"Ou la réalité peut devenir un rêve..."  Lançai-je avec un sourire énigmatique, songeur... Le fait qu'elle ait perçu certaines choses très justes à mon sujet, malgré les apparences, ça me perturbait un peu. Même si je m'appliquais à ne pas le laisser paraître. Le scooter fut la diversion parfaite pour chasser mon début de malaise, puisque je proposais à la jeune femme de raviver ses sensations d'ado en prenant les commandes. Elle ne se fit pas prier, malgré mes doutes taquins sur ses compétences de pilote. C'est ensuite avec malice que je la prévenais du futur côté baladeur de mes mains. Mes bras s'enroulèrent autour d'elle alors qu'elle démarrait. Elle guida le deux roues, parut plutôt bien s'éclater avec l'engin et lorsqu'elle ralentit finalement et que le scoot s'arrêta, la jeune femme se garant devant un bâtiment, je ressentis un pincement de frustration. Je relachais mon étreinte et retirai mon casque pour la saluer avec un petit air bougon : "Je suis pas content, t'as roulé beaucoup trop vite..." Non je n'étais pas devenu soudain un grand rigide de la sécurité routière. C'était juste que : "...j'ai pas envie de te laisser."  

Je me permis quelques remontrances sur la vitesse avec laquelle elle avait roulé... juste quelques secondes, avant de révéler ce qui m'embêtait vraiment dans le fait d'être si rapidement arrivés devant chez elle : je ne voulais pas la laisser. Sentiment partagé par la demoiselle. Ses doigts se saisirent des miens et elle approcha son visage, jusqu'à ce que nos deux fronts se retrouvent accolés. Et sa demande assortie d'un baiser ensuite me firent fondre un peu plus. "Belle..." soufflai-je contre ses lèvres, bien tenté d'accepter. Mes mains glissaient sur ses hanches, la serrant un peu contre moi. "J'étais censé t'aider à retrouver l'inspiration, j'ai l'impression que je fais tout le contraire." Distraction plus que concentration. "Si je te fais arriver en retard pour ton rendez-vous, ton éditrice va me maudire... " Pourquoi je n'acceptais pas quand avec d'autres je serais déjà rendu là haut, à réclamer une visite de sa chambre ? Je me surprenais moi même à mettre ses freins...

“Me guérir de moi ? Tu sais que je ne suis pas une maladie ? » rigolai-je en m’amusant de son aveu… La vérité c’est que ce n’était pas une image si fausse que cela, je n’étais pas une maladie, mais j’étais un peu poison. J’avais toujours eu ce talent destructeur, quelque soit les histoires, quelque soit les situation. Et peut être qu’il aurait été préférable pour Belle qu’elle guérisse… Pour moi aussi en fait. Parce que, que m’arrivait-il ? Pourquoi n’étais-je pas déjà monté ? Pourquoi n’étais-je pas déjà en train de lui arracher ses habits un à un en me dirigeant vers sa chambre ? Pourquoi je refusais doucement l’invitation alors que je crevais d’envie de passer la nuit avec elle ? Je devais être malade… Belle interpréta ça autrement, j’étais raisonnable selon elle. « C’est tout moi ça, je suis un garçon raisonnable. » Ca sonnait presqu’aussi faux que ma lettre de motivation pour entrer à la quincy. Mais mon trouble vis à vis de ma propre attitude se dissipa pour partager et prolonger ce dernier baiser de la soirée… « Tu vas me manquer aussi. File vite te reposer avant que je change d’avis et que mon côté raisonnable s’évapore. » lui soufflai-je alors. « Bonne nuit Belle. »