Dean n’était pas d’accord avec le fait qu’elle puisse reconsidérer leur relation si elle et les Hassani ne sentaient un quelconque feeling opéré. Sa famille était importante, mais ce qu’elle ne semblait pas avoir compris était que créer la sienne l’était tout autant – si ce n’était plus -, et que celle-ci primerait sur son foyer actuel, devenant alors secondaire. Le militaire ne se voyait pas tourner le dos à ses parents adoptifs, jamais, mais ses choix avaient toujours été indépendants des avis circulant autour de lui. Il avait alors fait comprendre que cette raison de se séparer ne lui paraissait pas acceptable. Un « je ne veux plus » ne pouvait valoir un « on ne peut pas ». Il la laisserait partir uniquement si la décision était justifiée par des sentiments qui ne seraient plus, un projet de vie qui ne coïnciderait plus avec le sien, contre le reste il se battrait pour la garder sienne ; on parlait inévitablement d’un soldat.

La jalousie était certes difficile à éradiquer, et peut-être s’était-il mal exprimé. Il avait eu en tête que si elle ne pouvait le supporter, il pourrait tout simplement taire ce qui se tramait à l’intérieur de son cœur, au creux de sa tête, mais la réaction de la trentenaire fut toute autre, et il peina à réagir à ses mots. Avait-on déjà fait cet aveu de vouloir le rassurer et l’aimer ? D’aussi loin qu’il s’en rappelait, on avait surtout adoré le voir aussi possessif et un brin paranoïaque – ça prouvait à quel point il donnait de l’importance à sa bien-aimée paraissait-il -, mais jamais on avait supposé être prêt à calmer ce que la jalousie cachait comme craintes. De ne pas être assez. De ne pas suffisamment donner. De se faire évincer.  Ou pire, se faire abandonner. Il était aussi question de respect - que méritait une femme, un couple - , il ne pouvait rester indifférent lorsque ce dernier était défié d’une quelconque manière que c’était.

« Wow » avait été le seul mot qu’il avait pu mimé, et il avait répondu avec humour, incapable encore de se livrer lui aussi à une telle déclaration – même s’il n’en pensait pas moins. Il l’avait titillée et elle s’était montrée un peu vénéneuse, reprenant très vite les rennes jusqu'à le soumettre. Elle l’avait bousculé, puis plaqué contre le matelas en passant reine du territoire. Elle le surplombait, et il ne s’en était pas senti fâché ; peut-être même que la vue l’avait plus que satisfait. Malgré ses yeux plongés dans les siens, il pouvait profiter du corps nu de la jeune femme par extension. Il lui avait souri, et repensant aux mots qu’elle avait prononcés, il l’avait enlacée contre lui, l'obligeant à épouser son anatomie de la sienne. Il l’avait étreinte amoureusement, son visage dans le creux de son cou et avait avoué adorer la façon dont elle voyait sa jalousie, et la manière douce avec laquelle elle comptait l’apaiser, l’aider à surmonter ces moments plus difficiles.

Il répondit à son baiser, et à sa question il ne put que s’exclamer : c’est sérieux ?! Est-ce qu’elle désirait une vraie réponse, ou plaisantait-elle ? Je dirai même que c’est de votre devoir d’être jalouse Mademoiselle Spinelli , leva-t-il un coin de ses lèvres, malicieux au possible, tout en glissant ses paumes sur sa colonne, jusqu’à ses reins, même si j’avoue ne pas réussir à imaginer ce que ça pourrait donner, une Ludo possessive. Il plaisantait, en réalité. Dean savait qu’une femme comme la pompier ne pouvait pas véritablement ressentir un sentiment aussi abusif – trop exclusif pour une femme qui ne l’était pas. Ce n’était pas un véritable critère de sélection, la jalousie, tant que sa compagne pouvait déjà supporter la sienne. Cependant, pour la vivre au quotidien, il savait qu’il n’en ferait pas un drame, et, comme l’Italienne, apprendrait à faire avec –  à accompagner l’autre dans sa quête d’être sécurisé. Et ça, peu de gens en étaient capables, malheureusement.

Qui plus était, Ludovica n’aurait probablement aucune raison de l’être puisque l’Asiatique était habitué à garder ses distances avec la gente féminine. Il ne les touchait pas – pas même une embrassade amicale -, et avait des valeurs bien trop pures pour le monde américain dans lequel il vivait. Les seuls contacts étranges avec lesquels il avait pu communiquer avaient fini dans la corbeille de l’application, et les utilisateurs avaient été aussitôt bloqués. Une fois qu’il commençait à tomber amoureux, c’était impossible pour lui de poser un regard plus qu’amical sur n’importe quelle demoiselle. Alors, que pouvait-elle jalouser ? Il lui adressa une esquisse avant de porter de nouveau ses lèvres abîmées contre les siennes plus douces. Sa bouche avait déjà souffert des conditions d’entraînement dans lesquels il avait été amené à s'exercer, et les nombreux baisers qu’ils s’étaient donnés depuis n’avaient rien arrangé.

Il sentait ses chairs brûler, comme si son visage se trouvait trop proche d’un feu vif de cheminée, et les sillons, déjà ancrés dans ses charnues, se creuser davantage au point de bientôt exploser. Pourtant, il avait encore l’envie de s’y frotter, de faire abstraction de la douleur que leurs embrassades humides provoquaient – parce que c’était bon, tout simplement. Il continua de faire aller sa bouche sur la sienne, délicatement. Ses mains s’étaient peu à peu glissées sur son fessier. Il n’hésita pas à empoigner vivement l'arrondi de ses doigts, à plusieurs reprises, à la façon dont on pouvait pétrir une pâte à lavash. Sujets de discussion oubliés, il était tant pour eux de laisser parler un tout autre mode de communication...

La jalousie est souvent perçue comme une attaque, un manque de confiance envers l'autre mais pour avoir donné mon amour de façon non-exclusive, je sais que ce sont en réalité les failles de l'autre qui sont entrain de se jouer. L'appartenance, c'est une notion illusoire, nous n'appartenons à personne et parfois sacrifier son bonheur au profit d'un pacte ne me semble pas pertinent. Je m'y suis engagée avec toi parce que je sais que tu en vaux la peine, mais si un jour les choses venaient à changer, à évoluer, je te le ferai savoir en toute honnêteté. Une relation amène chacun des partenaires à progresser. M'allongeant sur toi, je profite encore un peu de cette proximité que nous pouvons toujours nous offrir, laissant ma silhouette reposer contre la tienne, j'en plaisante de cette jalousie, de savoir si moi aussi je pourrais me l'autoriser. Je ris. « ah oui ? » Un devoir ? Peut-être parce que ma propre jalousie viendrait te rassurer sur l'amour que je te porte. « Vaut mieux pas... » dis-je en te regardant. « Je peux être sanguine, impulsive, je suis pas certaine que ça fasse ressortir mes meilleures côtés. » Mais on est pas ici pour offrir une façade lisse et acceptable au monde, lorsqu'on se donne de cette façon, on le fait aussi avec ses parts d'ombre et il n'y a pas de raison que tu ne viennes pas à les découvrir elles aussi. Tu n'es toutefois pas un homme qui viendrait nourrir ce genre de sentiments chez moi, parce que tu es rassurant, fiable, loyal et surtout pas volage. Ce sont aussi ces qualités qui m'ont attiré à toi, tu dénotes par rapport à la plupart des autres hommes que j'ai connu, tellement, que je suis prête à renoncer à certaines parts pour te garder près de moi. Tes lèvres viennent de nouveau se poser contre les miennes, baiser timide presque machinal puis qui vient s'appuyer davantage, comme si la présence de l'autre ne suffira jamais à contenter nos propres désirs. J'en veux toujours plus et il semble que toi aussi. Serons-nous pareils lorsque nous saurons que le temps ensemble n'est plus compté ? Je l'ignore mais pour le moment, ces simples rapprochements suffisent à de nouveau me réveiller. Jouant de mes courbes contre tes mains, je sens un sourire satisfait étirer mes lèvres candides et dépravées. Nourrissant la possibilité d'être à la fois les deux. Je laisse mes jambes se plier à nouveau de façon à retrouver une posture plus cavalière, buste redressé et offert sous tes yeux, mes hanches amorcent l'appui lascif contre ta virilité, mes intentions sont claires, le regard plus sombre et diabolique. « Tu vas arriver au front exténué Monsieur Hassani. » Mèches qui viennent rebondir de mon visage vers le tien comme pour commenter mon affront. Je suis exténuée moi aussi mais bien trop empressée pour renoncer à la moindre de tes parcelles avant que le sommeil ne nous empêche.