Mais tout ce qui résonne face à son hurlement, c’est le silence, insatisfaisant. Plus le diable s’empare de son corps, plus elle a envie – besoin – d’en découdre, de l’accabler. Si elle continue, c’est même l’oubli de son anniversaire qu’elle se voit citer. Prête à tout mélanger. Irrationnelle, elle le sait. Pourtant, elle songe aussi qu’elle pourrait bien continuer jusqu’à ce que cela parvienne à amenuiser cette passion véhémente qui actuellement l’alimente. Puis… Elle aimerait qu’il crie, lui aussi. Qu’il s’énerve plutôt que de la plaindre. Car elle reste fixe cette idée de pitié dans ses pensées depuis qu’il lui a soufflé cet Haiwee fuyant. Qu’il grimpe sur ses grands chevaux à défaut de n’être que penaud. Ou qu’il lui donne enfin ce qu’elle espère, de l’amour, qu’il ait l’art et la manière.

Et parce qu’elle n’a pas réussi à le frapper à l’aide du cylindre cette fois, elle soupire de rage, détourne vers le sol son regard. Une seconde de répit pour tous les deux, avant qu’elle ne relève les prunelles en sa direction, qu’elle regrette, un tout petit instant, d’être la martyre de sa propre aliénation. Cependant elles ne s’amalgament pas assez pour s’annuler, sa rage et son affection. « Alors ?! » elle invective tandis qu’elle se stabilise dans l’espoir de réitérer son exploit… En revanche, avant de lui indiquer par un mouvement de sa batte qu’il peut relancer, elle agonit en s’adressant à lui, « Tu y réponds ? » A celle qui importe, celle qu’elle a posée, la véritable question.

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Elle blâme son mutisme, unique raison qui l’empêche de taper la balle qu’il vient de lui envoyer. La haine qu’elle avait mis dans sa volonté de la frapper, inutile à souhait. Ce qu’elle espère, ça lui paraît tellement évident qu’elle n’arrive pas à comprendre comment lui ne le peut pas. Pourtant c’est bien ce que lui prouve ses lèvres scellées. Et comme résultat ? C’est le mélange de ses sentiments, encore une fois. Entre plusieurs émotions son âme balance, cependant ses mots elle les accueille avec une véritable dose de véhémence. « Si déjà tu étais plus claire, » Et si toi tu avais été là hier. Cette soirée ne ressemblerait en rien à celle-là. Elle ne craindrait pas autant de ne pas compter pour toi. « On dirait Witter, » un coup direct dans le cœur.

Elle en est paralysée, met une couple de secondes à assimiler ce qu’il a osé. La comparer directement à elle, chose que, de mémoire, il n’avait jamais fait. Cet échange, elle souhaite l’écourter instantanément. Elle ne désire même plus l’accabler, aspire à rentrer. Dans cette torpeur engendrée par l’évocation de la rousse, elle a baissé sa batte, n’a pas remarqué qu’il a relancé le cuir cylindrique…

Il y a de la méchanceté quand elle percute la balle d’un mouvement rapide. Heureuse d’avoir réussi à lui renvoyer, et sur son coup, elle ne se retient pas de lui cracher, « Tant mieux alors, ça doit te plaire. » puisqu'il ne peut pas s'empêcher de la citer. « Mais bravo, » elle crache avec toute la force de sa haine, « au moins maintenant j’en suis certaine. » La réponse, c’est bon elle l’a. Mais le dégoût et le dépit ont gagné, la pression de son bras relâchée, ballant, le bout de la batte heurte le sol en un bruit sourd. Elle souffre toujours à vouloir parler d’amour.

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