Il était déjà dix-sept heures et Alejandro devait passer me récupérer dans ma suite aux alentours de dix-neuf heures. L’escapade d’hier avait très mal tourné et ce qui ne devait être qu’une simple rencontre déboucha sur un rencard. Enfin il me semblait. Le Dunster m’avait proposé un diner sur la plage ce soir. Romantique ? Peut-être. Bien trop tôt pour le savoir. Et puis de toute façon, je n’avais pas vraiment la notion de ce genre de choses …
J’étais nerveuse après tout ce qui venait de se produire. La noix de coco tombée sur ma tête le médecin, la proposition d’Alejandro, la commotion et Zeph. J’avais passé la nuit dernière en sa compagnie, perdue et hébétée par ma médication. Je ne lui avais parlé que très brièvement d’Alejandro, c’était bien trop tôt pour dire quoi que ce soit de toute manière. Et Zeph était préoccupé par ses affaires dont il voulait sans cesse m’écarter alors … Je prenais un bain, et décidais de retirer ce misérable bandage qui me couvrait la moitié de mon front. Je découvrais alors deux cicatrices encore rouges du sang coagulé, dont une traversait mon arcade sourcilière. Je soupirais. Après tout, la lune a beau avoir des cicatrice, personne ne l’a jamais trouvée laide … J’étais cependant nerveuse. Je finissais d’observer mon reflet dans le miroir avant d’avaler un antipsychotique avec un verre d’eau. Je sortais alors de ma salle de bain et enfilais ce que j’avais déposé plus tôt sur mon lit, un maillot de bain et une robe d’été très légère signée Hermès. Avant que je n’ai eu le temps d’arranger mes cheveux en tentant de faire disparaitre l’objet de discorde avec moi-même, on toqua à ma porte. Je marchais jusqu’à elle et ouvrit. Alejandro. Je souris. « Je suis prête, je prends juste ma pochette et j’arrive ! » Une fois la porte de ma suite royale refermée, nous traversions les longs couloirs de mon hôtel afin d’en sortir direction la plage. « Comment-vas tu depuis hier ? » J’espérais qu’il ne s’était pas trop inquiété, je n’avais pas mal à vrai dire. Peut-être grâce aux médicaments ? En tout cas, il était très classe ce soir.

Alejandro était un peu nerveux. Le jeune homme ne savait pas trop pourquoi d'ailleurs. L'être humain n'est pas toujours un être de raison. Il avait le dîner avec Harper dans quelques minutes ,l'occasion de se rattraper après le coup fourré de la noix de coco. D'autre part, il avait hâte de revoir l'Eliot, le courant passait bien et ce dîner était l'occasion de se donner un nouveau départ en quelque sorte. Cette fois, Alejandro se promettait bien de ne rien rater, tout perfectionniste qu'il est.

Il avait pris soin de se faire beau, sans trop en faire. Un peu de parfum, de crème hydratante, une bonne douche avant tout cela et il mettait une chemise de plage et une paire de jolis pantalons. Pas de coiffure léché et tout, l'Espagnol optait pour le naturel et la détente. Un rapide coup d’œil à sa montre et le jeune homme se dirigea pour trouver la chambre d'Harper. Un sourire déjà sur le visage, il cogne doucement à la porte de la jeune femme.

-Buenas tardes Harper. Je t'en pris, prends ton temps, rien ne presse.

L'Espagnol était bien sûr dans la même hôtel que la belle brune. Une fois la jeune femme prête, Alejandro prend le temps de lui faire une accolade et la bise e de prendre le temps de lui dire:

-Je suis content de te revoir et cette robe te va vraiment bien. Tu es très jolie.

Moins sexy qu'avec son bikini, c'est certain, mais Alejandro appréciait la beauté singulière de cette femme. Après quoi, ils se mettaient en marche pour rejoindre la plage à côté du restaurant de l'hôtel.

-Je vais bien, je te remercie. Et toi, comment ça va?

Arrivé près d'une porte étroite, il la laissait passer devant en premier bien sûr et suivait derrière. Arrivé au restaurant, le maître d'hôtel les accompagne jusque sur la plage, où une table avait été monté, à la demande d'Alejandro qui avait décidé de faire les choses en grand. Le beau brun, sourire aux lèvres, tirait la chaise d'Harper et avec un petit geste de la main, l'invitait à s'asseoir. Puis, il alla s'asseoir à sa place, tandis que le serveur approchait pour demander ce qu'il voulait à boire. Pouvaient-ils prendre du vin? Alejandro ne prendra pas d'alcool si Harper n'en prend pas, mais sinon, il ne se gênera pas. Une fois le serveur reparti, Alejandro jetait un coup d’œil au menu. Pas mal quand même!

-Ils n'ont pas pour habitude de faire des dîners sur la plage, mais j'ai réussi à les convaincre.

Forcément, quand on promet de grassement payer et qu'on laisse entendre qui on est, cela ne nuit pas.

Look d'Alejandro:

Alejandro n’avait plus l’air aussi enjoué qu’hier, je le sentais légèrement plus nerveux, du moins tout autant que moi. Je m’amusais intérieurement de cette situation, il vallait mieux, après tout j’allais passer une soirée entière avec lui et ne pouvais pas dire que c’était une situation qui m’embêtait. J’avais certes appréhendé cette soirée avec lui, mais je ne voulais pas le lui montrer. Il se voulait d’ailleurs très gentleman avec moi, comme hier à vrai dire. En me faisant la bise, je senti l’odeur enivrante de son parfum, je me sentais bien. Alors qu’il me complimentait, je ne pu m’empêcher d’esquisser un petit sourire timide. Que m’arrivait-il ? Moi qui avait l’habitude d’être une jeune femme confiante, j’avais l’impression d’être une enfant face à lui. Mon manque d’expérience dans ce genre de relations étaient clairement révélatrices. J’espérais qu’il ne le remarque pas. Comment pouvais-je lui dire que j’avais esquivé tout ça toutes ces années ? Jusque Zeph … Et encore … il était mon meilleur ami. Du moins censé. Bref c’était compliqué, comme d’habitude avec lui. Mais Alejandro lui avait l’air si sur de lui … Je l’observa avec un petit sourire en coin avant de répliquer « Tu n’es pas trop mal non plus » avant de lui adresser un petit clin d’oeil. Nous marchâmes jusqu’au restaurant ensemble, toujours partagée entre bien-être et nervosité. Etrange sensation. « Oh on peut dire que ça va … » rigolais-je timidement tout en amenant ma main à mon front. « J’ai eu un peu de mal à dormir à force de repenser à la journée d’hier sans cesse. » Nous arrivâmes finalemnt, et le maitre d’hôtel nous conduisit à l’arrière du restaurant, sur la plage privée. C’est avec surprise que je découvrit une table élégamment dressée, nappée d’une toile blanche avec bougies, porcelaine et argenterie. Alejandro était assurément un homme de gout ! Je me tournais vers lui « Alejandro … c’est somptueux … » Non pas que je n’avais pas l’habitude de ce genre de cadres, mais je devais avouer qu’avec la vue et le coucher de soleil, ça en jetait ! Il me fit m’asseoir avant de s’installer à son tour. « Que dirais-tu d’un Château Margaux ? » Du vin ne nous ferait pas de mal et il s’agissait tout de même d’un diner aux chandelles. Je pris le menu en mains tout en écoutant le jeune homme. « Oh et j’imagine que ta position n’est en rien dans cette affaire » riais-je cette fois bien plus détendue. Il me faisait me sentir bien, c’en était étrange. J’oubliais mes maux, mon état mental, et j’en avais peur à arriver à tant de bonheur. Mon cerveau allait-il exploser ? Ou mon coeur ? Je stoppais net cette angoisse. Quelle idée … J’observais les traits d’Alejandro. Il était vraiment beau garçon, et intelligent avec ça. Que demander de plus. Mes doutes refaisaient surface. Et si ? Tout cela allait nous mener à quoi ? Mieux vaut ne pas y penser, je n’aimais pas trop y penser. J’essayais de me ressaisir avant de m’engouffrer dans mes angoisses. « Finalement, je me rends compte que nous n’avons pas eu le temps de faire vraiment connaissance hier… Ce soir en est l’occasion j’imagine … » Je lui adressais un sourire. Je devais avoir l’air idiot avec ma cicatrice …

Pas trop mal? La réplique le fit doucement rire.

-Je prends le compliment!

Faut savoir prendre ce qui se passe. Du reste, il a bien senti son regard sur lui et Alejandro sait reconnaître quand une femme le regarde d'une certaine façon. Ou c'est son assurance qui déborde encore. La belle Harper disait aller bien, non sans une certaine hésitation qui fit avaler un brin de travers le bel Espagnol. Puis, une remarque l'intrigua.

-Ah oui? Pourquoi?

Le beau brun cachait pour l'instant que lui aussi a beaucoup pensé à la veille. À cette rencontre, à l'île, à Harper... C'est peut-être le Spring Break qui le met dans cet état. Pour se faire pardonner sa bourde de la veille, Alejandro n'avait pas ménagé et avait fait les choses en grand, quitte à faire quelques exigences au restaurant. Il voulait un serveur attitré, une place sur la plage, avec nappe, argenterie et tout ce qui va avec. Rien que pour la réaction d'Harper, cela en valait la peine.

-Cela te plait? Je suis content alors. J'ai de quoi me faire pardonner... mais aussi! célébrer notre rencontre.

Question de tourner la page sur le fâcheux événement de la noix de coco. Niveau vin, son regard s'illumina. Un château Margaux? Autant se lancer dans la folie des grandeurs avec cet excellent Bordeaux de légende.

-Oh, senorita Kennedy a des goûts de luxe. Très bien, va pour un château Margaux. À dire vrai, j'adore les Bordeaux aussi. Rien de tel que leur équilibre c'est... la perfection.

La bouteille commandée, et elle vaut son pesant d'or, il lit dans le regard d'Harper qu'elle se doutait que monsieur avait utilisé les moyens qui sont les siens. Avec un petit sourire et un petit air innocent, Alejandro répondit juste:

-Un peu, mais j'espère ne pas en avoir abusé. J'ai dit aussi que je dînais avec une Kennedy... Je rigole, je ne t'ai pas mêlé à cette affaire.

D'ailleurs, le jeune homme marque une petite pause.

-Tu euh... es de LA famille Kennedy? Jack, Robert et Theodore?

Jack, c'était le surnom de John F. Kennedy. Alejandro a beaucoup lu a leur sujet et adore Robert Kennedy. Il s'est intéressé à cette famille peu après son arrivée à Harvard. Avant, il ne les connaissait pas trop. Ce petit détail réglé, Harper fit remarquer qu'ils n'avaient pas vraiment eu le temps de faire connaissance, ce qui était vrai.

-Je pense aussi. Après, je sais quand même certaines choses sur toi. Tu te débrouilles bien en kayak, tu n'as pas peur de donner un effort pour atteindre un lieu hors de portée de la plupart des gens, tu es sexy comme tout en bikini et il faut te tenir loin des cocotiers.

Évidemment, le dernier point était une blague.

-Ça ne parait pas trop d'ailleurs, qu'hier, tu as reçu une noix sur la tête. Tu es ravissante, je t'assure.

Sur ce coup, promis, Alejandro n'a pas lu dans les pensées d'Harper. Ce serait juste normal qu'elle s'en inquiète et lui-même s'est fait une éraflure à la joue en arrivant lundi, merci surf et s'est laissé pousser la barbe pour la cacher. De toute façon, elle doit pas mal être guéri maintenant. Le serveur arrive avec la prestigieuse bouteille de vin et Alejandro invitait Harper à goûter la première, avant qu'il fasse de même. Plus que satisfait, ils virent leurs verres remplis et ils purent trinquer.

-À cette soirée.

Qui, il en était convaincu, connaîtra une meilleure fin que sur l'île Apagos.

Look d'Alejandro:

Le jeune homme avait l’air de prendre à la rigolade mes petites piques gentilles, cependant ma réflexion sur ma nuit passé eu l’air de retenir son attention. Je soupirais en haussant les épaules tout en baissant légèrement les yeux. « C’était juste … troublant comme rencontre. » dis-je sans rentrer dans les détails avant de reprendre le regardant cette fois-ci tout en riant nerveusement « Je ne m’attendais vraiment pas à une journée pareille pour être tout à fait honnête ! » Ni à une soirée pareille pensais-je en admirant ce qu’Alejandro avait prévu pour nous deux. Une petite musique jazz passait en fond et s’accordait parfaitement à cette soirée qui promettait d’être délicieuse. « Si ça me plait ? » J’écarquillais les yeux émerveillée avant de continuer « J’avais raison, tu es un véritable charmeur ! » riais-je. Alors que je venais de commander une bouteille de Château Margaux, le beau jeune homme me fit une remarque sur mes gouts. Lui aussi avait l’air d’aimer les bonnes choses … « Quand les grands esprits se rencontrent … » lançais-je tout en balayant mes longs cheveux bruns en arrière, dévoilant sans le vouloir un décolleté tout ce qu’il y a de plus respectable. Lorsqu’il feinta d’avoir annoncé diner avec une Kennedy j’eu un petit sursaut, les yeux écarquillés, prêts à mitrailler les alentours vérifier qu’aucun paparazzi ne se cachait derrière un palmier. Je n’étais pas gâtée à ce niveau là depuis que j’étais en âge de continuer la dynastie … Ce fut un court instant avant qu’il ne me rassure. Je relâchais la pression. Je souris d’ailleurs à sa remarque, plaçant un coude sur la table, mon menton sur le dos de ma main tout en le regardant dans les yeux. « Effectivement, parfois un héritage un peu lourd à porter. » Je fus surprise de sa connaissance sur ma famille. Je me disais du coup qu’il devait certainement être au courant pour mes parents, l’accident que nous avions vécu avait fait la une de tous les journaux du monde entier, annonçant la mort du « prince chéri de l’Amérique » et je me retrouvais à sa place aujourd’hui. J’étais évidemment fière de faire partie d’une famille qui avait fait l’histoire, et celle d’Harvard par ailleurs aussi … même si ces derniers temps j’avais l’impression d’en payer quelques conséquences. Je lui répondais « Et j’imagine que tu es l’héritier Ortega ? » Il l’était assurément, j’en étais à peu près certaines. En tant normal après une rencontre de ce genre je faisais mes petites recherches, mais celle-ci m’avait tellement déboussolée que j’en perdais mes habitudes. Je me perdais un instant dans cet apaisement, observant l’homme assis en face de moi, écoutant le bruit des vagues et de la douce musique, le vent doux qui effleurait ma peau et la lueur des bougies. Quelle magnifique soirée … Je m’esclaffa en l’écoutant avant d’arquer un sourcil. Il me trouvait donc sexy ? Je rougissais, esquivant ce passage avec timidité « Merci Alejandro. Pas seulement pour ces compliments, mais surtout pour ton attitude d’hier, d'avoir été un parfait gentleman. Tu as été incroyablement réactif, je t’en suis très reconnaissante. » Je jouais avec mes couverts tout en disant cela avant de trinquer avec lui. « Quels sont tes projets après Harvard ? » demandais-je.

Certains pourraient trouver indécent ou un look à la gino le fait de porter une chemise à moitié boutonnée, mais Alejandro est assez à l'aise de son corps et puis, un dîner au bord de la mer allait bien selon lui avec une tenue décontractée, en mode spring break. Harper ne lui en tenait pas rigueur d'ailleurs, elle l'avait même qualifiée de pas mal, ce qui, venant de la belle Eliot, était "pas mal" comme compliment.

-Troublant?

Sursauta Alejandro, un peu plus nerveux tout à coup. Puis, elle expliqua ne pas s'attendre à une journée pareille. Ah ça...

-Nous sommes deux dans ce cas.

Il avait choisi la belle miss Kennedy sans même savoir. C'est certain qu'elle est tombée dans son regard, au premier coup d’œil, mais après, il n'a pas regretté son choix de partenaire de kayak. Léger rire de l'Espagnol quand Harper le qualifie de charmeur. Il avait dit préférer ce terme à séducteur, à croire qu'elle s'en rappelait et esquissa un sourire, tout content et fier. Puis, nouveau sourire, plus subtil et complice à la fois quand la jeune femme annonçait que les grands esprits se rencontraient. Elle ne se prenait pas pour du petit grain, mais lui non plus. Ils savent ce qu'ils sont. D'ailleurs, ils parlaient tour à tour de leur héritage, legacy comme disent les Saxons. D'abord Harper, qui avouait que c'était lourd à porter.

-Je n'en doute pas. C'est un peu ce que je vis, parfois.

Puis, à la question de la belle brune, il acquiesce, mais précise:

-Pas exactement. Ma tante est celle désignée pour prendre le relais mais... enfin, je t'épargne les détails, mais avec un peu de chance et après avoir fait mes preuves, je devrais être celui qui prendra la place à ma tante un jour.

Rien n'était joué encore, mais l'année dernière, son grand-père a eu un soucis de santé. L'avocat de la famille a convoqué une réunion où Alejandro a appris qu'il deviendrait actionnaire majoritaire du consortium, bien que sa tante est celle qui prendra le contrôle du C.A. Tout ça pour dire que de facto, Alejandro est bien l'héritier des Ortega. Un rôle qu'il prend à cœur et pour lequel il se prépare depuis... toujours.

En tout cas, ces compliments firent mouche. C'est vrai quand même qu'on en apprend beaucoup sur une personne quand on passe une journée avec elle en kayak à visiter une île. Était-ce des petites rougeurs qu'il voyait apparaître sur la peau bronzé d'Harper? On dirait et cela le fit sourire. Son sourire devient plus humble et son regard plus timide quand elle le remercie. C'était encore bizarre dans sa tête et il s'en voulait encore d'avoir gaffé ainsi, mais cela ne servait à rien de ressasser sans cesse cette histoire. Il était quand même heureux de trinquer et de prendre une bonne gorgée de ce délicieux vin.

-J'essayais surtout de réparer ma gaffe. Sans cela, nous serions peut-être encore sur cette île à profiter...

Alejandro pose le menu, il avait fait son choix pour la table d'hôte, entrée et tout: soupe de fruits de mer, carré d'agneau. Puis, la jeune femme lui demandait une nouvelle question qui le vit se passer une main dans ses cheveux.

-Bonne question. Ah j'ai décidé de prendre une année sabbatique. Après, je ferai soi mon barreau ici aux USA ou bien je commencerai à travailler dans le business familial. Je ne sais pas trop encore. J'ai tellement bossé, étudié ses dernières années, j'ai le goût de voyager, de goûter à la vie, au moins une année, avant de me plonger dans la cour des grands.

Il avait la tête pleine de projets, d'autant que cette session est la dernière pour lui. Il ne comptait pas prendre une année de repos, plutôt une année pour réaliser ce qu'il a trop souvent laissé de côté au nom de la famille. Un homme a bien le droit de vivre un peu sa vie non?

-Si tu es prête, on peut commander, mais avant, je veux que tu me dises en quoi tu étudies. Attends, je vais essayer de deviner... Politique?

Look d'Alejandro:

Je n’étais apparemment pas la seule à trouver notre rencontre troublante. Mais quand je regardais le résultat, je voyais une belle soirée aux chandelles en compagnie d’un bel et intelligent jeune homme. Je souris devant sa remarque. Je me doutais bien que nous héritiers de grandes fortunes et d’illustres familles devions en porter le fardeau. Je l’écoutais attentivement tout en acquiesçant à certains moment avant de répondre. « Oh je suis persuadée que tu es largement qualifié pour prendre les rennes de cet empire. Tu as les épaules pour, ça se voit tout de suite. » remarquais-je. Personnellement, toute mon enfance j’avais été conditionnée pour devenir la future présidente américaine. Je ne l’avais pas toujours voulu, mais par orgueil, vanité et envie d’avoir une place dans l’histoire, l’envie m’était apparue au fil des années. Et il faut dire que la richesse ne me suffisait plus. Je voulais le pouvoir. J’avais le nom qu’il fallait, l’entourage qu’il fallait et la personnalité qu’il fallait. L’ambition également. J’étais préparée à donner au peuple ce qu’il attendaient de moi. Un fantasme. La digne succession. Ce que mon père n’a pas eu le temps de faire. Toutes ces pensées me refaisaient prendre confiance en moi. Je menais le verre de vin à mes lèvres et savourais cette soirée tout en regardant Alejandro droit dans les yeux. Une gaffe ? Oh non, il n’allait pas recommencer avec ça … Il s’agissait de ma bêtise. Je reposais calmement le verre de vin sur la table. « Encore une fois, tout est de ma faute Alejandro. Arrête de te culpabiliser. » Répondis-je avec un petit sourire avant de continuer. « Oh et qu’avais-tu en tête ? » J’étais certaine que nous aurions continué de profiter. Je me laissais doucement porter par l’ambiance et choisissais à mon tout sur la carte. Saint-Jacques en entrée, Homard bleu pour le plat principal. Il fallait bien se faire plaisir ! Le jeune homme me parlait de ses projets. Je l’écoutais avec grande attention. Il était effectivement similaire à l’idée que je m’étais faite de lui. Bon vivant, voyageur, sportif, intellectuel. « Beaux projets, dis-moi ! » souriais-je impressionnée. Je riais. « Tiens étrange non ? Qui l’eu cru ? Une Kennedy qui fait de la politique ? » Je le taquinais gentiment avant de continuer « Effectivement, sciences politiques et droit. Je compte passer le barreau de New York à la fin de mes études et pourquoi pas tenter mon entrée au sénat ? Je t’avoue que l’idée de quitter New York pour Washington me déplait légèrement, mais d’un autre côté, la vie politique à Washington a l’air si excitante … » Nous finîmes par commander nos mets. Je me détendais sur ma chaise appréciant la vue que j’avais devant moi, sans rien dire. Je le regardais droit dans les yeux et laissait les choses se faire. Je laissais mes pieds toucher le sable fin et légèrement refroidit par le soleil qui s’en était allé. Je pensais à voix haute. « Quelque part, je suis me dis que si notre escapade d’hier s’était bien déroulée, nous ne nous serions peut-être pas revus ce soir … Je ne regrette pas de m’être blessée. »

Alejandro en doutait parfois, d'être à la hauteur, ou d'être prêt. Tout le monde peut être pris de doute après tout, mais la plupart du temps, il se croit quand même bien préparé et être à la hauteur de ce que sa famille exige de lui. Touché du compliment, le beau brun ne put s'empêcher de se montrer curieux:

-Tu crois? Pourquoi tu dis cela?

Qu'est-ce qui faisait qu'il avait les qualités selon elle? Plus tard, ils reviennent sur toute cette histoire de noix de coco et en effet, Alejandro ne pouvait pas faire autrement que de culpabiliser, encore et encore. Comme il a dit, au moins, il avait réparé sa gaffe. Harper se montrait curieuse de savoir ce qu'il avait envisage de faire. Le beau brun se montre pensif un instant.

-Puisque tu poses la question... Nous aurions bu de l'eau de coco sur la plage, à l'ombre du cocotier, on se serait baigné. On se serait sûrement aventuré aussi à explorer l'intérieur de l'île. Dieu sait ce que nous y aurions trouvé.

Cela aurait été une sacrée aventure, mais l'aider à se remettre de sa commotion et l'emmener le plus rapidement possible voir un médecin était aussi une aventure qu'il n'était pas prêt d'oublier. Cela faisait longtemps que son cœur n'avait pas battu la chamade ainsi. La belle brune optait pour un repas tout en fruits de mer et après, la belle appris les plans pour l'année à venir d'Alejandro. En théorie, cette année de repos débute cet été et durera... un bon bout de temps. Sourire aux lèvres, il devina ensuite le domaine d'étude de Harper. Disons qu'elle y était prédestinée.

-En effet, qui l'eut crû.

Ironisa-t-il. Il l'écoute ensuite parler à son tour de ses projets, plein d'ambition. La fosse politique américaine est cruelle, mais devenir potentiellement la personne la plus puissante au monde en vaut la peine.

-Tu habites New-York? J'adore cette ville, j'y suis retourné en février pour la Fashion Week... En tout cas, tu as de bien beaux projets toi aussi. Pourquoi directement le sénat? Pourquoi ne pas commencer par la chambre des représentants?

C'est sans doute un détail, mais il était curieux de savoir. Les plats commandés, il y eut cet instant où Harper le regarda droit dans les yeux et il plongea aussi son regard dans le sien, esquissa un doux sourire. Cette femme a de ses yeux, on pourrait passer sa vie à les regarder.

-Je pense que nous nous serions revus quand même. Je sais qu'on ne se connait pas beaucoup mais... tu me plais Harper.

Histoire qu'elle sache qu'il n'a pas envie d'être un simple ami. Après, peut-être est-ce un pas trop vite en avant, mais Alejandro aime avoir des rapports assez francs. Un peu nerveux quand même après cette déclaration, il prit une bonne gorgée de vin après avoir esquissé un sourire un peu niais. C'est alors qu'on apportait l'entrée et l'Espagnol souhaitait bon appétit à sa compagne de soirée.

Look d'Alejandro:

Je souriais devant sa question. « C’est le cas, tu as l’air si sur de toi … ça doit certainement en déstabiliser plus d’un ! » Je me sentais bien ici avec lui, et je l’écoutais imaginer une éventuelle prolongation de notre petite escapade d’avant hier. J’imaginais avec lui, à m’en perdre dans mes rêves. Il me sorti de mes pensées. « Oui, je suis une véritable New-Yorkaise ! Notre famille y a emménagé suite à l’assassinat de mon grand-père, tu sais … » Oui il savait. Qui ne savait pas. Je reprenais plus tard. « La Fashion Week ? Ma mère a été mannequin dans le temps, elle était égérie Calvin Klein ! Le minimalisme à l’état pur. » « Oh pardonne moi, je voulais dire la chambre des représentants. J’espère faire mon entrée au sénat dès mes trente ans à vrai dire. » Je lui adressais un sourire doux. Jusqu’à cette déclaration … Je restais bouche bée. A ces mots, je n’entendis plus aucun son si ce n’était les battements de mon coeur. Quelle vitesse. Et surtout, j’avais chaud tout à coup. Je ramenais ma longue chevelure en arrière, me voilà toute chose. Que pouvais-je lui répondre. Il me plaisait énormément. Mais devais-je être tout de suite honnête avec lui ? Lui dire que je ne savais véritablement où j’en étais ces derniers temps ? Entre mon meilleur ami qui jouait au chaud et au froid avec moi, mes hauts et bas émotionnels quand je ne prenais pas mes antipsychotiques, le fait que je n’avais encore jamais eu d’amants ? Cela pouvait bien attendre, je n’avais pas la moindre envie de gâcher ce moment. Le maitre d’hôtel nous servait que seule la musique jazz se faisait entendre. Pas un mot, juste nos regards intenses. Je ne décollais plus mes yeux des siens. Lorsque le serveur s’en était allé, je finis par le lui dire. « Tu me plais aussi Alejandro. » Et voilà. La première fois de ma vie que je disais une chose pareille. Mais étais-je prête à tout ça ? J’empêchais à tout prix mes angoisses de refaire surface par la force mentale. Je tripotais le pied de mon verre avec mes doigts. Je n’étais plus si à l’aise. J’avais très chaud. Etais-je finalement un être doté de sentiments ? Harper était était-elle finalement dotée d’un coeur ? Je ne me reconnaissais pas. Ca n’était pas moi tout ça. Ma respiration se voulait de plus en plus forte, je ne pouvais empêcher mes pensées irrationnelles de refaire surface. Il n’avait pourtant rien dit de spécial, mais il fallait toujours que j’en fasse une montage. Bon sang ! Je sorti le plus discrètement possible de ma pochette une toute petit boite en argent avec mes initiales gravées dessus et l’ouvrait sur le côté de ma chaise avant d’en sortie une petite pilule colorée que j’apportais à mes lèvres en la faisant passer avec une gorgée de vin. C’est si triste. J’espérais fortement qu’Alejandro ne remarque pas mon geste, mais c’en était trop demander. « Excuse moi, ce sont mes cachets contre la douleur. » Menteuse. Trop tard. Mais je n’avais pas envie qu’il sache. Je ne voulais pas qu’il me voie avec mes yeux. Avec lui je découvrais au fur et à mesure une nouvelle Harper, une qui n’était plus triste, qui ne se voulait plus du mal, qui était pleine de vie. J’approchais finalement doucement ma main de la sienne posée sur la table avant de l’effleurer. Je la retirais rapidement, pas encore vraiment habituée aux contacts physiques. Gênée, je continuais. « J’imagine que je ne dois pas être la seule à qui tu plais en ce moment … »

Alejandro eut un petit sourire. C'est vrai qu'il a de l'assurance.

-Peut-être. Je suis comme je suis.

Il ne s'en excusa pas, mais il était heureux qu'Harper reconnaisse son assurance et semblait voir cela comme une qualité et non un défaut. Toujours dans l'esprit de faire connaissance, ils parlaient de New-York, la ville natale de l'Eliot. La jeune femme rappelait d'ailleurs les circonstances et le beau brun acquiesça, avant d'écouter la suite.

-C'est vrai? Je sais de qui tu retiens alors.

Parce qu'on s'entend qu'Harper est une femme d'une beauté hors norme. Puis, sur ses ambitions, le beau brun écoutait presque admiratif la jeune femme, mais en même temps, c'était bien d'avoir en face de soi une personne aussi ambitieuse que soi, pour qui l'ambition n'est pas un défaut ou de la prétention, mais plutôt un objectif, une raison d'être et une source de fierté.

-Cela promet d'être intéressant de suivre ta carrière.

Le regard d'Harper sembla ensuite vaciller à la déclaration qu'il lançait. Sur le coup, il se demanda s'il ne venait pas de faire une gaffe. Le serveur vint les interrompre et détendre un peu l'atmosphère, mais une fois celui-ci repartit, ce qu'Alejandro entendit le ravi, c'est certain et cela se voyait à son sourire.

-Trinquons à cela.

Alejandro leva son verre, son regard sur Harper qui ne cachait plus une certaine attirance maintenant. Puis, le beau brun voit la jeune femme se pencher et comme il est grand, l'Espagnol bougeait la tête et vit qu'elle prenait un comprimé. Harper remarqua qu'il l'avait vu et se justifia, l'Espagnol hochant de la tête.

-Je comprends. Tu n'as pas à t'excuser.

La belle brune vint alors frôler de sa main la sienne et les doigts d'Alejandro se dirigeait vers elle pour la frôler, la toucher. Elle découvrira vite que le jeune homme est un être chaleureux. Sauf que l'Eliot enlève aussitôt cette main. Dommage, le contact était agréable. Il la sentait gênée, hésitante, à la limite d'être mal à l'aise. Sa main alla chercher celle de la jeune femme pour que leurs doigts renouent et lançait un petit sourire à l'Américaine.

-Pourquoi te soucier des autres? Tu es une Kennedy après tout... Plus sérieusement, oui, j'ai tendance à être bien entouré, mais ce n'est rien de sérieux et, enfin, éventuellement, j'aimerais bien être à nouveau en couple. Seulement, cette fois, je n'ai pas envie d'être en couple pour être en couple. J'aimerais que la relation dure, quitte à prendre son temps.

C'était peut-être un peu tôt pour parler de vie couple. Le fait est qu'il est célibataire depuis presqu'un an maintenant et qu'il a eu quelques fréquentations, mais toujours rien de sérieux, alors que, aussi étonnant que cela puisse paraître, Alejandro est le genre d'homme qui aime être en couple, sa dernière relation a duré presqu'un an.

Look d'Alejandro: