Relentless game
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with @Neal T. Hood-Spritz & @Salvatore Denaro
warning : insulte.
27.06.23 Lord Hobo.

“Je vous le dis. Il faut que je sorte tout de suite.” Alors qu’il se rendait au bar pour récupérer les commandes de ses amis et prendre lui même une Guiness, une jeune femme blonde le bouscula, s’éloignant de ce dernier. “Et la raison pour laquelle il faut que je sorte tout de suite.” Elle gesticulait, hurlant, le regard perdu et attirant dans le même temps toutes les paires d’yeux sur elle, y compris celle du sicilien. “Ecoutez-moi bien tout le monde. Vous pouvez me croire ou ne pas me croire. J’en ai strictement rien à foutre.” Elle se retourna pour faire face à l’assemblée de clients disparate et assez nombreuse en ce mardi soir. “Mais je vous le dis ce fils de pute…” Elle pointa du doigt droit devant elle, derrière Salvatore et la plupart des personnes présentes. “... ce sale fils de pute là-bas n’est pas réel.” poursuivit-elle avant de garder le silence, tremblante et les larmes coulant sur ses joues, y laissant des traces de mascara. Dans un même mouvement, le sicilien et le reste de l’assemblée vers l’endroit qu’elle pointait derrière eux, cherchant de qui elle voulait parler. C’était un peu compliqué de déterminer de qui elle voulait parler exactement pour être honnête. Un client ? Le barman ? Une serveuse ? Salvatore se retourna à nouveau vers elle, en même temps que les autres clients confus, quand elle reprit la parole, la voix chevrotante. “Et vous pouvez tous rester dans ce bar et mourir avec lui ou pas. Mais moi, je ne reste pas !” Sur ce, elle sortit en trombe des lieux sans demander son reste, laissant les gens dans la plus grande des confusions.

Après quelques instants de battement, Salvatore haussa les épaules, fronçant les sourcils, et poursuivit sa route jusqu’au bar s’y installant avant de s’adresser à celui derrière le comptoir. “Deux blondes, une Guiness et une ambrée, per favore.” Il rejeta un petit coup d’oeil autour de lui alors que les conversations alentours revenaient doucement. “Mais du coup, c’est qui qui n’est pas réel ?” interrogea-t-il le blondinet face à lui et qui s’activait, sans plus lui prêter d’attention, pendant qu’il tapotait de sa carte gold le bar. Est-ce qu’il était sensé voir la personne si elle n’était pas réelle ? Ou puisqu’elle n’était pas réelle, l’inconnue avait-elle désigné une personne qu’elle était la seule à voir ? Mais dans ce cas, comment avait-elle pu la voir si elle n’était pas réelle ? Il se passa la langue sur ses dents tentant de se concentrer sur la vibration des lieux mais ils étaient bien trop vivants et agités pour détecter une quelconque anomalie mystique. Ses cristaux ne lui étaient d’aucune aide.

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warning : esprit et fantôme.
27.06.23 Lord Hobo.

Son regard continuait d’observer cette porte derrière laquelle la jeune femme avait disparu après avoir lancé son étrange malédiction. Il s’y connaissait pourtant en la matière et quelque chose le chiffonnait. Peut-être était-elle effectivement sous l’emprise d’alcool ou de quelques substances illicites mais il était bien placé pour savoir que derrière la réalité se dissimulait tout un monde invisible d’énergies et d’entités qui prenaient un malin plaisir à s’amuser avec les êtres humains. Son regard se tourna sur la salle, tentant de retrouver l’origine de l’ire de la jeune femme. Elle avait désigné de manière sommaire le fond de la salle mais cette dernière était tellement remplie qu’il était bien compliqué de savoir quelle était la personne irréelle qui allait entraîner leur perte à tous s’ils restaient en ces lieux. Avait-elle vu l’homme-papillon, annonciateur de mauvais présage ? La Faucheuse qui venait réclamer son quota d’âmes avant le lever du soleil ? Il mit en branle son sixième sens mais l’ambiance était bien trop vivante et chaleureuse pour qu’il puisse détecter quelque onde malfaisante. Il se passa la main sur les cristaux qui entouraient ses poignets, ces derniers ne servant pas uniquement d’accessoires à la mode. Au moins les protègeraient-ils.  

“Mmmh forse…” répondit-il au barman, peu convaincu, avant de reposer son attention sur lui tandis qu’il préparait sa commande. “Non credi nel fantasmi ?” l’interrogea-t-il de but en blanc, appréciant de discuter des croyances des uns et des autres et tentant d’analyser les energies qui pouvaient se dégager des personnes. Il ne remarqua pas tout de suite qu’il avait parlé en italien, la réaction troublé de son interlocuteur lui en faisant prendre conscience. “Scusami.” s’excusa-t-il. “Parfois, je dérape.” Il adressa un sourire chaleureux au barman en traduisant, ayant bien conscience que tout le monde, moins encore aux Etat-Unis, parlait et comprenait la plus belle langue du monde. “Vous ne croyez pas aux esprits ?” D’un air curieux, il observait chacun de ses gestes assurés, réalisant les cocktails et boissons commandées d’une main de maître que l’étudiant en art serait bien incapable de réaliser. Il fallait être précis pour ça et ce n’était clairement pas son fort.

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27.06.23 Lord Hobo.

Habituellement, il était davantage attiré par les autres consommateurs des lieux, cherchant une proie soit mercantile, soit amicale, soit sentimentale pour ne pas évoquer autre chose. Mais le sicilien, ce soir, était bien plus intrigué par le ménage joué en fa mineur par la jeune femme blonde et ses répercussions sur le barman. Il y avait quelque chose chez lui qui le titillait sans qu’il ne sache réellement la raison qui se dissimulait derrière ceux-là. Sans doute parce que l’observer faire d’une main de maître cocktail après cocktail avait quelque chose de thérapeutique et d’apaisant pour le bruyant italien. Ou peut-être parce que sans le vouloir, ils avaient partagé ensemble, durant quelques secondes, la bulle délurée de l’hystérie quasi surnaturelle. Il fit aller ses doigts sur le bois du bar, apposant sa paume dessus comme pour écouter ce que ce dernier avait à lui raconter. Il était persuadé que les lieux conservaient une mémoire des choses et qu’il suffisait d’être suffisamment attentif pour qu’ils en dévoilent leurs secrets les plus sombres comme les plus joyeux. Quand son interlocuteur lui indiqua ne pas croire aux fantômes, les lèvres pleines du méditarranéen s’avancèrent en avant, refusant de le croire ou du moins ayant bien du mal à comprendre ceux qui refusaient d’ouvrir les yeux. Mais après tout, chacun devait avancer à son rythme et il ne l’en blâmerait pas. Il attrapa quelques cacahuètes qu’il glissa dans sa bouche prêt à commenter quand un incident se réverbère de la salle jusque derrière le bar. Ses sens se mirent en éveil et un large sourire se dessina sur ses traits en l’entendant insulter en italien son collègue de travail. “Parli italiano ?!” (1) commenta-t-il, véritablement amusé par la situation. Que c’était bon d’entendre cette langue chantante et gorgée de soleil résonner à ses oreilles. “Mi manca…” (2) soupira-t-il. Cela faisait un moment qu’il n’était pas rentré aux pays et même si les guerres intestines de la Famille ne lui manquait pas, sa cadette et son île énormément.

“Neal, c’est ça ? Salvatore. ” se présenta-t-il avant de poursuivre en italien, bien trop rouillé et heureux de pouvoir le faire avec quelqu’un qui pourrait enfin le comprendre. C’était drôle de voir bégayer son colocataire mais assez frustrant au final par égard pour ce dernier. “Certo che credo nei fantasmi. Non dimentichiamo mai niente e nessuno.” (3) Il prit une gorgée de sa boisson avant de préciser. “Ca ne te gêne pas que je parle italien avec toi ? Ca fait du bien de pouvoir le faire.” s’excusa-t-il en papillonnant des paupières, histoire de gagner quelques points en ce sens. “Credo … la morte non ferma nulla. Non può finire così. Esserci poi non esistono più affatto. E impossibile !” (4) Il leva les mains en l’air d’un air innocent. “Non sto dicendo che il tuo bar sia infestato.” (5) Il désigna la porte par laquelle la jolie blonde avait disparu. “Ma creda…” (6) Il touilla dans les cacahuètes avant de relever la tête vers le travailleur, lui adressant un léger sourire empreint de mystère. “Se non i fantasmi, forse il passato.” (7) Parfois, c'était même les deux.

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1. 1- Tu parles italien ?
   
2. 2- Ca me manque
   
3. 3- Evidemment que je crois aux fantômes. On n’oublie jamais rien, ni personne.
   
4. 4 - Je crois … que la mort n’arrête rien du tout. Ca ne peut pas s’arrêter comme ça. Être là et puis, ne plus exister du tout. C’est impossible.
   
5. 5 - Je ne dis pas que ton bar est hanté.
   
6. 6 - Mais elle le croit.
   
7. 7 - Si ce n’est les fantômes, peut-être le passé.

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Il avait bien du mal à appréhender son interlocuteur. Habituellement, Salvatore parvenait assez bien à caser ceux qu’il était amené à rencontrer, même de manière aussi fugace qu’en commandant une boisson. Il était mieux placé que quiconque pour savoir détecter les micro trahison d’un corps : le regard qui s’attardait ou fuyait, la tension dans les épaules, le mécanisme automatique de gestes refuges, la manière dont les cils pouvaient battre ou les doigts s’échapper. Il était loin d’être mentaliste mais ses années de pratique artistique lui avaient permis de faire attention aux multiples détails de l’être humain. Ce Neal néanmoins restait un mystère dont il avait tout particulièrement envie de creuser profondément ce soir. Au sens figuré comme au sens littéral. Il se passa la langue sur les lèvres avant de s’emparer d’une olive dans l’un des bocaux comme on retrouve dans tous les bars dignes de son nom. Il glissa ses lèvres pleines dessus, jouant avec cette dernière dans sa bouche, l’entourant de sa langue prémices de ce qu’il était capable de faire pour le barman un peu trop tendu qui se trouvait face à lui. “Non sei molto loquace.” (1) constata-t-il, un air clairement amusé dans sa voix, faisant davantage chanter cette dernière tout en l’observant faire. Il lui adressa une petite moue déçue quand il lui indiqua ne pas souhaiter lui répondre en italien. “Per qué ? Hai un bell'accento. Da dove viene ?” (2) lui demanda-t-il, curieux de savoir où il avait vécu pour que le naturel ressorte sur ses insultes. Il avait laissé glisser son personnage trop peu de temps pour que le sicilien parvienne à le situer. “Roma ?” tenta-t-il de manière un peu facile. Mais il fallait croire que contrairement aux autres barmen, celui-ci n’entendait pas réellement causer avec la clientèle pour tirer au flan. A la grande déception de Salvatore, il lui servit sa commande bien trop rapidement. “Grazie.”

Il n’avait plus de raison de rester au bar désormais et aurait dû apporter rapidement les boissons à ses amis qui les attendaient sûrement assoiffés et ne tarderaient pas à venir lui réclamer de se bouger les fesses, mais il n’avait pas envie de se bouger. Qu’ils viennent râler, ça l’arrangerait. Il s’empara de son propre verre sans décoller de son tabouret et but une gorgée de ce dernier, sans quitter du regard Neal. “T’as l’air tendu.” constata-t-il, reposant son verre sur le bar et finissant par se lever pour récupérer les consommations de ces comparses, semblant rendre les armes. “Je peux te proposer une chose.” poursuivit-il néanmoins, d’un ton léger, sans prendre la peine de lui accorder plus d’attention que ça et sans réellement utiliser de ton interrogatif. Il avait pris sa décision et il savait parfaitement qu’elle ferait mouche. Il n’y avait aucun doute là-dessus. “Laisse moi apporter ça à mes amis et trinquer avec eux.” poursuivit-il montrant les verres qu’il maintenait entre ses doigts avec dextérité. Sur ces dernières paroles, il lui adressa un clin d’oeil avant de retourner à sa table, accueilli avec cri de joie et de soulagement par son entourage. Il eut beau cependant prendre place à leurs côtés, il ne lâcha pas du regard le barman, en dépit de la foule présente comme si son regard ardent ne pouvait se détacher de ce dernier, s’imaginant déjà les milles et uns cris de plaisir qu’il pourrait soutirer du plus grincheux des employés.

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1 - Tu n’es pas très causant.
2 - Pourquoi ? Tu as un bel accent. Il vient d’où ?

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Encerclé de ses amis et connaissances, noyé dans une foule joyeuse et sirupeuse, le sicilien ne lâcha pas d’un regard le barman qui s’agitait désormais de l’autre côté de la salle. Il ne laissait rien paraître si ce n’est un léger sourire en coin couplé d’une intensité sensuelle dans le regard. Il ne pouvait s’empêcher de remarquer combien il semblait l’avoir troublé et il comptait bien en tirer avantage. Le voyant filer hors de son bar bien avant le temps imparti, Salvatore émit un léger rire qui intrigua sa voisine de droite, cette dernière l’interrogeant sur la raison de son esclaffement. Il la rassura : non, il ne se moquait pas de ses histoires avec sa meilleure amie qui se disputait le même garçon. Pour la calmer, il lui adressa un baiser sur la joue, au coin des lèvres, avant de se délecter de son verre, prenant le temps. Si Neal semblait vouloir accélérer les choses, il était hors de question que les promesses de l’étudiant en art ne soient pas respectées. Il lui avait laissé un laps de temps de 10 minutes, ce ne serait pas plus, pas moins. S’il était encore dans l’arrière cour quand le peintre l’artiste le rejoindrait, le compte serait bon et le désir de l’employé des lieux fermement démontré. Les éclats de voix détournèrent son attention de la porte derrière laquelle le blondinet avait disparu et il prit joyeusement par à la conversation durant quelques minutes, n’hésitant pas à titiller ses compagnons et à s’amuser des flirts maladroits qui s’échangeaient autour de cette table. “Scusami, bella. J’dois aller décharger.” s’excusa-t-il auprès de sa voisine qui prit une mine dégoutée avant de se plier à l’invitation du sicilien. “Toujours aussi classe.” commenta-t-elle en se levant afin de le laisser passer à nouveau. Il rit doucement et étira son corps longiligne en quittant la table.

Plutôt que de prendre le chemin des toilettes, cependant, il se dirigea vers la porte empruntée quelques instants plus tôt par le délicieux barman qu’il retrouva en train de savourer une cigarette. Il referma la porte doucement derrière lui mais le bruit vivace puis etouffé du bar ne pouvait qu’attirer l’attention, même s’il avait voulu se faire discret. Un sourire carnassier se répercuta sur ses pupilles mordorées face aux propos du jeune homme. “Certo, certo.” (1) répondit-il amusé, avançant vers lui d’une démarche aussi chaloupée que prédatrice, lui donnant l’allure d’une panthère noire dans la pénombre des lieux. Ses pupilles glissèrent sur l’alliance qu’il lui présenta et, tout en rangeant les mains dans ses poches, il haussa les épaules continuant d’avancer vers lui mais restant à une distance suffisante d’un pas entre eux. “È un problema tuo, non mio.” (2) commenta-t-il, toujours avec l’assurance féline de celui qui ne renoncera pas à sa proie. Il ne le lâcha pas du regard, étudiant chaque trait de son visage tentant d’y déceler ses désirs les plus inavoués, ses secrets les plus sombres qu’il sentait nombreux. Il garda le silence, se contentant d’imposer une tension sexuelle de par sa simple présence. Ils savaient tous les deux comment cela allait se terminer, quoi qu’en proteste l’employé. Néanmoins, Salvatore dissimula mal la surprise qui inonda son visage quand son interlocuteur finit par révéler l’un de ses secrets fermement gardés.

“La bella Napoli.” murmura-t-il. “La pericolosa Napoli” (3) Il ne put s’empêcher de tiquer quand un souvenir d’adolescence lui revint en mémoire. Même s’il existait une concurrence acharnée entre la Sicile et Naples, rien n’échappait à aucune des deux mafias. Il avait déjà entendu parler d’un Neal à Naples, prénom bien peu commun au coeur de l’Italie pour marquer les esprits. “E que chosa ti ha allontanato ?” (4) l’interrogea-t-il même si sur le moment il se fichait sérieusement de la réponse. Alors que le barman remontait sa cigarette pour en tirer une nouvelle bouffée, Salvatore avança d’un pas, comblant la distance qui les séparait encore et corps contre corps, il attrapa la main du jeune homme pour tirer sur cette cigarette. Il tourna ensuite le visage vers lui, l’observant avec magnétisme, et lui dit d’une voix grave :

1 -  bien sûr, bien sûr
2 - c’est ton problème, pas le mien.
3 - la belle Naples, la dangereuse Naples
4 - et qu’est ce qui t’en a éloigné ?