Dans quelques heures, ma vie allait se retrouver chamboulée par l’arrivée d’une petite demoiselle que nous allions appeler Aurore Tina Hood. Aurore en référence aux aurores boréales qui nous rappelaient – à Summer et moi – notre toute première rencontre et tout ce que nous avions partagé lors de ces premiers moments ensemble. Ces premiers instants qui nous avaient conduit à notre relation actuelle. Ces premiers instants qui m’avaient sans aucun doute poussé à rester à Boston lorsque je m’étais échoué chez la demoiselle. Tina en référence à ma mère décédée depuis de trop nombreuses années et qui me manquait si vivement chaque jour qui s’écoulait. Cette mère avec qui j’aurai tant aimé pouvoir partager cette expérience. Et Hood parce que Summer avait insisté pour que notre fille ait mon nom de famille au cas où il lui arrive quelque chose. Alors que je me pressais dans les couloirs de l’hôpital, je priais silencieusement pour qu’il n’arrive rien et que tout se passe à la perfection. Je voulais qu’Aurore naisse sans encombre et en parfaite santé. Je désirais que Summer s’en sorte sans la moindre difficulté. Je rejoignais bien vite Summer en salle d’accouchement oubliant totalement ce qui pouvait se passer dans l’attente de mes proches et des proches de la brunette dans le hall. Je me concentrais totalement sur ma Wifey pour l’accompagner du mieux que je pouvais au sein de cette épreuve foutrement difficile. Sa main dans la mienne, je ne bronchais pas lorsqu’elle serrait un peu trop fort. Je restais doux dans mes mots tentant de l’encourager et d’effacer tout voile de panique qui aurait pu s’inviter dans ce moment magique. Un moment censé être magique ouais… Les minutes s’écoulaient. Peut-être même les heures. Je ne savais plus exactement. J’étais bien trop perdu dans un instant où la temporalité n’avait plus son importance. De ma main libre, je caressais le front de la brune continuant de souffler des mots encourageants. Des mots qui ne changeaient malheureusement rien à la réalité. Une réalité qui tournait trop rapidement au cauchemar. Ça s’agitait autour de moi. Ça baragouinait un peu trop. Et, bien trop vite, les mots tombaient. Quelque chose n’allait pas. Il fallait faire une césarienne en urgence. Je n’avais pas le droit de venir dans la pièce. Je devais aller attendre avec tout le monde. Ils s’occupaient de tout. Il fallait que j’aille attendre plus loin. Il fallait que je les laisse entre les mains des professionnels. Les doigts de Summer glissaient entre les miens alors qu’ils l’emmenaient à toute vitesse trop loin de moi. Ma respiration s’accélérait bien trop rapidement. Mon cœur cognait douloureusement au sein de ma poitrine. Ça faisait mal. Et on me poussait à l’extérieur. Doucement. Avec des propos que je n’entendais même pas. Je déambulais dans la clinique sans réellement m’en rendre compte. Je laissais mes pas me porter. Je laissais mon être décider pour moi. Finalement, je débarquais dans cet endroit – était-ce encore le hall ou bien une salle d’attente ? Je n’en savais rien – où tout le monde attendait. Tout le monde s’était sans doute attendu à me voir revenir plus tard encore avec un sourire sur le visage et d’excellentes nouvelles. Je débarquais un peu trop tôt les yeux perdus dans le vague, les larmes glissant sur mes joues et les jambes tremblantes. Je ne savais pas comment réagir. Je ne savais plus comment réagir. Je m’échouais sur une chaise remarquant à peine toutes les personnes présentes ici. Mon cœur me faisait mal. Les mots résonnaient dans ma tête. Il y a un problème. Césarienne. Urgence. Ma respiration s’emballait encore plus. Putain, mais qu’est-ce qu’on avait foutu ?! Qu’est-ce que j’avais foutu ?! Un sanglot m’échappait. Je ramenais mes jambes contre mon torse déposant mon front sur mes genoux. Je baragouinais tout seul dans mon coin me reprochant d’avoir commis une connerie. Ma respiration était folle et douloureuse. Mon cœur craquelait si douloureusement. J’avais l’impression de chuter. J’avais l’impression de tomber si bas et si loin de tout le monde. Toutes ces personnes présentes ici que je ne voyais même pas. Bien trop perdu dans l’Enfer de ma tête et la panique qui me bouffait.

Je m’étais bien préparé à la naissance d’Aurore. J’avais suivi les cours avec ma Wifey me montrant comme un élève attentif et curieux. J’avais pris le temps de discuter avec @Summer Nightindale de cet instant que la demoiselle redoutait. J’avais pris le temps de la rassurer et nous avions pris le temps de parler des différents scénarios possibles – même si cela ne m’avait guère réjouis. J’avais été encore plus loin lisant des ouvrages pour être totalement prêt à affronter n’importe quelle situation. Pourtant, lorsque je me retrouvais dans cette salle d’accouchement, aucune de ces préparations n’étaient suffisantes pour me permettre d’encaisser ce qui se passait. Le cauchemar s’était invité trop rapidement au sein de cet instant censé être magique. Cet instant censé marquer la rencontre avec notre princesse. Cet instant censé être le premier plus beau souvenir d’une nouvelle vie à trois… Ou à encore plus en réalité puisqu’Aurore allait être entourée de tellement de monde. Au-delà de sa mère et moi, notre fille aurait le droit à un second papa auprès de @Lukas O. Spritz qui avait accepté de s’impliquer autant. Elle trouverait aussi sa place aux côtés de @Naëlle Underhill-H et @Laurys Mickelson, sa marraine et son parrain, qui sauraient veiller sur elle comme jamais. Et il y avait aussi les tatas et les tontons qui sauraient être présents pour elle. Une vie parfaite… Une vie qui commençait pourtant si mal alors que le cauchemar s’invitait dans la salle d’accouchement. Quelque chose n’allait pas. L’agitation n’était pas bonne. Les mots n’étaient pas ceux que je voulais entendre. Je n’avais pas le droit de suivre. Mes doigts étaient obligés de lâcher ceux de la belle brune. Je la perdais. Je les perdais. Et j’étais foutrement effrayé. Je me retrouvais poussé à l’extérieur de la pièce sans comprendre ce qui se passait autour de moi. C’était comme si j’étais soudainement dans un monde qui bougeait sans moi. Un monde que je ne parvenais plus à appréhender. Alors, je marchais dans les couloirs sans savoir où je me rendais. Mes pieds bougeaient d’eux-mêmes sans que je n’y prête attention. La réalité me paraissait trop difficile à vivre alors je m’enfermais dans ma tête. Cette tête qui jouait des scénarios tous aussi pires les uns que les autres. Je débarquais dans une espèce de salle d’attente et je me laissais tomber sur une chaise sans piper mot. Problème. Césarienne. Urgence. Les mots tournaient dans mon esprit. Ils cognaient ma tête. Ils craquelaient mon cœur. Un sanglot glissait entre mes lèvres avant que je ne bouge. Ramenant mes jambes contre mon torse, je déposais mon front contre mes genoux baragouinant seul dans mon coin pour me flageller mentalement de ma connerie. Je me perdais dans une spirale infernale. Mon souffle était court. Mon cœur était douloureux. Je tremblais de tout mon être. Et les larmes refusaient de s’arrêter. Elles coulaient. Encore et encore. Je sombrais de plus en plus loin. Je chutais m’éloignant de la réalité de l’instant. Jusqu’à ce que soudainement des mains se posent sur mes genoux. Des mains qui me poussèrent à sursauter parce que je ne m’attendais pas à un contact. Trop perdu dans un néant solitaire. Une voix connue m’interpellait avec ce surnom qui savait me retenir. Pourtant, je ne parvenais pas à m’y accrocher et à me sortir de mon obscurité. Je restais cloîtré dans mon Enfer. Les questions en Italien tombaient. Même si je comprenais plus facilement les mots, j’avais du mal à m’y accrocher pour remonter à la surface et offrir une réponse. Pourtant, quelque chose me poussait à agir. Peut-être parce que c’était Laurys qui me parlait. Ou peut-être parce que j’avais trop mal et que j’avais peur de sombrer trop loin. Je secouais négativement la tête. Non, ça n’allait pas. J’étais incapable d’ouvrir la bouche. Mon cœur me faisait trop mal alors que ma respiration si courte brûlait douloureusement ma gorge. Néanmoins, je savais que cette négation ne suffirait pas. Relevant la tête pour laisser entrevoir mes yeux emplis de ces larmes qui ne cessaient de couler, je laissais ma langue glisser sur mes lèvres tremblotantes. Mes bras venaient entourer mes jambes alors que mes yeux tentaient de s’accrocher à ceux de Laurys. Et je marmonnais « Problème… Césarienne… Urgence… » Trois mots. Les trois qui cognaient dans ma tête. Les trois qui me poussaient à sangloter de nouveau. Les trois qui me conduisaient à cacher de nouveau ma tête déposant mon front sur mes genoux une nouvelle fois. Les trois m’enfermant dans ma spirale si noire, douloureuse et infernale.

Comment aurais-je pu me préparer à un tel drame ? Ce n’était pas possible. Ce n’était pas ce que j’avais envisagé. Même si j’avais parlé de telles situations avec @Summer Nightindale simplement pour tout aborder, je n’avais jamais voulu m’attarder sur ce type de scénarios. Pas dans ma tête en tout cas. J’avais lu quelques mots, quelques témoignages abordant ces drames. Cependant, je m’étais empressé de les dégager au loin de mon esprit parce que je refusais de penser au pire. Je refusais de laisser l’horreur s’inviter dans un événement aussi beau. Un événement que je ne pensais jamais voir venir de ma vie en réalité. Moi devenant papa. Je n’y avais jamais cru. Mais, lorsque @Summer Nightindale m’avait annoncé la nouvelle, je m’y étais vu. J’y avais cru, malgré les doutes et les inquiétudes. Je voulais de cette vie particulière malgré toutes les difficultés. J’étais prêt pour cette expérience censée être si belle. Après l’Enfer que j’avais vécu tout au long de vie, peut-être que j’avais le droit à un peu de bonheur avec cet événement. Summer et moi allions avoir un enfant. Une jolie petite fille que j’aimais déjà si fort. Une jolie petite fille qui allait avoir une famille particulière qui l’aimerait tellement. Une jolie petite fille que je désirais si follement rencontrer. Alors, aujourd’hui, en franchissant les portes de la clinique, j’avais voulu y croire. J’avais voulu croire que les nuages n’étaient pas là et que les cauchemars dévorants n’allaient pas s’inviter. Stupide idée. Le cauchemar prenait vie aujourd’hui en un rien de temps. Summer était conduite au loin parce qu’il y avait un problème. Un problème face auquel je ne pouvais strictement rien faire. Je devais simplement disparaître des pattes des infirmiers et aller attendre des nouvelles dans la salle comme tout le monde. Juste laisser l’angoisse monter et attendre qu’on vienne m’informer de la situation. Mais comment est-ce que j’étais censé pouvoir faire ça tandis que les deux femmes les plus importantes de ma vie étaient peut-être en danger ? Ce n’était pas possible. Ça faisait tellement mal. Je n’avais même pas eu de détails quant à la situation. J’avais entendu quelques mots et c’était tout. Le néant régnait. Et je plongeais tout droit dans le précipice. Ce précipice que je laissais totalement m’atteindre en m’échouant sur la première chaise que je trouvais dans la salle d’attente. Les sanglots s’échappaient entre mes lèvres. Je m’enfermais dans ma spirale infernale ramenant mes jambes contre mon torse. Je m’échouais. Lentement. Réellement. L’intervention de @Laurys Mickelson me captait un bref instant me permettant de souffler les trois mots que j’avais entendu. Les trois mots résumant la situation. Ces trois mots qui me poussaient à sangloter et à me cacher une nouvelle fois. Tendant la main, je cherchais celle de l’ancien mafieux comme pour me raccrocher à quelque chose. Comme pour rester là dans la réalité. Un bruit de chaise à mes côtés attirait mon attention me poussant à bouger un peu la tête pour mieux écouter. Je ne relevais pas ma tête de mes bras. Je ne m’en sentais pas capable. Une main glissait dans ma nuque et je sursautais au contact que je n’attendais pas. Un sursaut bien vite effacé puisque je me laissais totalement aller lorsque les doigts glissaient sur ma peau. D’autres doigts s’accrochaient à ma main libre et les propos glissaient en Italien. Des mots que @Lukas O. Spritz répétait encore et encore. Je savais que c’était lui. C’était son contact, sa voix, son parfum. Et il soufflait continuellement ces mots comme pour me pousser à y croire. Je relevais doucement la tête pour croiser le regard de mon petit-ami. J’ouvrais la bouche comme pour l’interroger et lui demander comment il pouvait savoir que ça irait. Cependant, je me rendais compte que je n’étais pas foutu d’ouvrir la bouche et de l’interroger. J’avais trop peur des réponses. J’avais si peur des inconnus. Un sanglot m’échappait une nouvelle fois et je me laissais basculer sur la chaise sans lâcher la main de Laurys ni même celle de Mio Amore. Je venais poser ma tête sur les genoux de mon copain en quête d’encore plus de réconfort. Je m’allongeais à moitié sur ces chaises et mon copain gardant mes genoux collés à mon torse comme pour rester dans cette bulle me protégeant de cet extérieur si détestable. Entre deux sanglots, je marmonnais « Tout… Tout… Ma faute… » Je n’étais qu’un pauvre incapable qui n’avait pas fait attention. Un incapable qui avait fait basculer tout le monde dans cette situation douloureuse et difficile. Les sanglots redoublaient alors tandis que mes doigts serraient ceux de @Lukas O. Spritz d’une main et ceux de @Laurys Mickelson de l’autre main. Néanmoins, même ces contacts n’étaient pas suffisants pour me sortir du noir qui semblait envahir mon existence et qui faisait si mal.