Deux jours.. Deux fichus jours que j’étais dans cet appartement, deux jours à ne plus parler, ne plus entendre.. Deux jours que je m’activais à faire des cartons, la panique s’emparant de moi de temps en temps… Le silence, oppressant… J’avais parler à Yance, et à Virgile. Je ne pouvais rester seule, il avait raison, mais comment le dire à mes proches sans avoir droit à la pitié, et puis… Colin était heureux à New-York, ma soeur était je ne sais où , tout comme mon frère, et Magicka avait Kale… Alors j’étais seule, définitivement seule avec mon silence, enfermée dans cette salle sans issue possible, j’avais cette sensation oppressante, mon coeur qui battait sur fort. La panique alors que j’avais cesser de parler à V. . Me plaindre , être faible ce n’était pas moi.. Et pourtant c’est ce que j’étais, je n’étais pas pas la nana forte que je laissais entendre à tous.

ARRGGH ! Un cri, un désespoir et cette assiette qui n’était pas la première à atterrir contre le mur, le sol ou autre surface dur pour faire du bruit, pour que mon cri , lancé comme un appel à l’aide, pour que ce fracas de vaisselle brisée soit entendue ! Je voulais entendre… Les larmes avaient rougies mes yeux, et j’avais abandonnée l’idée, ramassant le verre pour ne pas me blesser…

Mais V. il allait venir. Je ne voulais pas le déranger, c’était ca, le côté pratique avec ce homme, sans visage, sans prénom, mais rempli d’émotions, je ne pouvais pas voir dans son regard ce que je ne voulais pas voir. « La pauvre.. » Je ne voulais pas être ce genre de femme, qu’on pense ce genre de chose… C’était pour ça que je m’étais confiée à lui, mais je n’avais pas chercher à lutter, un ordre il avait dit alors je lui avais donné mon adresse, et j’étais là.. Assise sur le canapé, Nova à mes pieds, attendant… La télé, noire, éteinte, à quoi bon… Les cartons un peu partout, certains clos, d’autres encore ouvert, et le grand escalier qui montait vers l’étage…

Et comment j’allais savoir ce qu’il me disait,… Et si c’était pas encore pire quand une personne essayerait de me parler et que je me rendrais compte que je n’entends pas un traitre mot de ce qu’il va me dire… Je fixe cet écran noir en réfléchissant à ce que j’allais pouvoir lui dire,… Parler..Deux jours que je n’ai pas ouvert la bouche autre que pour des sanglots et hurler… J’aurais tellement aimé entendre le son de sa voix, qu’il m’appelle comme on en avait parler, pour entendre son bonne nuit, mais ça ne se passerait pas comme ça…


@Alejandro Ortega

Les genoux remontés sur ma poitrine, mes bras qui les entourent, je sens mon portable vibrer.. Heureusement la technologie à évolué. Je regarde et secoue la tête. Parker, mon meilleur ami. Juste un sms pour me dire qu’il a refait les stocks de D-Lice et qu’il profite de sa soirée avec sa chérie. Je l’adore mais là, j’ai pas la force de répondre, je ne peux pas … Je ne veux pas l’inquiéter ceci dit.. Je suis en train de taper ma réponse quand une enveloppe s’affiche.
V.. Il est en chemin presque là… Mais c’était pas possible. On ne pouvait pas. Pas comme ça. Des mois, qu’on parlait, rando, paysage, spot de tout et rien, moment plus tendre, et presque intime avec des photos, mais jamais nos visages, jamais nos prénoms, pas énormément de détails. Preuve en est , il avait appris pour ma surdité il y a deux jours, et … Ignorait encore tout pour Jake, enfin… C’était compliqué… Je ne pouvais pas le voir. Et comment j’arriverais à lui parler, à lui dire quoi que ce soir et l’entendre…

Je pose mon téléphone et laisse ma tête aller sur mes genoux. Je l’avais inquiété pour rien… Enfin rien… Les débris de vaisselles dans un sac, mes cartons tous fait au plus vite, je n’avais que ça à faire.. Mes cheveux pas coiffés, ma tenue n’était même pas présentable… Nova se lève et va vers la porte. Je l’ai vu du coin de l’oeil.. Je la regarde en fronçant les sourcils.. Claquant des doigts, elle se tourne mais file vers l’entrée. Mon portable vibre de nouveau. Il est là.. Je souffle un grand coup et me lève. Me tenant un peu plus, la peur au ventre. Et s’il n’était pas ce que je pensais. Étrange réflexe de flic surement, je sais exactement où est la première chose qui pourrait me servir pour me défendre.. La main sur la poignée, j’ai du mal à la tourner, j’ai du mal à réaliser que j’allais enfin rencontrer Virgile. Mais j’ose, car il n’a pas fait tout ce trajet pour rien… Et qu’il est surement un des seuls que j’ai envie de voir là maintenant.

La porte s’ouvre et… Mon regard se pose sur l’homme qui se trouve en face. Alejandro… Mes yeux s’écarquillent, je vois qu’il est aussi choqué que moi. Cheryl.. Il se souvient de mon prénom, je le lis sur ses lèvres. Je le fixe, je n’ose pas bouger. Ce n’est pas V. Pourquoi lui ? Pourquoi il est là ? Je fronce un peu les sourcils mais je n’ai pas le temps de réagir qu’il pose son sac et vient me prendre dans ses bras. Etreinte protectrice, réconfortante, son parfum qui vient chatouiller mon nez, si doux… Je ferme les yeux un instant. C’est tellement agréable.. Mais lorsqu’il recule , je fixe ses lèvres, voyant qu’il veut me parler. V. ? Je secoue un peu la tête.. oui je le comprend mais non.. Ce n’est pas lui.. « Alejandro…? » Je murmure, ma voix enrouée après deux jours de presque silence.. Je recule et le laisse entrer, faisant signe à Nova d’aller au panier. Elle n’a pas besoin de me défendre elle le sait très bien, elle l’a sentie… Il n’est pas V.. Je suis perdue…

Il était là.. Mais c’était impossible, cet homme avec qui la connexion avait été si rapide. Ce n’était pas mon Virgile. Je me souviens encore de son corps contre le mien, son regard pétillant, alors que des rythmes latinos nous entrainaient. J’avais pu les entendre car la musique était forte et qu’il était en rythme avec celle-ci. J’avais pu sentir son corps bouger sous le tempo de cette danse caliente. Mais je ne comprenais pas comment j’avais pu ne rien voir. Ne pas sentir que c’était V., ne pas le deviner… On avait parler des heures, des jours, des mois… Et moi je n’avais rien vu.

Lorsque son corps s’approcha du mien, que ses bras me serraient dans leur étreinte. Son odeur, pas de doute, c’était l’homme avec qui j’avais danser la salsa. Et vu que sur mon portable, c’était Virgile qui m’envoyait les messages… C’était bien lui. Je secouais alors la tête d’un signe de négation avec un petit sourire timide. Non, je n’étais pas déçue. Cette soirée avait été un très bon moment, même si j’avais peur de l’avoir déçu en arrêtant notre échange un peu prématurément. Mais cette danse était encore en train de faire chauffer mon sang dans mes veines.

Je portais alors mon index à mes lèvres, en haussant un peu les épaules. Temps qu’il serait en face de moi, et parlerait pas trop vite, je pourrais comprendre ce qu’il disait. Lire sur les lèvres, pratique en planque, de loin avec les jumelles, oui un peu comme dans les films. Mais moi, pour lui parler... J’avais tellement peur que ma voix ne soit plus la même que j’avais pas prononcé un mot depuis trop longtemps mis à part son prénom, que je ne savais même pas quel volume se serait ne l’entendant pas.

Mais il entre ses affaires et j’entre un peu plus dans l’appartement. Sa question est légitime, mais je ne sais pas répondre, pas avec ma voix, alors j’hausse juste les épaules, et le fixe, les yeux brillants, je suis perdue, il est là.. Il est avec moi, je ne suis pas seule. Il communique, il arrive à se faire comprendre de son côté je dois en faire de même. Alors il doit le lire sur mon visage, que ca ne va pas, même si je minimise encore mon état, mais par contre, si je devais parler… Ce serait plus compliqué. Je saisis alors mon portable, et lui envoie un sms. « Tu veux boire quelque chose? » Je ne voulais pas être malpolie, sourde c’était déjà assez..

Alors V.. Virgile..C’était lui. Je n’arrivais pas à y croire. Comment c’était possible ? Je ne cessais de me répéter cette phrase encore et encore, mais c’était mon enfer personnel qui la voyait résonner dans cette pièce sans issue, dans mon nouveau silence. Un natif de Porto Rico ?.. Pas du tout, il était sur le bateau… V. si près et si loin, seul le fait qu’on était des inconnus étaient notre barrière, si à ce moment, j’avais déjà vu sa photo j'aurais su, que c’était lui…

Faisant attention après mon signe sur ma lèvre, il y aurait sans doute des moments où je devais lui dire de me regarder, j’avais déjà vu des gens le faire à l’ORL, mais il était attentif et avec le temps… Si le temps nous l’avions, ce deviendrait naturel. Je n’en savais rien s'il allait rester à mes côtés. Aux vues de la valise il semblait ne par repartir tout de suite de Boston.. Mais combien de temps resterait-il avec moi ? Il venait d’arriver , et ma solitude était en train petit à petit de s’envoler.

Je sors alors mon portable pour lui écrire, j’avais peur que ma voix soit touchée, et j’aurais tellement aimé qu’il l’entende, encore, sans.. tout ça. J’approuve d’un signe de tête et file en cuisine, dans le frigo chercher deux bières. Je les ouvre et lui en tends une, remarquant ma chienne à ses pieds, elle est douce, n'a pas peur, et c’est aussi mon alarme, sans elle j’aurais vraiment vrillé, bien plus que là.. Même si depuis l’arrivée de V.. D’Alejandro, j’étais plus en sécurité, sereine.

Lorsqu’il parle de manger.. J’ai envie de répondre, mes lèvres s’ouvrent mais je les referme en les pinçant, nerveuse, et lui fais signe d’attendre. Je vais chercher de quoi écrire. « Tu restes manger? Merci… D’être là. Pizza c’est parfait. » J’écris et lui montre. Je suis contente qu’on communique mais je suis triste.. Cette voix, celle qu’il avait pu entendre… C’était la peur car en soi je n’étais muette mais sourde. Je prend de nouveau le crayon et lui marque alors. « Tu es un super Virgile, même si ce n’est pas ton prénom. » Petit sourire aux lèvres je met le papier devant moi comme un écriteau et attend qu’il lise pour voir sa réaction.

Le voir attentionné était touchant. Il m'avait dit être là dans les 24/48 heures mais je pensais à une blague. Pas à la réalité. Comment avait-il fait ? Je notais dans un coin de ma tête cette question. Je lui poserais sans doute dans la soirée. Nova semblait ravie qu'il lui accorde de l'attention elle aussi. Il fait dire que ces derniers jours. La voisine passait la prendre pour la sortir et la ramenait à la maison. Mais je n'avais plus autant de moment complice en extérieur avec elle.
Alejandro faisait aussi des signes a croire que l'un et l'autre nous tenions à rester vigilant aux besoins de l'autre.
Mon sourire se dessine. Il ne devait pas être difficile à supporter. cet homme était une boule d'amour en message. Ce danseur de salsa était vraiment sympathique alors... Oui. Je voulais qu'il reste.
Je fais un signe de la main pour lui faire comprendre que non il pouvait rester chez moi. Qu'il devait oublier l'idée de partir. Pour le moment... La solitude me faisait tellement peur... Seaside n'était pas loin mais l'appartement était assez grand pour deux. Largement.
Mon papier près de moi. "Pourquoi Virgile ? J'aime bien Ale. Mon surnom c'est Cha' mais ... Appelle moi comme tu préfères."
Je ne doutais pas que ce mode de communication ait ses limites mais pour le moment.. c'était une solution. Je vois une gorgée de bière et reviens près du salon. Il est installé dans le canapé. Je viens donc le rejoindre. Nerveuse... Un peu. C'était pas n'importe qui. Je me souvenais de ses mains sur mon corps , de ses lèvres sur les miennes... Je m'installais tout de même sur le canapé. En riant légèrement. Je n'ai pas.eu le temps de contrôler de cacher mon rire. Et même si je ne l'entends pas il s'échappe de mes lèvres. Je lui répond d un signe de tête, avant de chercher mon papier, mince il est rester sur le plan de travail... Mon regard se pose sur le sien. Hésitante à aller chercher ce carré blanc et ce crayon qui était un moyen pour moi de lui parler. De lui dire que non... Si jamais voulu me trouver je l'aurai fait longtemps avant pour voir son sublime sourire. Pour croiser son regard puissant.. Mais je me retrouve juste la perdu dans son regard... Secouant légèrement la tête. Avant de venir doucement m approcher de lui.. Me blottir dans ses bras. Contre son torse. "Merci V." J'ai parler. Encore cette voix brisée, murmure... Mais ce n'était pas un mot qu'on écrivait...