Dimanche 21 avril. Matin.

Venue express. Venue s'éternisant. J'avais pris l'avion pour rejoindre Boston le temps d'une soirée d'anniversaire. J'étais censé repartir rapidement pour m'éloigner de cet endroit qui me tordait le ventre. Cependant, un message avait changé la totalité de mes plans. En apprenant qu'Ares était à l'hôpital, je n'avais pas pris mon avion prévu samedi matin. Et, en ce dimanche, je me trouvais toujours au sein de la ville qui me rendait malade. J'avais dit que je resterais avec mon ami jusqu'à ce qu'il sorte de la cage blanche et je comptais tenir parole. De toute manière, ça restait assez facile. Je ne sortais quasiment pas de l'hôpital préférant y rester planqué pour être certain de ne voir personne et de ne subir aucune tentation. Il m'arrivait de mettre les pieds dehors lorsqu'Ares avait de la visite ou qu'il dormait profondément. Mais, je ne restais jamais trop longtemps dehors. Le temps de quelques cigarettes. Le temps d'un trajer pour aller acheter de quoi manger. Comme aujourd'hui à cette heure si matinale après une nuit encore trop courte. J'étais incapable de dormir ici. Bien trop torturé. Bien trop malade. Bien trop plongé dans le passé. Secouant la tête pour ne pas me perdre dans mes pensées, je marchais en direction de l'hôpital après avoir récupéré un petit-déjeuner plus appétissant que celui proposé par l'hôpital. Le soleil se levait à peine sur Boston. Les rues étaient presque désertes à cette heure. Glissant une cigarette entre mes lèvres, je me retrouvais foutrement incapable de l'allumer de mes doigts tremblant. Le manque cognait continuellement. La douleur frappait incessamment. Pourtant, je faisais comme si de rien n'était. J'agissais comme si cette torture n'était pas en train de me bouffer. M'arrêtant au niveau d'un banc, je déposais le sac du petit-déjeuner afin d'utiliser mes deux mains pour allumer ma cigarette. Après quelques essais, j'y parvenais soupirant de soulagement. Ma tête se renversait en arrière un instant. Mes yeux se fermaient tandis que je tirais sur le bâtonnet de nicotine. Je soufflais lentement la fumée avant de bouger de nouveau. Reprendre le sac. Me tourner. Et... Je n'avais pas fait attention à mon environnement. Mon corps venait en percuter un autre et le « F*ck... Désolé... » passait aussitôt la barrière de mes lèvres.

Corps percuté. Souffle coupé. Être tendu. Le choc n'avait pas êté très violent. Ça ne m'avait pas fait tomber. Ça n'avait même pas fait mal. De toute manière, plus rien d'extérieur ne faisait mal. Je ne le ressentais plus. Plus alors que ça heurtait continuellement à l'intérieur de l'être. Corps mis sur pause tandis que tout était réduit à néant à l'intérieur. Corps qui subissait sans que je ne le ressente réellement. Je me tendais dans cette rue de Boston parce que mon prénom résonnait suite à ce contact imprévu. La voix qui parvenait à mes oreilles me poussait à me tendre. Ce n'était pas une voix inconnue qui se faisait entendre. Ce n'était pas juste un inconnu que je venais de bousculer en ne faisant pas attention à mon environnement. Bien sûr que non. Il fallait que le Destin s'en mêle pour se moquer de moi. Je sortais si peu et je parvenais quand même à me retrouver dans une situation que j'aurai tant aimé éviter. Une situation que je fuyais en préférant rester silencieux sur ma présence ici. Ange renfermé. Ange qui s'habituait à la solitude. Mes prunelles se fermaient un instant comme dans le fol espoir de trouver le courage de faire face à la désagréable situation. J'avais envie de partir en courant sans répondre, mais je ne pouvais pas le faire. Le corps ne suivrait pas. L'être ne voulait pas jouer le lâche ainsi. Alors, mes iris rencontraient celles de Milo. C'était lui que je venais de percuter. C'était lui qui se trouvait face à moi et m'interrogeait sur ce que je foutais à Boston. Il était vrai que je n'étais pas censé me trouver ici. D'ailleurs, je n'y étais pas de gaieté de cœur. Le « Milo... » glissait comme une salutation des plus simples. Ça venait juste confirmer que j'étais bien là face à lui. Je tirais sur ma cigarette, les doigts bien trop tremblants et, haussant les épaules, je lui offrais une réponse « Je suis passé pour l'anniversaire d'un proche. Et j'ai un ami qui s'est retrouvé à l'hôpital alors je lui tiens compagnie quelques jours. » C'était aussi simple que cela. C'était aussi clair que ça. Je n'avais pas à offrir plus de détails. De toute manière, il n'y avait pas grand chose à dire de plus. Mes mots étaient suffisants pour apporter une réponse à l'interrogation de l'avocat.