« Peut-être ai-je juste besoin de l'entendre? » Cette requête me fis sourire. J’aurais fait la même chose dans ses chaussures, mais je ne me plaisais pas dans mon rôle, celui du faible qui en laissait voir un peu trop. Mon livre n’avait jamais été complètement ouvert et ce, depuis toujours. Je soupirai, puisque de toutes manières j’en avais déjà trop dis; «Tu es l’unique femme qui m’a fait craquer cette année, avec qui j’ai eu envie d’entretenir une relation, aussi courte soit-elle. Contente?» Je laissais cependant les justifications dans la noirceur, croisant les doigts mentalement pour qu’elle n’en demande pas plus sur le pourquoi du comment. Pourquoi elle et pas une autre? C’était une question de chimie peut-être, dieu sait. Elle me reprocha pour la énième fois de me partager à plusieurs, alors que je venais clairement d’illucider le mystère, décidemment, je n’aimais pas me voir à travers ses yeux. « Peut-être mais, ce n'est pas la même chose. Je veux dire... Enfin, laisse tomber, ce n'est pas grave. » Elle semblait lutter intérieurement, se retenir de me parler d’une chose alors qu’elle avait de nouveau capturer toute mon attention. «Dis ce que tu as à dire. Il n’y a toujours qu’un seul homme dans ta vie à la fois?» C’était possible, mais la connaissant, je savais que c’était faux. Nous avions tous des amis des deux sexes, pourquoi s’en priver, pourquoi ne pas les aimer, les vouloir? Un moment de malaise me laisse deviner qu’elle avait réellement arrêté son choix sur moi. J’en était gêné et aussi peiné, cela voulait-il dire que si je ne lui offrais pas ce qu’elle cherchait, un jour elle me laisserait, sans aucun espoir d’amitié? Je m’enfuis avant de poser ma question brûlante. M’asseyant en la laissant me rejoindre. Je lui avouai de nouveau qu’elle n’était pas de mauvaise compagnie et elle en sourit. « Je dois t'avouer que le savoir ne déplait pas à mes oreilles. Tu devrais me le dire plus souvent. » J’arquai un sourcil, autant amusé qu’elle par sa remarque, mais troublé tout de même par mes précédentes pensées. «Reste à savoir combien de temps cela durera… tu définirais notre relation comment actuellement? Crois-tu que nous pourrions être amis un jour ou restes-tu seulement dans l’espoir de mieux?»

Je vivais réellement dans mon propre et j’imposais mes règles à mesures qu’elles s’inventaient. Lilly c’était rapidement adapter à mes particularités détestables. Je savais qu’elle espérait me changer au fond, mais ce n’était rien de méchant, sans doute le faisait d’elle avec la conviction totale d’arriver à me faire goûter un bonheur encore plus grand que l’actuelle. « Tu ne pouvais pas me rendre plus heureuse. » Cette réponse me fis sourire, s’en était tellement absurde. Même moi je ne lui souhaitais pas de se contenter de mon épave pour prince, elle valait mieux et j’élèverai ses standards à sa place s’il le fallait. « Si les choses sont concrètes, oui. Si pas, il est vrai que je jongle avec d'autres hommes, mais ce n'est pas le même chose que toi. Moi, j'offre toujours la possibilité de ne porter mon attention qu'à un seul, je suis toujours prête à me priver des autres pour une seule et même âme. » J’arquai un sourcils, franchement nous étions tous les mêmes. «Et tu crois que ce n’est pas ce que je fais également? Nos méthodes sont simplement différentes, mais si je trouvais quelqu’un qui me plaisait assez pour me retenir, crois moi que je me laisserais enchaîné. Hors, ce miracle n’est pas encore arrivé, alors je préfère ne pas trop me faire de faux espoirs et perdre mon temps à m’amuser à la place, c’est rien de méchant.» Enfin, ce pouvait l’être pour mes ‘’victimes’’, techniquement, mais elles finissaient toujours par m’oublier assez rapidement… sauf celle-là, cette blonde mystérieuse qui ne lâchait pas prise. J’aurais été curieux de savoir d’ailleurs si elle offrait la même lutte pour retenir tous ses amants, sans doute que oui. Pour mettre au clair sa vision des choses, je lui demandai de verbaliser les termes qui définiraient le mieux notre relation. J’attendais sa réponse avec une maladive impatience, fier de la mettre ainsi dans l’embarras. « Je ne sais pas si on peut vraiment définir notre relation. Je pense qu'elle est anodine, tu agis avec moi de la même manière qu'avec les autres. De toute manière, tu ne seras jamais en mesure de m'apporter ce que j'attends de toi, alors autant oublier cette conversation. » Encore cette histoire d’uniformité, j’allais finir par m’en lasser si elle n’arrêtait pas. Chaque femme était unique à mes yeux, mes manières de les toucher pouvaient sembler similaire, mais mes verbes variaient en conséquences de chacune. «Je croyais que tu allais m’enseigner, madame la professeure, je dois avouer que vous me décevez.» J’affichai une mine faussement blessée. « Qu'est-ce qu'être amis pour toi? » J’haussai les épaules, croyant déjà que nous étions amis, que nous étions au moins quelque chose, je n’aimais pas son humeur défaitiste, elle était contagieuse. «Je suppose que c’est de savoir que je pourrais toujours venir te parler si nous nous retrouvons dans la même pièce par hasard… Conséquemment, nous sommes amis que tu le veuilles ou non.» Je plongeai une main dans son assiette, pigeant un morceau qui me tentait du regard depuis tout à l’heure. «Et les amis, ça partage.» Je glissai la pâte dans ma bouche, gémissant mon approbation et agissant surtout en parfait enfant.