Notre week-end prenait un sens tellement plus important qu'un simple week-end entre amoureux. Lukas et moi nous donnions encore plus corps et âme au sein de notre Neakas. Au-delà de marquer nos peaux, les mots venaient s'encrer dans nos cœurs. Les déclarations prenaient place dans notre réalité. La bague était apparue sous mes yeux. Cette bague accompagnée de propos que je n'attendais pas ce week-end. Cette bague et ces promesses qui me bouleversaient. Mio Amore prenait ma main pour m'aider à calmer les tremblements de mon être. Il souriait lorsque je parlais de mon incapacité à trouver une réponse avant de m'attirer contre lui. J'étais si bien contre lui. Sa main dans mon dos, son cœur battant si proche du mien, ses lèvres sur mon front et... Des excuses ? Je secouais négativement la tête « Nan Amore... Sois pas désolé... Ce... C'est une bonne surprise... Et je... J'veux pas que tu sois désolé de ça... » Il ne devait pas être désolé de m'offrir le bonheur et de me faire du bien comme ça. J'hésitais sur le destin de cette bague et Mio Amore confirmait qu'elle était pour moi me décrochant un sourire d'enfant. La bague glissait dans ma paume et je la fixais en silence alors que mon copain détachait mon collier. Il reculait me disant de faire glisser la bague et je le faisais sans perdre de temps l'observant venir doucement cogner contre le N. Les yeux brillants, le cœur battant, je relevais mes prunelles sombres sur Lukas pour demander « Tu me le rattaches mon cœur steuplait ? » avec une moue enfantine. Le collier retrouvait sa place autour de mon cou. Je baissais les yeux observant le N et la bague qui m'accompagneraient tous les jours à présent. Mordillant nerveusement ma lèvre, je relevais les yeux pour demander « Amore... Elle... La bague... Elle... Pourquoi... Pourquoi tu dis qu'elle est liée à nos mères...? » J'avais besoin de savoir. Besoin de comprendre. Parce que j'avais l'impression d'avoir déjà vu ce bijou.

Bien sûr que je m’attendais à subir des émotions au cours de ce week-end loin de Boston. Il s’agissait du dernier véritable week-end que je pouvais partager en tête à tête avec mon copain. Le week-end d’après, nous serions déjà installés chez Summer à attendre l’arrivée d’Aurore. Ce week-end marquait un tournant dans notre couple. C’était comme une manière pour nous de dire que nous étions ensemble et que nous allions le rester, malgré tout le bazar qui risquait de se pointer. Malgré nos vies effrénées depuis quelques semaines, Neakas vivait. Plus fort que jamais. Encore plus amoureux qu’avant, mais peut-être moins amoureux que dans le futur. Ce futur qui me percutait de plein fouet. Les émotions s’emballaient. Je ne m’attendais pas à ça. Je savais que j’allais me faire ce tatouage, mais je ne m’attendais pas à celui que Lukas s’était fait. Je savais que j’allais lui faire une telle déclaration – même si elle arrivait un poil trop tôt dans notre week-end – mais je ne m’attendais guère à tous ces propos qui glissaient entre les lèvres de mon copain. Tous ces propos qui étaient en plus accompagné d’une bague. Ce n’était pas rien. Les émotions étaient trop intense pour ce week-end et j’avais du mal à calmer mon être. Mon cœur cognait trop fort. Ma respiration s’emballait. Et je tremblais. Je tremblais au point que mon copain me touchait cherchant à me calmer au travers d’excuses que je ne voulais guère. Je ne voulais pas qu’il se sente mal. Je ne voulais pas qu’il revienne sur ces actes. Il acceptait sans broncher de ne plus s’excuser et moi j’étais bien. Bien parce que, même si ces déclarations étaient fortes et inattendues, elles me faisaient tellement de bien. Tout comme me retrouver avec cette bague au creux de ma main. J’avais l’impression de n’être qu’un gamin à qui on venait d’offrir le cadeau qu’il attendait depuis des mois. Je souriais à m’en faire mal aux joues et je laissais Mio Amore défaire le collier autour de mon cou. Lorsque la chaîne fut devant mes yeux, la bague venait rejoindre ce N qu’il m’avait déjà offert et je souriais encore plus avant de lui demander de me la remettre autour du cou. Mon petit-ami s’exécutait veillant à laisser apparaître les bijoux à la vue de tous et me décrochant un nouveau sourire. Voulait-il vraiment que tout le monde sache à ce point que j’étais à lui ? Mordillant ma lèvre, je venais le questionner sur le lien entre cette bague et nos mères. La réponse ne tombait pas directement. Il me rapprochait de lui m’offrant un rapide baiser qui aurait pu me faire gémir de frustration si je n’attendais pas autant sa réponse. La main de Lukas glissait dans mon dos avant de finir sur ma hanche pour m’inviter à marcher. Et l’histoire se lançait. J’écoutais attentivement. Je ne perdais pas une miette. Je laissais mon copain souffler toute l’histoire sans chercher à l’interrompre quand bien même j’avais envie de lui dire qu’il pouvait continuer de dire Martha en parlant de ma mère. Je mordais ma lèvre pour retenir ces larmes qui montaient au fil des mots glissant. Des mots qui laissaient passer une réalité aussi touchante que douloureuse. Le silence retombait et j’hochais doucement la tête reniflant. J’avais été incapable de ne pas pleurer… Encore une fois. Je restais silencieux quelques minutes comme pour encaisser toute cette histoire à laquelle je ne m’attendais pas. Mordillant ma lèvre, je jouais déjà distraitement avec la bague qui se trouvait autour de mon cou en babillant « Je… J’ai… Dans… Dans l’appart, j’ai… J’ai un carton d’affaires qui appartenait à Mamma… Et je… Je… J’l’ai jamais ouvert… Elle… Peut-être… Peut-être que la deuxième bague est dedans… » Ouais peut-être qu’elle s’y trouvait. Je ne pouvais pas savoir. Je n’avais jamais osé ouvrir ce carton parce que j’avais trop peur d’avoir mal devant tous ces souvenirs. Je ne m’étais jamais senti assez fort pour le faire. Haussant les épaules, je replongeais dans le silence appréciant simplement le moment que je partageais avec mon copain et pensant à cette deuxième bague que je pouvais peut-être trouver pour l'offrir à Mio Amore.

Dis Amore, tu pensais vraiment que ce week-end se déroulerait de cette manière ou tu imaginais autre chose ? Quelque chose d’encore plus grandiose. Quelque chose d’encore plus exclusif. Quelque chose qui te ferait peut-être encore plus plaisir. Dis Amore, à quoi pensais-tu lorsque je t’ai parlé de ce tatouage ? Me croyais-tu capable d’être réellement fidèle et de pouvoir te le promettre? Les questions tournaient dans ma tête tandis que la bague venait doucement rejoindre le collier qui ornait mon cou. Cette bague à l’histoire particulière que j’allais demander dans quelques instants. Cette bague qui, en plus de nos tatouages, venaient sceller quelque chose de plus sans doute. Ça faisait de nous plus que ce que nous étions non ? Peut-être. Peut-être pas. Je ne parvenais guère à savoir. Je savais que ça ne changerait rien pour moi. J’aimerai Lukas de la même façon. Je serai toujours aussi présent pour lui. Je serai toujours le même parce que je ne pouvais pas changer en un claquement de doigt. Mais, aux yeux des autres, nos tatouages et cette bague voudraient dire quelque chose non ? Ouais. Sans le moindre doute. Alors je savais que je n’en parlerai pas. Je n’en parlerai pas parce que je ne voulais pas répondre à ces questions qui me foutraient mal à l’aise ne sachant guère comment expliquer notre histoire. Notre Neakas particulier. Tout comme cette bague à l’histoire particulière. Cette histoire qui tombait dans mes oreilles tandis que nous marchions dans la rue. Le pouce de Lukas glissait sur ma hanche comme une caresse rassurante qui m’ancrait dans la réalité. Une caresse qui m’empêchait de perdre pied, mais qui ne savait pas calmer les larmes qui glissaient. Je ne pouvais pas les empêcher. Elles survenaient parce que je ne m’attendais guère à tout cela. À toute cette histoire. À toute cette signification. Du passé. Du présent. Ce n’était pas rien. Ça me touchait. Ça me chamboulait. Ça me perdait. Finalement, lorsque j’étais capable d’ouvrir la bouche, je venais parler du carton que je traînais avec moi. Ce carton qui m’avait suivi de villes en villes et de pays en pays. Ce carton que je transportais depuis de trop nombreuses années derrière moi et qui demeurait toujours si parfaitement clos. Je ne m’étais jamais senti capable de l’ouvrir et de découvrir tous les trésors qu’il pouvait renfermer. Je savais simplement que tout ce qui se trouvait à l’intérieur appartenait à ma mère. Et, soudainement, je ne pouvais m’empêcher de me demander si la seconde bague se trouvait dans le carton. La voix de Mio Amore me tirait de mes questionnements et je mordillais nerveusement ma lèvre sous les mots qu’il soufflait. Ses lèvres glissaient sur mon front me poussant à fermer les yeux et à soupirer de bien-être. La marche continuait tandis que j’avouais « J’sais pas si je serai prêt un jour… » Je n’en savais rien. La curiosité pulsait. J’avais envie de découvrir tout ce que ce carton renfermait. Mais, j’avais trop peur. Peur d’avoir mal. Peur de faire trop de cauchemars. Peur de découvrir des choses que je ne devais peut-être pas découvrir. Soupirant, je me plongeais dans le silence fixant la rue droit devant nous. J’effaçais ces pensées de mon esprit et je profitais simplement. Profiter de notre bulle à nous. Profiter de notre week-end à nous. Le tout dernier à deux avant un moment.