas.

-Quoi? Ai-je un comportement qui laisse à croire que je sois un mauvais petit ami?

Bien sûr que non et il le sait. C'était juste pour taquiner Ellana un brin. Après, il enchaînait:

-Cela fera un an au début du mois de mai. C'est encore assez récent, mais on habite ensemble depuis l'automne et tout se passe pour le mieux. Et de ton côté?

Il a entendu dire entre les branches qu'elle est célibataire, mais le meilleur moyen de savoir, c'est de demander. Alejandro pourrait profiter du célibat, c'est vrai, mais Alejandro, c'est Alejandro quoi, ce n'est pas n'importe quel jeune homme, pour le meilleur et pour le pire.

Apparemment, manger avait donner du courage à la belle blonde, qui semblait même trépigner d'impatience. Tant mieux!

-Ah si? Ça ne devrait pas tarder.

Il désignait alors l'organisateur et applaudit sobrement quand tout le monde fit de même. Si vous trouvez que tout cela fait bien protocolaire, sachez que c'est bien pire (ou mieux) en Europe! À nouveau, il se penche vers Ellana lorsqu'elle l'interroge. Gourmande han?

-Probablement que si.

La première conférence était celle d'une officier dans l'armée américaine. Vous avez bien lu, une. Une femme droite une colonne et en uniforme qui plus est, c'était un brin impressionnant. Elle relate ses efforts pour combattre Daesh, alias, l'État Islamique et la lutte des milices kurdes et irakiennes contre ce groupe. Puis vint l'homme en chaise roulante, qui donna un discours plus bref, mais plus personnel, parlant surtout de la réadaptation après la blessure, la difficulté de réintroduire le monde "civil" après une carrière militaire et incidemment, le manque de soutien aux vétérans. Il était temps qu'une infirmière rappelle que tout n'est pas à propos des blessure, mais de la guérison. Alejandro se pencha vers Ellana pour lui murmurer à l'oreille:

-Buena suerte.

Et se tenait prêt à écouter son invitée de marque. Déjà, il en souriait de fierté tandis qu'elle se levait.

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Déformation professionnelle. Je vouvoie Alejandro sans le vouloir, par réflexe. J'avais tellement l'habitude durant la guerre de discuter avec les blessés, leur donner une idée à quoi se raccrocher était primordial. Et la plupart du temps, parler d'amour, de la personne qu'ils aimaient, était le meilleur sujet à aborder pour qu'ils se battent pour vivre. Alors quand Alejandro me parle de sa petite amie, je me revois poser les mêmes questions aux blessés.

- Pas du tout, bien le contraire. Mais pour un beau jeune homme comme toi, ils ne choisissent pas vraiment de vivre une relation sérieuse quand ils peuvent se permettre de ... s'amuser et de profiter. Ce que je peux comprendre.

Je réponds, respectueuse.

- Quant à moi, je n'ai personne. Les deux relations ... sérieuses ... Que j'ai eu étaient douloureuses. Le premier est parti sans dire au revoir, c'était un soldat que j'avais rencontré en temps de guerre, je l'avais soigné. Et le second, un ancien prof de Harvard, qui avait toujours des sentiments très forts pour son ex. Alors je me suis effacée pour le laisser aimer la bonne personne.

Je rajoute avec un sourire triste, me souvenant de la douleur du coeur brisé. Bien vite - trop vite - le temps du discours est arrivé. J'écoute avec respect les paroles des deux personnes avant moi, les applaudissant dés qu'ils finissent. Et lorsque c'est mon tour, je me lève gracieusement et je souris à Alejandro, lui faisant un clin d'oeil complice. Je n'ai plus peur, je suis prête. Je monte sur la petite estrade et viens me poster derrière le lutrin avec le micro, je souris à tous ces gens qui me regardent.

- Bonsoir à toutes et à tous. Je m'appelle Ellana Pinkerman, j'ai vingt-six ans, je suis d'origine anglaise et je suis infirmière à Harvard depuis 2015. Il y a cinq ans, j'ai voulu ... me rendre utile pour le monde. Je voulais rendre un peu de ce qu'on m'avait donné. Alors je suis partie au Nigéria où j'ai travaillé dans une réserve anglaise en tant qu'infirmière pour y soigner les blessés de guerre. J'y suis restée un an. Un an où j'ai pu me rendre compte que très souvent, la vie ne tient qu'à un fil ... Littéralement. Lorsqu'on doit soigner un soldat alors qu'on est à court de compresses et de fil pour les sutures, on doit faire avec les moyens du bord. De maigres moyens. La plupart du temps, les soldats n'y survivent pas. Le nombre de vies sauvées un jour où on un nouvel arrivage de matériel vient d'arriver et un autre jour où on manque de tout est incommensurablement différent. Je me souviens de plusieurs jours où par manque de matériel médical, nous n'avions pu sauver personne. Nous étions obligés de regarder ces hommes et ces femmes mourir car nous n'avions plus de fil. Du fil. C'est juste du fil, et pourtant ce fil a sauvé bien des vies. Alors quand on m'a proposé de venir parler de mon expérience, pour donner l'envie aux gens de donner un peu de leur temps, de leur générosité, je n'ai pas hésité. J'ai pensé à mes confrères, mes consoeurs, qui sont toujours au front. Et qui encore aujourd'hui, voient des gens mourir car ils n'ont pas de fil. Mesdames et messieurs, même la plus petite des donations est la bienvenue, assez suffisante pour acheter ce fil, ce fil si banal pour nous ici. Mais si vital pour eux. J'espère que vous serez nombreux à montrer votre générosité ce soir. Je vous souhaite à toutes et tous, une excellente soirée.

J'incline légèrement la tête respectueusement, regardant dans les yeux les deux soldats passés avant moi, puis Alejandro, un sourire sur le visage, comme soulagée d'un poids. Je viens de faire une bonne action et j'en suis heureuse.

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Ellana semblait s'étonner qu'il soit en couple et sage, en apparence en tout cas, même si dans les faits, être en couple n'empêche pas de profiter. Ceci dit, Alejandro ne saurait dire si c'est la tournure de phrase ou quoi, mais il n'arrive pas tout à fait à comprendre ce que lui dit l'Anglaise.

-Je ne suis pas certain de comprendre. Parce que je suis beau, je devrais profiter? Ou d'autres profitent?

Le "ils" l'avait un peu mêlé, il était visiblement confus. Faut dire que la phrase avait commencé par beau jeune homme et était passé à "ils". S'est-il multiplié? Passé la confusion, il put connaître la contrepartie de la situation de la belle blonde. Célibataire, Alejandro n'était qu'à demi-étonné de l'apprendre. C'est une sorte d'instinct ou d'impression qui le lui indiquait. Le geste d'Ellana lui rappela celui qu'eut Hazel lorsqu'il était retourné auprès de son ex', redevenu son ex' depuis tandis qu'il est en couple depuis des mois avec Hazel. Après tergiversations plus ou moins volontaire, Alejandro est aujourd'hui convaincu d'avoir fait le bon choix. Enfin, il faut parfois s'en convaincre un peu.

-L'amour, ce n'est jamais facile et plus on s'investit dans une relation, plus le risque augmente et la perte devient plus importante.

Le tour d'Ellana de s'avancer et de parler arriva quelques temps plus tard. Comment allait-elle se comporter? Déjà, elle se levait avec ce qui semblait être une certaine confiance et lui envoyait un sourire et un clin d’œil. Alejandro renvoya le sourire et la regardait marcher vers le lutrin, sourire en coin, jetant un coup d’œil vers les autres tables pour voir comment elle était perçue. Puis, il écouta le petit discours de la jeune femme, qui fut bref, mais qui alla droit au but. L'histoire du fil, leitmotiv de ce discours, sembla laisser une certaine impression. Faut dire que cela avait de quoi marquer les esprits. De son côté, le beau brun se demandait presque si elle ne tirait pas un trait un peu gros. À ce point? Peut-être, sans doute.

Cette petite pointe de son éternel esprit sceptique ne l'empêchait pas le moins du monde d'applaudir et de sourire tandis que son invitée rejoignait la table et qu'un autre prenait sa place. Une fois celle-ci assise, il se penchait vers elle, applaudissant toujours, pour lui dire à l'oreille:

-Tu as très bien fait.

Et maintenant, le dessert!

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Je ne relève pas lorsqu'il veut que je lui explique le fond de ma pensée sur l'amusement des beaux jeunes hommes. Et encore moins de parler ou d'évoquer mes fiasco amoureux. Je ne suis pas le genre de femme qui aime parler d'amour tout le temps, surtout pas avec des personnes que je ne connais pas énormément. Alors parler d'histoires ratées et douloureuses, c'est encore pire. Je suis dans l'urgence, je pense d'avord au discours que je m'apprête à dire d'une seconde à l'autre. Et lorsque celui ci est passé, je reçois des applaudissements, soulagée je rejoins mon siège, souriant à Alejandro. Le beau latino me complimente et je pousse un soupir d'apaisement.

- Merci, c'était moins difficile que prévu. Je n'ai pas eu à les imaginer nus, c'est une bonne chose.

Je plaisante, riant modérément, portant la main sur ma poitrine pour calmer mon coeur qui bat la chamade. Je n'ai pas ressenti ça depuis si longtemps, ce stress, cette excitation. La dernière fois, c'était lors de mon entretien d'embauche à Harvard avant que je ne devienne infirmière. Mais avec le contexte de l'époque et les agressions, ils avaient besoin de personnel médical compétent qui accepterait de travailler dans de telles circonstances dangereuses.

- Je suis contente de l'avoir fait, merci de m'avoir invitée. Sincèrement.

Je lui souris tendrement, un regard empli de gratitude.

- Parler devant tout ce beau monde m'a donné faim tiens.

Je ris de bon coeur, impatiente de déguster le dessert. J'ai l'impression de sortir d'un rêve, je n'en crois pas vraiment mes yeux. Ce qui vient de se passer, je ne pense pas réaliser tout de suite, je reviens petit à petit à la réalité, comme descendant d'un nuage, flottant. Une légère euphorie s'étant emparée de moi, j'ai envie de rire aux éclats, de danser, de sauter dans tous les sens, de courir, de plonger dans une piscine et me rafraîchir les idées. Je me contiens avec difficulté mais j'y arrive, l'excitation me faisant trembler légèrement alors que je me mords les lèvres, attendant que l'adrénaline arrête de faire son effet.

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Alejandro avait posé une question directe et Ellana l'avait ignoré, tout simplement. Plutôt contrarié, si la question ne lui plaisait pas, elle pouvait toujours le dire après tout, l'Espagnol se racla la gorge, puis ils parlèrent d'autre chose, mais disons qu'à partir d'ici, le jeune homme se montrait peut-être un brin plus distant et moins intéressé dans leur conversation. Après tout, quand on ignore une question de son interlocuteur, il y a de quoi se vexer, non? Ajoutez à cela le côté susceptible du jeune homme...

Néanmoins, la jeune femme rattrapait le coup, pour ainsi dire, en livrant un joli, quoique bref discours sur ses actions, son expérience, le tout pour encourager les gens à donner. Alejandro pouvait maintenant se vanter d'avoir mis la main sur la plus belle des conférencières, ahah!

-C'est peut-être stupide, mais j'étais presque nerveux pour toi. Puis, dès les premiers mots, j'ai su que tu y arriverais.

Ses yeux baissent un peu pour observer un bref instant la main de la blonde contre sa poitrine. C'est normal d'être sur l'adrénaline, même après coup. Puis, elle le remerciait, avec une sincérité qui ne pouvait laisser de marbre un homme le moindrement sensible. Alejandro vint flatter brièvement l'épaule de son invitée.

-Je t'en pris Ellana. Je peux maintenant me vanter d'avoir la meilleure des conférencières à mes côtés.

Les autres personnes à table la félicitait également. Puis, avec cette spontanéité qui est la sienne, l'infirmière avouait avoir faim, ce qui fit rire Alejandro bien sûr. Le dessert ne devait pas tarder à arriver, mais le beau brun, qui observait encore son invitée, eut une idée qui lui ferait peut-être du bien d'ici là.

-On peut aller prendre l'air, marcher un brin si tu veux. Je pense qu'il y a un jardin derrière l'hôtel.

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Les mots d'Alejandro me font chaud au coeur et me remplissent de bonheur même si les tremblements d'excitation cessent trop lentement à mon goût.

- Oh pas tant que ça, tu exagères ! Flatteur va !

Je plaisante avec lui, riant modérément. Il ne serait pas très judicieux d'éclater de rire maintenant, surtout quand le couple assis à la même table que nous me félicite. Je les remercie chaleureusement, et répond à quelques questions sur mon passé au front, vaguement. Je n'aime jamais rentrer dans les détails mais ça semble les satisfaire, du moins pour le moment. J'ai chaud, je dois avoir les joues rosies par les bouffées de chaleur suite à l'excitation et à l'adrénaline. Quand le bel espagnol me propose d'aller prendre l'air, c'est comme s'il avait lu dans mes pensées.

- Oh excellente idée ! Marchons un peu avant le dessert. Il fait tellement chaud.

Je réponds en me levant, glissant ma main sur le bras d'Alejandro comme font les femmes avec un gentleman. Mais surtout parce qu'avec mes jambes qui tremblent un peu, j'ai peur de vaciller et tomber devant tout le monde du haut de mes talons.

- Avec toutes ces émotions, j'ai les jambes en coton.

Je lui murmure à l'oreille alors que nous nous éloignons vers le jardin derrière l'hotel. Certains regards se posent sur nous, des curieux. Le couple que nous laissons derrière aussi. Je fais fi de tous ces regards, je veux simplement calmer le feu que j'ai aux joues et cesser de trembler, pour finir la soirée en mangeant un bon dessert et en rentrant chez moi avec un sentiment d'extrême satisfaction.

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Flatteur? Alejandro eut un fin sourire, comme s'il concédait que c'était vrai. Puis, il rit un brin avec son invitée, qui s'était mise à rire. Il sentait bien que la jeune femme tenait à peine assise et puis, après toutes ses émotions, prendre une marche pouvait toujours faire du bien. L'Espagnol n'eut pas à faire sa suggestion deux fois, la belle blonde se levait aussitôt! Le beau brun fit de même et ils quittaient la salle pour se diriger vers les fameux jardins dont il avait parlé. C'était un peu frais par contre, enfin, surtout pour l'Espagnol, qui n'est pas très résistant au froid, mais avec une belle jeune femme au bras, on trouve toujours un peu de courage. Il porta son attention sur elle quand elle lui adressa à nouveau la parole et penchait un brin la tête pour regarder ses jambes, longues et fines.

-Vu d'ici, elles ont l'air correctes.

Quelques pas plus loin, une fois hors de l'hôtel et bien sûr, Alejandro ouvrait la porte pour la jeune femme, il ajoutait:

-Ça donne chaud parler en public. Je sais ce que c'est... mais je trouve cela grisant aussi. À quoi sert la vie si ce n'est pas pour avoir des montagnes russes d'émotions?

On se sent plus vivant que jamais quand l'adrénaline envahit notre corps, que la nervosité nous gagne. Il n'y a rien de mal à cela. Il faut simplement, comment dire... canaliser tout cela. C'est ainsi qu'ils marchaient tranquillement dans le jardin. Les flocons de neige donnaient un petit caractère féérique au lieu. Un léger frisson parcouru l'Espagnol lorsqu'une brise traversa le jardin.

-Tu fais du sport?

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