Fish and Furious

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Lien du postSam 14 Jan - 14:31

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« Le chien voit beaucoup moins bien que nous mais il entend au contraire beaucoup mieux que nous. Il réagirait bien plus à des stimuli comme l’odorat et l’ouïe qu’avec la vision » Je les connais un peu ces conneries là, qu'ils ne voient qu'en noir et blanc, ou plutôt dans un nuancier de gris. Et si l’ouïe et l'odorat sont ses meilleurs atouts, alors le fait que je le mette en joug ne devrait pas plus que çà l'inquiéter... « Tu as une meilleure technique peut-être ? Je n’y connais peut-être rien à la chasse braconnière mais je sais une chose : un tir de fusil fait du bruit et si tu veux approcher les braconniers de manière silencieuse, ce sera compromis. » C'est un peu le but de la manœuvre mon ami, les faire dégager. Qu'ils nous entendent de loin serait d'ailleurs pour m'arranger puisque nous n'aurions à nous y confronter directement. Entre un pacifiste et un manchot, je ne suis pas certain que nous puissions - malgré toute notre vaillance - les rebouter, et cela même avec la loi de notre coté. « Et puis lui faire peur peut-être la meilleure façon de le faire attaquer. » Exact, j'avoue qu'il touche du doigt une vérité. Cet animal pourrait en effet mal répondre à mes attentes et nous prendre pour plus dangereux que nous ne le sommes réellement. « Nous ne savons pas comment il a été dressé ni même son tempérament… je doute que tu veuilles qu’il nous saute à la gorge » J'aurais eu le temps de tirer une fois dans ce cas mais pas assez rapidement pour nous préserver tous les deux, c'est un fait.

Alors l'extrémité du canon s'affaisse jusqu'à pointer l'humus et la bruyère, trouve un équilibre ancré sur le bout de mon pied et mes doigts éjectent ce qui dans la chambre était chargé pour plus de sécurité. « Tu as un caillou près de toi ? » Si j'avais ressenti Isaiha un peu plus irrité dans ses précédentes paroles, il n'en est plus rien à présent. Mes yeux se déposent furtivement ici et là, sondent les environs à la recherche d'une forme dépassant des jeunes fougères qui tapissent ces sous-bois. Et lorsque je trouve de quoi satisfaire à sa demande, c'est avec hésitation - je ne le cache pas - que je m'abaisse en tendant mon bras, murmurant à qui voudra l'entendre un aveu dont peu de personnes peuvent se vanter de connaitre la nature. " J'ai horreur de ces bestioles..." Je les hais, les ai bannis de mon existence depuis cette tragédie. Et sans dévisager la silhouette de la créature qu'il ne faut pas - d'après ses conseils que je m'évertue de suivre - fixer, je tâtonne et m'empare du rocher et le présente fébrilement à mon ami. Y'a pas à chier, j'ai beau me montrer le plus souvent sous un jour qui n'engage pas vraiment à la conversation ni aux rencontres, là, je n'en mène pas large face à mes vieux démons.

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Lien du postSam 14 Jan - 19:33

Isaiha ferait tout son possible pour épargner la vie. Il en allait de sa nature, de ses croyances les plus intimes. Il ne pouvait concevoir l’idée qu’on puisse tuer pour le plaisir, par peur de l’inconnu ou même tout simplement sans réelle motivation. Néanmoins, il reconnaissait à Clay qu’il leur faudrait se défendre en cas d’attaque seulement, s’ils pouvaient l’éviter, Isaiha le vivrait mieux. Le chien n’avait rien demandé. Il faisait simplement ce que l’homme lui avait dicté. Le pauvre, par quel dressage était-il passé ? Il préférait ne pas le savoir. Est-ce qu’un jour, l’homme cesserait de voir en chaque terre, en chaque vie, une chose à conquérir, à dompter ? Par moment, le lowell se disait qu’il n’avait pas sa place parmi ses congénères car il était tellement facile pour lui de leur trouver des défauts, des comportements fautifs. Toutefois, certaines personnes méritaient d’être connues, respectées et aimées. Le seul problème pour lui était de se détacher de Dame Nature, son amante depuis toujours. Isaiha aimait tellement la nature qu’il faisait tout pour la préserver y compris toutes ses créations comme les animaux, les insectes. Vous pouvez rire mais il n’avait jamais tué d’araignée de sa vie, préférant toujours les recueillir dans le creux de sa main pour les faire quitter la maison quand sa sœur hurlait à la mort.

« Pourquoi ? » demanda-t-il par curiosité mais également pour détourner l’attention de cet homme qu’il sentait apeuré pour une raison obscure. Clay ne l’avait pas habitué à ce genre de réaction mais après tout, il était humain. Le lowell espérait vraiment que le coup de la pierre puisse les débarrasser du molosse même si la perspective de retrouver ses maitres ne l’enchantait pas plus que cela. Que pourraient-ils faire tous les deux ? Les sermonner ? Pas certain que cela serve à grand-chose contre des chasseurs. Leur donner une bonne leçon ? Il ne savait pas se battre et Clay était blessé. « Je me rends compte que nous sommes dans une impasse. Qu’est-ce qu’on va faire Clay pour les maitres du chien ? Peut-être vaudrait-il mieux tirer en espérant qu’ils nous prennent pas pour des partisans de leur chasse » soupira-t-il en fronçant les sourcils. Il ne souhaitait pas passer pour une girouette mais la précarité de leur situation le poussait à la réflexion. Or, celui qui était le plus à même de gérer ce genre de choses, c’était bien l’homme tenant le fusil car ses connaissances s’arrêtaient avec ce chien.

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Lien du postDim 15 Jan - 11:07

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« Pourquoi ? » C'est une longue histoire que je ne saurais expliquer sous l'anxiété que ce corniaud ne cesse de m'inspirer, une mésaventure que j’occulte depuis des années faute de pouvoir, non, de vouloir me confier. C'est une faiblesse que je tente d'enterrer et de soigner par mes propres moyens même si le résultat laisse à désirer. Je le sais parfaitement bien, il me reste encore beaucoup de chemin mais j'ai à cœur de le faire seul parce que c'est une crainte que j'ai moi-même provoquée le soir où ce bâtard que ma mère avait sauvé d'une mort certaine est venu me choper. " Ça va m'être difficile en 30 secondes de te l'expliquer," avoué, toujours les yeux fixés sur le molosse qui nous fait face. « Je me rends compte que nous sommes dans une impasse. » Ah non, ne me fait pas çà... Mon regard s'est dans l'instant focalisé sur le Lowell, faisant fi de mes craintes substantielles. « Qu’est-ce qu’on va faire Clay pour les maitres du chien ? » Je n'en sais rien, j'ai toujours compté sur la chance dans les pires moments et jusque là, ça me réussissait plutôt pas mal. Laisser place de temps en temps au hasard peu avoir quelques effets surprenants, voire même grisants. « Peut-être vaudrait-il mieux tirer en espérant qu’ils nous prennent pas pour des partisans de leur chasse » Aucun risque. D'ordinaire, ils ne viennent qu'en petit contingent, de deux ou trois seulement. Des groupes réduits qui se dispersent beaucoup plus facilement et qui ne laissent que peu de traces dans l'humus des sous-bois. Sans compter les véhicules stationnés à la lisière qui pourraient d'avantage attirer l'attention des gardes-chasse ou propriétaires.

Mais la Force Tranquille vient de me donner malgré moi l'opportunité d'oublier provisoirement le clébard, réfléchissant aux nombreux moyens de les faire payer sans avoir à les rencontrer. Ce n'est pas par lâcheté mais par déduction parce que de toute façon, leur parler ou même les menacer ne suffirait pas à les impressionner, pas aujourd'hui. Il nous faut aller plus loin et c'est dans cette optique qu'une idée me vient, murmurant les yeux rivés dans le néant: " Le chien est puçé " et par conséquent, le nom de son propriétaire doit apparaitre quelque part dans un dossier. A défaut de tomber sur leur bagnole et d'en relever la plaque pour les retrouver, le chien sera une proie plus alléchante et plus difficile à récupérer. Je ne suis pas véto, n'ai jamais fait médecine mais je sais pertinemment qu'un décret pénalise tous ceux qui laissent errer leur animaux, considérés dès lors comme divagants, abandonnés. Dans le cas contraire, s'ils nous contredisent, ils se seront vendus eux-mêmes en révélant leur présence ici.

Cependant, La Montagne est bien le seul à pouvoir s'approcher de la créature. " On le ramène, " une conjecture que je lui glisse, laissant à sa propre approbation la suite. Sans le chien, ils ne tarderont pas à rebrousser chemin après l'avoir appeler durant quelques minutes.

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Lien du postDim 15 Jan - 19:33

« Tu me l’expliqueras un jour ? » demanda-t-il par curiosité en réponse. Isaiha ne lui demandait pas réellement une explication, il s’accordait simplement la liberté de savoir si oui ou non, Clay se sentait suffisamment en confiance auprès de lui pour se montrer bavard sur la question. Le Lowell ne se sentait pas dans son droit d’exiger quoique ce soit de cet homme. Bien au contraire, il respectait ses silences car il faisait partie intégrante de la personnalité de cet homme distant. Néanmoins, pour être honnête, il était vraiment curieux de savoir comment un chien pouvait provoquer une peur certaine chez lui. Clay lui apparaissait comme un homme fort, n’ayant peur de rien. Cela lui donnait un coté plus accessible dirons-nous. Cependant, leur problème principal restait cette histoire de braconnier et de chien. Isaiha se rendait compte qu’ils étaient dans une impasse car entre la blessure de Clay et ses principes pacifistes, ils n’arrivaient à rien. De plus, l’idée de jouer avec leur vie ne l’intéressait pas plus que cela surtout si cela pouvait le révéler dans sa plus grande lâcheté aux yeux de cet homme qu’il aimait considérer comme son ami.

C’est alors que ce dernier parla de la puce de localisation du chien. Isaiha n’était pas trop au fait de ce genre de choses. Il avait vu cela avec les chevaux pour pouvoir tracer les animaux en cas de vol ou de pertes. En même temps, tout ce qui était lié à la technologie lui était encore inconnu. Il commençait à bien s’en sortir avec un ordinateur et un téléphone… mais il avait encore une grande marge de progression devant lui. « On le ramène ? » dit-il mollement. Il s’attendait donc à son regard, qu’il se charge de cette partie du plan. Le grand blond poussa un soupire avant de se tourner vers le molosse qui semblait curieux et méfiant. Avec des gestes lents, Isaiha fouilla dans sa sacoche pour y chercher quelques friandises. Généralement, il n’avait que celles réservés aux chevaux mais peut-être lui restait-il encore quelques douceurs pour chiens. L’une de ses voisines avait un petit chien adorable et il arrivait que le lowell rende service à cette vieille dame en promenant son chien. Par chance, il lui en restait un petit sachet. « J’espère que cela sera suffisant pour l’amadouer » murmura-t-il avant d’ouvrir le sachet, provoquant un petit reniflement du chien. Isaiha en déposa quelques uns dans le creux de sa main et s’approcha de l’animal pour mieux lui tendre cette dernière. Au bout de quelques minutes, le chien se décida finalement à manger ce qui lui proposait et Isaiha en profita pour se déplacer de sorte d’être derrière le chien pour mieux l’attraper par le collier. « Allons-y avant qu’il se rende vraiment compte de ce qu’on fait »

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Lien du postLun 16 Jan - 21:48

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« On le ramène ? » murmure-t-il en écho à ma propre voix. C'est une idée fixe qui m'obsède à présent, presque marqué sans y prendre garde par son regard cuisant. J'en éprouve à la fois une réelle excitation et une inquiétude profonde mais c'est une sensation devenue familière avec le temps. Isaiha obtempère et récupère dans sa besace quelque chose, un sachet de petite taille dont le contenu m'échappe. « J’espère que cela sera suffisant pour l’amadouer » Il l'ouvre sans perdre de temps et gagne de ce fait l'attention du chien qui hume les effluves qui s'en échappent déjà. Mais le geste qui va suivre met en suspend mes nobles desseins: lui, sa main, paume tendue et des friandises au-dedans, s'approchant très lentement des babines qui tressautent au rythme de ses reniflements. Je revoie encore les mâchoires du bâtard qui m'a scarifié le bras, les crocs luisants s'enfonçant dans la chair pour ne plus lâcher prise jusqu'à ce que mon père n'arrive. Le regard complètement absent le temps de me ressasser cet évènement, je ne dis mot, les doigts fiévreusement crispés sur la crosse jusqu'à ce que le chien ne trouve plus gouleyant les gourmandises que la main qui lui est offerte.

En récompense, Isaiha s'en sort avec une paume parée d'écume et rien qu'à la lueur des reflets sur sa peau j'en éprouve une profonde répulsion. Mais ce dernier semble avoir gagné la confiance du chien et en fait même le tour sans éveiller ses soupçon pour mettre finalement le grappin sur son collier. Le danger est, semble-t-il, écarté. « Allons-y avant qu’il se rende vraiment compte de ce qu’on fait » D'un regard complice j'acquiesce et me redresse, tenant à pleines mains l'arme avant d'en déposer une discrètement sur mon ceinturon. " Une laisse peut-être, non? " Parce que le voir tenir ce chien de cette façon me fout le bourdon. Isaiha a beau être beaucoup plus éclairé que moi question faune et flore, je ne peux m'empêcher de conjecturer, égoïste lorsqu'il s'agit de ma sécurité.

Pourtant c'est un travail de concert que nous nous efforçons de mettre en place, lui avec le canidé et moi derrière qui efface nos traces. D'un coup de pied, les quelques feuilles que le chien avait sur son chemin balayées sont restituées, les poils de sa robe feu sur les branchages récupérés puis jetés sous le manteau de fougères. " Tu tiens toujours à l'savoir? " A entendre ce qui me pousse à me lacérer le bras après avoir rangé mon arme? Les fourrés sont enjambés et bientôt les voix rauques ne sont plus que des murmures qui se fondent aux chants des eaux. " Ma mère est véto et... " Souvenirs des plus pénibles..." elle avait tendance à ramener du boulot à la maison. Un soir j'ai été trop curieux. " Mais c'est du passé et les cicatrices recouvertes à présent d'un noir jais.

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Lien du postMer 18 Jan - 21:22

Isaiha évitait de montrer à la fois à Clay mais aussi au chien qu’il ne se sentait pas vraiment à l’aise à l’idée de tenir en respect cet animal. On ne pouvait jamais réellement savoir ce qui se passait dans la tête de ce genre d’animal. Comment avait-il été traité ? Dressé ? Il se souvenait d’une vidéo touchante qu’il avait vu sur internet. Le lowell n’était pas vraiment un féru de technologie mais grâce à sa sœur Casey, il s’était un peu intéressé à Youtube. Il faut dire que la Mather s’amusait à poster des vidéos sur une chaine et piqué par la curiosité, il avait commencé à un peu visionner ces dernières jusqu’à dériver vers d’autres vidéos. C’est là qu’il avait pu regarder une vidéo d’un chien qui avait été maltraité durant des années et qui avait, pour la première fois de sa vie, reçu des caresses. Le pauvre animal ne savait pas comment réagir, se tassait sur lui-même comme si la main de cet homme allait le frapper. Cette vidéo l’avait à la fois touché et révolté. « Je n’ai pas de laisse sur moi… » dit-il en grimaçant. Il avait beaucoup de choses dans sa besace mais pas cela. Il pourrait toujours utiliser sa ceinture mais il craignait que l’animal y voit une arme de souffrance. « Je le tiens bien Clay » reprit-il comme pour rassurer à la fois l’animal mais également cet homme qui livrait pour la première fois depuis leur rencontre, une faiblesse.

Clay était tout de même impressionnant, Isaiha ne pouvait que le reconnaitre. Sa façon de nettoyer leur trace, d’être cette force tranquille alors qu’il avait peur du chien. Si le grand blond souhaitait ressembler à quelqu’un, ce serait sûrement à cet homme. « Oui mais je ne te force pas » répondit-il d’une voix calme où il ne perçait aucune pointe de curiosité. Il souhaitait en connaitre la raison, ne nous mentons pas mais le lowell n’irait jamais empiéter sur la vie privée de qui que ce soit. Il respectait bien trop les silences des uns et des autres pour cela. Ce fut toutefois d’une oreille attentive qu’il écouta Clay lui expliquer à demi-mots l’affreux accident qu’il avait subi. « Je comprends mieux ta peur » dit-il tout simplement sans lui dire que tous les chiens n’étaient pas dangereux, qu’une mauvaise expérience ne devait pas fausser son jugement. Non, il ne dirait jamais cela car chacun réagissait comme il le souhaitait. Si cette expérience l’avait marqué, Clay était en droit de l’exorciser d’une manière ou d’une autre. « J’espère qu’un jour, tu verras les chiens d’un autre œil car ce sont de merveilleux compagnons » tint-il simplement à répondre. L’espoir faisait partie de sa vie après tout. « Nous sommes loin d’un vétérinaire ? » demanda-t-il pour changer de sujet et offrir l’occasion à son ami de prendre les rênes de leur étrange procession.

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Lien du postMar 24 Jan - 17:40

« Fish and Furious »

— Isaïha & Clay

« Je comprends mieux ta peur » Inutile de s'attarder sur les détails, il a su clairement déchiffrer ce qui ce terre derrière mes mots. Quant je dis qu'Isaiha pourrait facilement emprunter la voie d'un profiler, ce n'est pas sans raison: il a l'empathie, le recul nécessaire, cette faculté d'appréhender avec une retenue étonnante le caractère de son interlocuteur. « J’espère qu’un jour, tu verras les chiens d’un autre œil car ce sont de merveilleux compagnons » Peut-être mais il suffit d'une seule fois, d'une seule morsure pour noircir à jamais le tableau. Alors quant on me parle de meilleur ami de l'homme, d'une fidélité sans borne, avec mon passé, excusez-moi d'en rire jaune. Et si je me tiens à quelques centimètres du clébard qu'il tient fermement aujourd'hui, le pardon ne sera pas pour si tôt. « Nous sommes loin d’un vétérinaire ? » En toute bonne foi je ne vais pas lui mentir parce qu'évidemment, à force de grandir dans ce milieu, la sphère professionnelle de ma mère fait partie de mon univers. Je l'ai laissée s'étendre à un degré maitrisé, ne venant que très rarement interférer avec ma vie privée. Des véto, il y en a une chiée sur Boston et ses environs mais c'est à plus d'une trentaine de minutes de route, en empruntant les grands axes bien évidemment.

Il y a bien cette clinique vétérinaire à Back Bay, en plein centre ville, tenue par six praticiennes aux talents extraordinaires. Peut-être parce que ce sont des femmes, elles ont cette bonté d'âme et un sens inné de l'amabilité. Le Dr. Torres plus particulièrement, petit brin de femme vietnamienne, qui dispense de ses soins aux plus démunis. Elle fut jadis une amie très chère de ma mère avant que cette dernière ne s'installe à son compte sur Cambridge et j'ose croire qu'elle sera toujours aussi ravie de me voir fouler du pied son mausolée. Mais cette question n'est encore d'actualité parce que pour l'heure, il nous faut encore marcher quelques centaines de mètres avant de retomber nez-à-nez devant un pare-choc métallisé: mon pickup de stationné... J'en ai vite fait le tour, le coffre béant pour y accueillir l'arme déchargée et recouverte à la volée du textile qui auparavant la dissimulait, avant d'ajouter le regard rivé sur le chien qui ne cesse de haleter. " M'en veut pas Isaiha. Mais lui c'est dans le coffre ou rien, " , ou peut-être au bout d'une corde à nous courser derrière. Beaucoup ont cette fâcheuse manie de laisser leur compagnon à quatre pattes se hisser sur la banquette arrière, un laisser aller que je ne saurais tolérer, surtout envers un clébard que je ne connais. Si cette attitude peut heurter sa sensibilité, je préfère d'emblée m'en excuser. Bien évidemment le jeune sera du trajet et sera déposé où bon lui semblera après nous être acquittés de cette corvée.

MAY

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Lien du postJeu 26 Jan - 22:21

La peur est un sentiment universel et rares sont les personnes qui arrivent à ne pas la ressentir. Isaiha n’avait jamais réellement cru à ce concept : à un moment donné dans votre vie, vous êtes amené à affronter au moins une peur qu’elle soit grande ou petite. Clay lui montrait que l’on pouvait paraitre inébranlable, intouchable et pourtant, avoir peur de quelque chose que certains enfants trouveraient anodins. Les chiens, les meilleurs amis de l’homme ou plutôt ses meilleurs ennemis si on prenait le point de vue de Cooper. Dans un sens, cela rassurait le Lowell qui pouvait relâcher la pression, cesser sa quête de la perfection et de la droiture. Isaiha avait toujours eu des modèles dans le genre de Clay -pas forcément la même personnalité mais plutôt dans le sens où le charisme les imposait aux yeux des autres. Son père était un homme intègre, bon, généreux et important dans leur communauté amish. Le décevoir avec son départ avait été sûrement la plus grande décision qu’il eut dû prendre dans toute sa vie mais certainement aussi son plus grand regret. En réalité, il se demandait s’il ne partageait pas des points communs avec ce chien : dressé pour vivre une vie différente, soumis à l’autorité d’une tierce personne et incapable de trouver son chemin seul. Ce chien les suivait bon gré mal gré mais le lowell sentait bien toute sa nervosité : où allait-il ? qu’allaient-ils faire de lui ? Aussi essayait-il de le rassurer mais dans le fond, c’était peut-être lui qu’il rassurait. Deux mondes, deux vies, un choix à prendre. Le sien avait sonné comme définitif mais vu sa façon de ressasser le passé, de se comporter toujours comme un parfait amish, le doute était permis.

« Je ne pensais pas le faire voyager autrement » rétorqua-t-il en secouant la tête. Il ne souhaitait pas imposer un stress à Clay alors que ce dernier se trouvait avec un bras blessé, à conduire. Il était inutile de provoquer un accident et puis l’animal n’en serait pas mieux transporté de tout de façon. Toute solution autre que l’euthanasie était bonne à prendre car hors de question que ce chien paie pour les erreurs de son maitre. Le lowell était prêt à lui trouver un refuge s’il le fallait mais il ne laisserait pas la bêtise humaine le tuer. C’était important, il avait besoin de se rendre utile dans ce nouveau monde car c’était par des petites actions qu’il pourrait paver son chemin. L’animal fit quelques difficultés à grimper dans le coffre mais l’étudiant parvint à le faire monter en usant de la même stratégie que pour l’amadouer à savoir quelques douceurs. C’étaient ses dernières… « Je peux me servir de la corde qui se trouve dans ton coffre ? Je ne voudrais pas qu’il puisse s’enfuir à notre arrivée chez le vétérinaire » expliqua-t-il.

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