— tant mieux si t'as bien mangé tu prends les compliments sans rien ajouter. à reculons, tu t'échappes de la cuisine pour venir investir le canapé que t'avais quitté y'a pas si longtemps. tu t'enfermes pas dans ta couette cette fois mais tu t'allonges dessus. comme l'impression d'être sur un gros nuage. dans tous les sens du terme. le confort et la sensation agréable du moment. — non, j'ai pas pensé à la chantilly tu grimaces puis tu le regardes te rejoindre et s'installer à côté de toi. il tends une fraise en ta direction, les cils qui battent plusieurs fois avant de t'avancer vers lui pour croquer le petit fruit rouge sensuellement. la anastasia gênée qui s'en va petit à petit, habitée de nouveau par celle qui aguiche. c'est tellement plus simple d'apparaitre sous se jour plutôt que de laisser ses failles à découvert. tu lèches tes lèvres. — elles sont bonnes, j'suis pas déçue t'attrapes le bol qu'il tient dans la main pour le poser sur la table basse puis tu reviens vers lui te mettre sur lui, carrément. les barrières sont tombées et de toute façon, c'est pas comme si c'était la première fois que vous vous retrouviez tous les deux. à califourchon, assise sur lui, tu passes tes mains dans ses cheveux et tu scrutes son visage. sans rien dire, silencieuse pendant plusieurs secondes. le sourire qui revient et sûrement le rouge aux joues qui montent à nouveau. — t'as même pas remarqué que je portais plus mon écharpe nouvelle méthode de distraction que tu mets en place pour pallier la gêne.

J'avais aucune idée de comment allait se dérouler le reste de la soirée. Juste être là me suffisait. Être à tes côtés me suffisait. Surtout quand je voyais que tu pouvais rougir avec un rien. Impossible pour moi de ne pas résister quand tu riais, quand tu te cachais de la façon dont tu le faisais. Le cœur affolé, les mains presque moites, j'étais complètement ensorcelé par toi et je n'avais aucune réticence à ça. C'était beau, ce qu'on construisait petit à petit. Les fraises dans la main, tu confirmais qu'il n'y avait pas de chantilly. C'est pas grave, c'était déjà bon comme ça. Délicieux et juteux, fruité et frais à la fois. Alors j'arrivais vers toi avec le bol et m'installais à tes côtés. A mon tour de t'en refaire manger et ce moment devenait petit à petit un peu plus sensuel. Te regarder croquer dans le fruit, comme tu le faisais, ça ne me laissait pas indifférent. Sourire narquois qui apparaissait, j'étais incapable de réfléchir correctement. Tout ce qui m'obsédait, c'était toi. « vraiment très bonnes ouais » Pas aussi bonnes que toi, mais c'était un autre débat. Retirant le bol, le mettant sur la table, c'était à califourchon sur moi que tu venais te réinstaller. Main libre sur ta cuisse, parcourant ta peau à travers le tissu, je calais ma tête contre le dossier pour mieux te regarder. Tes mains glissaient dans mes cheveux et clairement, je me sentais au paradis. Toi et moi, seul dans une bulle que personne ne pouvait éclater - sauf nous. « si si, j'ai remarqué... mais j'ai surtout vu que tu portais mon sweat » Et c'était clairement une vision des plus divines. La main glissait d'ailleurs sous le sweat pour chercher ta peau, histoire de la caresser légèrement, pour provoquer quelques sensations exquises. « ça fait quoi de retrouver son bras ? » Petit avant goût de ce qui m'attendait dans quelques semaines encore.

les doigts qui caressent délicatement son cuir chevelu et ton corps qui s'affaisse un peu contre le sien. c'est agréable de trouver une personne qui t'apaise si facilement, sans rien dire, sans rien faire. juste sa présence suffit à calmer ton cerveau qui surchauffait. — il tient chaud murmures-tu. il est grand et confortable. et surtout, il porte son odeur et c'est rassurant. mais tu préfères garder tout ça pour toi et ne pas lui avouer. sa main effleure ta peau et tu sursautes au contact froid de ses doigts. cette proximité te fait sourire. toi qui a lutté toute la journée contre de vieux démons. toi qui a passé la journée à pleurer devant une boite de codéine, à te demander ce que ça te ferait d'en avaler quelques uns. et la fatigue c'était installée, à force de lutter et de pleurer, et t'avais laissé ton corps dans les bras de morphée jusqu'à son arrivée. — ça fait du bien et des fois, j'ai mal alors je la remets. t'espères que bientôt, t'auras plus du tout à l'enfiler et que tu pourras être libre de tes mouvements à 100%. — et toi, c'est pour bientôt ?

Cette position, bien qu'inhabituelle, me faisait un bien tu ne pouvais même pas t'imaginer. Cette proximité, cette intimité. Le simple fait que tes mains glissent dans mes cheveux, que ma main file sous le sweat, rien que ça c'était ce que j'aimais. Parler et être tactile. C'était ce genre de relations que j'appréciais. La complicité qui s'installe, j'en oubliais le silence de ce midi, j'en oubliais la timidité et la gêne de tout à l'heure. « c'est pour ça que c'est mon préféré » Et que je préfère aussi que ce soit toi qui l'aies. Le simple fait que tu le portes me faisait de l'effet. Parler de ton bras, c'était une alternative qui était sûrement plus safe que de se laisser aller à ces moments tactiles, même si ça ne m'empêchait pas de faire des papouilles sous le pull. « t'as raison, faut pas forcer quand ça veut pas » Et je préférais que tu te préserves plutôt que tu tombes dans une douleur insurmontable et que tu retombes dans la drogue. « ouais, d'ici une dizaine de jours... j'ai trop hâte » soufflais-je, avançant mon visage, frottant alors mon nez au tien. « je pourrai encore mieux toucher tout ton corps » que je glissais entre tes lèvres, avant de capturer tes lèvres.

t'avais besoin de sentir que t'étais vivante, que t'existais dans son regard. d'être certaine qu'il n'allait pas finir par te repousser un jour. tu t'accrochais à ces petites choses qu'il t'offrait souvent et que toi tu repoussais. moment de douceur. tendresse qui fait du bien. — dix jours, ça passera vite.. déjà plus d'un mois depuis l'effondrement alors, dix jours, c'est surmontable. son visage s'approche du tien, son nez se frotte au tien et enfin vos lèvres se réunissent.

J'aurais aimé parler de ce qui s'est passé aujourd'hui, du silence radio qu'on a eu pendant quelques heures, sans que je sache vraiment pourquoi. J'voulais savoir ce qui se passe dans ta vie, dans ta tête, mais je ne voulais pas risquer que tu te braques, préférant largement que tu sois proche de moi, plutôt que tu me vires de chez toi. Alors j'avais opté pour t'embrasser, pour retrouver cette complicité des corps qui nous était propre. Elle n'était pourtant pas évidente, quand on voit à quel point notre première fois ensemble avait été désastreuse. Mais chaque nouvelle fois était plus intense, plus forte. On continuait de se découvrir et de s'apprivoiser. Et c'est comme ça que je nous aimais.

fatigant à la longue de repousser les gens qui nous veulent du bien pourtant tu ne te lasses pas de le faire. de le laisser sans nouvelle par exemple, alors que si il faisait ça, tu deviendrais sûrement folle, te sentais mise de côté. vice de ta part que d'incarner la personne qu'en face tu haïrais du plus profond de ton être. mais il te laisse le faire, il t'autorise à être dur avec lui et ça ne l'empêche pas de t'aimer. tu crois que c'est ça qui fait que tu t'attaches. parce que même si tu le chasse, il est là. encore, toujours. ta sécurité, ton filet de sauvetage. inconsciemment tu mets en danger cette relation, au péril de ce que tu pourrais vivre de bien, pour voir si ça vaut la peine d'être vécue. et aussi par peur. peur de tout. pas être à la hauteur, rendre le choses compliquées du fait de ton passé. viennent les moments où ta faiblesse ressurgit, comme ce soir, où t'es à fleur de peau, fatiguée, à deux doigts de t'effondrer en sanglot. se laisser aller pour oublier, pour se rassurer.

Se faire violence pour ne pas crier, pour ne pas râler. Pour ne pas que tu te braques surtout. J'étais prêt à tout pour toi, quitte à me faire marcher dessus, avec l'espoir qu'un jour, tout ce par quoi on est passé en valait la peine. Tu étais celle que je voulais, celle qui me correspondait le mieux en cet instant. Et j'ai pas l'impression que tu captes que la réciproque était de mise. Je suis sûr maintenant que j'étais celui qu'il te fallait. De par ma compréhension, ma patience. Mon amour pour toi aussi. Tu avais du mal à l'accepter mais tu savais pertinemment que c'est ce qui me faisait rester à tes côtés. Alors il fallait juste trouver le moyen de t'ouvrir les yeux. En attendant, on était voués à souffrir en silence.

parfois, tu te rends compte à quel point tu peux être dure. à quel point les milliers de barrières que tu hisses entre toi et le monde te complique la vie. il y a bien ces quelques personnes quand même, qui on eu le droit, à un moment, de gagner ta confiance et ton amour. mais cette entrée devient de plus en plus compliqué à gagner, à cause des déceptions rudes que t'enchaines. tu te persuades que t'es pas faites pour ça. que l'amitié améliorée et les relations d'un soir sont toujours bien plus simples. tu vomis les sentiments et tout ce qui y a trait.

L'envie d'abandonner était là parfois, quand j'avais l'impression que c'était insurmontable, que j'étais incapable d'atteindre le saint graal avec toi. Quand j'avais l'impression que je me prendrai des murs durant tout le long de notre relation. Et puis se passent les moments avec légèreté, les moments comme celui là où la complicité et l'intimité était de mise. Où on était en phase et que tout était parfait entre nous. C'était à ça que j'me raccrochais à chaque fois que j'étais sur le point de tout abandonner. C'était dur, c'était loin d'être facile, mais je savais que ça valait le coup. Je savais que tu valais le coup.