je ne comprends pas ce qu'il se passe et ça me fait légèrement flipper. je n'ai pas le souvenir de t'avoir déjà vu dans cet état la donc je te cours après poussant quelques personnes au passage. je ne vais certainement pas rester la à t'attendre. je n'allais pas rester à rien faire peut importe si ça ne t'enchante pas. tu n'as pas le choix, ton glaçant envers moi je sais que c'est ton mécanisme de défense car tu ne voulais pas que je te vois dans cet état la. tu te retourne vers moi voulant que je m'en aille, mais je ne bouge pas ton visage est pâle ce qui me fait encore plus peur pour toi. je suis venue car je m'inquiète pour toi peut importe ce que tu as tu ne dois pas rester seul dans ces moments la. je dois appeler les secours ? je n'hésiterais pas à sortir mon téléphone de ma poche et à composer le numéro. je te vois ensuite donner un coup de poing violent dans la porte du casier et ma bouche reste entrouverte choquée de te voir ainsi. je me précipite à tes côtés quand tu tombes à genoux. bo qu'est ce qui ne va pas ? je suis la tu peux me faire confiance je prends ton visage entre mes mains pour te dire ça, puis je prends ton poing qui commence à saigner. merde.. je vais trouver de quoi te soigner en espérant qu'il y a une boite à pharmacie par ici.

De toute évidence Azur ne sait pas dans quoi elle met les pieds. Mes tentatives infructueuses dans l'espoir qu'elle quitte cette pièce et demeure aussi loin que possible me font soupirer péniblement, et de douleur, et de lassitude. Cette épée de Damoclès au dessus de mon crâne devait frapper, et il a fallut que ce soit maintenant. Un seul verre et l'enfer m'ouvre les bras, sans crier gare, pour m'embarquer dans une crise dont je me serais bien passée. Seul, je le suis toujours pour ta gouverne que je lâche d'une voix faible, mon ton tranchant ayant fait ses valises pour partir loin à son tour. Je n'ai plus aucune force, ni de contredire la jeune femme en face de moi qui vient de se rapprocher pour prendre ma main douloureusement ensanglantée dans la sienne, ni même d'esquisser le moindre geste d'autodéfense. Ma clé... prends ma clé... que je baragouine en levant ma main gauche qui, plus tôt dans la soirée, tenait délicieusement la sienne. Ce moment me semble tellement improbable étant donné la suite des évènements que je le chasse de mon esprit pour l'heure ; mes pensées sont trop embrumées et erratiques pour analyser quelque détail que ce soit. Po... pochette noire que je continue, luttant de tout mon être pour ne pas sombrer. Tout mon corps est secoué de spasmes violents et incontrôlables, tandis que le saignement de ma main, lui, s'intensifie dangereusement.

sauf que la tu n'es pas tout seul je suis la et je compte bien rester peut importe ton avis. ton avis la tout de suite j'en ai rien à foutre il est hors de question que je te laisse dans cet état la je m'en voudrais à vie de ne pas avoir bouger le petit doigt. je me rapproche de toi je prends ta main dans la mienne et tu me demande de prendre ta clé chose que je fais, je me redresse pour ouvrir ton casier et je prends la fameuse pochette noire que j'ouvres directement. dis moi quoi faire.. je ne m'y connais pas du tout alors indique moi la marche à suivre car ton corps tremble de plus en plus et je veux faire ça vite et bien pour t'aider et que tu puisses te calmer. je dois aussi trouver de quoi soigner ta main en espérant avoir quelque chose sous la main sinon je ferais un bandage avec autre chose.

Si mon esprit embrumé est capable d'analyser une chose une seule dans les méandres de ce capharnaüm, c'est bien l'étonnement. Azur reste fidèle au poste, sans fuir, sans hésiter ou presque, et je m'en rends compte lorsqu'elle parvient à ouvrir le casier pour en sortir cette foutue pochette noire. Je pensais qu'en prenant une dose d'insuline avant la soirée, je serai pépère jusqu'à au moins demain matin... mais c'est sans compter toutes les doses que je n'ai pas prise et ce sur plusieurs jours, infernal que je suis. Seringue stérile dans la pochette... que je murmure avec grande peine, l'intégralité de mon corps toujours secoué de violents spasmes. La douleur lancinante dans ma main perturbe l'équation, me poussant à serrer les mâchoires si fort que mon expression verbale n'en n'est que plus altérée. Première graduation... que je continue dans un effort quasi surhumain. Je n'ai pas le temps de lui donner la dernière étape que je fixe subitement le néon au-dessus de moi. Mon esprit s'enfonce dans des décombres inatteignables et inarrêtables. Mon corps tremble toujours, le sang s'écoule en filet sur le sol de la pièce, et la démence s'empare peu à peu de tout ce qui reste de mon être. La lumière... la lumière... il faut que j'attrape la lumière... Je me relève tel un diable, me cognant à la première rangée de casiers qui se trouve sur ma gauche, pour finir par me recroqueviller sur moi-même, tel un enfant que l'on a puni pour la fois de trop. Plus de lumière... PLUS DE LUMIÈRE !! Il aurait fallut que je lui dise qu'une piqûre d'insuline se fait généralement sur le ventre ou la cuisse. Mais cette donnée, je n'ai hélas pas eu le temps de la lui délivrer avant que la crise ne démarre. Bientôt, je baragouine des propos incompréhensibles, mains recouvrant ma chevelure tremblée de sueur, le sang de ma plaie s'écoulant bientôt contre mon cou. Pour un peu, la douleur n'est plus qu'une donnée parmi tant d'autres, que mon esprit prisonnier de cet accès de démence est incapable de traiter.

ok je te sors ça je suis un peu sous pression, je dois me dépêcher de sortir la seringue de la pochette, mais je fais quoi ensuite ? je te mets la seringue ou ? bras ? ventre ? cuisse ? je n'y connais rien là-dedans et je n'ai pas le temps de te demander que je t'entends parler de la lumière. ta tête est relevée, tu parles en regardant la lumière au plafond et je reste la à ne pas savoir quoi faire la seringue à la main. si jamais je pique au mauvais endroit ça a un impact particulier ? en même temps je ne peux pas te laisser comme ça, tu dis des choses incohérentes je ne t'ai jamais vu dans cet état la auparavant. la lumière ne peut pas s'attraper bo mais tu persiste tu te lève pour ensuite te recroquevillé sur toi même en hurlant ce qui me fait sursauter. je m'approche de toi bo ça va aller je suis la ok ? c'est moi azur chut.. j'arrache de toutes mes forces le bas de mon t-shirt pour pouvoir faire un point de compression sur ton poing qui continue de saigner. ça fera l'affaire au moins en attendant. je prends ensuite mon téléphone pour composer le numéro des urgences ne sachant pas quoi faire avec la seringue et ne voulant pas faire n'importe quoi. allô je vous contacte car j'ai besoin de votre aide.. mon ami ne va pas bien je dois lui faire sa piqûre d'insuline mais j'ignore ou la faire.. je me pince l'intérieur de la joue je me sens totalement bête à cet instant précis, mais la personne à l'autre bout du fil m'explique comment faire et je la remercie, elle me dit aussi que si vraiment tu ne vas pas bien ils pourront envoyer quelqu'un. je raccroche et je te regarde je vais te donner ta piqûre.. un, deux, trois je t'enlève les mains de ton ventre et je viens te piquer.

Incapable d'une pensée cohérente qui durerait plus d'une seconde, mon propre corps, secoué par des spasmes incontrôlables, pousse mes yeux à laisser échapper toutes les larmes que je retiens depuis des années. Mon être est au-delà de l'épuisement, à bout de force, sans commune mesure. J'entends Azur parler mais sa voix paraît lointaine, comme étouffée. Je n'ai aucune conscience de la scène qui se joue autour de moi, les méandres de l'insanité m'ayant accroché de leurs serres acérées. Une seule sensation est finalement enregistrée par mon cerveau : une piqûre. Un liquide qui s'échappe dans les fibres de mes muscles et un sentiment de chaleur, de bien-être m'enveloppe alors. Ma position demeure la même encore quelques minutes, mes joues toujours aussi humidifiées de ces pleurs que personne n'aurait dû constater. Si un instant plus tôt ma respiration demeurait vive et saccadée, cette dernière s'apaise peu à peu, le brouillard s'éloignant, m'offrant un bref moment de paix. A... Azur ?! La scène ayant précédé la crise ne me revient pas en mémoire tout de suite. Je me redresse, le corps douloureux et tendu, et je la regarde, seringue en main, le t-shirt déchiré. La peine lancinante de ma main se rappelle à mon bon souvenir et mes prunelles passent de la demoiselle à ma main, et de ma main ensanglantée à ce casier ayant subit mon courroux destructeur. Qu'est-ce que... Mon esprit pourtant brillant et vif semble mettre une éternité à analyser la situation présente. Je me sens faible, ma tête me fait un mal de chien de concert avec mes phalanges, probablement brisées. Et pourtant, mon premier réflexe est de prendre la veste qui se trouve dans mon casier ouvert pour la mettre sur les épaules d'Azur. Pourquoi, je n'en sais fichtre rien. Tu n'aurais jamais dû voir ça... est la seule chose que je parviens à baragouiner alors que je m'essuie les joues de ma main blessée, me badigeonnant de sang au passage sans même m'en rendre compte.

heureusement que j'ai appeler les urgences pour savoir quoi faire car de base je voulais piquer dans le bras finalement j'ai du piquer dans ton ventre. une fois la piqûre faite petit à petit tu reprends tes esprits et tu prononce mon prénom je suis la bo, toujours la je ne compte pas te lâcher après ce qu'il vient de se passer, hors de question. chut ça va aller.. je passe une main sur ta joue pour la caresser comme pour te rassurer que tout vas bien à présent et je laisse la seringue de côté en attendant de la jeter. je te regarde prendre ta veste dans ton casier et la poser sur mes épaules ce qui me fait sourire merci. je sais que je n'aurais jamais dû voir ça, mais ce n'est pas quelque chose que l'on peut cacher éternellement je prends ta main dans la mienne pour resserer le bandage qui est remplis de sang. je me lève ensuite pour prendre de l'eau au lavabo avec du papier et je viens essuyer ton visage délicatement. on va rentrer chez toi ça va aller. tu es toujours torse nu alors j'enlève ta veste de mes épaules et je te la donne tu vas attraper froid comme ça dehors viens je prends ta main dans la mienne pour nous sortir de la, prendre l'air te fera le plus grand bien à présent.

Mon esprit quitte cette brume insupportable et me permet de souffler, enfin. L'impression de courir un marathon avec rien sur le corps pour me protéger du froid m'explose à la figure, au même titre que la réalité suivante : Azur sait. Peut-être ne met-elle pas encore de mots sur ce à quoi elle vient d'assister, mais elle sait et cette donnée me fait enrager autant qu'elle me panique. Un avocat, si doué soit-il, n'irait pas loin sans une solide réputation... je peux dire adios à ma clientèle si d'aventure mes crises de démence dues à mon diabète venaient à être connues du grand public. Ne... ne crois pas ça. Je l'ai bien caché toute ma vie que je lance dans un seul souffle, plus spectateur des évènements actuels que véritablement acteur. La demoiselle m'essuie le visage afin d'y ôter le sang, et j'observe alors ma main ensanglantée dont la blessure ne s'est toujours pas refermée. Un autre défaut du diabète : la coagulation pourrie. La totale. Pourquoi tu fais ça pour moi ? Dehors, le froid me fouette le visage et offre à mon esprit davantage de lucidité. Impossible pour moi de me montrer faible en face d'Azur et d'aller tranquilou bilou chez moi boire un apéro. Je te l'ai déjà dit tu me dois rien. Et tu voulais savoir pourquoi je fermais la porte ? T'as eu un bref aperçu ! Mes prunelles sombres ne la regardent même pas. Ces dernières se perdent dans le vague alors que j'enlève ma veste, en nage. Probablement un début de fièvre, ce à quoi je suis plus qu'habitué.

peut-être, mais tu ne peux pas continuer à le cacher sans cesse, ça te bouffe l'esprit sinon je sais de quoi je parle, concernant mon passé je ne dis jamais rien à personne et parfois ça me bouffe l'esprit mais j'ai un blocage. parce que je te connais depuis longtemps bo et même si beaucoup de choses ont changer tu as compté dans ma vie je te prends la main pour sortir, tu es mon premier amour et on n'oublie jamais vraiment son premier amour. aujourd'hui c'est différent entre nous, mais ça n'empêche pas que je puisse être la pour toi. tu redeviens froid, tu enlève ta veste et tu ne me regarde même pas. je soupire et je viens me poser devant toi, posant une de mes mains sur ton torse pour te stopper je ne te dois rien et alors quoi ? je devais te laisser dans cet état la ? jamais de la vie ! je n'allais certainement pas te laisser comme ça sans rien faire, sans ne rien dire et ne rien tenter. la pluie commence à s'abattre sur nous, une pluie assez forte. au moins ça permets de nous rafraîchir tous les deux. si tu ne veux pas de moi la clairement dis le moi dans les yeux et je rentre chez moi. je ne sais pas comment car il fait déjà nuit, je n'ai plus de batterie mais je me débrouillerais comme j'ai l'habitude de le faire.

Me bouffer l'esprit... la phrase est presque osée si l'on sait qu'effectivement, mon diabète est en train de bouffer littéralement mon cerveau. Pourtant, je ne relève pas et me contente de soupirer, à nouveau torse nu dans la nuit froide. La température n'est plus qu'une donnée de second ordre dans mon esprit à partir de l'instant où Azur se plante devant moi, décidée à ne pas me laisser le dernier mot. Bordel, j'avais oublié combien tu es têtue... Sainte-Mangouste qui se fout de la charité, bonjour. Je suis très probablement le type le plus buté de l'univers face à elle, qui ne joue pas dans la même cour. Je n'ai jamais dit que tu n'avais pas compté dans la mienne que je réponds non sans planter mes prunelles sombres et sévères dans les siennes. Dans un geste quasi réflexe, je remets ma veste sur les épaules de la demoiselle, m'occupant ainsi les mains et l'esprit un dixième de seconde durant. Hors de question que je te laisse rentrer par ce temps et toute seule en prime. Je ne réponds pas à sa question, je le sais. Savoir lire entre les lignes est toujours mieux lorsque l'on me côtoies. Mais ça, Azur le sait déjà. Je ne t'envoie pas valser par plaisir, tu sais que j'avoue finalement, non sans ajouter aussitôt : ma voiture est pas loin. Je te ramène.