J'avais l'impression que je lui faisais mes vrais adieux, que c'était la dernière fois que je lui parlais vraiment, qu'après, il me tuera encore plus. Il sera du côté d'Hendrix de toute manière après la rupture, donc.. ouai, c'était la dernière fois que je lui parlais concrètement. La dernière fois que j'pouvais le faire chier à être un vrai moulin à paroles, que j'pouvais être vraiment honnête. Ptain, j'avais que merdé ces dernières semaines quoi. Sinon, j'avais toujours été présente pour lui, j'avais été quasi irréprochable -je crois-, j'avais jamais failé. Et il fallait que ce soit mes sentiments, ma peur de tout perdre, ma surprise de la virulence de mes émotions qui aient tout foutu en l'air. Tant de moments d'amitié, de bonheur gâchés pour ça. Qui dit mieux ? Quand je déclara qu'il méritait d'avoir accès au bonheur, Alexander rigola nerveusement ce qui ne fit qu'accentuer ma douleur. Il n'avait jamais eu l'droit à une pause dans ses malheurs, toujours abandonné par ses proches, comme moi. J'espérais quand même lui avoir offert une petite bulle de paradis quelques temps.. Même si t'y crois pas, que t'as pas l'droit au bonheur, penses au nombre de fois où j'ai dit des trucs justes, où j'faisais des espèces de prophéties.. Je souris, bien malgré moi, en pensant à de nombreux souvenirs qu'on avait en commun. Quand j'lui avais dit que Kate allait avoir bientôt son bébé, quand on était assis dans la rue et que j'lui disais "tient untel va faire ceci tu vas voir". Quand j'lui avais déclaré qu'un de nos proches allait tomber enceinte ou allait avoir un bébé cette année. Quand j'lui avais aussi dit qu'il aimerait telle nourriture, telle personne, telle fête.. quand j'avais prédit qu'avec Alexis, ça ne marcherait pas.. Quand j'lui ai dit qu'on ferait de vieux os ensemble.. J'pouvais pas m'tromper. Il serait heureux un jour.

Putain j'voulais vraiment que les hommes de la maintenance règlent le problème pour que je puisse partir d'ici. Aucun mot, je ne devais dire vraiment aucun mot pour ne pas céder. Je ne veux pas me montrer faible, pas maintenant. Et puis au moins, elle ne repartirait pas sur mon sujet, sur le fait que j'aille mal. De toute façon, c'est pas comme si j'allais le lui dire de moi même. Si jamais elle trouve, c'est vraiment qu'elle a des pouvoirs de télépathie ou truc du genre. "Même si t'y crois pas, que t'as pas l'droit au bonheur, penses au nombre de fois où j'ai dit des trucs justes, où j'faisais des espèces de prophéties.." Je secouais la tête alors que je regardais mon sac, jouant avec la fermeture éclair. Je me souviens de ce qu'elle racontait ouais, je m'en souviens mais je décide de ne pas réagir. Elle avait aussi dit que j'étais son meilleur ami et qu'elle serait toujours là pour moi, chose qui s'est visiblement pas réalisée puisqu'elle avait préféré Andy à moi. "Vous m'entendez ? Ici le chef de la maintenance de l'hôtel. Le problème est résolu et nous allons remettre la cabine en marche. Vous allez pouvoir sortir d'ici quelques instants." Je soufflais, heureux d'entendre ça. Ouais, j'étais soulagé de pouvoir bientôt sortir. Les mouvements de la cabine ne se firent pas attendre et les boutons se rallumaient, dont celui du rez-de-chaussée. On se remettait à descendre, hallelujah ! Je refermais mon sac et je me mettais debout, prêt à sortir. C'est une fois que les portes s'ouvraient sur le hall d'entrée que je me rendais compte que c'était bon. Je n'adressais même pas un mot ni un regard vers Briony, je sortais immédiatement afin de faire ce que j'avais prévu : me mettre bien sur la plage, seul avec le contenu de mon sac.