Appuyé contre ma moto, je tirais nerveusement sur ma cigarette en fixant l’entrée de la salle avec hésitation. Réunion des anciens élèves… Putain, je ne savais même pas pourquoi j’étais venu jusqu’ici ce soir. Je ne savais pas pourquoi j’avais pris la moto pour conduire jusqu’à me retrouver là. Vêtu d’un simple costume noir, je ne savais pas ce que j’étais censé faire. Rentrer ou ne pas rentrer… Une partie de mon être avait envie de pénétrer dans la salle pour renouer avec un passé que j’avais bien trop laissé tomber. Néanmoins, une autre partie de moi hurlait pour me dire qu’il s’agissait de la plus mauvaise idée au monde. Un risque était présent en plus : celui de croiser Lukas. Mon mari… Enfin non. Plus maintenant. Mon ex-mari était l’appellation qui lui convenait depuis cinq ans à présent. Cela faisait cinq ans que le divorce avait été prononcé. Cela faisait cinq ans que Lukas et moi étions séparés et que nous n’avions plus le moindre contact. Malgré la présence d’Aurore dans nos deux vies, la vie de mon ancien amoureux et la mienne ne s’entremêlait plus. J’en étais sans le moindre doute possible le seul responsable. Je me souvenais encore parfaitement de la façon dont les choses avaient tourné. Je me souvenais de ces événements qui avaient tout bousculés comme s’ils venaient juste d’arriver. Je m’en souvenais comme si ces cinq années ne s’étaient pas écoulées. Cinq ans plus tôt, des personnes avaient voulu s’en prendre au dirigeant de la Mafia Italienne : Rob. Ces personnes avaient vu Rob être bien trop proche de moi. Ces personnes avaient cru – sans peut-être avoir tord d’ailleurs – que j’étais bien plus qu’un mec qui bossait pour lui. Cependant, ces personnes avaient commis une erreur en pensant qu’Aurore était présente dans la vie de Rob. Ils avaient cru à son importance pour lui et ils l’avaient kidnappée. Ça avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase déjà bien trop plein. Entre les missions pour la mafia, mon agressivité qui ne cessait d’augmenter, le besoin de sexe bestial qui cognait trop souvent ainsi que ma proximité dérangeante avec Rob et le fait que je le défendais toujours, ce kidnapping avait tout bousculé. Aurore avait été retrouvée rapidement. Saine et sauve. Cependant, lorsque le duel entre l’ancien amoureux et Rob avaient eu lieu, j’avais été incapable de me placer d’un côté ou de l’autre. Je n’avais pas su choisir. J’avais essayé de faire cohabiter ces deux vies : celle d’une vie de famille normale à celle d’un mafieux. Et, putain, c’était un échec tandis que je refusais de faire une croix sur l’une ou l’autre de ces vies. Mon amoureux… Putain… Mon ancien amoureux avait décidé pour moi. Mon histoire avec Lukas s’était terminée le jour même. Le divorce avait été prononcé peu après et tout était fini. Je ne l’avais plus jamais revu.

Au cours des cinq dernières années, ma vie s’était complètement transformée. Je ne travaillais plus ni en tant que barman, ni en tant que mécanicien. Je n’utilisais plus mes mains pour créer des œuvres en bois. Non. J’étais simplement devenu le second au sein de la mafia Italienne. C’était ça mon boulot à présent. C’était ça mon occupation. Et, aussi étrange que cela puisse vous paraître, cette vie me convenait bien. J’étais dans mon monde à faire des affaires, à frapper, à menacer, à tuer. C’était mon univers. C’était ma place. Je m’y sentais bien. D’autant plus que je n’étais pas seul. Rob était à mes côtés. Nous n’étions pas un couple. Je ne pouvais plus être en couple. Pas après Lukas. Je savais que jamais je ne pourrais aimer quelqu’un comme je l’avais aimé. Comme je l’aimais encore. Comme je l’aimerais toujours. Cependant, Rob et moi étions dans une sorte de relation ouverte. Il prenait soin de moi et de ma santé qui déclinait depuis quelques mois. Les pertes de mémoire s’intensifiaient venant effacer des pans entiers de souvenirs sans les laisser revenir. La douleur à ma jambe était si forte que j’avais souvent besoin d’une canne pour me déplacer. Le doc de la mafia annonçait un pronostic pas très encourageant pour le reste de mon existence. Mais, Rob était toujours là et je tenais toujours ma place, mon rôle. J’en étais encore capable tout comme j’avais su replonger dans ma vie d’avant mariage. Je couchais souvent à droite, à gauche. Régulièrement avec Rob. Parfois avec des clients de Rob. Ma vie se jouait entre Naples et Boston depuis le divorce même si je passais plus de temps dans ma ville natale qu’ici. Boston était toujours trop douloureux. Soupirant, je balançais ma cigarette et j’attrapais mon téléphone qui sonnait. Rob venait de m’écrire. Le lèger sourire passait sur mes lèvres en lisant les mots inscrits et, rangeant de nouveau le mobile, je soufflais un grand coup avant de me lancer. Une fois mon identité vérifiée et mon bracelet glissé au poignet, je pénétrais dans la salle sans attendre. Juste un petit tour. Seulement une dizaine de minutes. Juste voir si je pouvais apercevoir l’ancien amoureux. Simplement voir s’il était heureux dans cette vie sans moi. Seulement quelques minutes avant de filer pour l’aéroport où Rob et notre avion m’y attendaient. Mes prunelles sombres parcouraient la salle. Je n’apercevais pas le musicien. Je n’apercevais aucun visage qui me parlait ou peut-être que la mémoire avait effacé ceux qui pouvaient me parler. Glissant une main dans mes cheveux, je me dirigeais vers le buffet attrapant un verre. Je restais à proximité de la sortie balayant une nouvelle fois les lieux du regard avec l’espoir fou d’apercevoir le seul pour qui j’avais été fidèle dans ma vie.

Mes prunelles ne cessaient de balayer les environs sans jamais rencontrer de visages connus. Je ne voyais personne que je connaissais par le passé. Enfin, dans tous les cas, je ne reconnaissais personne partout où mon regard pouvait se poser. Peut-être que mes iris étaient tombés sur des visages que je connaissais par le passé, mais que je n’étais pas fichu de me rappeler à présent. Peut-être que j’avais aperçu des personnes qui m’étaient proches auparavant, mais que je ne parvenais pas à les replacer dans ma tête, dans ma vie d’avant. Les souvenirs s’étaient bien trop éparpillés au cours des derniers mois. Des pans entiers avaient disparus. Ma tête était bien trop gangrenée. De toute manière, je me fichais bien de tout cela. Ça m’importait peu de reconnaître des personnes présentes à cette réunions. Je n’étais pas venu jusqu’ici pour faire la discussion avec des individus de mon passé. Je n’étais pas venu pour répondre aux interrogations et papoter. Je n’étais pas venu étaler mon existence actuelle. Je n’en avais guère le droit d’ailleurs. Mafieux tenu au secret absolu. Être humain qui n’avait pas le droit de souffler un mot sur sa vie. Cela me convenait parce que j’avais fait ce chemin dans un seul but. J’étais venu à cette réunion pour ne chercher qu’une seule et unique personne. Une que je n’avais pas vu depuis cinq années à présent. Une que je n’avais pas oublié malgré le temps qui s’était écoulé. Une que je ne pourrais jamais oublier malgré tous les ratés de ma mémoire. Lukas. Mio Amore. Mon mari. Enfin… Anciennement tout ça ouais. Depuis le divorce, je pensais à lui chaque jour. Chaque journée, quelque chose venait me rappeler qu’il avait fait parti de ma vie et que, pendant un temps, j’avais réellement cru avoir le droit à une vie heureuse. Que ce soit un air de musique qui parvenait à mes oreilles, une silhouette qui lui ressemblait ou un simple regard sur le tatouage à mon annulaire gauche, et hop cela suffisait pour m’imposer des souvenirs. Soupirant, je secouais la tête avant de porter mon verre à mes lèvres pour descendre une gorgée. Mon regard se posait sur la montre à mon poignet. Cela faisait bien dix minutes que je me trouvais sur place. Non ? Non. Cela ne faisait qu’à peine quatre minutes que j’étais entré dans la salle. Trois minutes et je me sentais déjà bien trop mal par ici. Le calme s’effritait. La panique grimpait. L’envie de fuir s’intensifiait. Je ne me sentais pas bien dans ce lieu. Je ne me sentais guère à ma place par ici. Ce n’était plus ma vie. Ce n’était même plus une part de mon existence. Ce n’était que mon passé. Ce n’était qu’une vie que j’avais rayé en choisissant une autre voie après mon divorce. Merde. C’était trop. Terminant mon verre cul sec, je le déposais sur le buffet laissant mon regard scanner la foule une ultime fois. J’avais dit dix minutes, mais c’était beaucoup trop pour moi. Je devais bouger. Il fallait que je parte.

Avant même que je ne fasse demi-tour, mes prunelles le rencontraient soudainement. Lui. Celui que je cherchais. Celui pour qui j’étais venu jusqu’ici. Celui que je n’avais pas vu depuis cinq ans. Celui qui n’avait pas changé. Celui qui avait tellement changé. Et, malgré les changements de son apparence, je le reconnaissais sans sourciller. Je savais que c’était lui. Mon regard s’attardait sur sa barbe et ses cheveux longs qu’il avait attaché. Mes prunelles le détaillaient un long moment. Je restais juste là immobile à le fixer. Je sentais mon cœur cogner plus fort dans ma poitrine. Je sentais mon ventre se tordre agréablement. Désagréablement. Putain… Ça réveillait bien trop de choses. Lukas était toujours si beau. Il était toujours si parfait. Il demeurait toujours si désirable. Il était toujours cet homme que j’avais aimé. Que j’aimais tant. Il dégageait toujours la même chose. Il était juste lui. Différent avec les années écoulées et pourtant toujours pareil. Et moi alors ? Est-ce qu’il ressentait la même chose à mon égard ? Mon physique avait moins changé que le sien sans doute. Mon visage et mon corps étaient couverts de nouvelles cicatrices. Néanmoins, hormis la canne absente aujourd’hui que j’utilisais pour me déplacer, le reste de mon apparence collait à celle du passé. Pas de barbe. Pas de moustache. Pas de cheveux plus long qu’avant. Rien de bien différent en somme. Je voyais soudainement Lukas s’approcher de moi et ça me poussait à déglutir. J’hésitais. Ce n’était pas ce que j’avais prévu ça. Je voulais juste l’apercevoir. Je voulais simplement voir de loin s’il était heureux. Je voulais juste voir s’il était avec quelqu’un. Néanmoins, je ne voulais pas de paroles entre nous. Je ne voulais pas de contact entre lui et moi. C’était bien trop risqué. Ça pouvait me faire tomber de nouveau. Pour lui. Pour nous. Neakas jamais oublié. Neakas toujours dans le cœur et dans la peau. J’aurai aimé prendre mes jambes à mon cou pour ne pas avoir à lui faire face. Pourtant, j’étais bien trop incapable de bouger. Hypnotisé, je suivais l’avancement de mon ancien mari. Le téléphone sonnait dans ma poche et je ne l’entendais même pas. Toute mon attention était sur Lukas qui s’arrêtait à quelques pas de moi pour lancer une simple demande. Pas de salutations. Pas de questions banales. Non. Juste une demande de danse. Je grimaçais aussitôt sans savoir me retenir. Mon regard se perdait un bref instant sur ma jambe comme si ce simple coup d’oeil pouvait tout expliquer. Et ça le pouvait sans doute. L’ancien mari connaissait mon passé et mon état. Pourtant, je n’avais pas envie de refuser cette invitation. Alors, relevant les yeux, je croisais son regard avant d’hocher doucement la tête. Je lui tendais la main pour concrétiser l’invitation acceptée. Mes prunelles remarquaient l’alliance toujours présente à son doigt tandis que la mienne n’était plus là. Elle pendait à un collier autour de mon cou sous mes vêtements. Présente et invisible. Lorsque sa main rencontrait la mienne, la décharge électrique était agréable dans le corps. Je fermais les yeux un bref instant avant de l’entraîner à ma suite vers la piste de danse. Et, en silence, mes bras s’enroulaient autour de son cou. Mon corps conservait une distance avec le sien. Il y avait un espace entre nous comme une première danse bien trop timide entre deux étrangers. Il y avait cette distance essentielle pour ne pas sombre dans cette rechute. Regard planté dans le sien, je me contentais de suivre le rythme de la mélodie en silence. Juste une danse et je disparaissais. Juste une danse. Ce n’était pas grand-chose.

Dix minutes à cette réunion ne pouvait pas me faire de mal. Elles n’avaient guère le pouvoir de bouleverser toute cette nouvelle existence dans laquelle j’évoluais depuis cinq années maintenant. Dix minutes ne pouvaient pas venir tout chambouler si facilement. Ce n’était pas possible. C’était ce que je m’étais répété un million de fois sur la route pour venir jusqu’ici comme pour me donner le courage de ne pas céder au demi-tour. C’était ce que je m’étais répété une centaine de fois avant d’oser pénétrer à l’intérieur de cette salle. Pourtant, à l’instant même où mon regard croisait celui de l’ancien amoureux, je savais que j’avais eu tord. Dix minutes – et même moins en vérité – suffisaient à faire du mal. Moins de dix minutes à cette réunion avait le pouvoir de chambouler la totalité de l’existence que je tentais de maintenir à flot depuis que le divorce avait été prononcé et que le trou dans mon cœur était béant. À présent que je le voyais, je me rendais compte que tout cela n’était clairement pas une bonne idée. Je n’aurai jamais dû mettre les pieds ici après tant de temps. Je n’aurais jamais dû venir jusqu’à Boston juste pour cette réunion. Pour lui. Cependant, lorsque l’invitation s’était dessinée sous mon regard, je n’avais pas su me contrôler. J’étais presque certain que mon ancien mari y serait. Il aimait bien ce genre d’événements et il y retrouverait sans doute certains de nos proches par le passé. Nos proches… F*ck, je n’étais même pas foutu de vous offrir le moindre nom. Les souvenirs s’étaient envolés. La mémoire était trop incertaine. Dans le fond, qu’importait. Ce n’était pas pour ces autres que j’étais là. C’était pour Lukas. Lukas qui, en moins de dix minutes, venait tout bousculer. Iris sombres posés sur lui, je ne savais pas me détacher de son regard. Il était si différent de cinq années auparavant. Pourtant, il demeurait semblable à l’image que j’avais à l’intérieur de ma tête. Les sensations qu’il provoquait dans mon être demeuraient les mêmes. Malgré le temps écoulés, les sentiments se réveillaient violemment en une tornade aussi agréable que désagréable qui tournoyait en moi. À présent que nos regards étaient plongés l’un dans l’autre, je n’étais pas capable de fuir quand bien même je savais que c’était ce que j’aurai dû faire. J’aurai dû prendre mes jambes à mon cou à l’instant même où je l’avais vu. Il était vivant. Il était présent. Ça aurait dû me suffire. Mais, je n’étais pas capable de faire ça. Je ne pouvais pas fuir. Je ne pouvais pas partir. Encore moins alors qu’il s’approchait de moi et que j’étais totalement hypnotisé. Si Rob m’avait accompagné, nuls doutes qu’il m’aurait tiré de l’autre côté de la salle sans attendre bien trop conscient de ce qui pouvait arriver si le contact avec Lukas avait lieu. Un contact que je ne fuyais pas moi. Un contact qui arrivait tandis qu’il m’invitait pour une danse. L’envie d’accepter combattait l’envie de refuser. Mon regard se perdait un instant sur ma jambe douloureuse conscient que je risquais d’avoir besoin de me poser après ça. Le temps n’avait rien arrangé de ce côté. L’ancien mari clignait des yeux bien trop conscient de cela. De mon état. Il avait été si proche de moi pendant si longtemps. Il avait connaissance de ces failles. Et, c’était sans doute pourquoi j’acceptais la danse en silence. Je savais autant que mon ancien amoureux qu’il ne fallait pas initier un tel rapprochement. C’était dangereux. C’était risqué. Pourtant, nos mains se trouvaient. Le sourire triste passait sur mes lèvres en sentant qu’il portait toujours son alliance au doigt contrairement à moi.

Je ne m’y attardais pas et nous nous retrouvions bien trop vite sur la piste de danse. Nous nous retrouvions bien trop vite entraîné dans la bulle de notre passé. Neakas. Pour toujours et à jamais. Malgré un divorce hein… Mes bras passés autour de son cou, je sentais ses mains posées dans mon dos. Ça picotait agréablement. Ça chauffait lentement. Ça faisait pulser le cœur un peu trop éteint ces dernières années. Pourtant, nos corps demeuraient éloignés comme une putain de distance de sécurité à garder pour ne pas chuter. N’étions-nous pas déjà en train de chuter ? J’en avais l’impression car, malgré la danse timide, le monde alentour semblait s’effacer en totalité. Plus rien ne comptait. Plus rien ne pouvait entrer dans la bulle qui était en train de se former. Je n’entendais même pas clairement le rythme de la musique. Je ne savais pas si je la suivais correctement et c’était bien la dernière de mes préoccupations. Ce n’était pas ça le plus important. Plus rien n’avait d’importance si ce n’était cet instant et cette proximité retrouvée quand bien même elle demeurait trop légèrement. J’oubliais que j’étais attendu ailleurs. J’oubliais que je n’étais pas censé approcher Lukas. J’oubliais que je n’étais pas censé rester longtemps ici. Regard planté dans celui de l’ancien mari, j’hésitais un bref instant. Trop bref. Ça ne durait que quelques secondes à peine. Ça ne durait qu’un petit instant avant que je ne bouge. Enfin non pas moi en entier. Juste mes doigts. L’une de mes mains se mettaient en mouvement laissant les doigts glisser dans la nuque de l’ancien amoureux. Ils frôlaient la peau avec lenteur remontant dans les cheveux de mon ancien amoureux. Ils atteignaient l’élastique retenant la longueur et, avec délicatesse, je détachais les cheveux de Lukas avant de me stopper soudainement. Je l’observais un long moment. Sourire aux lèvres, je détaillais chaque trait de son visage. Il était beau. Il était attirant. Il était parfait. Les pensées s’agitaient à l’intérieur de ma tête. Et, malgré moi, malgré tout, je m’imaginais déjà les mains perdus dans ces mèches trop longues pendant que Lukas me prendrait contre un mur. Damn it… Ça me donnait chaud. Ça me donnait bien trop chaud. J’avais même l’impression de sentir mon boxer devenir trop serré avec juste ces images dans ma tête. Je déglutissais difficilement avant de baisser les yeux. Il fallait que je me calme. Il ne fallait pas que ça dérape. Cinq années de divorce. Cinq années d’éloignement. Cinq années à tenir loin de lui. Et, putain, il suffisait de quelques minutes pour tout chambouler. Mes prunelles ne restaient pas longtemps baissés. Ça faisait bien trop longtemps que je n’avais pas vu Lukas. Je ne voulais pas fixer le sol. Je voulais le regarder lui. Ça n’allait durer que quelques minutes. Nos chemins allaient se séparer après. Il fallait profiter du moment. Court. Réel. Bouleversant. Mes doigts bougeaient alors de nouveau. Ils glissaient passant sur sa mâchoire avant de se perdre dans sa barbe. Quelques secondes. Quelques minutes. Je ne savais pas trop. Le temps n’avait pas d’importance. Et, finalement, je venais sagement replacer ma main à sa place initiale frôlant peut-être un peu trop sa peau. Ma langue glissait sur mes lèvres avant que je ne murmure « Ça te va bien… » C’était les premiers mots qui m’échappaient. Peut-être que ce serait les seuls. Mais, je ne pouvais pas juste rester silencieux. Doux sourire aux lèvres, je continuais de bouger sur le rythme que nous suivions. Mon cœur était sur le point d’exploser. L’envie augmentait au fil des secondes. Tout ça était une putain de mauvaise idée. Tout ça était une putain d’erreur. Pourtant, je n’arrivais pas à me résoudre à m’éloigner et à prendre la fuite. Pas tout de suite. Encore quelques secondes.

Tout cet instant n’était qu’une parenthèse à nos nouvelles existences respectives éloignés l’un de l’autre. N’est-ce pas ? Ce n’était qu’une foutue parenthèse que nous venions d’ouvrir ensemble. Lui en s’approchant de moi lorsqu’il m’avait vu et en m’invitant à danser. Moi en ne fuyant pas lorsqu’il s’était approché et en acceptant cette douce invitation qui accélérait mon cœur. Néanmoins, tout cela n’était qu’une parenthèse. Ouais, ce n’était qu’une fichue parenthèse qu’il faudrait parvenir à refermer après cela parce que c’était de cette manière que ça fonctionnait. Les parenthèses finissaient toujours par se refermer à un moment ou à un autre. Plus rien n’avait de sens sinon. Il le fallait. Elles devaient trouver leur fin. C’était essentiel au bon fonctionnement de l’histoire. De mon histoire. De son histoire. Cet instant n’était qu’un moment qui serait bien trop éphémère. Cette danse n’allait pas durer. Elle n’allait pas s’éterniser trop longuement. Ce n’était que quelques minutes. Ce n’était que trois minutes sur un rythme que je ne parvenais même pas à entendre tant le monde s’était effacé depuis qu’il s’était imposé. Ce n’était qu’un moment dont il fallait profiter pleinement parce que tout se terminerait de nouveau ensuite. Ces retrouvailles n’allaient rien entraîner. Tout était fini depuis cinq longues années de toute manière. Enfin… Non. Peut-être pas tout. Neakas n’était pas réellement enterré au plus profond. Neakas n’était pas oublié. Neakas ne pouvait guère l’être d’ailleurs. Les sentiments étaient bien trop puissants. La relation était bien trop uniques. Les sensations étaient bien trop fortes. C’était d’ailleurs pour cette raison que nos chemins ne s’étaient plus croisés depuis le divorce. Nous avions passé cinq années sans jamais nous voir, sans jamais nous parler. Pourtant, cela aurait pu arriver. Nous aurions pu nous retrouver ne serait-ce que pour l’anniversaire de notre fille qui aurait sans doute été la plus heureuse de voir ses deux papas ensemble ce jour-là. Cela n’était jamais arrivé au cours des cinq dernières années. Cela n’arrivait plus. Sans même se parler, il y avait ces ajustements qui étaient faits pour éviter de se retrouver au même endroit au même moment. Tout était fait pour éviter de se voir. Tout était fait pour éviter les échanges parce que je savais, autant que l’ancien mari devait savoir, que si nos routes se superposaient de nouveau, il serait foutrement compliqué de les défaire. Si nos routes se croisaient, il serait fichtrement compliqué de reprendre un chemin individuel par la suite. Ça allait être compliqué après ce soir. Ce soir où nos chemins se croisaient pour de vrai. Ce soir où nos routes s’entremêlaient beaucoup trop tandis qu’un rapprochement physique avait lieu. Ce n’était qu’une danse, mais c’était peut-être déjà trop. Ce n’était qu’un instant, mais c’était peut-être déjà une faute. Nos corps semblaient garder une distance de sécurité comme pour ne pas chuter complètement. Et, pourtant, je ne pouvais m’empêcher de glisser moi. Je ne pouvais pas rester de marbre face à l’homme que j’avais tant aimé et que j’aimerais toujours autant. Mes doigts finissaient par s’agiter. Ils glissaient sur sa peau. Ils remontaient dans ses cheveux pour défaire l’élastique et me permettre d’observer mon ancien mari. Les doigts se perdaient sur la mâchoire de l’ancien amoureux, dans sa barbe inconnue le faisant sursauter au passage. Je sentais ses doigts bouger dans mon dos. Je sentais les frissons couvrir ma peau et l’envie me mordre le corps. Je sentais les sentiments agiter mon cœur alors que je l’observais sans la moindre gêne. Je gravais l’image dans ma tête. Lukas. Mon Lukas. Mio Amore. Mes doigts finissaient par retourner à leur place et le compliment passait la barrière de mes lèvres. Ce n’était qu’un compliment soufflé comme pour expliquer le pourquoi de mes gestes alors qu’au fond j’avais agis juste pour le toucher encore plus. J’avais besoin de lui. J’avais tellement besoin de lui. Le manque était si intense. Et, l’avoir si proche de moi et pourtant si loin de mon existence était foutrement douloureux à supporter.

Le rougissement qui colorait les joues de mon ancien mari attirait un sourire amusé sur mes lèvres. J’aimais le voir comme ça. Si vivant. Si véritable. Ce rougissement attirait aussi des souvenirs à l’intérieur de ma tête. Des souvenirs qu’il ne fallait pas raviver alors que nous n’étions plus. Des souvenirs de moments bien trop chauds. Des souvenirs d’instants bien trop brûlants. Des souvenirs où la rougeur des joues de Lukas étaient due à tout autre chose qu’un simple compliment. Des souvenirs qui provoquaient bien trop de choses en moi. Je jurais silencieusement à l’intérieur de ma tête maudissant ces images qui ne faisaient que s’intensifier au fil des secondes. C’était le genre de souvenirs que je n’avais pas oublié ça. C’était le genre de souvenirs que j’espérais ne jamais oublier ça. C’était le rappel d’une vie où je me sentais bien. C’était le souvenir d’une existence où j’avais tant connu le bonheur aux côtés d’un seul homme. Heureusement pour moi, le merci glissait entre les lèvres de mon ancien mari et me ramenait suffisamment sur terre pour cesser de me perdre dans un rappel de tous nos moments intimes – et fichtrement nombreux. J’hochais simplement la tête comme pour signifier un de rien silencieux tandis que Lukas réduisait soudainement la distance entre nous. Sa tête se posait sur mon épaule. Je me tendais quelques secondes. La proximité était trop importante. Le cœur s’affolait si fortement. L’être picotait si agréablement. Si désagréablement. Je ne le repoussais pas pourtant. Bien au contraire même. J’initiais un mouvement qui rapprochait mon corps du sien encore plus. J’initiais un mouvement et ses mots tombaient au même instant. Des propos qui attiraient le sourire triste sur mon visage. Des propos qui me poussaient à soupirer. Le « Je sais… » était finalement murmuré parce que c’était tout ce que je pouvais lui répondre. Je savais parfaitement que ça lui manquait parce que ça me manquait aussi. Ça me manquait autant. Lui. Moi. Nous. Neakas. Notre bulle. Notre vie. Juste nous. Ouais, putain, cette existence me manquait bien trop fort. J’évitais d’y penser en général et ma vie était suffisamment remplie pour m’empêcher de le faire. Cependant, ce soir, les pensées étaient là. Lukas était là et le manque pulsait si violemment. Mordillant nerveusement ma lèvre, je finissais par ajouter un « Je suis désolé… » dans un nouveau murmure. J’étais désolé pour ce qu’il s’était passé cinq années plus tôt. Désolé pour le kidnapping d’Aurore. Désolé pour la protection qui avait foiré. Désolé pour cette fin qui s’était invité. Désolé de lui avoir fait subir ça. Désolé de m’être invité autant dans sa vie et de lui avoir imposé un monde aussi douloureux que compliqué. Désolé de ne pas avoir fait de choix entre Rob et lui. Désolé de ne pas avoir été capable de le choisir lui plutôt que ma vie mafieuse. Désolé de ne pas avoir été assez bien, assez fort. Désolé de toute cette tournure finale. Et peut-être aussi désolé pour ces retrouvailles ce soir. Imprévues. Douloureuses. Bouleversantes. Ouais, j’étais désolé pour tellement de choses que je ne parvenais même pas à compléter mes propos. Je me contentais de ces excuses avec l’espoir qu’il s’en contente. Et le silence revenait entre nous. La proximité demeurait. Nos corps étaient bien trop rapprochés. Il était si proche de mon être. J’avais envie de bouger pour glisser mes doigts sur sa peau couverte. J’avais envie de bouger pour qu’il me fasse face et que je l’embrasse. J’avais envie de bouger pour qu’un corps à corps puisse avoir lieu. J’avais envie… Oh f*ck. Ça déraillait. Je déraillais. Ce n’était pas bon. Il ne fallait pas. Ces envies tournoyaient à l’intérieur de moi. Il ne fallait pas céder. Il ne fallait pas chuter. Pas encore. Pas de nouveau. Plus maintenant. C’était interdit. C’était le mieux. Pour lui. Pour moi. Pour nous. Pour nos vies respectives construites loin l’un de l’autre. Alors, soudainement, je m’éloignais de mon ancien mari. Mes mains le quittaient. Mon corps prenait de la distance. Je reculais de plusieurs pas levant les deux mains comme pour jouer un innocent que je n’étais pas. Comme pour me forcer à l’être. Soufflant un « J’peux pas… », je n’attendais pas sa réponse. Je m’empressais de m’éloigner. Je m’empressais de mettre de la distance. Entre lui et moi. Entre moi et mes souvenirs. Entre moi et cette vie sublime que j’avais eu à ses côtés. Entre moi et mes envies. Je manquais de renverser quelqu’un tandis que je passais la porte de la salle. Le souffle court, le cœur cognant bien trop fort, je sentais l’envie de vomir me prendre aux tripes. Je tirais sur le col de mon haut avec l’impression qu’il m’étouffait. Je m’échouais contre ma moto. Mes prunelles se fermaient et je restais là. La respiration effrénée résonnait dans la nuit. Le cœur fou frappait dans la poitrine. Et je me rendais compte que j’avais fait une gigantesque bêtise. Une bêtise dont je n’étais pas certain de pouvoir me relever parce que, putain, je l’aimais à en crever.

Lukas… Mio Amore… Mio Marito… Je t’aime tu sais et, bordel, tu es et resteras à jamais mon mari peu importe ce que les papiers peuvent dire. D’ailleurs, je me fous que ces papiers de divorce aient été signé. Je ne les ai signé que parce que tu me l’as demandé. Je n’avais aucune envie de le faire. Je n’ai jamais eu envie de commettre un tel acte. Mais, je l’ai fait. Parce que tu l’as demandé. Et peut-être aussi parce que je savais que ça te détacherait réellement de moi. C’était pour te mettre à l’abri des risques. Ça permettait de t’éloigner des dangers de la vie que je mène. Cette vie que tu as accepté quand on s’est mariés. Cette vie qui n’a pas été suffisamment compatible avec notre vie normale. Cette vie dont je n’ai pas su me défaire et, pourtant, crois-moi j’aurai aimé en être capable. J’aurai aimé savoir me détacher de la Mafia pour me concentrer sur notre Neakas. Mais, tu sais autant que moi que je ne pouvais pas faire ça. Je ne pouvais plus faire ça. Après avoir replongé, ce n’était pas possible. Ça manquait à ma vie. C’est essentiel à ma balance d’équilibre quotidien. J’ai besoin de ce monde presque autant que j’ai besoin de toi. Et ce monde a fini par l’emporter sur toi. Sur nous. Sur notre famille. Sur notre maison. Cinq années Amore… Cinq années se sont écoulés sans te voir, mais j’ai pensé à toi tous les jours de ces foutues années. Ma vie a totalement changé sans toi. Il n’y a plus une once de bonheur. Il n’y a plus cet amour que toi seul savait m’apporter. Il n’y a plus cette douceur dans laquelle tu savais me plonger. Tout s’est évaporé Amore. Tout a volé en éclat. Et j’ai envie de te raconter l’Enfer que je peux vivre de nouveau en Italie. J’ai envie de te souffler à quel point je souffre dans cette vie totalement mafieuse. J’en ai envie, mais non. Ce n’est pas le but. Je ne veux pas de ta pitié. Je ne veux pas de ton inquiétude. Je voulais juste venir ce soir pour te voir. Cinq années sans la moindre nouvelle… C’est foutrement long après avoir été marié des années et avoir passé nos journées ensemble. C’est difficile à vivre. C’est compliqué de survivre sans savoir où tu es, ce que tu vis ou même simplement si tu es heureux. Rob m’a proposé de missionner quelqu’un pour t’espionner et me rapporter les faits. J’ai refusé. Je ne veux pas que tu sois en danger. Je ne veux pas que quelqu’un te suive. Alors, j’ai juste appris à vivre dans l’absence de ta présence et de tes nouvelles. Mais, ce soir, c’était trop tentant de craquer. J’étais à Boston alors le détour était aisé à faire. Je déteste ce genre de situations et tu le sais, mais je suis venu. Pour toi. Juste pour t’apercevoir. J’avais presque envie de te voir au bras d’une nouvelle personne. Je voulais juste te voir heureux dans une nouvelle vie où je ne suis pas. Ouais, je voulais juste ça avant de partir. Mais, ce n’est pas arrivé comme ça. Tu m’as vu. Tu es seul. Tu es venu. Et putain, maintenant ça a tout chamboulé. Le monologue prenait vie à l’intérieur de ma tête tandis que je me retrouvais tout contre mon ancien mari. Les mots se formaient à l’intérieur de mon esprit, mais mes dents mordaient ma lèvre pour m’empêcher de parler. Il ne fallait pas souffler tout ça. Ce n’était qu’une parenthèse. Ce n’était qu’une danse. Une danse qui entraînait une proximité. Une danse qui entraînait des propos. De sa part. De ma part. Et l’envie s’éveillait. L’envie de le supplier de me reprendre. L’envie de l’embrasser. L’envie de lui faire l’amour. L’envie de le retrouver. Ça picotait partout. Quelques secondes de plus et je risquais de dérailler. Aussi, je gardais le contrôle reculant soudainement. Je m’éloignais levant les deux mains et soufflant que je ne pouvais pas. Je n’attendais pas plus longtemps pour prendre la fuir. Je le fuyais. Lui. Mes souvenirs. Notre vie. Mes envies. Je quittais rapidement la salle de cette réunion me maudissant pour avoir cédé au besoin de le voir.

Échoué contre ma moto, je savais qu’il valait mieux que je parte sur le champs. Il fallait que j’enfourche ma moto sans attendre et que je déguerpisse d’ici. Il fallait que je m’éloigne de cette réunion. Il fallait que je quitte Boston. Pourtant, je n’étais pas capable de faire le moindre mouvement. Je me retrouvais simplement là échoué. Je me retrouvais contre mon moyen de transport incapable de poursuivre cette fuite initiée. Mon cœur palpitait bien trop fort dans ma poitrine. Ça faisait si mal. Ma respiration était effrénée. Je peinais à respirer. J’avais l’impression de suffoquer. Je venais d’ailleurs tirer encore plus sur mon haut comme pour dégager ma gorge oppressée. Je savais que je me devais de m’enfuir le plus rapidement possible. C’était lâche, mais ça demeurait la meilleure solution face à toute cette histoire. Je n’avais pas d’autres choix. Je n’avais pas d’autres chemins à emprunter. Je devais fuir. Juste fuir. Purement et simplement. Tout était bien trop compliqué ici. J’étouffais. Je cramais. Je sombrais. Je me sentais mal. Et, plus j’attendais, plus ça empirait. Je savais que si j’attendais trop longtemps ici devant la salle de réunion, j’allais avoir follement envie de faire demi-tour. Si je restais là, j’allais avoir envie de retourner sur place pour retrouver celui que je venais justement de fuir. J’allais avoir envie de tout faire pour aller le voir. Le prendre dans mes bras. Le serrer fort. L’embrasser. Lui faire l’amour. Lui demander de me faire l’amour. Le supplier de me marquer. Le supplier de me faire sien à nouveau. Tomber de nouveau pour lui, pour Neakas. Bordel, bordel, bordel. Il ne fallait pas. Je devais partir avant de me fracasser encore plus douloureusement la gueule. Je devais fuir avant de foutre en l’air le travail de ces cinq dernières années. Cinq années foutues en lambeaux en quelques minutes. J’avais su tenir cinq années loin de lui. Je n’étais pas foutu de tenir cinq minutes proche de lui. Gamin trop épris. Gosse trop amoureux. Être si dépendant. De ma main tremblante, je venais attraper les clés de la moto ainsi que mon téléphone dans ma poche. Mes iris sombres s’arrêtaient sur l’écran. Je déglutissais difficilement en remarquant que j’avais manqué plusieurs messages de Rob en quelques minutes seulement. Des messages qui devenaient de plus en plus pressants au fil des minutes d’absence de réponses. J’étais prêt à appuyer sur l’icône pour le contacter et lui demander de l’aide pour me calmer lorsque mes prunelles captaient du mouvement. C’était SA silhouette qui quittait les lieux. Je le reconnaissais bien trop aisément. Je le reconnaissais si facilement. Lukas quittait la réunion à son tour. Je m’appuyais encore plus contre ma moto comme si j’espérais qu’elle ait le pouvoir de m’empêcher de bouger. Je ne devais pas aller le rattraper. Je ne devais pas l’interpeller. Je ne devais pas tenter de m’approcher de lui. Je devais simplement rester à ma place. Je devais juste rester là. Mes prunelles ne quittaient pas Lukas tandis qu’il se déplaçait. Je dictais rapidement un message au téléphone pour qu’il soit envoyé à Rob. Je lui disais juste que je n’allais pas tarder. C’était la vérité après tout. Tout était fini ici. Je n’avais plus rien à faire là. Chacun sa route. Chacun sa vie. Neakas était fini malgré les sentiments. Neakas avait pris fin. Et Neakas ne pourrait pas renaître. Ni ce soir. Ni jamais. Ça avait été le choix de Lukas à l’instant même où les papiers m’étaient parvenus. Ça avait peut-être aussi été mon choix lorsque je n’avais pas su me décider entre lui et la Mafia. Et, malgré ces vérités, je restais appuyé contre ma moto à le regarder s’échapper de la soirée. Je restais là à l’observer sans bouger. Je restais là parfaitement silencieux alors que l’esprit lui s’agitait si vivement.