La voiture, le permis, il n’aurait jamais songé qu’un jour de telles choses deviendraient des priorités dans sa vie. Pour l’heure, Isaiha ne s’y intéressait pas beaucoup mais il comprenait qu’un jour, il doive revenir sur ses principes pour son avenir professionnel ou même personnel seulement il avait encore le temps. Son vélo, le bus, il avait tout pour être satisfait et mobile. Le seul inconvénient était l’éloignement du centre équestre mais il avait trouvé une bonne âme pour le conduire. En somme, il arrivait encore à être assez indépendant au point de pouvoir se passer du permis. Il y avait tellement de choses à faire ou à penser avant de songer à une machine ou à son acquisition. Par exemple, Isaiha était bien plus préoccupé et attristé par le sort de cet endroit. La nature était comme une vieille amante ou plutôt une vieille parente. Il tenait à en prendre soin même si ses actions n’étaient qu’une goutte d’eau dans cet univers de surconsommation qui polluait les lacs et les rivières. Dernièrement, il avait vu à la télévision un reportage assez alarmant sur les grandes entreprises qui n’hésitaient pas à décharger des bidons au large des océans pour ne pas avoir à payer de taxes. C’était quelque chose de révoltant. « Oui hélas » soupire-t-il en rejetant à son tour sa ligne dans le vain espoir de pêcher quelque chose. « Là où je viens, il y a un grand lac. Le poisson y est roi… Je crois que tu passerais des journées entières à pêcher. Tu as déjà pratiqué la plongée ? » demanda-t-il subitement en sautant du coq à l’âne. Cela devait être magnifique de pouvoir plonger au milieu d’un banc de poisson, de s’approcher de coraux tous plus magnifiques les uns des autres. Isaiha aimerait beaucoup vivre une telle aventure. Il s’était toujours bien senti dans l’eau. Il avait peut-être été un poisson dans une vie antérieure songea-t-il avec dérision. De tout de manière, tout ce qu’offrait Dame Nature était magnifique à ses yeux, il ne fallait pas chercher plus loin. Clay lui posa alors une question qui le laissa perplexe. Avoir plus d’ambition qu’herboriste ? Il ne s’était réellement jamais poser la question. « Pour être honnête non. Il y a encore quelque mois, je n’avais pas d’autre but que de me marier à la femme que l’on me désignerait, fonder ma famille et travailler la terre en bon fermier. Puis, quand je me suis inscrit à Harvard, je me suis tourné vers ce que je connaissais le mieux car même si je ne suis pas idiot, j’ai tellement de lacunes que je n’aurais jamais été accepté dans un autre cursus » répondit-il avec humilité. Isaiha savait qu’il manquait de culture générale, que même son anglais était par moment assez bancal alors viser plus haut, plus loin… le Lowell n’y avait jamais songé. « Je ne saurais même pas vers quoi me tourner, je ne connais pas vraiment les possibilités qui s’offrent à moi. Et toi ? Tu as toujours voulu entrer dans les forces de l’ordre ? »

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