Le défi était loufoque, complètement de ce que j’avais pu voir dans les autres confréries. Forcément c’est un brin moqueur que je commentais la chose avant de me reprendre, ne voulant pas que la geek sur mes genoux à cet instant ne soit blessée. Elle expliqua que c’était leur univers, que les gages de bizutage étaient à leur image. « Un autre monde oui. T’es au courant que je suis un peu nul dans ces trucs là hein ? Toute ma culture est à faire. » Elle était prévenue… Et puis, si elle se prêtait vraiment aux jeux de me faire découvrir jeux vidéos, sagas et autres films et séries qui la passionnaient, ça m’assurerait des heures et des heures en sa compagnie. Et cette perspective me plaisait. Je me renseignais sur le bon déroulement de son intégration à la kirkland, elle me rassura sur ce point. Un nouveau baiser et elle me retourna la question, glissant à son tour quelques idées pré conçues sur l’univers caritatif des oranges. « En fait, j’ai été obligé de donner mon sang, ma moelle, et récemment un rein… » lançai-je avec sérieux avant de pouffer. « Non, attends, les dénonce pas pour trafic d’organes, je te fais marcher. On m’a demandé de récolter des fonds et de faire la publicité de ma confrérie, c’est tout pour le moment. »

J’avais quelques préjugés sur les geeks, des préjugés qu’elle faisait tomber en s’avérant être une personne attachante et pleine de surprises. Mais il était clair que tout ce qui faisait son monde m’était particulièrement étranger. J’étais du genre à oublier mon téléphone quand d’autres vivaient avec l’objet vissé à leurs mains. Je n’avais plus aucun compte sur les réseaux sociaux, si on omettait le tinder que j’avais créé pour mon cours d’art. Certes, ça se justifiait aussi par mon histoire, mais c’était également parce que j’avais toujours eu une indifférence assumée vis à vis de cela. Et pour ce qui était de l’univers de fiction qu’elle me citait… « Bon tu te moques pas hein… » commençai-je avant de me racler la gorge pour répondre, en mode candidat super nul d’un jeux télé. « Harry Potter c’est le petit binoclard sorcier. Star Wars c’est les sabres lasers. DC c’est… deux lettres de l’alphabet ? » Et en la voyant sourire, je protestais : « Te moque pas. J’ai pas fini en plus. Marvel, attends je sais… » Je réfléchis un instant avant de reprendre : « C’est pas les bonhommes bizarres avec des super pouvoirs là ? Y’en a un qui a des griffes tout ça… Arrête de te moquer. » Et pour l’ultime univers cité, j’étais plutôt sûr de moi : « Pokemon, c’est le chat jaune… Celui qui sort d’une balle rouge et blanche. » Et grand sourire tout fier, je demandais le verdict à la jeune femme : « Je m’en sors bien ? » Ou pas… Qu’importe, refais ma culture Belle. Parle moi des pokémons, des jedis, de ce que tu veux, si ça me fait passer du temps avec toi je signe… Et pour le bizutage quincy, j’avais eu le droit de mon côté à des challenges plus classiques. Le plus gros défi pour l’instant, c’était une récolte de fond. « J’ai demandé à la presidente Eliot en fait. Elle a plein d’argent, autant que ça serve… Mais si tu veux donner, tu peux. C’était pour une association d’aide à la recherche, pour les enfants malades tout ça. » Un truc de quincy quoi. L’heure rappela la jeune femme à l’ordre, elle avait apparemment un rendez vous de bonne heure le lendemain. « Pas de soucis. » Je me levai, m’occupant de nos verres vides avant de partir, réglant bien les consos aussi. Employé modèle attention, je voulais me mettre Liam dans la poche, pour mieux qu’il vire Megara (). Et puis je revins vers la jeune femme, l’entrainant vers la sortie, fermant bien le bar derrière nous. « Tu habites loin ? » questionnai-je pour savoir si j’allais devoir la faire monter sur mon carrosse…

Je me lançais dans un étalage plutôt peu convaincant de mes connaissances minimes en matière de geek culture, ce qui eut le mérite d'amuser la demoiselle. Elle m'expliqua alors le vrai sens de dc. "C'est le moment où tu vas avouer fantasmer sur les hommes en collants c'est ça ?"  Le verdict était que je m'en sortais mieux que ce qu'elle avait imaginé, même si la remise à niveau serait ardue. "T'es patiente comme prof Belle ? Parce qu'il va me falloir énormément de leçons particulières. " Et c'était bien le fait de la voir et de la revoir qui me faisait sourire comme ça, pas l'idée d'en apprendre plus sur des chatons jaunes ou des bonhommes à griffes. Après avoir évoqué les dons pour les enfants, on se levait et on se dirigeait vers la sortie. Aucun soucis pour la raccompagner, ma question sur son adresse n'avait pour but que de connaître le moyen pour nous y rendre. "Tu vas pas prendre un taxi. C'est mon rôle de prince de te raccompagner jusqu'à ton château princesse. "   [/color]Lançai-je alors avec humour avant d'ajouter "Par contre, pas de carosse , pas de valeureux destrier non plus..."  Je continuai d'avancer tout en lui annonçant la couleur et en arrivant près de mon deux roues, je lui désignais : "Tadam ! "  Je tournai la tête vers elle pour jauger sa réaction : "Tu veux toujours que je te ramène ? " peut-être que c'était elle qui allait préférer le taxi en fait. …

Ma récitation pourtant loin d'être parfaite me valut un baiser de Belle et c'est donc avec un large sourire que je conclus : "Je vais peut-être en parler à chacun de nos rencards." Finalement. D'ailleurs, il allait me falloir une tonne de leçons particulières pour combler toutes mes lacunes. Ce qui m'arrangeait bien parce que c'était synonyme de passer du temps avec la jeune femme. Sourire entendu, l'heure était néanmoins déjà venue de rentrer pour la princesse. Pas de carosse ou de destrier, juste mon scooter que je lui désignais d'un Tadam. Je rigolai malgré moi en observant sa réaction. Finalement mon deux roues un peu pourri faisait presque autant d'effet, si ce n'est plus, sur la gente féminine que des voitures de luxe. Belle touchait le scooter avant de me confier sa surprise. "Tu me voyais au volant de quel genre de véhicule ?" Questionnai-je tout en attrapant le casque en rab que je lui tendis, attrapant ensuite le mien. Mais avant de l'enfiler, je proposais : "Ça te ferait plaisir de conduire ? " Elle venait d'avouer avoir eu un deux roues du genre à l'adolescence alors peut être que ça l'amuserait de jouer les pilotes. "Je veux bien délaisser mon costume de prince charmant et te laisser les commandes si tu veux."

Je m’habillais cheap, je bossais comme barman, j’étais étudiant, peintre, bref je pensais que l’étiquette ‘zéro thunes’ était un peu collée sur mon front, pourtant mon interlocutrice était très surprise de découvrir mon moyen de locomotion. Agréablement, nostalgie obligé, puisque le véhicule lui rappelait celui qu’elle avait possédé à l’adolescence. Seulement, j’étais curieux, je ne pus m’empêcher de la questionner ce qu’elle avait imaginé pour moi. Je m’attendais à ce qu’elle me réponde, bus, métro, ou vélo, tiens pourquoi pas, mais c’était une toute autre réponse qu’elle me servit. A mon tour d’être bluffé. J’essayais de masquer mon trouble devant sa réponse, devant l’exactitude de ce qu’elle avait perçu de moi et je laissais un petit rire s’échapper de mes lèvres, espérant paraître décontracté et naturel en soufflant : « Dans mes rêves oui, je roule en Rolls… » Mais pour le moment, laissons les délires oniriques de côté, et je tendis son casque à ma princesse. Faisons une entorse aux règles des contes de fée pour une fois : je proposais à la demoiselle de prendre les commandes, avide qu’elle devait être de revivre les sensations de sa jeunesse. Le baiser qu’elle m’offrit alors fut assez parlant sur le fait que j’avais bien fait de le lui proposer. Je ris devant son enthousiasme, avant de prendre une mine faussement apeurée en lui tendant les clés : « T’es sûre que tu as ton permis ? Non parce que tu me fais un peu flipper là à sautiller sur place, je vais peut être te suivre en courant en fait… » charriai-je, avant d’enfoncer mon casque et de laisser la demoiselle s’installer, prenant place ensuite derrière elle. « Désolé d’avance si j’ai les mains baladeuses, ça sera pas ma faute ça sera à cause de ta conduite. » taquinai-je alors, trouvant au passage une bonne excuse pour profiter un peu plus de ce moment.