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Alejandro Ortega & Orlane A. Joyce-Bianca

mise en page par .Stay Away

L'endroit ne m'était pas encore familier. J'avais un peu de mal à me faire à ce déménagement, à cet appartement qui était désormais le mien. Quitter la mather house n'avait pas été facile, puisque j'y avais vécu depuis mon arrivée en ville, mais j'étais heureuse d'avoir pris cette décision. Il était temps pour moi d'avoir mon propre chez moi, de ne pas être obligée de dépendre de règles et de conditions. Ca ne faisait qu'un mois que j'étais ici, alors je suppose que mes repères se feront avec le temps. J'avais passé le plus clair de mon temps à le personnaliser selon mes envies, mes désirs et mes intérêts. Il y avait encore du boulot à faire, mais c'était déjà un bon début. Tout doucement, je voyais les lieux prendre forme et me correspondre un peu plus. Au moins ici, je ne manquerais pas de place contrairement à cette chambre à laquelle j'avais du me limiter ces dernières années. Inman Square n'avait rien de similaire au campus. Plus attractif et commercial, j'avais désormais tout à proximité. Plus besoin de devoir me déplacer loin pour avoir quelques chose, un avantage que je savourais pleinement. Enfin peu importe. Puisque je devais voir Alejandro, suite aux derniers événements qui s'étaient passés, j'avais décidé de l'inviter à me rejoindre chez moi. C'était aussi l'occasion de lui faire découvrir mon nouveau monde, lui qui avait pas encore eu le temps de venir me rendre visite avant aujourd'hui. Pour la peine, j'avais veillé rangement au moindre détail, histoire de lui faire bonne impression dès le début. Bon, c'est vrai, ça n'avait rien de comparable au luxueux qu'il possédait à Boston, mais c'était toujours mieux que rien. Disons que c'était plus cosy et moins spacieux. D'ailleurs, jetant un coup d'oeil à la grand horloge murale, il pouvait arrivé d'une minute à l'autre. Je savais qu'il était du genre ponctuel en toute circonstance et qu'à tout moment, il pourrait frapper à la porte pour annoncer sa présence.

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L'instinvt féminin ne trompe jamais. Je savais qu'il allait débarquer d'une minute à l'autre, et j'avais vu juste. A peine avais-je eu le temps de rectifier deux, trois petites choses sans importances qu'on frappait à la porte. Sans grande surprise, j'étais persuadée qu'il s'agissait de l'espagnol. Je traversais la pièce, posant ma main sur la poignée afin d'ouvrir la porte. Je l'accueillais avec un large sourire, heureuse de le voir dans de meilleures conditions. Il faut dire que la dernière fois que je l'avais vu, il n'était pas dans son état normal, du moins j'en restais convaincue. S'il me serrait dans ses bras, j'en faisais tout autant avant qu'il ne dépose un baiser au coin de mes lèvres. Je me décalais aussi tôt sur le coté, histoire de lui laisser l'entrée libre avant de refermer la porte derrière lui. "Hola... Je trouve ton nouveau chez toi bien situé. C'est... loin de la Mather House. " Pour être loin de la Mather House, ça l'était. Cet appartement n'avait plus rien avoir avec cette chambre que j'avais gardé durant des années. Décider de quitter le campus avait été un grand saut pour moi. « Oui, j'avais besoin de changement. » Il m'avait fallut du temps pour franchir le pas, mais finalement je l'avais fait. Au moins ici, mon intimité serait mieux préservée. "Tu permets que je visite?" J'acquiesçais positivement de la tête, le laissant faire le tour comme bon lui semblait. "C'est en ordre dis donc. Tu as emménagé depuis combien de temps?" Je ne pouvais pas vivre dans un lieu en désordre. Mon coté maniaque me rattrapait à chaque fois, et ce détail n'était pas passé inaperçu à ses yeux. "Ca va faire un mois." Je ne lui avais parlé de ce déménagement avant aujourd'hui. J'avais jugé qu'il avait mieux à faire que de s'intéresser à ce petit détail. "Mets-toi à l'aise surtout." Même si je savais que je n'avais pas besoin de lui dire pour qu'il le fasse. Ce n'est pas parce que j'habitais ailleurs que ça devait changer. "Tu veux boire quelque chose peut-être?" lui demandais-je par politesse. C'est comme ça qu'on est censé recevoir ses invités, non?

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"Un mois? J'espère que tu as eu un coup de main de tes potes pour déménager au moins." Il n'y avait pas de risque à se faire sur ce point, j'avais été assez bien entouré pour ça. D'ailleurs le déménagement s'était fait rapidement et correctement. Certes, je n'avais pas choisi le meilleur moment pour emménagé ici, mais j'avais réussi à gérer mon temps. "Oui, j'ai des amis fidèles. Je n'aurais pas pu tout déplacer par moi-même, je n'ai pas la carrure recommandée." lançais-je sur un ton qui se prêtait à l'humour. C'est vrai, je n'étais pas aussi musclée que mes amis et ce genre de travail demandait une certaine condition physique. Si je n'avais pas fait appel à l'espagnol, c'est parce que je n'avais pas envie de l'embêter avec ça en pleine session d'examen. Au final j'avais réussi à me débrouiller et c'est tout ce qui comptait. "Qu'est-ce que tu offres?" J'eu un court instant de réflexion, me rappellent ce que j'avais en stock. "Hum, j'ai un peu de tout. N'oublies pas que tu t'adresses à une mather." Et je n'avais pas manqué à refaire le plein de mon bar dès mon arrivée aussi. "J'ai des bières fraîches si tu veux." Sauf s'il préférait avoir un soft. Dans tous les cas, j'étais quasi certaine que j'aurai ce qu'il voudra. J'étais assez bien équipée à ce niveau, il y en avait pour tous les goûts. Suite à sa réponse, je passais dans la cuisine ouverte, ramenant sa boisson et la mienne que je déposais sur la table basse. "Je dois t'avouer que j'ai été surpris par ton invitation. J'aurais cru qu'après le bal... " Je prenais place à ses côtés sur le canapé, me tournant légèrement vers lui. "Il fallait bien que la vérité éclate un jour ou l'autre." C'est bien connu, ce genre de choses ne restent jamais bien longtemps cachés, et encore moins à Harvard. Forcément, cette révélation avait ses répercutions, et notre rôle allait de devoir les assumer. Alors autant positiver dès le début. "Ca m'étonne d'ailleurs que tu te rappelles de la soirée." Vu son état du bal, un black-out ne m'aurait pas étonné.

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J'avais été bien aidée lors de mon déménagement, m'évitant de me froisser un muscle ou de me casser une jambe. C'est connu, je suis assez maladroite pour ce genre de choses -mes nombreux passages à l'hôpital lorsque j'étais plus jeune le prouvent. "Avoir su, je t'aurais bien donné un coup de main. Ils sont Mathers j'imagine? Préférable que je n'en ai pas été alors, je comprends que tu ne m'aies pas appelé." J'acquiesçais de la tête positivement lorsqu'il me demandait s'ils étaient la mather. La plus part l'était, c'est vrai, mon départ de la maison n'étant pas passé inaperçu. "Si je ne t'ai pas appelé c'est parce que je ne voulais pas te déranger. Je sais que tu es quelqu'un de très impliqué dans ses études, et comme c'était les examens..." Ce n'était pas parce que je ne voulais pas de son aide, bien au contraire. J'avais jugé bon de ne pas l'embêter avec ça. Si nous n'avions pas su nous voir entre le spring break et le bal, je ne vois pas pourquoi il se serait libéré pour mon déménagement. "Ah oui, j'oublie presque parfois." Je rigolais à mon tour, comprenant où il venait en venir. C'est vrai que je n'étais pas aussi déviante que la plus part des verts, mais d'autres points me raccrochaient à ce titre. "Euhm... Si, va pour une bière." Sur ce choix, je m'étais dirigée vers la cuisine pour sortir deux bières du réfrigérateur. Je les rapportais aussi tôt dans le salon, apportant un ouvre bouteille alors que des verres n'étaient pas indispensables. Une fois assise à ses côtés, j'ouvrais ma bière tant dit qu'il en faisait tout autant. Il abordait ensuite le sujet du bal, qui avait été assez phénoménal cette année. Je pouvais très bien voir son malaise dans le regard. Il aurait surement préféré que les choses se passent autrement, un peu comme moi. "J'imagine que tu as raison." Je n'avais pas envie de me lamenter sur ce qui s'était passé. Au moins, nous n'avons plus rien à cacher. "Que je me sois souvenu ou pas, j'en ai entendu suffisamment parler pour être certain de ne jamais l'oublier." Je haussais les épaules à ces paroles, prenant une première gorgée de ma bière. "Je suppose que le bruit courra qu'un petit temps, jusqu'à ce qu'une nouvelle rumeur ne prenne le dessus." C'était toujours comme ça: on était le centre de l'intention que pendant un moment, puis ça finira bien par se tasser. "Crois-moi, on a pas été les seuls mis à nu devant tout le monde et nous ne sommes pas les pires." Oh non, il faut même dire que ce bal a été la soirée des révélations. "Mon grand-père m'a dit un jour qu'un homme ne doit faire parler de lui que trois fois dans sa vie: le jour où il gagne son premier million, le jour de son mariage et le jour de sa mort. Je pense que j'ai échoué à suivre cette conduite. À vouloir me mettre de l'avant, à me croire meilleur que la majorité, j'ai eu ce que je méritais. Je n'ai pas été à la hauteur et j'ai payé le prix." Sur ces paroles, il s'était levé pour aller vers la baie vitrée et regarder l'extérieur. Il semblait pensif, mais surtout dépourvu de son honneur. "On ne peut pas toujours tout contrôler dans la vie Alejandro. Notre réputation est toujours salie un jour l'autre. Le tout est de se blanchir en se montrant sous un meilleur jour." S'il avait toujours sauvé les apparences jusqu'ici, l'obstacle était tout simplement inévitable.

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Alejandro Ortega & Orlane A. Joyce-Bianca

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"Je comprends, t'inquiètes." Au moins il savait que ce n'était pas contre lui que je ne l'avais pas appelé, mais bien plutôt dans son intérêt. Et puis c'est vrai, sa présence n'aurait peut-être pas plu à tout le monde et que j'avais évité des indifférences. Le sujet clos, celui du bal venait occuper toute notre attention. Il fallait bien parler de ce qui s'était passé ce jour-là entre les révélations et les conflits en tout genre. "C'est ce qu'on pensait cet automne et regardes ce que CS nous réservait au bal." Certes, le petit article écrit à notre propos n'était que minime comparé à ce qui s'était passé au bal. "Peut-être, mais on ne peut pas dire qu'on a tout fait pour étouffer l'histoire." Au contraire, on avait multiplié nos rencontres, se retrouvant même en public même si notre liaison restait cachée. Alors forcément, il fallait s'attendre à une telle répercussion. "On m'a drogué, j'ai "gagné" le pire élève de Harvard et je me suis ridiculisé devant tout Harvard, en plus dévoiler ma liaison avec toi et de lancer un truc sur Tate. Ce n'est pas pire dans la mesure ou quelqu'un a peut-être gagné la pute du campus. Je m'en balance. C'est pire pour moi, mon entourage, mes amis, cette femme à qui je tiens et qui a été prise au piège elle aussi." Je soupirais longuement à l'énumération des problèmes qu'il avait causé. Il s'en voulait de ne rien avoir pu contrôlé, mais il n'avait été qu'une victime dans toute cette histoire. "Je comprends ton agacement, mais tu n'y peux rien dans tout ça. Tu as été drogué, alors forcément tu n'étais pas conscient de ce que tu faisais. Tu n'as d'ailleurs pas été le seul dans le cas, j'ai cru entendre que d'autres personnes aussi avaient été droguées." J'essayais de le rassurer comme je pouvais, je ne voulais pas qu'il soit fâché contre lui-même. "Pour ce qui es de notre liaison, tu n'as fait qu'éveiller des soupçons. C'est CS qui a confirmé l'histoire en ne manquant pas d'émettre des détails." On avait été pris au piège tous les deux, tout simplement. J'étais certaine que ce n'était pas bien grave, que l'étiquette qu'il portait pour le moment allait finir par s'estomper. "Me blanchir... Et comment?" Je me levais du canapé pour m'approcher de lui en déposant ma bière sur la table basse. "Je ne sais pas, en étant tout simplement toi." Cette personne qui avait réussi à me séduire si facilement, pas celle qu'il voulait montrer aux autres. "Tu devrais commencer par arrêter d'être aussi dur avec toi-même." Il exigeait beaucoup trop de sa personne, s'efforçait à vouloir toujours excéder dans tout sans même se rendre compte qu'il avait déjà beaucoup en sa possession. "Utilises cette humiliation à ton avantage en démentissant tout ce qui a pu être dit à ton propos." Il valait tellement plus que ça.