(tw / donastasia 10yl) and now every song reminds me of what used to be

L'instinct protecteur qui refait surface aussi vite que le danger était apparu. Te voilà mise loin de la scène possiblement meurtrière de tes pieds. De toute évidence, le pire avait été évité. Tant mieux, je me voyais pas devoir te porter jusqu'à l'infirmerie pour qu'on te bande les pieds. « tant mieux » soufflais-je, rompant alors tout contact avec toi. Et pour revenir sur les mots que t'avais eu avant, à vouloir me présenter ton fils, je m'excusais encore une fois pour les mots que j'avais pu dire. « je suis pas amoureux d'elle... je le serai jamais » confiais-je. Parce que c'était une fille juste comme ça, que dans deux mois ça serait terminé parce que je lui donnerai jamais l'attention qu'elle réclame, ni les mots doux qu'elle quémande. Une question venait alors me brûler les lèvres, mais elle avait une réaction inattendue en moi. Cœur battant trop vite, mains moites, regard brillant, gorge serrée. Beaucoup trop d'émotions qui s'empressaient de m'ébranler d'un coup. « tu... » C'était dur, beaucoup trop dur. « tu crois qu'on serait encore ensemble si...? » Le regard se lève sur toi, une larme coule. T'as compris. Dis moi que t'as compris et que j'ai pas besoin d'expliciter ma question.

tes yeux roulent dans leurs orbites. — tu t'laisses aucune chance là mais après tout, techniquement, c'est pas vraiment ton problème. puis, le temps se fige et ton cœur s'accélère dans ta poitrine ce qui te fait hyper-ventilé. tu agites les mains devant lui, recule de quelques pas retenant tes larmes comme tu peux. — non non non non, on devait pas en parler ! on peut pas parler de ça donovan ! un mélange d'émotions qui éclate. un trop plein, retenu pendant des années. la plaie est loin d'être cicatrisée mais il a été plus simple de seulement la mettre de côté pour ne pas saigner. t'avais convenu un deal avec toi même, de ne plus repenser ou reparler de cette épisode de ta vie. partagée entre tristesse et colère, tu ne sais plus retenir tes larmes qui coulent sur tes joues. furieuse de te retrouver dans cette situation et triste de te rendre compte de la pertinence de la réponse à sa question. — on avait plus les mêmes attente quand on s'est séparé, on en a déjà parlé dernière tentative de t'auto repêcher en répondant ce qui t'arranges.

« peu importe » C'était pas de ma copine que je voulais qu'on parle, mais d'un sujet sensible. Sujet mis de côté depuis.. beaucoup trop longtemps. Et c'était sûrement aussi pour ça que je jalousais tous mes potes fondant leur famille. Parce que j'avais pas eu la mienne, quand tout était prédestiné à aller dans ce sens. On était bien ensemble, quand on était encore étudiant. Et même après. C'est juste... la vie, qui a eu raison de nous. La vie et cet évènement tragique. Te voir pleurer, ça me fendait le cœur, vraiment. J'ai jamais aimé voir la tristesse sur ton visage. Et le pire dans tout ça, c'est que cette vision devenait floue par les propres larmes qui inondaient mes yeux. Ce sujet, sensible, était resté enfoui en nous des années, jusqu'à maintenant. J'en avais jamais reparlé, pas depuis qu'on était sorti tous les deux de l'hôpital, sans cet enfant qui devait sceller notre amour. « je voulais fonder une famille avec toi, je l'ai jamais caché » Mais cette perte, elle avait exacerbé des peurs que je ne connaissais pas. Et si tu retombais enceinte, est-ce que ça allait faire la même chose ? Et si c'était moi le problème ? De toute évidence, Julian était la preuve que tu ne l'étais pas. « on a toujours été bon en communication... sauf à partir de ce moment là » La communication s'est dégradée, on s'est enfermés, recroquevillés. Totalement isolés pour faire notre deuil séparément. La suite, on la connait.

votre histoire a eu raison d'un scénario catastrophique que vous n'avez pas su gérer. même maintenant, des années après, tu ne sais pas comment vous auriez pu faire autrement pour surmonter ça. tes larmes dévalaient tes joues, embuaient ton regard. — c'est que ça ne devait pas se faire chuchotes-tu en croyant de toutes tes maigres forces à ce que tu dis. — je veux pas penser à ça, j'y arrive pas évènement traumatique qui était venu bouleverser votre quotidien. — j'ai du voir une psy pendant la grossesse de julian tu inspires et expires longuement pour essayer de reprendre le contrôle de ton corps. — j'avais des telles angoisses de.. revivre la scène d'horreur de le perdre, de te perdre. tu séchais tes larmes et te rendais compte que ses yeux étaient brillants. tes doigts venaient effleurer les siens et de manière quasi imperceptible, tu lui demandais d'arrêter de pleurer.

Tous les deux pris par nos émotions, les larmes coulaient des deux côtés. Inexorablement, on ne pouvait pas l'empêcher. C'était comme ça, quand on remontait un trauma de quelques années. Et je comprends aussi la peur que t'as pu avoir pour ton fils, lors de ta grossesse. Perdre un enfant, c'était pas rien. Seulement, on a pas été assez fort pour survivre à ça. Pourquoi ? On s'aimait pourtant, on était un couple qui surmontait tout... Faut croire que non. « t'as bien fait... et puis ça s'est bien passé finalement » soufflais-je. Casey avait eu plus de chance que moi. Il avait eu un fils avec toi, la joie d'avoir un bout de lui et un bout de toi foulant cette terre. Gorge serrée, j'arrivais à rien dire de plus. D'autant plus que je bloquais sur tes doigts qui effleuraient les miens. Contact léger et pourtant si significatif. C'était dur, beaucoup trop dur. Le visage qui dévie pour éviter que tu me voies dans cet état là, puis mes mains qui viennent essuyer ces perles humides pour les dégager. J'ai jamais été pudique, encore moins avec toi, mais là c'était trop. « ça devait pas se faire... » que je répétais à moi-même, réalisant l'impact des mots sur ma personne, les larmes tombant de nouveau, plus grosses et plus nombreuses, sans que tu puisses le voir.

entamer un suivi psychologique t'avais aidé à surmonter des traumatismes enfouis et a mieux vivre ta grossesse. pourtant, les blessures n'étaient pas totalement guéries et si julian t'avais apporté une joie énorme, certaines douleurs ne s'apaiseraient pas si facilement. peut être qu'en parler avec le principal acteur pourrait t'aider, après tout, c'était la dernière solution que tu envisageais. et t'y voilà, devant le fait accompli, à mettre des mots sur ce que tu t'étais interdit de faire si longtemps. ce sujet devenu tabou entre vous et qui vous avez fait exploser en plein vol. ses larmes étaient dures à encaisser et tes paroles d'une extrême violence ne venaient pas l'apaiser, tu t'en rendais bien compte. — c'est plus simple de se dire ça donovan tes doigts lâchaient les siens et ta main se réfugiait dans la poche de ta veste. — parce que l'autre solution serait de me mettre toute la faute sur le dos et je pourrais pas assumer ça dans ton esprit, bien loin dans un coin de ta tête, tu t'infligeais les tords de l'échec de cette grossesse. c'était ton corps qui l'avait rejeté, toi qui n'avait pas assurer. et cette réalité était difficile à affronter. — j'ai passé des nuits à revivre tout, à remettre en question la moindre chose que j'avais pu faire, à me revoir.. tes larmes se remettent à couler sur ton visage. — entrain de perdre tellement de sang que je savais plus si je paniquais à la vue du sang où à l'idée de savoir ce qu'il se passait. toi et ta peur du sang dans cette situation d'angoisse extrême, tout avait été horrible ce jour là. — alors ouais, je me rassure comme je peux, excuse moi si ça te blesse tu soufflais, presque soulagée de ces premiers mots sur cette discussion atroce.

Pourquoi est-ce qu'on s'était mis à parler de tout ça ? C'était ma faute, et maintenant j'en assumais les conséquences. J'avais surtout pas le choix, les mots qui étaient dits étaient difficiles à avaler. A digérer. Entendre que notre enfant "devait pas se faire", c'était pas ce que je voulais entendre, clairement. Alors oui, je me tournais, t'empêchant de voir les émotions qui tordaient mon visage en cet instant. J'avais mal, de t'avoir perdu, de l'avoir perdu. De m'être perdu en chemin aussi. Depuis des années, je n'étais que l'ombre de moi-même et c'était depuis cet instant, où le destin a décidé de ne pas nous accorder le bonheur d'avoir un enfant ensemble. Tu parlais, expliquant alors ton point de vue sur la situation et oui, je comprenais que c'était plus simple. C'était toi qui le portait, toi qui l'a perdu. Et la douleur, même si elle était énorme de mon côté, elle devait être cent fois pire du tien. Et je ne le minimisais pas. Mais j'avais l'impression que tout ça c'était ma faute malgré tout. « t'en fais pas » que j'disais, essuyant mes larmes, toujours à l'abri de ton regard. Soufflant à plusieurs reprises, je tentais de mettre des mots sur ce que j'avais pu analyser de tout ça. « c'est... peut-être mes gênes, qui ont provoqué ça » finissais-je par dire, me tournant pour te regarder. « tout est bien allé avec julian donc... le problème n'était pas toi. c'était moi... c'est moi » Ou alors il me manque encore quelques notions en biologie reproductive, possible aussi. « si ça devait pas se faire, peut-être que ça doit jamais se faire » Et qu'on est voué à l'échec depuis le début.

les yeux embués de larmes que tu ne cessais d'essuyer alors qu'elles longeaient tes joues, tu essayais tant bien que mal de t'arrêter. pleurer ne changerait rien au passé et tu le savais, pourtant ça faisait toujours autant de mal et de bien à la fois. ses paroles te brisaient le coeur car tu comprenais la douleur qui l'envahissait. peut être qu'il y a quelques années, tu n'avais pas pris assez le temps de la comprendre, estimant que toi seule pouvait souffrir de cette perte. peut-être que c'est ton égoïsme qui avait mené à votre perte. — mon traitement a été modifié pour la grossesse de julian. j'ai été suivi différemment disais-tu en espérant lui apporter des explications supplémentaires.  — ça n'a rien à voir avec toi soufflais-tu pour tenter de le rassurer, même si tu savais que ça n'apaiserait rien à sa peine. — on a jamais pris le temps d'en parler parce que c'était trop dur à surmonter, que c'était impossible de mettre des mots sur ce qu'on vivait indépendamment.. mais aujourd'hui j'y arrive et je crois que j'ai besoin qu'on en parle, qu'on se dise les choses franchement tu te racles la gorge te disant qu'il a sûrement pas mal de choses à te reprocher sur les semaines qui ont suivis cette fausse couche. semaines où tu l'as rejeté, où tu t'es renfermée et tu n'as été que l'ombre de toi même, préférant te réfugier dans le travail pour oublier. — j'ai envie de savoir comment toi tu as vécu les choses donovan, parle moi, s'il te plait vous saviez le faire, fût un temps, parler.

On était là, en plein milieu d'un événement d'Harvard, à pleurer cet enfant qu'on avait perdu, à pleurer cette relation qui a sombré par la suite. Je nous croyais fort moi, je nous croyais invincible. Et pourtant, telle était la réponse à ces interrogations : nous ne l'étions pas. Séparés depuis cinq ans, la vie a eu raison de nous et tu avais su tourner la page. C'est pour ça que je comprends pas pourquoi tu voulais rendre le temps d'en parler à présent. On a fait notre deuil - plus ou moins - chacun de notre côté et c'était encore douloureux, rien que d'y penser. Alors à quoi ça servait de remuer ce passé quand on sait qu'il n'y a aucun futur pour nous deux ? « pourquoi ana ? pourquoi tu veux en parler maintenant ? » J'essuie mes larmes d'un revers de la main, la gorge toujours aussi nouée. « on en parle et après quoi ? on reprend nos vies comme si de rien était ? j'vais pas m'en remettre moi. j'ai rien à quoi me raccrocher une fois retombé dans tout ça » Tandis que toi, t'avais un fils, un mari. Une vie de famille qui t'aiderait à garder la tête hors de l'eau.

tu secouais la tête pour accepter sa réponse. pour encaisser le fait qu'il ne voulait pas en parler. tu ne pouvais pas l'y contraindre. après tout, seul lui pouvait juger de l'effet de cette conversation sur sa douleur. — je pensais que ça nous ferait du bien mais.. j'ai eu tord. je suis désolée. tu baissais la tête pour regarder tes pieds. t'aurais aimé te faire toute petite voire disparaître. tes pensées se bousculaient, c'était un brouhaha dans ton esprit. tu soupirais et retournait t'installer sur le banc. tu écrasais énergiquement les morceaux de verres de la flûte de champagne que tu avais cassé. — je suis pas mariée murmurais-tu sans conviction qu'il entende ton aveu. casey, tu le désignais comme ton mari puisque techniquement, le mariage était prévu pour dans quelques mois, mais officiellement, tu étais toujours une miller. et petit à petit, tu te rapprochais de lui avouer l'échec de ta relation.