₪ See you again

J'avais fait mes valises en vitesse, un peu comme une voleuse. Je n'avais pas eu le courage de dire au revoir, je n'avais pas eu le courage de faire face à mes proches. Depuis la mort de ma sœur, c'était avec un regard empli de pitié qu'ils posaient leurs yeux sur moi. Je n'avais pas besoin de pitié non, j'avais besoin de ma sœur, j'avais besoin d'Az. Mais elle n'était plus là, elle ne faisait plus partie de ce monde et j'avais besoin de respirer, j'avais besoin de partir d'ici. Chaque minute de plus ici était une souffrance. Qu'importe où j'étais, je repensais à elle, à nous, à nos souvenirs communs. On me l'avait prise, on me l'avait arraché et c'était un bout de moi qui s'était envolé avec elle.




La porte claquait brutalement, alors je m'approchais à toute vitesse jusqu'à l'entrée face à moi, un Alex complètement bourré. Enfin, c'était plus que ça, je ne t'avais jamais vu dans cet état-là et pourtant, tu étais en bonne voie pour te soigner. Je m'adossais au mur sans te jeter un seul regard. « Qu'est-ce que tu as foutu Alex ? » Soufflai-je la tête baisser. « De ? » Tu étais sérieux là ? Non mais il n'y avait qu'à voir ton état pour comprendre... « Arrête de te foutre de ma gueule, tu sens l'alcool d'ici. » Alors que tu avais déjà fait l'effort de faire une thérapie, d'aller mieux, de te soigner et non. En une seule et unique soirée, tu avais foutu des jours et des jours d'efforts en l'air. « Et alors, qu'est-ce que ça peut te faire ? » « Qu'est-ce que ça peut me faire ? Tu es réellement en train de me demander ce que ça peut me faire de te voir dans cet état ? » « Oh, arrête de tout dramatiser, j'ai bu quelques verres, c'est rien de grave. » Je serrais les poings, j'étais à bout de souffle, à bout de patience et ouais merde c'était pas le Alex que j'aimais là. Qu'importe la peine que tu avais, on devait avancer main dans la main, ensemble. « Rien de grave ? T'as pensé à Az ? Tu crois qu'elle aimerait te voir dans cet état ? » J'avais les larmes aux yeux ma gorge se serrait à l'instant où j'avais énoncé son prénom. Je poussais un soupir pour reprendre mes esprits. « Elle aurait honte... » Chuchotais-je avant de sursauter alors que tu tapais violemment le mur avec ta main. Tu allais tellement mal, tu avais tellement bu, que même la douleur de l'impact, tu ne la sentais pas. Le regard noir, le visage fermé, tu t'emportais lorsque j'évoquais ta femme. « Ne me parle pas d'Az, t'entends ? Ne la mentionne même pas en ma présence, compris ? » « Alors quoi ? Tu te noies dans l'alcool pour l'oublier ? C'est ça que tu cherches à faire ? » Ou tu cherchais juste à gâcher ta vie, à réduire à néant la thérapie que tu avais entamée. Mais pourquoi ? Pourquoi tu avais fait ça en fait ? En quoi ça t'aidait ? Parce que moi, je ne comprenais pas. Tu ne m'en parlait pas et peut-être que j'avais besoin de savoir à quel point tu avais mal, à quel point tu souffrais pour pouvoir trouver les mots juste et t'aider à aller de l'avant. Peut-être, mais dans le fond, je ne savais pas, parce que t'étais un livre fermé avec moi. « Ne me casse pas les couilles et laisse moi tranquille. » « Si je ne veille pas sur toi, qui va le faire ?! T'es alcoolique Alex et t'as tout foutu en l'air... » En buvant, en rentrant bourré, en n'étant pas capable de te confier à moi sur les sentiments que tu éprouvais. « J'm'en fous, ok ? J'm'en fous » Tu osais me dire ça ? Droit dans les yeux alors que tu étais sensé voir dans les miens, à quel point j'avais besoin de toi, là, maintenant, tout de suite. Oui, j'avais besoin de toi, mais t'étais pas là. T'étais redevenue l'ombre de toi-même ce soir et tu ne t'en rendais même pas compte. J'étais même pas capable de te regarder tellement ce soir, j'avais l'impression de perdre quelqu'un que j'aimais, pour la seconde fois. Tu me brisais le cœur-là et tu ne t'en rendais pas compte. « Et Robyn dans tout ça ? Si t'es pas capable d'aller mieux pour toi, pour moi ou pour ta femme et tes enfants que tu as perdu, penses à ta fille... » « Parce que tu crois que ça me plait ? Je n'ai rien demandé de tout ça, tout ce que je voulais, c'était vivre heureux et la vie te fait un coup de pute. Alors, ouais, je bois parce que ça m'permet d'oublier que le karma, c'est une pute qui t'encule bien profond. Estime toi heureuse que j'm'enfile pas des rails de coke en surplus. » C'était le coup de grâce là. Félicitations à toi, Alex. Vraiment, d'être aussi con. D'être égoïste et de ne penser qu'à toi. J'étais à quelques centimètres de toi, et j'avais juste envie de foncer droit sur toi pour te frapper, pour te secouer, pour te réveiller. « Je devrais m'estimer heureuse ? C'est pour toi Alex que je suis sur ton dos, c'est pour ton avenir et aussi parce que je n'ai plus que toi et je n'ai pas envie de te perdre. » Dis-je alors que je commençais à partir avant de me retourner au bout du couloir. « T'sais quoi ? Abandonne, prend d'la coke, continue l'alcool, fou toi en l'air. Je n'en ai plus rien à foutre. » C'était faux, j'avais besoin de toi, mais la haine, la colère, toutes ses émotions que tu déclenchais chez moi, c'était juste le signe que je t'aimais et que ça me brisais de te voir dans cet état. « Ouais, on va faire ça. » Que tu disais, alors que je te voyais petit à petit disparaître dans ta chambre avant de me faire sursauter quand j'entendais le claquement de porte. Immobile, je fixais la porte de ta chambre, dans l'espoir de te voir faire machine arrière, revenir vers moi. Je restais plantée là de longues minutes avant de me laisser glisser contre le mur. C'était plus que toi et moi contre le reste du monde alors pourquoi, ce soir, on était l'un contre l'autre ? Pourquoi on se déchirait ? J'avais besoin de toi. J'espérais juste que tu me reviennes. J'espérais juste qu'un jour, je retrouve mon héros, celui qui m'avait sauvé petite. Je suppliais qu'un jour, je puisse retrouver mon frère, parce que ce soir, tu ne l'étais pas, tu n'étais plus rien.


₪ Coming Home

Tu venais tout juste de rentrer de Boston, et ouais, depuis notre départ de Boston, je ne t'avais plus avec un sourire comme celui que tu portais depuis que t'étais rentré chez nous. Ca allait mieux entre nous, tu te tenais avec ce que tu m'avais promis et chaque jour, j'étais un peu plus fière de toi. Je te retrouvais un peu plus chaque jour. Tu me parlais de retourner à Boston et forcément que je me posais des questions, est-ce qu'on était prêt ? Est-ce qu'on arriverait à vivre au milieu de nos souvenirs avec Az ? À l'instant où tu avais le dos tourné, j'avais contacté Harvard, espérant pouvoir réintégrer le rang des étudiants ou encore mieux rejoindre à nouveau les cabot. Quelques jours plus tard, j'avais une réponse, j'étais à nouveau acceptée. Sans plus attendre, comme une folle, je courais dans tes bras pour t'annoncer la nouvelle. On y retournait, à Boston, notre vrai chez nous.