Lilly est une femme incroyablement attirante, timide et fougeuse à la fois. Il m’était difficile de me souvenir le facteur nous ayant réunis en premiers lieux, mais je remerciais le destin de m’avoir mis sur son chemin, ma vie n’en est depuis que plus comblé. Même si je ne veux lui offrir ce qu’elle me demande, cela ne m’empêchera jamais de la chérir et de la vouloir à mes côtés, l’amitié serait le degré minimal acceptable. « C'est toi qui ne sait pas ce que tu rates en te partageant autant, alors qu'une seule pourrait t'apporter beaucoup plus que toutes tes conquêtes réunies. » Elle me faisait sourire à me connaître si mal. J’aimais bien, il est vrai, l’image que l’on se faisait de moi sans me connaître, mais elle… il était temps qu’elle sache la vérité derrière l’illusion. «Conquêtes est un grand mot ici, ce n’est toujours que des mots jusqu’à ce que je rencontre quelqu’un de particulièrement unique qui me pousse à m’accrocher plus longuement.» Notre relation c’était étendu sur une longue semaine, c’était sans doute relativement court pour certain, mais pour moi c’était de l’investissement profond. Je n’allai pas jusqu’à lui avouer que dans toute cette dernière année elle avait été l’unique à partager mon lit, ma vie, mon coeur. L’unique à me faire succomber. Je doute qu’elle ne me croit d’ailleurs. Je lui parlai de June, m’ouvrant rien qu’un peu à la confidence. Je ne parlais que trop rarement du passé, rien ne me marquait, tout s’oubliant, mais cette femme avait laissé son empreinte et resterait toujours un mystère non résolu dans un coin de mon esprit tordu. « Ai-je bien entendu le mot aimer? J'ignorais que ce mot faisait parti de ton vocabulaire. » Ah, évidemment, je devrais m’y attendre. À force de la fuire elle avait fini par croire que je n’avais pas de coeur. Il était bien là, tout à prendre, juste encagé par mes soins. «Conjugue le avec une majuscule ou non, mais oui, je l’avoue… cela m’étonne aussi, mais je suis capable d’aimer.» J’aimais la vie par dessus tout, elle resterait ma maîtresse éternelle. Nous parlâmes de mariage, je tentai de l’en dissuader, en vain. « Pas de chance, je pense faire partie de ces gens qui croient encore à la magie. L'espoir fait vivre, n'est-ce pas? » J’haussai les épaules, découragé. Elle n’avait sans doute pas encore assez vécu pour réaliser que rien ne dur jamais et que les possibilités de se renouveler sont infini… pourquoi voudrait-elle se limiter à une seule âme pour le restant de ses jours? C’était jeter son potentiel à la poubelle tant qu’à moi! « Je ne comptais pas m'en approprier plusieurs, et mon choix est déjà fait. » Elle me sourit comme si ça l’enjouait déjà de me laisser derrière. Je n’avais pourtant pas dis mon dernier mot. Je jetai un dernier coup d’oeil à la foule, soupirant mon ennuie. «Tu auras le temps pour ça plus tard, maintenant que tu es là, je te garde. Mange avec moi.» C’était plus un ordre qu’une demande. Comme un enfant, je me saisi d’une assiette en me jetant sur les mets les plus américains possibles. Des frites, une pointe de pizza, des croquettes de poulet et un mini hamburger trop petit pour mon appétit. J’allais m’asseoir à une place vide en attendant qu’elle me rejoingne. Je lui avais donné un ordre après tout.

Je me lançais peut-être dans un jugement trop rapide concernant la soirée et je préférais me faire une vraie idée en y participant tout bonnement. J'apportais donc les verres à la table où se trouvait William avec une charmante jeune femme (Feldt). Première fois que je la voyais, mais lui non apparemment. J'embrassais le beau professeur pour me donner un peu... je sais pas, de peps, puis je posais mon plateau pleins de verres sur la table. On allait bien boire tout les trois ce soir. Tequila, citron, sel, ça vous dit ? On ne pouvait pas assister à une fête et au Spring Break surtout sans passer par cette case là. Oui, la case tequila. Au fait, Monsieur Carter ne présente pas donc je le fais, moi c'est Crystal, une Quincy et toi ? Je me présentais brièvement, pas besoin de tout lui dire. L'essentiel était dit.

Chassé croisé de regards auxquels jouent Salomée et Jasper. Le but ? Éviter ce moment gênant où les prunelles s'interceptent. Il serait pourtant tellement simple de garder le visage bien vissé sur sa meilleure amie. Mais non, il ne peut s'empêcher de le dévier vers la Dunster, même quand lui et la présidente s'échangent quelques messes basses. Ils ne pouvaient pas continuer comme ça, et pourtant.. quelle solution leur restait-il ? Peut-être la distraction. Merci Priape, qui attire toute l'attention de Jasper lorsqu'il débarque. Lui soutirant un sourire immédiat, bien heureux de le voir. « Hé bien, maintenant que t'es là.. je suppose que tu peux rester. » Le charrie-t-il en levant son verre vers lui en signe de bienvenue. « T'es entourée de la crème de la Dunster House, chanceuse que tu es. » Qu'il glisse à l'intention d'Elia avec tout autant d'entrain. Puis, il s'adressa à nouveau à son colocataire : « D'ailleurs, Caly est pas avec toi ? » Mettre les pieds dans le plat, c'est comme ça qu'on dit non ?

J'avais été franc pour une fois, lui laissant voir une part de ma personnalité qu'elle ne connaissait pas encore. Il m'arrivait d'être fidèle, plus souvent qu'elle ne l'estimait du moins. « Ca t'es déjà arrivé de rencontrer cette personne? » On dirait qu'elle se le demandait réellement, d'une curiosité franche et sans repère. Je penchai la tête sur le côté, observant son visage statique et toujours aussi magnifique. «Je crois que nous connaissons tous deux la réponse à cette question.» Ses soupires arrachés par mes gestes me revirent instantanément en mémoire. Ce fut délicieux, le temps qu'ils durèrent Je ne voulais pas avoir à me justifier plus amplement, elle en serait trop satisfaite et je tenais à garder le dessus dans notre relation. J'ignorais comment nous étions venu à en parler d'amour, ce sujet je m'avouais sans gêne ne pas en être un expert. C'était complètement absurde d'ailleurs que ce mot me glisse entre les lèvres. Je ne m'en sentais pas digne. « Tu es surtout capable d'aimer plusieurs femmes à la fois, à ta façon. » J'haussai les épaules, n'étais-ce pas ce que tous les hommes faisaient? «Comme tu aimes certainement plusieurs hommes à la fois en ce moment même, à des degrés différents, tu ne peux rien me reprocher.» J'avais des amies et des âmes sœurs, rien entre les deux, l'ambiguïté compliquait toujours les choses. «Et ne me fais pas croire que je suis ton premier choix, je trouverais ça triste.» Qui choisirait la complexité à la facilité? Je n'étais pas le pire, mais certainement pas le meilleur et surtout pas en matière d'amour. Je me remplis mon assiette d'aliment et m'assis d'un côté d'une table isolé des autres. Elle me rejoint sans trop attendre, sans doute savait-elle que je n'avais pas de patience pour ce genre de chose. « Et toi dis-moi, tu as déjà repéré tes proies je présume? » Je me fis sourire, c'était complètement absurde comme question... la seule que j'avais choisie ce soir, c'était bien elle. «Je suis en vacance, comme tout le monde, laisse moi le temps de m'acclimater... et puis je ne suis pas en si mauvaise compagnie actuellement, si c'est ce que tu veux entendre.» Je serrai les dents, elle ne savait pas ce que ça me coûtait de le dire ainsi, de m'avouer vaincu à mon propre jeu.

Mon sourire s’étira en voyant Jasper lever son verre dans ma direction, sa petite réflexion à l’attention d’Elia m’arracha même un petit rire. Mais très vite, mon visage se rembrunit. Jasper venait de m’interroger sur Caly… Je savais que j’aurais forcément le droit à ce genre de questions durant les deux prochaines semaines. Après sept mois passés en couple, les gens avaient forcément pris l’habitude de nous voir ensemble, de nous demander des nouvelles de l’un et de l’autre. Je reposai mon verre sur la table et plaçai ma main devant ma bouche en simulant une légère doux, un peu comme si j’avais avalé de travers, histoire de masquer la gène que sa question avait fait surgir en moi. « Excuse-moi… » Je n’allais probablement pas échapper à l’annonce, un jour ou l’autre j’allais devoir avouer à mes amis que l’on s’était séparés, cependant je trouvais que la première soirée du SB n’était pas le moment idéal. Et puis, j’avais encore espoir que ce break que l’on s’accordait n’ait rien de définitif... « Elle doit probablement être au feu de camps… Je sais pas vraiment ce qu’elle a de prévu ce soir… » Réponse évasive et très peu convaincante, mais j’espérais que ça le contenterait pour l’instant. « Vous vous êtes pas servis encore ? » demandai-je en observant leurs assiettes vite. Mon regard alla alors se poser sur le buffet qui était recouvert de plats exotiques plus appétissants les uns que les autres. Diversion idéale en vue. J’attrapai mon assiette : « On devrait y aller maintenant avant qu’il ne reste plus rien… »

« T'as totalement raison Milena, je compte lui parler, mais pas ce soir... » J'appréciais énormément le conseil de Milena. Elle avait raison, c'est en laissant couler que je risquais de perdre ma chance, j'avais tellement de choses à lui dire, mais pas ce soir, je lui parlerais un peu plutard lorsqu'on trouvera un temps pour se croiser seul à seul, car là, il semblait bien occupé. Résolution de ce soir, ne plus poser mes yeux sur Jeremiah et me concentrer sur Milena et Alexander, d'ailleurs cette dernière me complimenta, m'affirmant être plus jolie que la brune étant donné qu'elle préférait largement les blondes. Je levais une main vers elle, pour lui faire une tape sur l'une des siennes, comme pour approuver ses dires. « Mais trop d'accord avec toi ! Vive Les blondes !. » J'éclatais de rire avant de replonger mon nez dans mon repas, enfin façon de parler, pendant que Milena confirmait qu'elle comptait profiter du spring break, surtout fêter dignement son céliba. Hein ? Pas possible qu'une aussi jolie blonde soit célibataire. « Purée, je n'aurais jamais pensée que tu puisses être célibataire, attends, t'es trop canon Milena ! Les mecs doivent se battre pour t'avoir !. D'ailleurs si j'avais été un mec, je crois que je les aurais tous flingué pour t'avoir !. » Esquissant un sourire. Si elle avait été en couple dernièrement, le mec devait être carrément fou pour ne pas préserver un aussi joli diamant qu'elle. En tout cas, elle avait raison de profiter à fond. « P'tain Alex ! Tu crains quand tu commences à bouffer toi, tu te coupes de la terre entière ! Allô ! Réveille-toi. » Ponctuais-je en claquant des doigts. Je déposais ma fourchette, posant mes lèvres sur la joue de mon frère et entoura son cou de mes bras que je serrais au point de l'étouffer. Je savais qu'il avait horreur de ce genre de bisou en public, mais c'était la seule façon de le détourner de son plat et de me supplier d'arrêter en échanger d'avoir toute son attention.

Jasper avait eu de la chance avec Charlie et Priape. Franchement, quel pourcentage y avait-il en leur faveur pour qu'ils s'entendent aussi bien tous les trois ? Et ce, depuis des années. Du coup, le Dunster connaissait suffisamment son colocataire pour ne pas être convaincu une seconde de sa réponse. Et disons que sa toux précédente n'avait pas aidé à le persuader. La question tombait mal visiblement, bravo Jasper. « Ah ouais surement.. elle doit pas être loin de toute façon ! » Clôture-t-il un peu maladroitement, sentant bien qu'il s'aventurait sur une pente glissante. Tout semblait bien aller pourtant entre Priape et Caly, aux dernières nouvelles. Enfin, ils avaient tout le temps du Spring Break pour aborder les sujets fâcheux. C'était la première soirée, laissons tout ça derrière. Mangeons. Oui voilà, mangeons. « Nop, toujours pas ! » Saisit-il l'occasion de mettre fin à ce moment flottant. Se tournant vers Elia, puis posant à nouveau son regard sur Priape avec un sourire aux lèvres. « J'crois qu'il va falloir qu'on décolle de notre banc, j'ai faim moi ! » Sitôt dit, le garçon se lève et attrape son assiette. Une fois devant le buffet, il jette un oeil aux plats. « Ca a l'air délicieux et effrayant à la fois. » S'amuse-t-il devant l'excentricité de certains, bien loin de ce qu'ils avaient l'habitude de manger à Cambridge.