You're all you have and you have it all

Romy & Aaron

Le souffle court, je serais presque en train de regreter mes actions. Je dis bien presque, car en réalité, je regrete jamais quoi que ce soit, quand bien même ce serait une énorme connerie. Je cours dans les couloirs de Harvard tentant d'échapper aux vigiles qui me suivent de près. J'ai eu de la chance qu'ils aient pas eu le temps de voir mon visage. Pour l'instant, je ne suis qu'une petite brune qui s'est amusée à taguer un mur de l'Université et qui a refusé de s'arrêter lorsqu'on lui a donné l'ordre. Tant qu'ils ne me mettent pas la main dessus, je suis hors de danger. Même les caméras de surveillance ne pourront rien contre moi car je les connais toutes et que je prends bien soin de les éviter. Je suis pas une amatrice moi. J'ai l'habitude de me mettre en danger, de faire des choses répréhensibles et par dessus tout, de me sortir de n'importe qu'elle situation. Cette fois ci, comme toutes les autres fois, je n'ai aucune certitude de comment cette course poursuite va se terminer, mais cela ne m'inquiète pas plus que ça. Je reste confiante, telle une grande enfant qui ne se soucie de rien. De toute façon, c'est trop tard pour se faire du soucis. La seule chose à laquelle je dois penser, c'est de me sortir de cette situation. Je file donc entre les étudiants, j'en pousse parfois quelques uns, j'esquive la bande de vigiles de mon mieux. A un moment, il me semble ne plus les entendre derrière moi alors je tente un coup d'oeil furtif par dessus mon épaule sans pour autant arrêter ma course. Ils semblent en effet s'être perdus car je ne les aperçois pas. Et je n'aperçois pas non plus le mec qui se trouve justement dans mon chemin et que je viens percuter de plein fouet. Nous tombons tous les deux dans un vacarme sans nom. Je me redresse tant bien que mal, observant autour de nous pour vérifier que nous n'ayons pas attiré l'attention, avant de me tourner vers le dommage collatéral de cette course poursuite. Je ne peux retenir un éclat de rire lorsque je me rends compte qu'il s'agit d'Aaron. « C'est pas vrai ! » je lâche en reprenant mon souffle. J'y crois pas. Encore lui. A croire que nous ne pourrons jamais nous croiser dans des circonstances plus ou moins normales. « Ça va, je t'ai pas fait mal ? » je lui demande en rampant à quatre pattes jusqu'à lui. Je suis poursuivie mais je ne vais pas pour autant l'abandonner sans m'être assurée qu'il n'a rien.

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CODES © LITTLE WOLF.

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Romy & Aaron

Je suis pas du genre maladroite, mais il faut admettre que j'ai fait preuve de légèreté au moment où je suis tombée sur Aaron. Enfin, légèrement, cela dépend dans quel sens car si c'est littéral, c'est un peu moins sûr, puisque j'ai réussi à nous propulser sur le sol du couloir. Si à cet instant j'aurais du me douter que je risquais de me ralentir avec un accident de ce genre, je n'aurais pas pu deviner que j'allais tomber sur Aaron, ce qui rend la surprise clairement plus agréable. Je lâche un rire sincère alors qu'il me taquine sur la façon dont nos chemins se recroisent. C'est vrai que lui et moi faisons toujours dans l'originalité. « C'est ça, je t'ai vu de l'autre bout du couloir alors j'ai couru pour que tu ne disparaisse pas sous mon nez. » je lui lance en jetant d'ailleurs un coup d'oeil vers l'endroit d'où je venais. Mon sourire ne tarde pas à s'évanouir puisque je vois les vigiles qui me poursuivaient me chercher parmi la foule d'étudiants présents. Je me tourne vivement vers Aaron en grimaçant à sa question. « Plus ou moins. » je lâche vivement en marchant à quatre pattes vers lui pour lui prendre la main et l'aider à se relever. « La vérité, c'est que j'ai un petit soucis. Tu vois le groupe de vigiles là-bas ? Disons qu'ils sont à ma recherche et ne doivent pas me trouver. » je lui explique en toute hâte, prenant bien soin de me cacher derrière lui pour ne pas attirer l'attention. J'aurais aussi bien pu lui dire que j'avais un truc à faire et déguerpir, mais j'en avais pas envie. Pour une fois que j'arrivais à croiser Aaron, j'avais pas spécialement envie de devoir lui dire au revoir et attendre qu'on se croise à nouveau le mois prochain.

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Romy & Aaron

Je lâche un rire qui se veut discret mais qui ne l'est pas vraiment alors qu'Aaron remarque que je suis toujours dans un sacré merdier. Je pense que c'est ce qui me définit le mieux. Je peux pas m'empêcher de m'attirer des ennuis. C'est comme si c'était ma façon de m'amuser, de me savoir en vie. Puis on a qu'une vie bordel. J'ai envie de faire ce que je veux, quand je veux et je compte pas me retenir parce que c'est sois-disant mal, ou bien interdit ou j'en sais rien. « Comme tu dis ! » je lui lance avec un sourire large jusqu'aux oreilles. On ne me changera pas. Et ce qui est bien avec Aaron, c'est que je sais qu'il essayera jamais de me changer. Il me comprend, il me comprendra toujours. Il viendra pas me hurler dessus parce que je fais n'importe quoi de ma vie, ou parce qu'il est pas d'accord avec mes choix. Il finit alors par m’emmener avec lui dans un coin du hall. Je le suis sans dire un mot, sans résister car je sais qu'il va pas me dénoncer et que j'ai vraiment rien de mieux à faire que de lui faire confiance. Puis c'est Aaron. Lui aussi a fait des conneries dans sa vie et je pense qu'il est presque aussi bon que moi pour se tirer d'un mauvais pas. Plaqués contre le mur, je profite de sa silhouette pour me cacher des vigiles. Son visage tout près du mien, j'ai du mal à soutenir son regard alors je baisse légèrement la tête vers son cou le temps que la sécurité passe son chemin. j'en profite pour respirer son parfum, je me rends compte qu'il sent bon. Puis je tente un coup d'oeil sur ma gauche pour remarquer que la voie est libre. « Pas mal la technique. » je dis à voix basse, amusée. J'y aurais pas pensé. Ou bien je n'aurais pas osé. Cela ne m'aurait certainement pas dérangée avec un inconnu, mais là c'est Aaron. Étrangement, c'est un peu plus délicat. Sûrement parce qu'il est ami avec Lewis, parce que j'ai eu des discussions assez embarrassantes à ce sujet. Parce que bizarrement, je me suis mis des limites depuis cet été alors que c'est vraiment pas mon genre. « Faut que je disparaisse du campus pour aujourd'hui, le temps qu'il oublie ma tête. » je finis par dire en réfléchissant. Il vaut mieux que je m'éclipse avant de les retrouver. Mais m'eclipser reviendrait à me mettre à découvert et risquer de me faire prendre. « T'as quelque chose à faire là ou bien ça te dirait de m'aider à passer inaperçu encore un moment ? » je demande à Aaron. Je préférerais qu'il me dise qu'il n'a rien à faire. J'ai envie de passer la journée avec lui, le hasard a bien fait les choses en nous faisant tomber l'un sur l'autre. Littéralement.


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Romy & Aaron

Je pense que j'aurais pas pu mieux tomber en croisant le chemin d'Aaron. N'importe qui d'autre ne m'aurait peut-être pas aidée comme il vient de m'aider. J'aurais sûrement été jugée par certains, dénoncée par d'autres. J'ai pas beaucoup d'amis à Harvard, ou même en général, et même ceux qui se disent être mes amis ne me connaissent pas forcément aussi bien qu'Aaron. Ce qui est relativement paradoxal puisqu'on ne s'est croisé que quatre ou cinq fois depuis notre rencontre il y a quelques mois. Mais les quelques minutes que nous avons pu passer ensemble nous ont permis d'apprendre à nous connaître. Peut-être pas à savoir où nous sommes nés, ce que nous avons fait dans la vie. Non je parle pas de ces choses là. Je parle de nos personnalités. Lui et mois sommes assez semblables et c'est en cela qu'on se reconnait. Et c'est pour cela que j'ai su qu'il allait m'aider, qu'il ne laisserait pas les vigiles de l'université m'embarquer. « Bien sûr que je t'invite. Maintenant que tu m'as aidée, tu es un figitif. » je lui dis en lui adressant un clin d'oeil. En réalité, je ne suis pas sûre qu'il risque quoi que ce soit. Et quand bien même on lui demanderait de rendre des comptes, je vois pas ce qu'on pourrait lui faire. Il lui suffirait de mentir, de dire qu'il ne me connaissait pas et que j'ai flirté avec lui sans qu'il ne sache rien. Bref, un bon mensonge pour sauver sa peau. J'attrape la main de son bras passé autour de moi et nous avançons à travers la foule pour sortir du couloir et de retrouver à l'extérieur. « Tu sais que je m'en veux presque ? » je lui dis amusée. Amusée car je ne suis pas du genre à m'en vouloir pour quoi que se soit en général. « Je te tombe dessus, je te fais tomber et maintenant je te pousse à sécher les cours. » je rajoute. C'est vrai que je ne suis pas une fréquentation très recommandable. Je suis la fille solitaire du campus, celle qui agit sans se préoccuper des avis des autres, celle qui ne cesse de s'attirer des ennuis. Nombreux ont été ceux qui en ont eu marre de mon comportement, ou tout simplement des conséquences à traîner avec moi. Et j'espère que ce ne sera jamais le cas d'Aaron.


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You're all you have and you have it all

Romy & Aaron

Aaron c'est un grand garçon, il fait lui-même ses choix et je ne l'oblige à rien en lui proposant simplement de sortir du campus avec moi. Alors même si je lui dis que je m'en veux, je ne peux m'empêcher de rajouter un petit "presque", qui vient tout changer. Si j'étais du genre à culpabiliser facilement, je lui aurais dit de retourner en cours, je lui aurais dit que je peux me débrouiller toute seule. Sauf que ce n'est pas le cas, alors je l'entraîne avec moi dans mes conneries, dans mes ennuis. Un peu à la Bonnie and Clyde, ouais. « J'espère bien que c'est plus intéressant que les cours. » je lui lance amusée. Oui, on sait, on a de la chance de pouvoir étudier à Harvard, c'est pas donné à n'importe qui. Mais bordel, on a surtout de la chance d'être en vie. D'avoir encore un minimum de libre arbitre pour décider qu'aujourd'hui, on ne va pas se plier aux codes sociaux qui nous imposent d'aller en cours, de faire des études, de façonner notre futur. C'est quoi notre futur ? La mort. Car on finit tous par mourir un jour, alors autant rendre la vie, les jours, mois, années qui nous restent inoubliables. Allez, sur ses bonnes paroles, je refuse d'un signe de tête la cloque que me propose Aaron. Aussi bizarre que ça puisse paraître, je fume pas. Ca coûte trop cher ces conneries. Pour l'addiction j'essaye de la fuir autant que possible. Pas question que je devienne esclave de qui ou quoi que ce soit sur ce bas monde. « Au fait, tu étudies quoi ? » je lui demande, me rendant compte que je ne savais toujours pas quelle était sa branche à Harvard. « C'est marrant, j'ai l'impression qu'on se connait par coeur, et à la fois qu'on ne sait rien l'un de l'autre. » je rajoute dans un haussement d'épaules. Est-ce que ça me dérange. Pas vraiment. Un jour peut-être que je connaîtrais la vie d'Aaron sur le bout des doigts, à moins qu'on finisse par se perdre de vue. Ou encore par continuer cette relation que nous avons, à nous croiser au coin d'un couloir ou dans le fond d'une boîte de nuit.

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