Ca m'faisait.. bizarre. Mais genre, vous avez les bizarres en bas de l'échelle puis ceux qui sont vraiiiment tout en haut. Comme se promener avec Andy librement dans Harvard. Certes, les gens nous regardaient de manière weird, mais on le faisait comme si nous étions en couple normalement. Sauf que c'tait pas le cas et la situation était carrément plus compliquée qu'elle n'en avait l'air. 1. Andy est marié et père de famille. Chuis que la maîtresse. 2. J'avais pas mis mes proches au courant que j'allais désormais m'afficher avec le VP Eliot. 3. J'allais définitivement m'faire tuer par mes meilleurs amis. Le jour où Hendrix allait m'voir avec Andy, j'crois que j'vais vraiment m'sentir mal. Mais n'allait pas croire que j'assumais pas mes sentiments hein. J'l'aime vraiment très fort. Sauf que c'est trop hard en c'moment quoi, c'tout. Mes meilleurs amis me manquaient, surtout actuellement, alors que j'tais en train d'faire mon deuil et j'pouvais rien faire pour les retrouver. Parce que j'avais aussi besoin d'Andy et que la fake rupture.. c'tait à oublier. Faut pas s'étonner qu'on voit des cicatrices le long de mes bras.. j'avais cédé hier soir. Ca m'avait fait plus de bien que prévu, de ne penser qu'à ça pendant quelques secondes, ne plus penser à la douleur mentale, au manque familiale et même celui de la drogue. J'avais recommencé. Juste deux cicatrices. Deux nouvelles. Fallait que j'me stoppe avant de revenir accro à la scarification, comme avant. Sauf que j'voyais pas d'autres issues, même si Keyla, Milena et Andy sont présents pour moi. C'est beaucoup plus profond. Anyway. Alors qu'on avait plus cours pendant deux heurs, avec Andy, on avait décidé d'aller faire un tour à la bibliothèque du campus. Pour ma part, j'devais bosser mon mémoire de socio et quant à lui.. j'en avais aucune idée, mais il avait dit oui. Sauf que j'avais pas prévu d'voir Alex au loin. D'le voir bosser sur les ordis, comme au bon vieux temps, quand on passait notre temps ici, juste tous les deux, notre repère.. j'avais toujours ma lettre dans mon sac, cele que j'lui avais écrit lors d'ma rupture avec Hendrix et dont j'avais fait quelques ajouts (qui restent secreeeets ). Elle m'paraissait super lourde.. ahem. Y a Alex.. J'avais peur d'mon meilleur ami, vous pouvez pas imaginer à quel point. Par réflexe, j'm'éloigna un peu (jor deux cms t'sais) d'Andy, comme si ça allait m'protéger. J'me dirigeais vers une table et posa dessus mon sac, lançant encore un regard à mon vp. Est-ce qu'il m'avait vu ? Est-ce que j'devais aller le voir ? Est-ce que j'devais lui donner ma lettre ? J'flippe. J'voyais ma vie défiler sous mes yeux limite.

Ca y est c'était plus ou moins "officiel"... Briony avait accepté qu'on arrête de se cacher. On ne faisait plus semblant à Harvard d'être les deux éternels ennemis, on ne fakait plus les regards noirs... plus besoin. Apple m'avait dit qu'on devrait arrêter de mentir, qu'on devait "assumer". J'devais assumer autant ma relation avec Briony que mon adultère avec Apple, c'était ça le truc. Alors nous voilà, Briony et moi, marchant côte à côte dans les couloirs de l'université sous les regards choqués et inquisiteurs des autres étudiants. Direction la bibliothèque, on avait décidé d'y passer nos deux heures de trou pour bosser ensemble, quand bien même nos cursus n'aient strictement rien à voir. J'avais pas encore croisé Anya et tant mieux parce que j'avais parfaitement conscience qu'elle ne penserait aucun bien de la situation. Ca me faisait en tout cas terriblement bizarre de me montrer comme ça avec Briony, si proche d'elle et fallait bien avouer que certains regards et murmurs n'étaient pas aisés à supporter. Mais peu importait, j'avais trop fait attention à mon entourage dernièrement et j'avais été extrêmement déçu, peu m'importait le regard qu'on reposait sur moi désormais. J'assumais totalement avoir des sentiments pour Briony, quand bien même ça puisse déplaire à certains. Arrivés à la bibliothèque, on vit Alexander un peu plus loin sur les ordinateurs, Briony se décomposa presque devant moi. Je pinçai les lèvres avant de me rapprocher d'elle pour murmurer. Tu devrais aller le voir. Elle devait se sentir mal à l'instant présent. Déposant un léger baiser sur sa tempe, je m'éloignai d'elle pour contourner la table et poser mes affaires, leur laissant ainsi leur intimité, sans être trop loin non plus au cas où ça dégénèrerait. Ouais, j'excluais pas la possibilité que ça puisse partir en vrille, on parlait de ce con d'Alexander Strudwick là.

J'avais pas reparlé à Alexander, en face j'veux dire, depuis.. depuis la fois où Feldt nous avait balancé qu'elle voulait partir de la mather house. D'ailleurs, si ça s'trouve, elle était vraiment redevenue une student à l'heure là. J'en savais rien, tous mes contacts avec ceux qui avaient été mes meilleurs amis pendant longtemps étaient rompus. On était presque comme des inconnus et ça me faisait vraiment chier. J'avais essayé d'leur parler à tous les trois par sms. Ils m'avaient tout demandé d'arrêter. Voilà. Y avait rien d'autre à rajouter si c'n'est qu'aujourd'hui, dans cette bibliothèque, ptete que quelque chose allait s'jouer, j'en sais rien du tout. Même si on s'parlait moins, tous les trois, Hendrix, Alex et Feldt, avaient encore une grande influence sur moi. Et leurs avis comptaient beaucoup. Qu'ils soient positifs.. ou négatifs comme la plupart du temps. Alex ne m'avait pas encore vu au bras d'Andy. Jamais même, il était juste au courant que je fréquentais. Quand il allait se retourner et me voir à la même table que le vp Eliot, ça allait envoyer du lourd, moi j'vous l'dis. Tu devrais aller le voir. J'ne répondis rien, gardant le regard dans l'vide, en direction d'Alex. Andy avait raison. J'devais mettre les choses au clair avec le mather, lui donner ma lettre aussi.. lui dire que je l'aime, que rien n'avait changé, que j'avais besoin de lui dans mon deuil.. quitte à passer pour quelqu'un de faible. T'restes ici.. ? J'enleva ma veste et le déposa sur ma chaise, en face de celle d'Andy avant d'lui lancer un dernier regard et d'aller vers Alex. J'tira une chaise près d'lui et m'y installa sans son accord. C'tait notre ordi, il prenait toujours le même, celui où on allait tous les deux.. C'est vraiment horrible comme situation. Hey.

L'année avait commencé assez fort. Pour la sixième année d'études en informatique, je devais faire un programme assez bien fourni pour décembre, en groupe de quatre. Le truc, c'est que j'aimais pas les trucs de groupe, j'étais assez individualiste quand il s'agissait de l'informatique. Mais bon.. Du coup, fallait que je me plie au règle - c'est pas trop mon truc aussi mais bon - et j'avais commencé le projet. Avec les autres gens du groupe, on avait donné différentes tâches à faire indépendamment les unes des autres et on regrouperait tout ensemble par la suite. D'où ma présence à la bibliothèque, sur un des postes. Mon poste. J'avais pris également mon ordi portable pour coder, et l'ordi de la bibliothèque me servait principalement pour les recherches. J'aimais bien avoir deux écrans, c'est la classe quand même. Tout ça pour dire, j'étais à fond dans mon taff, pour ne pas être trop dérangé par les autres autour. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'avais pas entendu Briony s'installer sur la chaise à côté de moi. J'ai remarqué sa présence en entendant sa voix significative. "Hey." Un simple hey, qui changeait tout. J'sentais mon rythme cardiaque augmenter considérablement, sachant que la conversation n'allait pas forcément être facile. "Hey." Je tentais de ne rien laisser paraitre. A vrai dire, je continuais de travailler, comme si de rien était. C'était la meilleure solution, celle qui me semblait tout du moins la meilleure pour la situation actuelle.

Mon rythme cardiaque était tout simplement effréné, j'arrivais pas à l'contrôler, tout comme la situation. J'savais pas comment la conversation allait tourner, parce qu'entre les sms et la réalité, il y avait quand même une différence. Ptete qu'avec Alex, on allait réussir à avancer, enfin.. j'en sais rien du tout mais je préfère ne pas me faire d'illusions. Parce qu'Andy est pas loin et parce que je me cache pu, que j'assume mes sentiments. Parce qu'il est hors de question que j'quitte le vp eliot qui était l'une des seules personnes qui m'aidaient à faire le deuil de ma famille alors que j'avais besoin de mes meilleures amis également. Ceux aux abonnés absents à cause de mes choix amoureux. "Hey." Je déglutissais avec difficulté. Il m'était vraiment pénible de devoir avoir une telle discussion avec lui alors que c'tait notre endroit à tous les deux, celui que personne ne nous avait piqué, celui où on avait plein de souvenirs, des fous-rires, des confidences, des délires.. tout. Notre lieu tellement symbolique. Ptain Alex, pourquoi on en est là aujourd'hui ? A avoir peur de se regarder dans les yeux, alors qu'il y a un mois on s'balancer des oeufs en pleine face. D'ailleurs, tu savais que t'étais mon fond d'écran.. ? Faut que j'te dise des trucs. Tu veux pas quitter tes écrans deux secondes.. ? M'ignores pas, s'il te plaît.

J'étais tranquille, à la bibliothèque en train de rien demander à personne. Je faisais mon taff, comme tous les autres étudiants de l'université de Harvard. Et oui, faut bosser pour garder le prestige d'être Harvardien. Seulement, même si je ne doutais pas du travail fourni par Briony - sauf l'année dernière puisqu'elle a redoublé - elle devait comprendre que je voulais bosser et que c'était pas le moment de m'interrompre. Enfin c'est pas vraiment le cas vu ce qu'elle me demande de faire. "Faut que j'te dise des trucs. Tu veux pas quitter tes écrans deux secondes.. ?" Des trucs ? Ca veut dire quoi ça ? Qu'elle a pleeeeins de choses à me dire ? Putain, j'suis pas sorti de l'auberge. Bon, je me stoppais quelques instants, ne pouvant pas travailler et réfléchir sur la question en même temps. J'étais tenté de décliner son invitation, mais j'avais également la curiosité de savoir ce qu'elle avait à me dire. Je lâchais la souris et le clavier et je tournais la tête vers elle, sans avoir la moindre expression montrant que j'étais content de la voir. Parce que même si une part était contente de la voir se battre pour notre amitié, une autre voulait juste qu'elle arrête de faire souffrir tout le monde autour d'elle. "Quoi ?" Aller, balance ce que t'as à m'dire.

Il avait l'air tellement concentré dans son boulot, c'tait vraiment impressionnant.. j'me sentais presque invisible, pourtant, j'avais déjà eu l'occasion d'le voir plonger à c'point dans le boulot, sans pour autant être impressionnée voire même intimidée. Il méritait à fond sa place à Harvard. Pas comme moi. J'tais inutile ici. Dire que j'tais là que grâce à un donateur ahem. Pis, j'avais redoublé.. ça le faisait pas. Mais bon, j'avais des circonstances atténuantes. Décès, traumatisme, dépression.. tout ça ensemble, ça fait un bon cocktail hein. Anyway, on est pas là pour parler de ça. Mais bien pour essayer d'sauver l'amitié, un tant soit peu. "Quoi ?" Ark. Bon, au moins, Alex avait accepté d'arrêter de tout l'temps observer ses écrans. J'tais maintenant en face vraiment de mon meilleur ami et j'me sentais mal à l'aise. Déjà.. comment tu vas.. ? Et après j'te balance que j'suis vraiment avec Andy, que tu fais chier d'pas être là pour mon deuil, que je me scarifie à nouveau, que tu me manques et que j'ai besoin de toi. Et entre tous ces trucs, j'dois t'filer ma lettre.

Même si mes parents avaient de l'argent - suffisait de voir où avait fini Walter - je n'étais pas comme lui et je ne voulais pas être associé aux étudiants qui rentraient grâce à l'argent de la famille. J'avais mérité ma place entièrement grâce à mon travail. Rien d'autre. Du coup, je continuais de travailler à côté pour garder le niveau d'excellence d'Harvard. Seulement, Briony m'interrompait, je supposais alors qu'elle voulait parler de choses importantes. Sûrement. De toute façon, à chaque fois qu'on se voyait, c'était pour ça. J'avais dans l'espoir qu'elle me dise qu'avec l'autre c'était fini. Mais l'espoir fait vivre. Vu comment elle est mordu, ça ne sera pas ça, j'en mettrai ma main à couper. "Déjà.. comment tu vas.. ?" Je haussais les épaules. Comment je vais ? C'est pas une question facile, malgré le peu de mots présents dans cette question. C'était trop vague trop.. C'était pas facile à répondre. Mais je devais le faire et je me contentais d'un "Ca peut aller." Je ne me risquais pas à demander la réciprocité. J'étais au courant qu'elle n'allait pas bien. Elle m'avait parlé par sms et je me sentais pas de le lui demander. Moi, tout ce que je voulais, c'était retrouver notre amitié, pas.. ça.

J'savais pas comment débuter la conversation, comment aborder nos sujets, comment lui faire comprendre que j'avais juste envie de le retrouver, notre amitié, nos délires, nos fous rires. Alors, j'lui avais demandé comment ça allait. Une question de politesse qui avait malgré tout son importance ici. Comment est-ce qu'Alex vivait la situation ? T'façon, dans la bande, on était tous plus ou moins détruits, c'tait un champ de bataille notre amitié. A cause de moi. "Ca peut aller." J'acquiesçais doucement. Il me retournait pas la question. C'tait sûrement mieux comme ça j'suppose. J'respira profondément et lui tendis l'enveloppe que j'avais avec moi, que j'avais pris depuis mon sac toute à l'heure. J'tais pas sûre de moi, j'savais pas comment est-ce qu'il allait prendre les mots que j'avais écrit dessus. Parce qu'ils étaient pas forcément faciles. Notamment les derniers. (les fameux ajouts ;_;) Mais c'tait tout c'que j'pensais. Non, j'suis pas là pour parler d'Andy mais pour parler de notre amitié. C'était en quelques sortes aujourd'hui qu'on allait savoir si on allait continuer de se voir ou non. Lis ça. lui demandais-je en chuchotant. J'avais la gorge sèche et plongea mon regard un instant dans celui du mather avant d'finalement le détourner, trop mal à l'aise.

La lettre:

Je souffrais de sa présence, parce que plus rien n'était comme avant. Parce qu'elle était avec un mec qui comptait bien plus que ses meilleurs amis. Bon, je peux le concevoir en soit. Sauf que là, il s'agit d'un Eliot. Ca veut dire qu'il passe avant notre maison. Ca veut dire que si parti elle doit prendre, elle se retrouvera avec les bleus, pas avec nous. Après je suis trop hâtif dans ma vision des choses, sûrement. C'était en parti pourquoi on était là. Mais voilà, on y était et je n'arrive pas à faire marche arrière. "Lis ça." Elle me tendait une lettre, que je regardais dans un premier temps, sans avoir envie de la lire. Non, j'avais pas envie de me prendre une pelle de reproche dans la gueule. Elle me connait, je suis comme ça et... Mais la curiosité prit le dessus et j'ouvris l'enveloppe pour lire la longue lettre. J'ai mis du temps, pour assimiler chaque moi... Et plusieurs fois je me suis pris des claques dans la gueule, vraiment. Je serrais les dents et je repliais la lettre. J'avais mal, elle me manquait mais, j'y arrivais pas. Je fermais ma session d'ordi, je rabaissais le clapet de mon ordinateur portable que je foutais dans mon sac, avec la lettre et je me levais à la hâte, attrapant ma veste pour quitter cette pièce au plus vite. Seulement, en me retournant, je le voyais. Andy. Et ça m'foutait encore plus en rogne. Du coup, sans jeter ne serait-ce qu'un coup d'oeil aux deux, je me barrais. Qu'ils restent ensemble, si ça leur chante. Moi j'en ai ma claque.