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j’trouvais vraiment ma vie merdique par moment en vrai. j’avais l’impression qu’à peine j’arrivais à sortir d’une situation inconfortable, une autre débarquait. et ouais, peut être que c’était trop à gérer en fait. parce que là, j’étais clairement en train de lâcher prise. j’avais passé mon dernier examen et au lieu de rentrer à la maison comme j’aurais dû le faire, j’avais préféré sortir avec des filles de ma classe. un bar, un verre. c’était ce qu’on s’était dit de base. sauf que ça c’était transformé en un bar, huit verre et c’était en titubant que j’avais réussi à attraper un taxi. j’crois qu’il se souviendrait de moi le chauffeur d’ailleurs. parce qu’entre mes babillages incessants et le fait que je riais littéralement toutes les trois secondes, y avait de quoi devenir complètement dingue. m’bref, j’étais arrivée à destination. wow, c’était une vraie galère les clés en vrai. j’arrivais même pas à les entrer dans la serrure en fait. j’passais quoi ? dix minutes à essayer de comprendre le fonctionnement. c’était le voisin qui avait pitié et qui finissait par faire le boulot à ma place. puis quand j’ouvrais la porte.. faible lumière, une odeur de bougie flottant dans l’air. ew ? j’ai raté un truc ? « ça sent pas bon la lavande » je ronchonne découvrant la table de la cuisine dressée et sullivan, assis, en costume. « bah di’don, t’as sorti le graaaaaand jeu ? » j’esquissais un grand sourire avant de reprendre « mais ta cravate… pas belle. pas belle du tout. » et je secouais la tête comme si j’étais franchement dégoûtée du choix fait. « OH, DU VIN. » j’attrapais la bouteille déjà ouverte en vidant dans un verre -et puis sur la nappe. « trop kioul, j’m tro »

Juin 2004. C'était quand elle était arrivée à Vancouver. Sullivan s'en souvenait comme si c'était hier. Et pourtant, ça faisait bien quatorze ans maintenant que ça s'était produit. Jour pour jour. Il l'avait vue, dans son nouveau jardin. Même qu'elle avait tenté de lui parler mais il a pris peur, peureux qu'il était, pour retourner dans sa chambre et apprendre les formules mathématiques qui n'étaient pas de son niveau. C'était ce jour là qu'il avait vu la beauté réelle de Meghan Harrison, bien qu'elle s'appelait encore Ziggy Atkinson ce jour-là. Alors il était parti dans l'idée d'organiser quelque chose, Sullivan. Un petit diner en amoureux, pour fêter cette amitié si durable, qu'elle en rendait plus d'un jaloux. Un diner aux chandelles, un repas délicieux sur la table, quelques bougies aromatiques et un ensemble classe sur le dos. On ne dira pas que c'est le même que celui qu'il portait au bal. Seulement, alors que Meghan devait rentrer tôt... elle n'était toujours pas là. Ni trente minutes après, ni deux heures. Finalement, après trois heures trente-huit d'attente, les clés se faisaient entendre. La silhouette du voisin était même apparue à l'embrasure de la porte, pour finalement s'éloigner et retourner chez lui. Sullivan découvrait alors une Meghan alcoolisée, qui n'avait pour le moins aucunement sa langue dans la poche. Il la regardait, stupéfait par la nonchalance qu'elle pouvait avoir, au point de se renfrogner et pester dans sa tête. « C'est ce que je portais au bal » glissait-il entre les dents, sans trop savoir quoi dire de plus. Faut croire qu'elle n'avait pas été honnête quand elle lui avait dit qu'il était beau. Puis il remarquait à quel point elle était imbibée d'alcool, à quel point elle n'avait plus aucune notion de respect sur tout ce qu'il avait préparé qu'il finissait par se lever pour aller dans sa chambre, la laissant seule avec sa bouteille de vin.

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mon dieu, j’allais me taper une sacré gueule de bois si je continuas comme ça. non mais parce que clairement, avec tout ce que j’avais enfilé avant de rentrer et le vin maintenant, si demain je ne me droguais pas à coup d’aspirine c’est que le karma aurait décidé d’être sympa avec moi pour une fois. et j’sais pas, j’crois que j’ai dis un truc qu’il fallait pas puisque t’avais l’air.. j’sais pas. t’avais un air pas comme d’habitude en fait. « non non, tu portais pas cette cravate là » je mettrais ma main à couper que c’était pas du touuuut celle-là. et puis hop, t’avais disparu. un peu comme un magicien en fait. j’avais porté mon verre à ma bouche et l’instant d’après, t’étais plus là. whut ? t’avais appris à transplaner pendant mon absence ? c’était pas cool du tout ça. j’posais mon verre préférant le troquer contre la bouteille en elle même que je serrais contre moi avant de partir à la recherche de mon amoureux. salle de bain ? non. toilette ? non -et tant mieux, ça aurait pu être gênant-. chambre ? bingo. « trouvééééééé » mais en soit, t’avais toujours été carrément nul en cache-cache. « tu veux bwar ? j’t’en donne un peu » et j’me prenais le bord de la commode dans la hanche, probablement trop distraite « héééééé, depuis quand t’es là toé ? » elle avait changé de place, c’était sûr. jamais je l’avais vu ici moi. « tu veux pas me faire un massage susu ? j’ai mal partout » not true mais j’disais jamais non à un massage alors.. si j’pouvais en profiter, pourquoi pas ?

Le truc avec Sullivan, c’est qu’il portait de l’importance sur tout, même sur ce qu’il ne devait pas être si important dans le fond. Mais le jour où il a posé ses yeux pour Meghan pour la première fois, il restait gravé en lui. Et c’était ce jour là qu’il voulait fêter aujourd’hui, en plus de la fin des partiels de celle qu’il aimait. Seulement, les heures passaient et il était sans aucun doute en train de se faire poser un lapin. Après, il n’était pas de ceux à réclamer, il avait tout bonnement supposé que Meg rentrerait après son dernier examen. Faute de croire que les choses se seraient passées comme prévues. Meghan rentrait tard ET ivre. Autant dire que le combo ne passait pas pour Sullivan, qui voyait une partie de Meg qu’il n’aimait pas vraiment. Celle qui prenait ses aises, qui ne voyait pas le mal. Celle qui ne voyait que par elle dans le fond. « Si » soufflait-il avant de quitter la pièce, vexé de voir qu’il était le seul à porter une certaine importance à ce jour. Vexé de voir qu’elle préférait sortir avec d’autres personnes plutôt que le retrouver pour fêter ensemble la fin de l’année. Alors il se rendait dans leur chambre, s’installait sur le lit, face à l’armoire et soupirait, en défaisant la cravate qu’elle n’aimait pas. Elle finissait par arriver, toujours en état d’ébriété, ce qui irritait le jeune homme. « Non merci » Parce que de base, il n’aimait pas l’alcool. S’il y en avait ce soir, c’était pour elle, non sans savoir qu’elle était déjà plutôt bien imbibée pour le coup. Elle parlait ensuite à une commode, ici depuis avant même qu’il ne soit arrivé dans cet appartement et il soupirait alors qu’elle cherchait à avoir les faveurs du jeune homme. « On verra demain, quand tu auras décuvé. Tu devrais prendre une douche, ça te fera du bien » Il n’était plus vraiment ouvert à passer un moment avec elle, puisqu’elle avait préféré s’amuser sans lui, sans le prévenir.

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alerte rouge. j’crois que t’étais vraaaaiment de mauvaise humeur et j’comprenais pas pourquoi. j’veux dire, tout allait bien, non ? t’allais quand même pas faire une crise juste parce que j’avais eu le malheur de dire que je n’aimais pas ta cravate, si ? et je fronçais les sourcils mais ça me faisait loucher. et loucher, ça me faisait tourner la tête donc clairement, c’était pas du tout un bon deal. m’enfin, j’allais pas m’arrêter pour si peu alors je revenais à la charge, dans notre chambre, essayant de chasser ta mauvaise humeur qui semblait s’être un peu trop installée à mon goût. « je pue ? » pour que t’ai envie de me jeter sous une douche c’était peut être le cas. et je reniflais mon avant-bras secouant la tête. « héééééé, je sens le citron, tu mens. » et wow, ce que le monde pouvait tourner vite. c’était des conneries de dire qu’on pouvait pas sentir la terre tourner parce que moi, j’le sentais puissance max. un peu comme si j’étais dans une attraction grande vitesse. « mais j’veux bien me doucher si tu viens » que je lance dans un grand sourire me laissant tomber par terre. et j’avais certainement pas mesuré l’impact que ça pourrait avoir puisque vu le manque de délicatesse dont je venais de faire preuve, j’allais hériter d’un joli bleu par la suite. « arrête de faire la tête. t’es pas drôle comme ça. » t’es jeune, j’suis jeune. qu’on en profite, non ? non. toi t’as déjà l’air d’un vieux qui veut manger sur une jolie table devant les informations du soir. c’est nul comme vie ça, c’est routinier. personne aime la routine, moé j’aime pas ça. « oups » y avait du vin qui venait de se répandre sur le sol par accident. « il a voulu s’échapper, c’pas moi. »

Sullivan était lunatique de base, bien que ce trait de caractère s'accentuait un peu plus suivant la fatigue, le stress mais surtout l'énervement. Et ce soir, Meghan l'énervait à être en état d'ébriété alors qu'il avait tout fait pour passer une bonne soirée en sa compagnie. Mais elle n'avait pas été là, préférant sortir avec ses amis, de toute évidence sans lui. Dans le fond, il comprenait ça, de vouloir conserver sa vie sociale. C'était juste le fait qu'elle soit bourrée et critique les choses qu'il n'appréciait pas... en plus du fait qu'elle n'ait de toute évidence pas voulu le prévenir. « Je dis juste que ça te ferait du bien » soupirait-il, posant la cravate sur le lit, alors qu'il retirait à présent sa chemise, bouton par bouton. « Je suis déjà lavé. Mais je peux te faire couler le bain si tu veux » Trop gentil, il prenait soin d'elle dans le fond, en agissant comme ça, malgré la colère qui l'habitait en cet instant. Il espérait tout simplement pouvoir laisser couler mais il n'y arrivait pas. Cette date était importante pour lui, mais c'était pas forcément son cas à elle. « Je suis jamais drôle » Et c'était vrai. Sullivan n'avait pas un sens de l'humour très développé, elle le savait et l'avait accepté comme ça. Pareil pour son caractère de cochon. Il soupirait une nouvelle fois quand elle fit tomber le vin au sol. Heureusement que ce n'était pas une moquette, puisque de toute évidence, c'était compliqué de rattraper ça. « Tu sais quel jour on est Meg ? » Juste par curiosité, si elle se rendait compte d'elle-même si elle avait loupé quelque chose ou pas.

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et toutes les excuses étaient bonnes pour palier aux conneries que j’étais en train de faire. mais j’y pouvais quoi moi si le vin s’était échappé lui même de sa bouteille. lui aussi avait le droit à la liberté, j’pouvais quand même pas l’empêcher de s’en aller. « bah, tu peux te laver encore » que je répondais te pointant du doigt. et te voir détacher bouton par bouton ta chemise, ça me faisait loucher une nouvelle fois. peut être que j’appréciais un peu trop la vue, qui sait ? « des fois tu l’es » j’veux dire, j’avais déjà eu des éclats de rire avec toi donc ça voulait dire que tu pouvais être drôle quand tu le voulais. c’est juste que là, t’avais visiblement décidé de faire ta tête de con et je comprenais pas pourquoi. « tu me prends pour une attardée ? » que je demandais en roulant des yeux. non mais parce que j’étais quand même pas amochée au point de ne pas savoir quel jour on était. « on est vendredi » et c’était la raison pour laquelle je m’étais permise de sortir. j’avais passé mon tout dernier examen de l’année -croisons les doigts pour que ça ne soit pas un désastre- et j’avais fêté ça avec des camarades de classe. sauf qu’en continuant de te fixer, j’commençais à me dire que c’était pas le jour que tu voulais, que c’était plus profond que ça. « c’est pas ton anniversaire.. c’est.. pas le mien ? » non, non. j’étais née en juillet moi. j’avais encore un peu de temps. « peut être que.. oh » oh la révélation. je me relevais d’un coup me rattrapant au lit pour éviter une nouvelle chute. puis c’était à ton bras que je m’accrochais « pardon pardon pardon » sois pas fâché.

Il gardait la tête haute, mais il avait une boule qui se formait dans sa gorge Sullivan. Triste, déçu, c'était de toute évidence des sentiments comme ça qui le parcouraient en long en large et en travers ce soir. Il avait espéré qu'elle considère cette journée comme importante, elle aussi. Mais les examens ont du lui faire oublier cette date, ses amis également, chose qu'il pouvait comprendre. Seulement oui, il était triste. « Je peux oui » Mais il n'en avait pas envie, pas avec une Meghan bourrée et de toute évidence difficile à canaliser. Il suffisait qu'elle voit un papillon pour avoir envie de voler. Et il n'était pas apte à gérer tout ça ce soir. Alors quand elle continuait de lui parler, il restait très négatif, renfermé, tout en continuant de se déshabiller pour se coucher. Il avait d'ailleurs retiré sa chemise quand elle avait renversé le vin au sol. Le jeune homme se mit à la regarder, lui demandant directement si elle savait quel jour c'était. Il ne bronchait pas, à chacune des phrases qu'elle pouvait émettre. Vendredi, oui, mais encore ? Pas leurs anniversaires non. Il voyait le fil de sa réflexion sur son visage, jusqu'à ce qu'elle ait l'illumination. D'ailleurs, elle se relevait, se rattrapant au lit pour ne pas tomber avant de venir s'accrocher à son bras, ne cessant de lui demander de la pardonner. Il avalait alors difficilement cette boule qui était coincée dans sa gorge, dans le but de le libérer de cette tristesse qui s'était emparée de lui. « C'est pas grave je suppose.. ça arrive. C'est juste que.. » Qu'il aurait aimé qu'elle y pense, qu'elle y tienne de l'importance. Mais ce n'était qu'une date après tout, ça ne changeait pas le fait qu'ils se connaissaient depuis quatorze ans maintenant et qu'ils étaient plus proches que jamais.

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non mais depuis quand est-ce qu’on fêtait ça nous ? et comment est-ce que j’étais supposée deviner qu’il voulait faire quelque chose s’il ne m’en parlait pas ? non mais parce que bien sûr que je serais rentrée à l’heure et sobre si tu m’avais juste indiqué que tu comptais faire quelque chose pour cette soirée sauf que visiblement, j’étais censée deviner. mais j’sais pas, c’était toi de base le romantique de nous deux. j’étais clairement pas du genre à organiser des soirées idylliques pour toutes les dates du calendrier. t’allais être fâché contre moi ? j’espérais pas. ça partait clairement pas d’une mauvaise intention. j’avais pas été absente pour te blesser ni rien, tu le sais pas vrai ? mais j’sais pas, j’avais beau m’accrocher à toi, tu ne bronchais pas. tu me touchais pas. tu restais juste là comme si je venais de commettre la pire erreur de ma vie. « c’est juste que quoi ? » va au bout. parce que j’ai la sensation que t’as joué ta vie sur cette soirée. j’ai la sensation que t’en attends beaucoup trop de moi par moment. et du coup, j’te lâche et me concentre sur mon équilibre. « désolée de ne pas être parfaite comme toi. » de ne pas être foutu de penser à tout. d’avoir l’esprit qui divague bien trop souvent et de pas être fichu de me concentrer plus de trois secondes. parce que visiblement, ça commence à te déranger que je sois pas foutu de me souvenir d’une date. que je sois pas capable de comprendre par moi même que t’as choisis d’organiser quelque chose. et ouais, t’as raison, je devrais aller me toucher. puis tu me saoules à jamais être content et à faire des dramas des petites choses.

Il voulait se montrer spontané, trouver une façon de fêter leur relation qui tient malgré les années. Meghan était la seule, avec ses parents, à être restée. Alors oui, il chérissait cette relation unique. Il chérissait chaque instant passé avec elle. C'était pour cette raison qu'il avait organisé tout ça ce soir. Mais il avait fait face à un lapin, posé par celle qu'il aimait et il le vivait mal, très mal. Surtout quand elle rentre totalement bourrée et incapable de donner de réelles réponses, puisque son état d'ébriété allait au delà de ce qu'il pensait possible. « Je pensais que tu m'aurais envoyé un message, pour pas que je m'inquiète. Mais ça semble être idiot de penser ça » Et il se mettait à soupirer de toute façon Sullivan, parce qu'elle lui ressortait sa "perfection". Non, personne n'était parfait et surtout pas lui. Il avait énormément de défaut, il le savait. Et Meghan le savait aussi. Elle cherchait juste à le titiller depuis tout à l'heure et elle savait comment l'atteindre. « Je suis pas parfait » qu'il finissait par dire, exaspéré. Elle ne comprenait pas forcément la raison de son énervement et c'était ça qui l'énervait surtout. Il n'avait rien contre le fait qu'elle sorte, ce n'était jamais le cas et ça ne changerait pas. Mais il voulait juste savoir. Après tout, il était à deux doigts d'appeler la police en ayant aucune nouvelle d'elle. « Je suis pas le méchant de l'histoire, je veux pas t'empêcher de vivre ta vie. C'est pas à cause de la date que je suis le plus agacé » C'était vraiment parce qu'elle ne l'avait pas prévenu. Même si oui, à la base c'était la date mais il savait se remettre en question et remettre les choses en perspective.