Fish and Furious

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Lien du postSam 19 Nov 2016 - 17:28

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ft. ISAIHA & CLAY

Je sais que Clea ne voudra jamais de ce chalet, à ma grande satisfaction, lors du partage des biens une fois la donation engagée. Et comment le lui reprocher? C'est un bien que je convoite depuis fort longtemps, en ai toujours pris soin malgré les contrebandiers du coin. Le chant des criquets qui enveloppe nos sens au même titre que le silence apaisant, troublé de temps à autres par les feintes des poissons qui font danser les reflets des pins... Un spectacle dont je ne saurais me lasser même s'il est un brin répétitif. Le plus attrayant reste pourtant la chute des premières neiges, lorsque les conifères revêtent leur épais manteau duveteux et que la nature comme endormie, anesthésiée par le froid, disparait petit à petit sous le monochrome d'un artiste insensible.

« Elle s’appelle comment ? » Il n'est plus d'actualité le secret de notre relation, plus depuis l'apparition de certains clichés pris d'elle, de nous, lors de cette somptueuse réception. Un mariage avorté et beaucoup trop médiatisé que son père doit encore aujourd'hui déplorer, ayant usé de sa position pour en faire le scoop du siècle, une prétention qui causa sa perte. " Anna. Annalynne, " me repris-je. Un prénom beaucoup trop suave pour un tel caractère, infernale au quotidien et capable de simuler lors de nos moments langoureux. C'est du moins ce qu'elle m'a laissé croire avant que nous ne passions aux choses sérieuses. Mais je n'ai jamais, par fierté, posé la question de savoir si oui ou non c'était vrai. J'aime à penser que si tel était le cas, ne serait-ce que de l'avoir déçue une fois, ce genre de femme ne s'emmerderait pas avec un gugusse comme moi. " Et cette nouvelle femme dans ta vie? " Mais je n'aurais le temps d'entendre qu'un semblant de réponse quand, de l'autre coté de la rive, un coup de feu et ses échos emplissent le vallon et troublent la quiétude des lieux. Plus rien, pas un bruit ni une parole ne suivent la déflagration sauf peut-être les aboiements d'un chien. Et visualisant l'origine de la détonation, je pose calmement la canne à mes pieds les yeux rivés sur cette destination et souffle à mi-voix " Des braconniers... "

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Lien du postDim 20 Nov 2016 - 18:56

« C’est un beau prénom » s’entendit-il répondre avec sincérité. Isaiha aimait les prénoms. Cela pouvait paraitre idiot mais il partait du principe que chaque nom avait une origine, une histoire, une signification. Son propre prénom signifiait d’ailleurs « salut et Dieu » ou en hébraïque « Yahvé est délivrance ». Il avait trouvé un merveilleux site web où il s’était découvert une véritable passion pour la généalogie. L’histoire n’avait jamais été son domaine de prédilection mais retracer toute celle d’une famille, pourquoi pas de la sienne, avait suscité en lui, un véritable engouement. Bien sûr, il y avait un problème de taille : il ne pourrait jamais interroger le moindre de ses parents. C’est pourquoi, il espérait pouvoir remonter le fil grâce à l’état civil américain car comme tout enfant, il avait dû être « enregistrer » pour pouvoir vivre légalement dans le pays. Clay le tira à nouveau de ses pensées et donc de son silence en lui demandant comment s’appeler sa compagne. « Amanda » dit-il mais sa réponse se perdit dans le vacarme provoqué par un coup de feu. Aussitôt, Isaiha se tendit, scrutant les horizons avec une certaine crainte. Il détestait les armes à feu. « Qu’est-ce qu’on doit faire ? » lui demanda-t-il peu à l’aise. D’un côté, cela le révoltait qu’on puisse s’en prendre à des animaux en dehors du cadre légal mais de l’autre, il n’avait rien d’un flic et encore moins d’un héros. Il se voyait mal se lever et déclarer à Clay : allons leur faire le portrait ou autre chose du genre là. Non, il se remettait complétement à ce dernier pour décider de la marche à suivre. Si Clay décidait de rien tenter, il resterait bien sagement mais dans le cas contraire, que ferait-il ? Son ami était blessé alors hors de question que de le laisser filer seul au-devant du danger. « Tu crois qu’ils sont loin de nous ? » lui demanda-t-il tout de même. La question qu’il se posait était la suivante : si jamais, ils se décidaient à affronter les braconniers, avec quoi allaient-ils se défendre ? Isaiha n’avait que sa sacoche contenant son matériel de pêche et d’herboristerie.

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Lien du postDim 27 Nov 2016 - 1:16

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Amanda... Un prénom vite gommé de la discussion par cette détonation qui impose à même cette nature de garder le silence. Seuls quelques amphibiens poursuivent leurs soliloques au bord d'une rive paralysée. « Qu’est-ce qu’on doit faire ? » Ce que je fais chaque année lorsqu'ils osent repénétrer sur ce territoire privé, fouler de leurs bottes les sentiers boisés et apporter la mort avec eux: le leur faire regretter. Mais un détail pas si bénin ralentit le flux de mes pensées: le poids de ce bras encore diminué qui ne demande qu'à retrouver avec le temps toute sa mobilité. Tenir une carabine me sera plus difficile que les fois précédentes et si je ne les tiens en joug, je doute que seuls des mots en viennent à bout. Les scénarios s'enchevêtrent tandis que le Lowell attend une réponse. J'ai besoin de lui mais sans évidemment le mettre en danger. C'est une situation plutôt difficile puisque tout peut arriver. « Tu crois qu’ils sont loin de nous ? » Interloqué par sa question dans laquelle j'entrevois un semblant d'intérêt, mon attention bifurque sur lui juste le temps d'en juger. Serait-il déjà tenté d'aller les rencontrer ou craint-il seulement de se faire malencontreusement plomber?

Au loin retentissent encore les aboiements dont l'auteur, l'animal, galvaude de fourré en fourré, secouant sur son passage des branchages et faisant fuir le gibier. Deux perdrix se sont envolées discrètement de l'autre coté pour leur échapper, battant lourdement de leurs ailes qui peinent à les emporter. " A défaut de savoir te battre, tu sais tirer? " J'imagine que les Amishs dans leurs trous perdus et qui sont souvent la risée des plus civilisés éprouvent parfois le besoin de se protéger. Surtout lui, dans la fleur de l'âge et prêt à se marier. Il doit avoir été déjà familiarisé à ce genre de confrontation. " Sans savoir forcément viser... " Avec un peu de chance, il ne sera question que d'intimidation, inutile de les toucher.

Je ne calcule même plus la raison qui nous a ici fait nous retrouver pour rebrousser chemin dans l'optique de regagner mon pick-up un peu plus loin, l'invitant silencieusement à me suivre d'un geste de la main. Dans le coffre, sous une couverture, demeure une Remington à gros calibre, l'arme de chasse achetée il y a des années de cela et contre la volonté du pieu dévot qu'est mon père. Cette cracheuse de chevrotines, j'y tiens particulièrement, tout comme à mon premier tatouage, qui sont à eux deux les premiers centimètres du gouffre qui au jour d'aujourd’hui nous sépare.

Sa réticence est palpable, calculable dans le moindre pas qui nous rapproche petit à petit du véhicule. Et lorsque ma main se pose sur la trappe et actionne l'ouverture dudit coffre, dévoilant sous l'épaisse trame de coton les reflets métalliques d'un canon, je lui glisse en guise de motivation: " Pense à toutes ces p'tites bestioles du bon Dieu qu'ils vont étriper, " par vice et lâcheté...

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Lien du postMer 30 Nov 2016 - 21:11

Leur partie de pêche était plus que compromise à l’instant où ils entendirent un coup de feu. Au départ, Isaiha n’avait pas vraiment identifié le bruit mais Clay s’était chargé de lui apprendre qu’il s’agissait de braconnier. En son for intérieur, il condamnait toute violence vis-à-vis des animaux mais également des êtres humains. Le jeune homme était perdu, il n’avait jamais été conduit à vivre une telle situation ni même à tenir une arme à feu. « Je ne sais pas tirer… je… je suis contre les armes à feu » bafouilla-t-il alors que Clay lui demandait s’il savait tirer ou du moins viser. Néanmoins, il comprenait le geste de cet homme : avec sa blessure, il ne pouvait rien faire. Toutefois, malgré cette explication, les mains d’Isaiha se mettait à trembler à l’idée de tenir un tel engin de mort entre ses doigts. Les amish étaient des pacifistes, des non violents. Ils avaient beau subir des railleries, parfois des actes malveillants, ils ne ripostaient jamais et pardonnaient à leur prochain. Le simple fait de tenir une arme était un affront mais il tentait de se rappeler qu’il n’appartenait plus à cette communauté. Il devait aller de l’avant, s’émanciper. Pourtant, malgré les encouragements qu’il s’adressait mentalement, il n’était pas rassuré pour un cents.

Cela lui faisait terriblement penser à cet événement, survenus dix ans auparavant dans une communauté amish de Pennsylvanie. Un English avait tué quatre fillettes et blessé huit autres personnes dans une école amish. Un assassinat dans les règles de l’Art qui avait secoué toutes les communautés amish. Isaiha s’en souvenait très bien et pour cause, une de ses cousines avait perdu sa fille dans ce tragique incident. Pourtant, malgré cela, rien n’avait changé et les amish avaient continué à se tenir le plus loin possible des armes à feu et de la violence. « Tuer pour protéger n’est pas une raison suffisante mais je ne veux pas que tu te lances tout seul dans cette histoire. Je… S’ils voient simplement l’arme, ça sera suffisant pour les impressionner ? » demanda-t-il ne voulant pas passer pour un lâche aux yeux de cet homme qu’il respectait énormément. « Tu as toujours des armes sur toi ? »

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Lien du postMer 7 Déc 2016 - 19:45

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« Tuer pour protéger n’est pas une raison suffisante mais je ne veux pas que tu te lances tout seul dans cette histoire. » Voilà une façon de voir le monde tout à fait honorable mais pas dans celui où nous vivons. J'ai été témoin des fusillades de Columbine, des explosions et attentats à Harvard, rescapé malgré moi des bombardements et client fidèle de femmes de petite vertu alors je sais parfaitement de quoi l'Homme est capable. « Je… S’ils voient simplement l’arme, ça sera suffisant pour les impressionner ? » Là est une question dont la réponse varie selon les personnalités rencontrées. S'il s'agit d'étrangers, les rebouter hors des limites de la propriété sera chose aisée mais si ce sont des gars du coin, péquenauds à la mentalité d'arriérés, il faudra certainement un peu plus insister. Et ses craintes ne font qu'empirer j'imagine lorsque l'arme lui est totalement dévoilée, d'où sa question somme toute logique. « Tu as toujours des armes sur toi ? » La carabine glisse le long de l'étoffe empourprée pour se retrouver entre mes mains, soupesant son poids avec un vile plaisir à la simple idée d'en tenir en joug quelques uns. " C'est une habitude. " Et quel américain au jour d'aujourd'hui n'en cache pas une dans un tiroir? La chambre est rapidement inspectée et à l'intérieur une ogive vient discrètement s'y loger, soulevant le regard vers le paisible géant pour lui souligner: " Juste au cas où... " Puisque comme il est dit dans un film que j'affectionne tout particulièrement, les armes sont comme les capotes: Mieux vaut en avoir une et ne pas avoir à s'en servir qu'en avoir besoin et se retrouver sans. Une fois le levier d'armement revenu en butée dans le claquement métallique qui le singularise, voilà le fusil armé, prêt à cracher du plomb sur le pauvre bougre qui s'interposera entre moi et mes convictions. Mais je ne pourrais jamais caler la crosse contre mon épaule, accuser le recul sans en souffrir et pourtant je ne peux le lui demander à lui, la force tranquille, car si je défends mes croyances grâce à ce fusil, lui demander de le toucher serait déroger aux siennes.
Mais il n'est pas encore temps de s'en soucier et l'arme dans le dos, je referme le coffre et réponds franchement à sa question: " Toujours, " que ce soit chez moi ou en service, " Je ne suis pas un fervent partisan du "tends l'autre joue..." "

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Lien du postMer 7 Déc 2016 - 22:57

Une habitude. C’était une habitude que d’avoir une arme près de soi. Isaiha ne s’y ferait jamais et c’était beaucoup mieux comme cela à vrai dire. Isaiha ne pourrait jamais se remettre de la mort de quelqu’un surtout s’il en était le fautif. Il n’y avait qu’à voir combien sa culpabilité le saignait à blanc depuis des années à cause de ce malheureux accident. Le jeune Lowell avait beau essayé de l’occulter, il venait très régulièrement hanter ses pensées, d’où le fait qu’il prônait un pacifisme assez poussif et terriblement dangereux. Pourtant, quelques minutes plus tôt, il avait pourtant demandé à Clay de lui apprendre à se battre mais là encore Isaiha voyait cela en un geste protecteur vis-à-vis des personnes l’entourant. Il ne pouvait pas continuer à vivre sans canaliser sa force, sans apprendre à ne plus être aussi dangereux. Qui pourrait croire qu’un tel nounours comme lui puisse représenter une menace quelconque ? C’était risible. Il déglutit difficilement en voyant ce dernier insérer une cartouche dans la carabine. Juste au cas où. « Prions pour que le « au cas où » ne survienne pas alors. Je ne voudrai pas te coller une balle dans l’autre bras » grimaça-t-il dans une piètre tentative d’humour. Plaisanter, rire, pour ne pas sombrer. Isaiha n’avait jamais eu à faire ce genre de petit stratagème jusqu’à aujourd’hui -d’où la qualité plus que pauvre de sa plaisanterie.

« Le contraire m’aurait étonné… est-ce que tu as déjà du tuer quelqu’un ? » demanda-t-il en le suivant, les yeux braqués sur cette arme qui pendait dans le dos de Clay. C’était limite si le jeune blond n’avait pas envie de dire : vade retro satanas. Isaiha se demandait qui était ces braconniers, étaient-ils loin ? Allaient-ils les prendre en grippe parce qu’ils défendaient leurs proies ? Toutes ces questions tournaient en boucle dans son esprit, ne lui laissant aucune minute de répit. « L’animal a filé vers l’est » dit-il en percevant les traces sur le sol. « Je présume que si nous allons dans le sens opposé, nous allons tomber sur ces hommes » ajouta-t-il en pointant cette fameuse direction.

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Lien du postSam 10 Déc 2016 - 16:53

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« Le contraire m’aurait étonné… est-ce que tu as déjà du tuer quelqu’un ? » Comment lui avouer la vérité sans ébranler sa vulnérabilité naturelle? Je n'ai jamais voulu prendre la vie d'autrui jusqu'à être mis aux pieds du mur et étrangement, après quelques incertitudes, toute cette pression qui pesait sur mes idéaux s'était comme retranscrite sur la détente, annihilant le tumulte qui me régissait jusqu'alors. La première fois m'aura affranchit de tout scrupule, de toute résistance. Un regard par-dessus mon épaule et j'entrevois le Lowell me suivre à faible distance, déterminé à m'appuyer alors qu'il était en droit de refuser. Peut-être est-ce ce qu'il lui faut à lui aussi: se salir les mains afin de trouver son chemin. " Plus d'un..." Un nombre que je ne me suis jamais amusé à calculer parce qu'il n'y a aucun honneur à tuer, juste une nécessité. « L’animal a filé vers l’est » Mhmm? Il vient d'ébranler le flot de mes pensées et tandis que je fais volte face pour comprendre d'où lui vient une telle confiance, son doigt pivote vers une toute nouvelle direction. L'ouest. Inconsciemment, j'ai braqué l'encolure vers les souches éventrées pointées de son index, sur les bosquets de plus en plus étoffés qui vont freiner notre avancée.

Le pacifique aura beau dire qu'il n'est pas porté sur la violence, il a pour lui cet instinct, la logique d'un traqueur, le sens de l'observation, des qualités précieuses qu'il devrait à mon sens mettre en avant. Tâtant mon arme comme pour vérifier de sa présence, comme si son poids était soudainement devenu aérien, j'incline la tête pour silencieusement appuyer ses dires et reprends la marche. Quelques mètres plus loin résonnent une nouvelle fois les aboiements d'un chien qui se rapproche à vitesse mesurée. A l'écoute, il évente de ses foulées le manteau de feuilles mortes que ses pattes ont le malheur d’effleurer, soulève la poussière et dissémine la mort à chacun de ses appels. Il ne tarde pas d'ailleurs à débouler devant nous au détour d'un buisson, humant de sa truffe parsemée de terre les quelques relents du gibier en perdition. Pourtant notre présence l'indispose au point qu'il détourne la tête dans notre direction. C'est l'un de ces chiens de meute employé pour la chasse au gros, puissant et endurant, à la forte ossature qui n'entache en rien son élégance. Un Anglo-Français à la robe ensemencée de taches couleur feu. Et même si ces chiens sont reconnus pour leur caractère docile et sage, je ne peux m'empêcher de prendre mon arme, ayant en horreur les clébards depuis ma tendre enfance. " J'ten laisserais pas l'temps... " Chien qui aboie ne mord pas, mais ce n'est qu'un dicton souvent contesté par les faits... "

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Lien du postLun 12 Déc 2016 - 21:48

Clay avait déjà tué et cette révélation n’étonna pas vraiment Isaiha. Il y avait quelque chose chez cet homme qui le poussait à croire qu’il avait vu et fait beaucoup trop de choses dans sa vie pour en sortir indemne. Dans un certain sens, cela l’attirait comme cela l’effrayait. Il y avait quelque chose de magnétique chez cet homme qui ne le laissait pas insensible. Un peu comme un enfant trouverait un héros ou un modèle sur lequel se baser. Un modèle qui vous montre que la vie n’est ni toute blanche, ni toute noire mais qu’elle se contente de nuance grisâtre. Clay était de cette trempe. Il était le premier homme à montrer à Isaiha que son monde fermé, protégé de tous n’existait plus, qu’il fallait qu’il muscle son jeu s’il voulait trouver sa place. Voulait-il pour autant lui ressembler ? Non. Isaiha ne pourrait jamais être un homme comme Clay. Il ne le souhaitait pas non plus. A la place, il se contentait de jouer les suiveurs, de l’aiguiller dans la bonne direction. Comment ? Grâce à ses connaissances. Son grand-père l’avait initié à la chasse en lui apprenant des techniques de pistage. C’est d’ailleurs au cours d’une partie de chasse qu’il avait compris qu’il ne pouvait plus se nourrir d’animaux, qu’il ne souhaitait pas poursuivre et tuer un animal. Le jeune lowell avait toujours été trop sensible, trop humaniste pour son âge. Même chez les amish, il avait toujours été à part : solitaire, la tête dans la lune. La seule chose qu’il partageait peut-être, c’était son envie de se tenir éloigné des English. Son grand-père se retournerait dans sa tombe de voir son petit-fils en train de suivre de son plein grès, un de ces hommes.

« Attends » murmure-t-il en posant sa main sur l’arme. « Tu n’as pas besoin de le tuer » ajoute-t-il presque d’un ton suppliant. Ce n’était pas la faute de ce chien s’il avait été dressé de cette façon. Isaiha avec des gestes lents et mesurés, ôta sa veste pour l’enrouler autour de son avant bras par mesure de précaution. « Surtout ne fait aucun geste brusque et ne le regarde surtout pas dans les yeux » dit-il en forçant Clay à se mettre légèrement de côté afin de ne pas qu’il reste sur une position menaçante pour le chien. « S’il attaque, frappe le, main tendu sur le museau, cela l’étourdira » continua-t-il à lui expliquer. Isaiha avait toujours été un fervent défenseur de la cause animalière et s’il pouvait éviter une mort inutile et qui plus est qui ne ferait qu’attirer vers eux les braconniers, il le ferait sans hésiter. « Il suffit simplement de le distraire loin de nous et de continuer notre chemin mais surtout ne lui tourne pas le dos et ne court pas » ajoute-t-il en se baisser pour ramasser un petit caillou. Il espérait vraiment que son plan fonctionne sans quoi, ils seraient obligés de recourir à la force.

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