Elle s’élance alors, sans grande conviction, peut-être qu’elle aurait dû y croire un peu plus, et qu’elle ne se serait pas heurtée à son échec. Et ses genoux venant de s'égratigner sur le sol, de ses paumes elle les époussette, pour en cracher un soupir d’énervement, décuplé quant à côté d’elle, elle entend « Ca va ? » Elle vient de s’écraser contre mur, à ton avis, comment elle va ?

Mais sa mauvaise humeur s’effrite lorsqu’il s’y essaie aussi, et qu’elle a le loisir de le voir faire la même chose qu’elle, si ce n’est moins bien. Et de lui balancer un « bien fait » elle se retient. Et puisqu’il lui fait un léger signe de tête, ça va être à chacun son tour de le tenter, elle le comprend bien. Trois, deux, un…

@Dutch B. Cooper

Perché sur mon mur, le regard assombri en voyant l’autre abruti déjà passer la ligne d’arrivée, je me suis arrêté pour m'y assoir quitte à gêner tous ceux qui voudraient emprunter le même chenal. Tant pis, faut rester fairpay, il l’a bien mérité. Alors je suis resté à observer un tout autre spectacle en aval, là où les cordages ne cessent de gigoter pour voir la touffe de Snow finalement en émerger en sachant déjà pertinemment ce à quoi m’attendre en rentrant : il râlera forcément… Ce qui me soulage d’un côté, c’est qu’il ne pourra reporter la faute sur Joey qu’il a retrouvée au pied de l’obstacle. J’avoue alors les avoir écoutés avec attention, cherchant à interpréter chaque regard échangé mais rien n’a fuité : lui toujours égal à lui-même et elle visiblement agacée par sa présence à ses côtés…. Du Joey tout craché. Chacun s’essayera au moins une fois avant de trouver le bon rythme, la bonne façon de procéder et c’est d’ailleurs la France qui l’emportera sur notre nation civilisée, l’observant grimper sans se précipiter pour parvenir en première au sommet. « Ne jamais se presser, » ou ce sera le mur, l’échec assuré, « j’croyais te l’avoir prouvé depuis le temps. » Parce que s'il y a bien une chose dont je peux me vanter, c'est que pour lui faire apprécier de nos ébats chaque instant, je me suis toujours montré - ou presque - très patient.

Et alors que je me dis que j'ai repris - partiellement, forcément - le rôle de Dutch dans le parcours, prêt à l'aider si elle en venait à, à nouveau, galérer, j'en reste bouche bée quand la rousse se lance contre le mur et parvient à l'escalader. Moi qui pensais qu'elle allait, de plein fouet, dedans, y foncer. Ca doit pouvoir se lire sur mes traits, à quel point j'en suis con et scotché. Et à les voir perchés tous les deux, j'en grimace par cette complicité flagrante et ses airs de Robert L'amoureux, je lui ressortirais, lorsqu'il fera le malin, le fait que la serveuse du club de strip-tease, il l'aime plus que bien. Mais trêve de plaisanterie ou de réflexion au sujet de ce qu'il se passe dans leur lit. C'est comme les parents, en fait, les amis, faut pas imaginer, sous peine de se mettre à gerber. Je m'encourage seul d'un " Allez putain. " Parce qu'il faut toujours garder le meilleur pour la fin.

@Dutch B. Cooper @Wesley Patterson-R

Echec. Encore. Ce n’est pas que mais c’est sincèrement entre de me foutre les boules cette histoire. Ma positivité est en train de prendre un coup. Ma fierté, aussi et surtout, je l’avoue. Si j’avais passé les deux premiers sans galérer, il faut croire que j’ai bien trop fanfaronné. Et que le karma, même si un mauvais bougre, je ne le suis pas, il te revient toujours dans la gueule, voilà ce que je crois. Et comme j’ai glissé, j’apprends l’humilité. Sérieux, je me dis que quelqu’un réellement m’en veut. Je repense à l’autre con et sa malédiction… Presque je me dis que ça a vraiment fonctionné, avant de me sentir moi, couillon, face à la débilité de ma réflexion. Et parce que je me dois de terminer dans tous les cas, je me relance vers le mur, une énième fois.

@Dutch B. Cooper @Wesley Patterson-R

SPARTAN RACE
1e février 2020

Quel plaisir de terminer cette course de la galère, et surtout, en première position. Et le plus plaisant, c'est l'énorme gobelet de bière que l'on vient me présenter. Oui, je grimace légèrement quant à la qualité du récipient, mais vu mon état boueux, je ne peux pas faire le prétentieux. Le roi se mélange un peu plus au peuple. Je trinque avec mes deux compagnons, et observe alors le reste de la course. Inquiet quand même de ne pas voir Snow. Aurait-il abandonné? J'en serais étonné, lui qui me semblait déterminé lors de notre première et dernière rencontre. Et alors que je suis dans mon énorme gorgée, il passe enfin ce mur. Je souris, la lèvre inférieure qui monte sur l'autre pour effacer la mousse de ma barbe. Je donne un coup de coude à mon chauffeur, en lui ordonnant pour plaisanter "S'il te plait, applaudit le pour moi." Les mains occupés par ma boisson, et l'autre par.. Rien mais flemme. L'employé s'exécute, ne connaissant pas spécialement l'antécédent entre l'amie de @Ella Marriott-W. et moi.  

Le consort a réussi à passer pendant que le nuisible s'est repu des vaines tentatives des autres, préférant s'assoir un instant afin de reprendre son souffle avant de passer à l'obstacle suivant. Il est époumoné et pour se délasser se défait de son unique bien, celui qu'il a volé en traçant un peu plus tôt son chemin. Le drapeau à la triste allure lui permet durant quelques secondes d’essuyer les marques de son labeur, la sueur sous ses bras preuve d’efforts fournis, lui, bien loin de se vanter d’être un sportif accompli. Il s’en sert une dernière fois pour se moucher et le jette par terre tel un vulgaire déchet que les volontaires se feront un écœurant plaisir de ramasser une fois toute cette mascarade terminée. Allez un dernier effort parce que la foule ne saurait tarder, il se relève alors pour se diriger vers le mur aux multiples accroches et déplore déjà de n’avoir jamais fait travailler ses bras, relevant son visage sur les hauteurs visées.  « C'est Darty mon kiki...  »


@Wesley Patterson-R @A. Snow Burns