Passe une bonne soirée. J'avais juste le droit à ça et je savais que du coup, c'était pas spécialement bon signe. Il n'avait rien promis se laissant donc l'occasion de revenir à la charge s'il en avait envie. J'disais rien mais poussait un soupir le laissant s’éclipser à travers la foule. Je ne savais même pas si j'étais en colère pour la peine et je restais là pendant quelques minutes, à ne pas bouger, comme déconnectée du réel. J'savais même pas combien de temps je restais comme ça et finalement, je me faisais violence jouant des coudes pour me frayer un chemin jusqu'au bar. Une fois mon verre en main, je cherchais des yeux un coin tranquille me positionnant finalement dans un coin n'ayant plus vraiment la tête à m'amuser. Il avait peut être réussi à faire ce qu'il voulait en fait parce que pour la peine, j'étais complètement chamboulée. Par sa façon d'agir, par le moment qu'on venait de partager et.. Je ne savais plus quoi penser de tout ça. J'avais aucune idée de ce que ça allait changer par la suite. Probablement rien. Et je restais plantée dans mon coin à siroter mon verre, l'air totalement ailleurs. Peut être qu'il serait mieux que je rentre au final, j'avais pas le goût à retourner me mêler à la foule. Pas du tout en fait. Ouais. J'posais mon verre sur une table commençant à me frayer un chemin à travers les gens et sa voix retentissait une nouvelle fois dans le micro. Pitié, non. J'me demandais ce qu'il pouvait encore me réserver et.. Wtf ? Qu'est ce qu'il était en train de faire. L'air un peu hagard, j'écoutais les mots qu'il prononçait entendant la huée des gens quand il venait dire qu'il m'avait trompé. Arrête ça Aaron, arrête. Finalement, ce n'était plus la sortie que je tentais de rejoindre mais plutôt l'estrade. Pour l'arrêter, pour qu'il cesse donc de se donner en spectacle devant tout le monde. J'avais le coeur qui se serrait un peu plus quand j'l'entendais me demander pardon. Je fermais les yeux quelques secondes continuant à pousser ceux autour de moi pour me rapprocher. Et j'te le dis là, j'ferais n'importe quoi pour... N'importe quoi pour quoi ? J'voulais la fin. Je voulais la suite de cette phrase. Je savais pas pourquoi c'était soudainement si important mais je voulais l'entendre. Sauf que tout le monde dans la salle semblait le blâmer lui jetant tout et n'importe quoi et moi, j'arrivais enfin à grimper sur cette foutue scène me positionnant devant lui. Tu ferais n'importe quoi pour quoi ? Vas y, dis moi.

J'ai besoin d'entendre la suite. Là, c'est toi et moi. Alors dis moi, fini ta phrase qu'on cesse cette scène maintenant. Je ne sais pas ce que tu veux faire, je ne sais pas pourquoi tu t'acharnes et tu sais, honnêtement, je pense qu'il est trop tard. C'est pas maintenant que tu devrais faire ça, t'aurais du le faire il y a un an. Te battre pour moi, pour nous, pour ce qu'on avait. Je sais pas si c'est rattrapable, je sais même pas si un jour je pourrais tolérer ta présence plus que quelques minutes et j'arrive pas à saisir pourquoi tu te réveille maintenant. Pourquoi t'as soudainement tant besoin de me dire les choses. Et je ferme les yeux en entendant la suite, je ferme les yeux parce que là de suite je ne suis pas capable d'affronter ton regard. Arrête.. N'importe quoi pour moi. Je sais même pas si je dois y croire ou pas, j'ai du mal, j'y arrive pas. Pourquoi tu veux que je te pardonne, qu'est ce que ça change ? Même si je finissais par le faire, même si un jour j'arrivais à te regarder droit dans les yeux en te donnant mon pardon, qu'est ce que ça changerait ? On est plus les même Aaron. Je ne suis plus la même et je ne veux pas retomber dans tes bras parce que ça ne rime à rien. J'dois y aller. Je me mord la lèvre et me retourne soudainement prenant la fuite dans la foule. Bousculer les gens jusqu'à atteindre la sortie pour enfin respirer l'air frais. Et j'en peux plus de tout ça, de ce qu'il fait, de l'impression que mon coeur va imploser dans ma poitrine. J'en peux juste plus.

J'aurais tellement souhaitée que les choses soient bien plus simples mais ce n'était pas le cas et je fuyais. Je fuyais sa présence parce que j'étais pas capable d'affronter tout ça, j'avais pas envie de le faire. J'étais douée pour prendre la fuite à chaque fois, c'était pas aujourd'hui que ça allait changer. C'était seulement en arrivant à l'extérieur que je m'adossais contre le mur inspirant profondément à plusieurs reprises. J'passais mes mains dans mes cheveux l'air totalement désemparée. Je détestais tout ce qu'il me faisait ressentir à ce moment présent. C'était comme si des flashbacks de tout ce qu'on avait vécut ne cessait de remonter à la surface par flot incessant et.. Merde quoi. Bien sûr que j'avais toujours des sentiments pour lui, c'était pas partie, ça partirait pas et je ne savais pas pourquoi. Et il était là, une nouvelle fois, visiblement pas enclin à lâcher l'affaire. Je ne savais plus quoi faire dans tout ça et je relevais les yeux sur lui gardant le silence pendant quelques instants. Tu voulais pas quand on arrive là quand ? L'an dernier quand t'as couché avec une autre ? La semaine dernière quand tu m'as avoué la vérité ? Cet après midi quand t'as fais ta pseudo crise de jalousie ou maintenant ? Non mais parce que là, tu me faisais clairement vivre un enfer. Je m'approchais de lui tapant dans son bras avec toute la force que je pouvais avoir. Comme pour décharger cette colère qui semblait ne pas vouloir partir. Tu crois pas que t'en as déjà assez fais ?

Tu crois pas que tu m'as rendu déjà assez misérable pour continuer à t'incruster dans ma vie comme ça ? J'pense que tu m'as déjà assez fais de peine Aaron. Je pense sincèrement que t'en as assez fait et qu'il est temps de me laisser tranquille parce que là, je peux plus. Je peux pas supporter tes allers-retours incessant sans rien dire. Regarde moi, je suis incapable de tenir ma carapace face à toi. Tu me rends juste dingue et j'arrive pas à résister une seule seconde à tout ça. C'est fatiguant, j'veux que t'arrêtes, je veux que ça cesse au moins un peu. Parce que je ne pensais pas en revenant que tu ferais ce retour fracassant dans ma vie, je ne pensais vraiment pas que tu serais là encore et encore comme si t'étais pas foutu de me ficher la paix. Pourquoi continuer ? Mon pardon je sais même pas s'il viendra un jour alors quoi ? Tu vas pas me laisser une seule seconde et continuer à me faire de la peine ? Parce que c'est de la peine que je ressent quand t'es prêt de moi et cette sensation je ne la veux. J'retape dans ton bras encore une fois comme si ça pouvait me soulager mais au fond, j'ai juste l'air d'une hystérique folle à craquer. Pourquoi tu me fais ça ? Me torturer de la sorte. Etre à chaque endroit où je suis. Me faire sentir aussi mal. Pourquoi ? J'te regarde à nouveau, je cherche des réponses dans ton regard mais y a rien qui vient. Et j'ai envie de faire taire tout ça, toute cette peine et cette douleur. Alors j'attrape tes lèvres, plaque ma bouche contre la tienne pensant que ça pourrait me soulager. Sans vraiment savoir pourquoi je le fais.

Je le fais juste en fait. J'ai pas envie de réfléchir, pas envie de me prendre la tête plus longtemps. C'est une pulsion à laquelle je viens de répondre sans me poser la moindre question et même si je sais qu'au fond, j'aurais jamais du faire ça, je le fais quand même. Tant pis pour les conséquences. Puis le pire, c'est sûrement sa façon d'y répondre. A placer ses mains de part et d'autre de mon visage continuant à jouer avec mes lèvres comme si l'on était en train de fêter nos retrouvailles. Je sais que ce n'est pas le cas mais quelque part, ça fais du bien de vivre ça même pour quelques secondes. Puis vient la fin puisque de toute façon, elle était prévisible. Pas une bonne idée. Je fais la moue sans trop savoir comment réagir avant de finalement secouer la tête. Ouais, pas une bonne idée. Tu sais, si tu veux pas de moi Aaron fous moi juste la paix. Parce qu'en fait, t'as clairement pas le droit de t'interposer dans ma vie en me bloquant à la moindre action pour finalement me repousser par la suite. T'en fais pas, ça s'reproduira plus. Je ne fais jamais deux fois les même erreurs et là, clairement, je ne le ferais plus.