Le Spring Break… Pourquoi est-ce que j’avais accepté d’y mettre les pieds déjà ? Oh oui… Simplement parce que Nixon avait fini de me convaincre que ces jours de break me feraient beaucoup de bien. Je l’avais envisagé évidemment et son intervention m’avait poussée à accepter. Mon sexy tatoué avait su trouver les mots pour me pousser à m’envoler à ses côtés pour le Mexique. Il avait su me convaincre de laisser mes emplois derrière moi pour quelques jours quand bien même je savais à quel point le temps pressait. J’avais besoin de réunir de l’argent si je voulais pouvoir subir cette opération du mollet avant la fin de l’année. Il fallait que je bosse deux fois plus afin d’être en mesure de m’en sortir. Les mots du kiné ne cessaient de se jouer dans ma tête : si je ne subissais pas cette opération, je prenais le risque de ne plus pouvoir marcher dans les cinq années à venir. Et, putain, je ne pouvais pas. Je ne voulais pas. Passer un mois en béquilles avait déjà été un tel enfer pour moi. Pourtant, malgré mon angoisse et mon besoin d’argent, j’avais cédé acceptant de partir à Yucatán sans faire d’histoire. Plusieurs jours sans la moindre obligation dans un lieu paradisiaque le tout en partageant une chambre avec Nixon… Franchement, il fallait être fou pour refuser. J’avais tellement envie de m’éloigner de tout ce stress de Boston. Je voulais tant passer la majorité de mon temps libre en compagnie de Nixon parce que je ne me lassais jamais de ces heures avec lui. Il me rendait si vivant. Il me poussait à me sentir tellement bien au sein de cette relation qui savait me combler. Avec Nixon, je pouvais lâcher prise et ça me rendait ivre de bonheur. Ce séjour s’annonçait merveilleux d’autant plus que je comptais fêter mon anniversaire dans quelques jours. Nous étions arrivés vendredi à Yucatán et j’avais profité de ma journée de samedi pour découvrir un peu les lieux en compagnie de mon sexy tatoué. Après une sortie au restaurant et un petit tour sur la plage, Nixon et moi avions fini par rejoindre notre chambre où nos corps s’étaient liés une nouvelle fois comme si nous n’étions pas foutu de résister à l’appel de cette tentation dévastatrice. Puis, la nuit avait fini par tomber nous emportant dans les bras agréables de Morphée… Emportant Nixon en tout cas. 03:58 am Mon sommeil était foutrement agité et je me réveillais en sursaut. Trop soudainement. Putain… J’étais encore la victime d’un de ces cauchemars foutrement dérangeants. Encore une fois, les images d’horreur du métro étaient revenues afin d’hanter mon esprit. Elles ne me lâchaient jamais réellement. Elles me heurtaient encore si souvent. Tremblant, à bout de souffle, le cœur battant à tout rompre, je dégageais les couvertures de ma peau avant de me précipiter dans la salle de bain où je m’empressais de me pencher au-dessus de la cuvette pour vomir. Quelques secondes… Quelques minutes… Je finissais par me relever jetant un coup d’œil à mon reflet. Pâle, en sueur, fou… Ouais, bordel, ce n’était pas joli à voir. Un soupir agacé filtra entre mes lèvres tandis que je m’approchais de l’évier pour me rincer la bouche. Je passais ensuite de l’eau froide sur mon visage et dans ma nuque. Et je restais là, fermé dans cette salle de bain. De longues minutes pendant lesquelles je tentais de calmer la crise de panique qui cognait dans mon ventre et qui ne cessait d’accélérer ma respiration. Foutue connerie… Je n’y parviendrais pas comme ça. Ça ne passerait pas si aisément cette nuit. Il fallait que je sorte. Il fallait que j’aille prendre l’air. Enfilant rapidement une chemise, un boxer et un jean, je m’empressais de griffonner un petit mot à l’attention de Nixon si jamais il se réveillait sans me trouver à ses côtés. Juste un petit mot pour lui indiquer que j’allais bien, que j’étais parti faire un tour sur la plage et que je revenais vite. Je quittais la chambre sur la pointe des pieds descendant jusqu’au bar de l’hôtel où je quémander une bouteille de tequila fouillant toutes mes poches pour parvenir à la payer. Et, à peine sorti de l’hôtel, je portais déjà la bouteille à mes lèvres. Me descendre une bouteille de tequila ? J’en étais parfaitement capable. Le faire tout seul ? Ce n’était peut-être pas la meilleure idée que je pouvais avoir. Fouillant dans les poches de mon jean, j’en tirais mon téléphone en fronçant les sourcils parce que mon cerveau cherchait déjà la personne à qui contacter… Non… En fait, je n’avais pas vraiment besoin de réfléchir. Je savais qui j’avais besoin de voir. Je savais quelle personne était nécessaire à mes côtés. Là. Tout de suite. Alors, sans la moindre hésitation, je composais le message.

Sweetheart… Rejoins-moi à la plage… Besoin de te voir… Envie de te voir...

Je me concentrais sur l’écran de mon portable pendant quelques minutes pour être sûr et certain d’envoyer le message sur la bonne conversation. Et, une fois fait, je m’empressais de ranger le mobile dans ma poche en prenant la direction de la plage pour arriver avant Tomas. Ouais, Tomas. C’était à lui que je venais d’envoyer ce texto. C’était lui que je désirais retrouver en plein milieu de la nuit. Et j’espérais sincèrement qu’il n’était pas en train de dormir. Quoique… Même en train de dormir, j’étais persuadé que s’il entendait son téléphone et s’il voyait mon prénom sur son écran, il quitterait son lit pour moi parce que c’était ce que moi je ferais pour lui. À n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Peu importait mes obligations. Peu importait si une personne se trouvait dans mon lit. Si Tomas me demandait de venir, j’étais prêt à tout lâcher et à rappliquer pour lui. Sans la moindre hésitation. Jamais. Tomas… Je l’avais rencontré à mon arrivée à Harvard lorsque j’avais déclenché une putain de bagarre sur le parking. Une foutue bagarre qui avait attiré son attention et ses compliments. Et une sublime histoire avait le jour. Une histoire sans laquelle je ne pouvais plus imaginer ma vie tant Tomas avait su s’installer au sein de mon existence ces deux dernières années. Tomas et moi c’était un coup de foudre amical si fort et si inexplicable. Ça nous était tombé dessus comme ça et je ne le regrettais pas le moins du monde. Nous étions des meilleurs amis et tellement plus en même temps. Passer une journée sans lui parler ? Putain, ça relevait presque du miracle. Passer une semaine sans le voir ? C’était une atroce torture. Tomas me comprenait mieux que personne même lorsque je n’étais pas fichu d’ouvrir la bouche. Il savait constamment lire en moi à tel point que ça aurait pu en être effrayant parfois, mais ça ne l’était jamais. C’était presque trop rassurant en vérité. Tomas était capable de saisir mes réactions avant même qu’elles ne débarquent tant et si bien qu’il avait su développer un réel pouvoir sur moi, sur ma maladie. Il était capable de me calmer lorsque je paniquais. Il était capable de m’arrêter lorsque j’étais trop violent. Putain ouais… Je me souvenais parfaitement de cette fois où il avait été le seul capable de mettre fin à ma folie lorsque je m’en étais pris à un mec en pleine rue. Un mec que j’aurais pu tuer… Mais non, Tomas m’avait touché. Il m’avait parlé. Et pouf, j’étais redevenu un gamin inoffensif. Notre amitié était sans doute un peu trop particulière puisque nous ne pouvions jamais nous empêcher de nous toucher et ça pouvait porter à confusion pour les personnes qui ignoraient notre histoire. J’avais sans cesse besoin du contact de Tomas lorsqu’il était là. Je voulais le toucher. Je voulais qu’il me touche. Je voulais juste sentir sa présence réellement. Dans le fond, Tomas était devenu le point d’ancrage de toute mon existence et c’était bel et bien de lui que j’avais besoin ce soir. J’arrivais d’ailleurs sur la plage me laissant tout de suite bercer par le bruit réconfortant des vagues tandis que je portais la bouteille d’alcool à mes lèvres. Shit, ça brûlait. Pourquoi ça brûlait ? Les sourcils froncés, je passais mes doigts sur mes lèvres avant de les regarder. Ils étaient couverts du liquide carmin de mon sang. Oh merde… Qu’est-ce que j’avais foutu ? Mes sourcils se fronçaient alors que je me laissais tomber dans le sable. Oh oui… Je me souvenais. J’avais bousculé un mec en descendant vers la plage et il était bourré à tel point qu’il avait réagit en me foutant un coup de poing dans la lèvre le con. Je n’avais pas cherché à répliquer parce qu’ils étaient nombreux et que je n’étais pas suffisamment sûr de moi. De toute manière, il avait bien vite passé son chemin avec ses amis et j’avais continué ma route désireux de retrouver mon Sweetheart. Je soupirais avant de m’allonger dans le sable me foutant des grains qui s’incrustaient déjà dans mes vêtements et qui me grattaient. Je me fichais même du fait que mes cheveux risquaient d’être plein de sable. Me redressant à peine pour boire une nouvelle gorgée de tequila, j’agitais brièvement la bouteille pour me rendre compte que je venais de la terminer. Tout seul. Rapidement. Trop rapidement. Oh oh… C’était mauvais ça. Mes yeux se fermaient jusqu’à ce que j’entende des bruits non loin. Est-ce qu’il y avait d’autres personnes sur la plage ? Est-ce que Tomas arrivait ? C’était sa voix que j’entendais ? Ou putain est-ce que j’étais juste en train d’halluciner du bruit autour de moi ? Mes sourcils se fronçaient et j’entrouvrais à peine les yeux en bougeant la tête pour jeter un œil derrière moi. Presque aussitôt, mes prunelles s’ouvraient en grand et un immense sourire se dessinait sur mon visage. Tomas était là. Je tentais vainement de me relever pour m’approcher du jeune homme et me blottir contre lui. Malheureusement, je n’étais même pas fichu de m’asseoir et j’abandonnais ma tentative préférant rester allongé dans le sable. Lorsque le jeune homme ne fut plus qu’à quelques mètres de moi, je hurlais à moitié « T’ES VENU SWEETHEAAAAAAAART ! J’suis désolé, j’avais une super bouteille mais j’ai tout bu en fait… Maiiiiis j’ai une méga giga bonne idée. On peut aller prendre un bain de minuit ! » J’hochais la tête de haut en bas comme convaincu de mon idée. Un grand sourire amusé se dessinait sur mon visage tandis que je me mettais à déboutonner ma chemise… Enfin à tenter de la déboutonner parce que ce n’était pas un franc succès. D’ailleurs, agacé, je relevais les yeux pour chercher Tomas à qui je demandais soudainement.

T’viens m’aider à m’déshabiller steuplait ? J’arrive pas… Les fucking boutons

J’aurais peut-être dû réveiller Nixon dans notre chambre. J’aurais peut-être dû le secouer doucement afin de le tirer hors de son sommeil et lui demander de me serrer fort dans ses bras. J’aurais peut-être pu essayer de me rendormir collé contre mon sexy tatoué. Cependant, quelque chose en moi avait su que ce ne serait pas suffisant pour ce soir. Quelque chose m’avait hurlé de quitter la chambre avant de réveiller Nixon parce qu’il ne pourrait pas me sauver cette nuit. Pas comme à Boston où il le faisait presque toutes les nuits. Et, dans le fond, je savais pourquoi cette voix s’était manifestée… Ce n’était pas parce que Nix’ n’était pas capable de faire passer la crise. C’était surtout parce que j’avais envie de le laisser profiter du Mexique pour avoir de vraies nuits de sommeil. Des nuits de sommeil qui ne seraient pas entrecoupées par mon horreur incessante. Alors, j’avais fini par quitter cette chambre récupérant une bouteille de tequila au bar de l’hôtel. L’alcool pourrait peut-être m’aider. Comme à chaque fois que l’horreur venait me trouver pendant la nuit, le cauchemar avait des foutues répercussions sur la totalité de mon être. Dès que je fermais les yeux, les images du métro se diffusaient. Elles refusaient de s’effacer de ma tête. Dès que je clignais des yeux, l’horreur cognait encore et encore. Maintenant que je me trouvais à l’extérieur de l’hôtel, ma respiration s’était apaisée et la crise de panique s’était réellement éloignée. Cependant, mon cœur courrait toujours un marathon fou. Et, alors que je descendais vers la plage, la douleur de mon mollet se réveillait si violemment que j’avais envie de crier. Plus les secondes s’écoulaient et plus je me demandais si j’allais vraiment pourquoi continuer de marcher. Est-ce que j’allais pouvoir atteindre cette plage ? Damn it. L’horreur me prenait si violemment aux tripes que je n’étais même plus certain de la bonne fonctionnalité de ma jambe droite. Enfin… Heureusement pour moi, je parvenais à avancer aussi normalement que d’habitude c’est-à-dire que je ne boitais pas plus, mais pas moins que tout les autres jours de ma vie. À l’extérieur de l’hôtel, je m’étais empressé d’attraper mon téléphone pour composer un message à l’attention de Tomas parce que tout mon être le réclamait. Violemment. Réellement. Follement. Il me fallait Tomas. Je devais le voir. Il pourrait vraiment m’apaiser. Il pourrait sincèrement m’aider. Glissant mon téléphone dans ma poche après l’envoi de ce SOS, je continuais de descendre sagement à la plage. Enfin sagement… Je m’étais quand même bouffé un coup de poing par un mec un peu trop saoul que j’avais bousculé sans le voir. Un mec qui avait réussi à ouvrir ma lèvre qui saignait un petit moment. Heureusement pour moi, la nuit était tombée et le noir cacherait parfaitement cette blessure. Puis, je ne souffrais pas. Ça brûlait juste quand je buvais de l’alcool. Cet alcool qui n’aidait pas à me calmer. Cet alcool qui ne parvenait pas à effacer la crise qui sévissait en moi. Pitié que Tomas arrive vite. C’était de lui dont j’avais besoin. J’avais besoin de ce moment merveilleux en compagnie de sa personne fabuleuse. Tellement ouais. M’allongeant sur le sable, je me mettais alors à attendre son apparition priant pour qu’il ait entendu son téléphone, priant pour qu’il ne tarde pas à débarquer. Je finissais par entendre du bruit qui me poussait à froncer les sourcils parce que je n’étais pas sûr de ce que j’entendais. Était-ce mon Sweetheart qui venait me sauver ? Je me concentrais  et c’était sa voix qui parvenait à mes oreilles… Non ? Oh si… C’était bel et bien sa voix qui m’appelait. C’était bel et bien lui qui soufflait mon prénom et l’un de mes surnoms. Les yeux grands ouverts, le sourire collé aux lèvres, j’attendais qu’il s’approche un peu plus avant de retrouver l’usage de la parole pour hurler qu’il était venu et pour m’excuser de la bouteille d’alcool déjà terminée alors qu’elle était pour nous. Lorsque Tomas me souffla que j’étais con, que je lui avais fait peur, mon cœur s’arrêtait de battre un bref instant. Je plongeais mes prunelles dans les siennes marmonnant un « ’Solé mon Amour » fichtrement trop sincère. Les excuses étaient automatiques, mais elles étaient tellement sincères parce que je m’en voulais réellement de lui avoir fait peur. Je n’avais pas voulu lui créer de quelconque angoisse même s’il était vrai qu’en étant allongé et silencieux sur ce sable, il aurait été difficile de faire autrement. Refermant les yeux, je m’empressais de reprendre la parole en sifflant cette idée soudaine et très intéressante qui avait germé dans mon esprit : celle de prendre un bain de minuit. J’étais ridicule n’est-ce pas ? Je perdais juste la tête peut-être. Zut, je savais nager et j’avais envie de me laisser glisser dans l’eau pour tout oublier. Je voulais nager pour ne pas couler dans mon esprit avec mon horreur. Mais, avec la bouteille de tequila dans le nez, je n’étais déjà pas fichu de tenir debout, alors nager ? Est-ce que je ne prenais pas juste le risque de couler ? Je n’en savais foutrement rien, mais j’hochais la tête de haut en bas comme pour dire qu’il s’agissait d’une idée fabuleuse. J’hochais la tête comme pour dire que je n’allais pas lâcher cette idée. D’ailleurs, Tomas pouffait de rire à ma proposition, mais il ne refusait pas. Il ne me l’interdisait pas. Sans perdre de temps, je tentais de déboutonner ma chemise et ce n’était pas un franc succès. Relevant les yeux sur Tomas, je lui demandais de l’aide avec ces fucking boutons. Son rire parvenait à mes oreilles et je lui tirais la langue sans même réfléchir. Un vrai gamin qui ne prenait jamais le temps de calculer, jamais le temps de réfléchir. C’était comme ça que j’étais avec Tomas. Depuis toujours. Tout se faisait naturellement avec le jeune homme. Tout se faisait à l’instinct. Lorsque mon Sweetheart me disait de le laisser faire, je levais les deux en l’air innocent avant de souffler.

J’te laisse faire tout c’que t’veux Sweetheart...

Je pouffais de rire tout seul devant la phrase qui venait de quitter mes lèvres parce que, dans ma tête, elle ne sonnait pas innocente. Dans ma tête, mes propos étaient trop tournés sexuellement… Mais, ça c’était sans doute juste dans mon esprit pas assez innocent. Je n’aurais jamais dû souffler de tels propos à haute voix à l’attention de mon meilleur ami. Je refusais de faire quoi que ce soit qui pourrait foutre notre relation en l’air. Je refusais de dire quoi que ce soit qui pourrait me faire perdre Tomas. J’avais trop besoin de lui dans ma vie. Néanmoins, ce soir, il était trop tard. Je venais de siffler ces mots et je ne pouvais pas les effacer. Je ne pouvais pas revenir dessus. Avec un peu de chance, Tomas penserait que je délirais à cause de l’alcool et puis il n’était même pas certain que Tomas y voit une quelconque allusion sexuelle. J’étais en train de m’emballer pour rien. Pauvre petit idiot. Tomas s’approchait de moi et il déboutonnait ma chemise alors que je refermais les yeux parce que, zut, le monde tournait trop pour moi. J’ouvrais doucement les yeux lorsque Tomas chercha à retirer ma chemise parce que j’étais obligé de me redresser afin de faire passer mes bras correctement et envoyer le vêtement valser au loin. Un petit sourire passa sur mon visage alors, qu’en appui sur mes mains, je finissais par parvenir à m’asseoir dans le sable. Bon, je tanguais encore d’un côté à l’autre. Le monde tournait. Mais ça allait. Je tenais assis et c’était déjà ça. Mes yeux se relevaient presque aussitôt sur Tomas qui était en train de se déshabiller et je ne me gênais pas pour le fixer. Oh non, pas le moins du monde. Il retirait son tee-shirt et mes prunelles sombres ne le lâchaient plus se perdant sur la peau découverte. Bordel, qui avait eu l’idée de faire de mon meilleur ami une vraie bombe ? Je mordillais ma lèvre alors qu’il retirait son short de bain pour se retrouver en caleçon devant moi. Un petit sourire se dessinait sur mon visage… Le genre de sourire que j’aurais aimé faire passer pour un sourire amusé alors que, dans le fond, ce n’était qu’un petit sourire timide. Je murmurais un «T’es beau… » à l’attention de Tomas sans être fichu de me contenir. Sans être foutu de me taire. Mais, ce n’était pas grave de toute façon. J’avais le droit de complimenter mon meilleur ami. Ce n’était pas dérangeant. Les deux mains posées à plat sur le sable, je regardais mon jean sans même vraiment le regarder. Je réfléchissais à la bonne façon de me lever pour terminer de me dévêtir sans me prendre une chute mémorable. Je tentais de trouver la parfaite solution pour me sortir de cette situation dans laquelle je m’étais enfoncé tout seul. Cependant, avant même de pouvoir y réfléchir, mes prunelles se relevaient sur Tomas qui parlait. Il me demandait si je comptais laisser mon caleçon et mes sourcils se fronçaient aussitôt. Zut… Un bain de minuit ça voulait dire nu non ? Ou c’était juste pour moi que c’était censé être de cette manière ? Mon Sweetheart ne tarda pas à m’éclairer sur la situation m’annonçant qu’il n’avait pas envie de se faire bouffer la bite par un poisson. J’éclatais aussitôt de rire sans pouvoir m’en empêcher. J’éclatais de rire sans plus savoir comment m’arrêter. Sans plus avoir envie de m’arrêter. Ça faisait tellement de bien, surtout avec l’horreur continuelle de ma tête. Quelques secondes passèrent. Quelques minutes peut-être. Je n’en savais rien. J’étais juste pris dans mon fou rire. Et, finalement, lorsque je parvenais à retrouver mon calme, je lançais doucement « P’tain bébé, t’sais que tu risques rien hein ? Mais, si ça te rassure, on reste en sous-vêtements ouais… » J’haussais doucement les épaules comme pour lui prouver que je m’en foutais. Ça ne me gênait pas. Lentement, difficilement, je me remettais sur mes deux pieds tanguant un moment et manquant même de me prendre une taule qui aurait sans doute fait rire mon Sweetheart. Je finissais par retrouver un équilibre… Un équilibre instable, mais un équilibre quand même. Déboutonnant mon pantalon sans difficulté, je le faisais glisser le long de mes jambes me retrouvant en boxer. Et, dans cette tenue, je m’approchais de Tomas hésitant quelques secondes. Si je n’avais pas fini cette bouteille tout seul et aussi rapidement, j’aurais pu être en mesure de porter le jeune homme dans l’eau pour l’y lancer. Mais là, putain, ce n’était guère envisageable. Je n’étais même pas sûr de parvenir jusqu’au bord de l’eau tout seul alors jouer au plus fort… Ouais, non, ce n’était pas pour cette nuit. J’agitais alors doucement la main devant Tomas pour lui demander de se tourner. J’étais presque certain que mon meilleur ami savait déjà ce que j’avais en tête. Il devait bien avoir compris que je comptais sur lui pour rejoindre l'océan parce que je ne faisais absolument pas confiance à mes jambes. Lorsque Tomas fut dos à moi, je m’approchais grimpant sur son dos enroulant mes jambes au niveau de ses hanches tandis que mes bras s’enroulaient autour de son cou. Un grand sourire se dessinait sur mon visage et je collais ma tête dans son dos en fermant les yeux un court instant. J’étais tellement bien là. Je profitais de sa présence. Je profitais simplement de ce contact. De sa peau chaude contre la mienne. Mon cœur qui cognait si fort depuis mon réveil commençait enfin à s’apaiser. J’étais finalement sorti de l’enfer de mon cauchemar. J’étais enfin ancré dans la réalité. Et quelle réalité délicieuse. Tout allait mieux. Là. Avec Tomas. Je finissais par bouger déposant mes lèvres dans le haut de son dos et m’amusant à tracer un chemin de baisers jusqu’à sa nuque. Puis, me redressant un peu de ma position un peu trop avachie, j’atteignais l’oreille de Tomas où je venais murmurer « Tu m’emmènes dans l’eau maintenant bébé ? » Mes lèvres glissaient et je venais mordiller le lobe de son oreille foutrement joueur, fichtrement taquin, avant de poser mon menton sur son épaule en fixant droit devant nous. Cet océan qu’il était difficile de distinguer. Cet océan que j’avais envie de rejoindre pour oublier les vagues violentes de mon esprit.

Un fichu cauchemar et la panique se déclenchait à l’intérieur de mon être. Cette panique qui m’obligeait à quitter le lit parce que je savais déjà que rester allongé ne parviendrait guère à m’aider. Les bras de Nixon n’effacerait pas cette vague qui me noyait violemment. Non. Pas cette nuit. Il fallait que je sorte de cette chambre que je partageais avec mon sexy tatoué. Il fallait que j’aille marcher. Quelques minutes. Quelques heures. Je devais simplement m’éloigner aussi loin que je le pouvais comme cela je finirai par réellement pouvoir me concentrer pour retrouver mon chemin et ainsi oublier l’horreur qui cognait incessamment dans mon crâne depuis que j’avais ouvert les yeux. Un foutu cauchemar et je finissais en dehors de l’hôtel. Ma course se terminait sur cette plage avec un esprit torturé, une bouteille de tequila entièrement vidée, une lèvre blessée et une attente… Putain, cette attente me semblait tellement longue d’ailleurs. En vérité, elle ne durait sans doute pas plus de dix minutes, mais ma tête était trop en vrac pour réellement le comprendre. Pourtant, je savais. Je savais que Tomas se dépêchait toujours lorsque je lui envoyais un SOS. Peu importait où il se trouvait ou ce qu’il était en train de faire, mon meilleur ami débarquait toujours très rapidement pour me secourir. C’était comme s’il avait des supers pouvoirs lui permettant de voler ou de transplaner jusqu’à la destination indiquée e n quelques secondes à peine. Un sourire amusé passa sur mon visage à cette pensée. Un fichu cauchemar hein… Et, je me retrouvais allongé dans ce sable à inquiéter mon Sweetheart qui débarquait enfin. J’étais trop immobile. J’étais bien trop silencieux. J’avais eu la trouille de crier et de me faire encore plus mal à la tête. J’avais eu peur d’ouvrir la bouche et de me sentir mal. Mais, zut, j’étais tellement idiot parce que je pouvais sentir de là la vague d’inquiétude qui avait parcouru Tomas lorsqu’il m’avait aperçu de loin. Je finissais d’ailleurs par lui présenter mes excuses parce que je me sentais trop responsable de cette vague douloureuse et ce n’était pas ce que j’avais voulu provoquer. Un foutu cauchemar et je désirais un bain de minuit avec mon meilleur ami. La bonne idée glissait entre mes lèvres et Tomas acceptait sans chercher à m’en dissuader. Il savait déjà. Il savait que s’il m’avait dit non, je n’aurais pas accepté la réponse si aisément. Je serais sans doute allé dans l’eau avec ou sans lui. Et il était clair que, dans mon état, aller dans l’eau seul n’était guère une bonne idée. Je serais même allé dans l’océan tout habillé s’il le fallait parce que je ne parvenais pas à défaire les boutons de ma chemise. Posant mes prunelles sombres sur Tomas qui avait accepté ce bain de minuit, je quémandais une aide plus que bienvenue pour cette mission délicate. Lorsqu’il me souffla de le laisser faire, je ne pouvais m’empêcher de répliquer du tac au tac une phrase qui n’avait rien d’innocent et qui me faisait pouffer de rire. Damn it. À quoi jouait ma tête exactement ? Je n’eus pas le temps d’y penser puisque la voix de mon meilleur ami retenait mon attention. Il soufflait que l’alcool me faisait dire de belles conneries. Hein ? Quelles conneries ? Mes sourcils se fronçaient parce qu’il ne me semblait pas avoir dit de bêtises. Oh, à moins qu’il n’ait pris mes mots pour des bêtises ne pensant pas que je le laisserais faire tout ce qu’il voulait. Je me contentais de secouer négativement la tête pour toute réponse. Je risquais de m’enfoncer si j’ouvrais la bouche. Je risquais de glisser trop profondément et de foutre en l’air notre relation alors que je ne le voulais pas. Aussi, je préférais me taire. Tomas déboutonnait ma chemise et j’ouvrais les yeux pour me redresser afin de retirer le vêtement que j’envoyais valser au loin. Prenant appui sur mes mains, je restais assis dans le sable posant mes prunelles sur Tomas qui se déshabillait. Je ne pouvais pas m’empêcher de le fixer. Lui. Diablement sexy. Fichtrement tentateur. Est-ce qu’il en avait conscience ? Est-ce qu’il savait qu’il m’était déjà arrivé de rêver de lui érotiquement ? Est-ce qu’il savait qu’il avait déjà été la cause de mes érections ? Non. Bien sûr que non. Je ne lui avait jamais dit que je me demandais quel goût avait ses lèvres. Je ne lui dirais jamais que j’avais déjà imaginé mes doigts glissant sur sa peau. Non, jamais, je ne viendrais lui confier que j’avais déjà pensé à son corps entièrement nu contre le mien. Les images cognaient à l’intérieur de mon esprit et elles auraient pu me donner beaucoup trop chaud si Tomas n’avait pas parlé de nouveau captant toute mon attention comme il savait si bien le faire. Il parvenait toujours à me divertir de tout et à me pousser à me concentrer sur lui et uniquement sur lui. Il parlait de garder son caleçon parce qu’il ne voulait pas se faire bouffer la bite par un poisson et ça déclenchait un rire incontrôlable chez moi. Un rire qui ne s’arrêtait qu’après plusieurs minutes me laissant accepter le fait de rester en sous-vêtements. Je me relevais tanguant un instant avant de parvenir à retirer mon pantalon. Et, sans perdre plus de temps, je grimpais sur le dos de Tomas enroulant mes jambes autour de ses hanches. Mes lèvres se promenaient sur sa peau chaude, dénudée et tentatrice avant que je ne lui demande de m’emmener à l’eau. Et, le menton sur son épaule, j’attendais qu’il se mette en route ce qu’il ne tarda pas à faire me demandant par la même occasion de rester collé à lui dans l’eau.

D’accord, j’reste collé...

Ou peut-être pas… J’avais follement envie de jouer cette nuit. Encore plus avec l’alcool qui courait dans mes veines. Ce liquide me donnait toujours envie de flirter et de provoquer. Ce liquide me poussait trop souvent à me comporter comme un gamin joueur. Je savais que je risquais de m’éloigner de Tomas une fois que nous serions dans l’eau et peut-être qu’il le pressentait lui aussi. Néanmoins, je savais que je n’irai pas trop loin parce que je ne voulais pas prendre le risque de couler sous l’absence de mes capacités à nager avec cet alcool pulsant en moi. Je savais que je n’irai pas loin parce que je refusais de l’inquiéter de nouveau. Je détestais cette sensation dans mon ventre lorsque je savais qu’il s’en faisait pour moi. Je savais que je n’irai pas loin parce que je n’en étais pas capable. Je n’avais pas contacté mon meilleur ami pour rien. J’avais besoin de lui. J’avais besoin d’être proche de lui. J’avais besoin de le sentir proche de moi. Alors, ouais, je risquais de m’éloigner de quelques mètres parce que je n’étais qu’un gamin provoquant. Je risquais de m’éloigner simplement pour jouer avec mon meilleur ami. Mais, je n’irai jamais trop loin. Le bruit de l’eau se mettait à cogner plus fort dans mes oreilles me signifiant que nous étions en train d’approcher de cet océan qui me faisait rêver. Tomas me demandait si je restais sur son dos et mes sourcils se fronçaient sous l’interrogation que je n’attendais pas. Il voulait que je reste collé à lui, mais il ne semblait pas avoir envie de me garder sur son dos. Ou était-ce moi qui interprétait tout de travers ? Je savais bien que m’avoir sur son dos ne lui permettrait pas de nager. Néanmoins, je n’avais jamais pensé que nous allions réellement nager ce soir. Juste se chamailler dans l’eau. Simplement rester là où nous avions pied. Alors ouais, dans ma tête, le fait que je sois sur le dos de mon Sweetheart n’était pas un soucis. Néanmoins, cela semblait en être un pour lui tant et si bien que je demandais « Tu… T’as pas envie que je restes sur ton dos ? » L’inquiétude se faisait entendre dans ma voix. L’alcool me faisait tellement douter. Je ne savais plus quoi penser de cette demande. Est-ce qu’il avait vraiment envie de nager plus loin ? J’en savais rien. Et, avant même qu’il ne puisse répondre à mon interrogation angoissée, je reprenais « Je… J’m’enlève dès qu’on est un peu plus loin… » Ouais, juste avancer encore un peu et dès que l’eau arriverait à son ventre, j’étais prêt à me détacher de lui pour lui permettre de nager comme bon lui semblerait. Une nouvelle interrogation me tombait dessus. Pourquoi avais-je bu autant d’alcool ? Un soupir filtra entre mes lèvres tandis que je me raidissais. Zut, j’avais presque réussi à oublier ça. Je n’avais pas envie de retomber. J’étais bien là. Néanmoins, c’était Tomas qui me demandait et tout était toujours facile avec lui. Alors, les yeux rivés devant moi, je finissais par babiller « J’ai refais un cauchemar… L’métro encore… Les cris, l’noir, la douleur, le sang, les corps… Je… J’pas contrôlé la crise de panique qui a suivi… Vomi… Si chaud… J’arrivai même pas à respirer… » Rien qu’en parlant à nouveau de ce cauchemar, j’avais l’impression d’être englouti dans le métro. Je sentais mon cœur repartir à un rythme fou. Je m’étais même mis à respirer plus fortement comme si je manquais d’air. J’étais en train de me perdre dans les images jusqu’à ce que l’eau ne touche mes jambes me permettant de me reconnecter à l’instant présent. Tomas avait continué son avancée dans l’océan. L’eau lui arrivait à la taille et, comme promis, je me détachais laissant mes jambes rencontrer le sol. Je manquais de tomber pas encore très équilibré à cause de l’alcool. Je me rattrapais au bras de Tomas avant de tomber à l’eau. Et, sans lâcher son bras, je me plantais face à lui avant de continuer « J’ai pris la bouteille… J’pensais la partager avec toi… Mais, les images cognaient alors je… J’ai bu pour que ça s’efface… » J’haussais les épaules avant de me mettre à marcher à reculons sans quitter Tomas des yeux. Un pas. Deux pas. Trois pas. L’eau montait doucement, réellement. Et, même sans toucher mon Sweetheart, il suivait le moindre de mes pas comme j’aurai pu le faire si ça avait été lui qui menait le jeu. Je finissais par rajouter « Ça va mieux maintenant que j’suis avec toi... » Et c’était vrai bordel. Sa présence me faisait tellement de bien. La panique avait disparu à l’instant même où il s’était approché de moi. Mon super héro rien qu’à moi. Avec un sourire joueur sur le visage, je me laissais tomber en arrière dans l’eau riant. Je nageais difficilement sur le dos reculant toujours plus. Je n’étais pas stable. Je buvais la tasse plus d’une fois et ça me faisait rire. Soudainement, je me rendais compte que je m’étais un peu trop éloigné de Tomas tant et si bien bien que je revenais difficilement vers lui. Je souriais toujours, foutrement amusé de cette situation. En revenant vers mon meilleur ami, j’avais pied. L’eau m’arrivait aux épaules. Je me rapprochais de Tomas pour lui sauter dessus de nouveau – doucement afin d’éviter que nous basculions à l’eau tout les deux. Je ne me mettais pas dans son dos cette fois. Non. Je voulais être face à lui. Mes jambes s’enroulaient autour de lui alors que j’enroulais mes bras autour de son cou. Une de mes mains se perdaient dans ses cheveux. Mes yeux se plantaient dans ceux du jeune homme. Quelques secondes comme pour le rassurer s’il s’était inquiété de me voir m’éloigner. Mes prunelles se perdaient un instant sur les lèvres de Tomas et je me rapprochais inconsciemment. Ma respiration s’emballait. Mon cœur cognait plus fort… Agréablement. Mes hanches se pressaient sans doute un peu trop contre les siennes… Ou peut-être était-ce tout mon corps qui se pressait trop. Là, à quelques millimètres des lèvres de Tomas, mon souffle s’abattant sur sa peau, je demandais « T’me laisses pas hein ? » Les yeux rivés aux siens, j’enroulais doucement une mèche de ses cheveux autour de mon doigt dans l’attente des mots rassurants.