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I LOVE HARVARD
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    Lien du postJeu 17 Aoû 2017 - 3:54
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    Let me show you where I come from.


    « Biensûr, biensûr... » répliquais-je en serrant les dents dans un sourire plus que sceptique. Elle plaisantait ? Je ne le crois pas non, mais évitons d'aborder mes désillusions sous peine qu'elles se matérialisent pour de bon dès ce soir. Indifférent à la moue attendrie de ma mère et au regard franchement moqueur de mon père – tu peux rire toi, je suis sûr que tu es déjà passé par là ! - je préfère poursuivre ma déglutition de thé, avant que Margaret ne mette sur le tapis un sujet...que j'aurais cent fois préféré ne jamais aborder. Ni ici, ni maintenant, ni avec eux. Trop tard. Sur le moment les esprits s'échauffent, bien que ni elle ni moi n'avions souhaité en arriver à de tels extrêmes. Je n'avais jamais hurlé sur ma mère pour ainsi dire, car je la savais trop émotive, détestant ravager son cœur fragile, sans compter ma nature d'ordinaire si calme. Mais en cet instant, la raison avait fui pour ne laisser la place qu'à l'amertume, la déception et la colère alors que je m'engouffrais à l'extérieur de la maison, pieds nus puisque je n'avais pas songé une seconde à enfiler la moindre paire de bottes, pour aller me réfugier à l'ombre du vieux chêne dominant le jardin dans l'arrière-cour. M'affalant en ruminant dans ma barbe le long du tronc, j'arrachais avec force les brins de mauvaises herbes qui traînaient devant moi, alors que ma mauvaise humeur ne retombait toujours pas.

    A l'intérieur de la maison, ne restaient plus maintenant que Margaret et Lily. La première honteuse, la seconde...sans doute déçue et attristée. Levant la main comme pour signaler dès les premières paroles de Lily qu'elle n'avait aucunement besoin de lui trouver des excuses car de toutes évidences elle se sentait incapable de les accepter pour elle-même, ses mains cherchèrent une occupation tandis qu'elle l'écoutait malgré tout en commençant à ranger ce qui ne servirait plus au petit déjeuner. Ses yeux l'observent par moment, surpris de la découvrir plus forte qu'ils ne l'auraient jugé au départ. Ce petit bout de femme qui avait passé par d'inombrables blessures dont la moitié lui était inconnue, et qui se tenait là, devant elle, le dos droit et semblant visiblement garder la maîtrise de ses émotions. Un sourire empli de fierté et de douceur étira ses joues alors qu'elle constatait désormais combien elle avait eu raison. Ils seraient heureux. Parce que ce qu'elle voyait à présent chez lui lui rappelait une autre jeune femme à une lointaine époque. Pas tant par la ressemblance physique que par le désir de se montrer forte et déterminée. Comme quoi, jeunesse n'est pas nécessairement gage d'inexpérience et de légèreté. Hochant la tête pour l'inciter à poursuivre, elle entend et comprend chaque mot et ses incidences sans se permettre encore de l'interrompre. Lily avait besoin de se confier. Elle n'était pas certaine qu'elle ait pu jamais le faire à ce sujet auprès de son compagnon.

    « Sauf que ... Je ne suis pas son âme sœur. » Ses mains s'arrêtent dans leur élan, ses sourcils se fronçent et elle attend. Elle attend, mais ne peut qu'être déstabilisée durant plusieurs minutes. Le temps de la dévisager sans comprendre, de lire entre les lignes avant qu'un sourire triste n'assaille ses lèvres à son souvenir...et au présent. « Catherine l’était. » Ainsi donc, c'est en ce des trois mots que résidait tout le problème. Son sourire se fait plus rare mais ne perd pas de sa substance pour autant. Elle réfléchit. A la manière d'aborder les choses avec une jeune femme dont elle connaissait si peu de choses mais qu'elle considérait comme sa propre fille. Pour ne pas la blesser, pour ne pas l'inciter à faire débat alors qu'il n'avait pas lieu d'être. Seigneur, Lawrence pouvait se montrer si stupide parfois, se dit-elle, qu'il concurrencerait son propre père. « Je suis prête à le faire parce qu’au fond, je sais qu’il est pour moi ce que Catherine a été pour lui un jour. » « Ma chérie... » Interrompue dans son flot de paroles, elle ne peut pourtant reprendre alors que Lily s'échine à poursuivre avant elle, la rendant de nouveau muette, le visage grave dans une expression silencieuse de tendresse teintée d'une infinie tristesse. Elle sait que quoiqu'elle dise, ce n'était pas à elle de lui faire comprendre certaines choses concernant mon passé et mon avenir. Que quoiqu'elle dise, Lily n'écouterait que ce qu'elle voudrait bien entendre. Quelles preuves avait-elle après tout ? « Ne croyez pas cela, Lily. » finit-elle par murmurer en se rapprochant, posant sa main tiède sur son épaule, lui rendant un regard étrangement brillant. « Ne croyez pas qu'il s'agisse d'une obligation. » répéta la matriarche avant de reculer de quelques pas. Qu'avait-elle voulu dire par là ? Une obligation pour la famille ? Pour Lily que d'accepter les conditions que je semblais d'ores et déjà lui avoir imposées dans notre vie de couple ? Ou une obligation pour moi ? Margaret garda le silence sur son énigme, hochant simplement la tête lorsque la jeune femme prétendit vouloir se rendre à la salle de bain. « Oui, oui biensûr... » ne fit-elle que souffler en la regardant disparaître dans l'escalier, pour s'en retourner à la table sur laquelle elle passait déjà un chiffon humide pour nettoyer les traces microscopiques qui pouvaient avoir subsister.

    La porte de derrière, elle, grinça dans ses gonds, l'obligeant à se pencher sur le côté, avant que son regard ne s'aperçoive d'une vague forme qui venait de tourner les talons sans un mot, le visage tenaillé par la honte et les remords. Je n'avais rien manqué de leur conversation et regagnais maintenant mon arbre, troublé, les joues rouges et le souffle court. Il me fallut pas moins d'une dizaine de minutes pour retrouver mon calme et pouvoir réfléchir plus posément à tout ce que je venais d'apprendre. Je ne savais pas comment réagir. A vrai dire, je n'avais rien vu, rien compris. Jamais Lily et moi n'avions abordé ce sujet auparavant. Catherine, mon passé...notre avenir. Je me sentais si désarmé actuellement. Comment lui faire comprendre qu'elle se trompait ? Que mon erreur provenait d'un 'argument' qu'elle semblait ignorer et n'avait pas mentionné ? Je devrais peut-être lui écrire une lettre ? « Une lettre, ben voyons ! Tu n'as plus cinq ans, Law' ! » grondais-je pour moi-même en arrachant de nouvelles brindilles, passant une main sur mon front. Avant tout, je devais m'excuser. Oui, c'est ça, m'excuser pour ce qui s'était passé et ensuite... Une fois debout, mes yeux sont toujours abaissés, fixant le sol comme un parfait imbécile. Et ensuite ? Je regarde la maison, le jardin, la route qui mène jusqu'au village...aucune réponse. Je ne savais même pas quelle serait sa réaction. Perdu dans mes pensées, je vois ma mère quitter la cuisine pour se rendre au jardin, me jetant un bref regard au passage. Vide désormais, il ne restait que Lily à l'étage, de sorte que nous pourrions peut-être discuter sans crainte des oreilles indiscrètes. Car, parents ou non, je n'avais jamais apprécié que l'on se mêle de mes affaires, encore moins de ma vie privée. Même si, entre nous, mes parents sont passés maîtres dans ce domaine depuis fort longtemps. Qu'importe, j'avance, soupire, hésite et reprend la route, cherchant à me défiler plusieurs fois alors qu'enfin, la porte de ma chambre me faisait face. Enième soupir, le cœur qui bat la chamade, et je me sens idiot de penser frapper avant d'entrer. « Lily ? » soufflais-je en me frayant un chemin dans la chambre, refermant la porte derrière moi.



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    Lien du postJeu 17 Aoû 2017 - 8:48
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    L’aveu avait une saveur étrange, une fois prononcé à voix haute. Elle y avait tellement songé depuis ces derniers mois, ou même avant, lorsqu’ils étaient séparés. Alors le dire, formuler ces pensées tapies au fond de son cœur depuis trop longtemps, cela avait un arrière-goût incertain. Absorbée qu’elle était par ses propres réflexions, elle ne nota même pas le regard attristé que Margaret posa sur elle. Elle n’aurait peut-être pas dû la mettre dans la confidence, et aurait mieux fait sans doute de garder cela pour elle jusqu’à ce que ses impressions cachées finissent par mourir avec le temps. Trop tard, à présent. Elle ne se sentait ni mieux, ni plus mal. Toutes ces idées elle s’y était habituée jusqu’à ce qu’elles deviennent des compagnes de routes familières, qui parfois, malgré elle, renforçaient le sentiment de solitude qu’elle pouvait éprouver. Elle n’aurait jamais évoqué tout cela avec Lawrence, comme si simplement oser, ce serait emprunter un territoire qui lui était proscrit. Et puis qu’il la considéra avec une forme de pitié sous-jacente l’aurait révulsée de rage et de honte mêlées. Elle aurait certainement eut du mal à le supporter. Comme s’il était possible qu’il ait cette attitude avec elle un jour … Elle n’aurait même pas dû y songer un seul instant. Elle aurait dû avoir une confiance aveugle et entière, qui aurait naturellement mis de côté doutes et craintes terrifiantes. Sauf qu’elle était rongée par l’incertitude. Tour à tour elle perdait les gens auxquels elle tenait, apprenait des choses qu’elle n’aurait jamais dû savoir ou au contraire connaître depuis le départ. Sa confiance en lui devenait plus fragile chaque fois qu’il la mettait à l’écart, ou omettait de lui parler de choses pourtant primordiales. Une vieille habitude de sa part sans doute, mais malvenue face à une personnalité comme celle de Lily dont la confiance était souvent extrêmement complexe à acquérir.

    « Oh je n’ai pas dit que s’en était une … J’aurais du mal à le supporter pour être franche, si c’était le cas. Personne n’a envie de se lier à quelqu’un par contrainte. » De toute façon, la question ne s’était jamais réellement posée. Respecter d’ancestrales traditions était sincèrement le cadet de ses soucis depuis quelques mois. Elle n’était de toute façon pas prête à franchir cette étape-là, même avec lui. C’était trop tôt. Tout était allé beaucoup trop vite. Et même s’ils arrivaient tant bien que mal à suivre la cadence, tout allait s’accélérer plus encore avec la naissance des deux enfants. Alors ce n’était peut-être pas le moment de s’encombrer de telles problématiques. A ses yeux cela n’avait pas d’importance. Pas pour l’instant du moins. Elle était heureuse ainsi, voulait profiter encore un peu de l’illusion de sa jeunesse avant de s’enchaîner dans un carcan qu’elle n’était au fond pas sure de pouvoir supporter toute une vie, même auprès d’un homme qu’elle aimait de tout son cœur. Car Lily était un esprit libre et indépendant, de façon presque farouche. Elle avait toujours eut l’habitude de ne dépendre que d’elle-même, et avait souvent besoin de son propre espace pour laisser sa créativité s’exprimer, à la manière d’un exutoire. Son emménagement total au manoir allait l’obliger à maîtriser sa nature profonde, et à faire de nombreux compromis que la plupart des jeunes gens de son âge, insouciants, n’avaient pas encore à faire. Sans compter ces événements auxquels elle ne pourrait pas toujours échapper. Car en tant que « compagne » d’un grand chef d’entreprise, il faudrait forcément qu’elle se montre à ses côtés de temps à autre, qu’elle gravite dans un univers qui franchement, ne l’attirait pas du tout. Elle ignorait comment cela se passerait. S’ils parviendraient à franchir cette étape-là sans briser leur couple ou non. Elle l’espérait au fond. Le temps serait leur meilleur allié.

    D’un pas lent, presque penaud, Lily se dirigea finalement vers la salle de bain de l’étage. Montant les marches tranquillement en faisant grincer le parquet sous ses pieds, elle semblait un peu absente, toujours absorbée par les répercussions de l’échange entre la mère et le fils. S’effeuillant devant le miroir, le bout de ses doigts vint masser ses tempes alors que l’eau chaude commençait enfin à couler. Se glissant en dessous, un long frisson la traversa le long de l’échine, suivit d’un soupir de soulagement. Rien de mieux qu’une bonne douche chaude pour calmer tous les maux de l’esprit. Ressortant prudemment en veillant de ne pas glisser, elle s’enveloppa dans une serviette qu’elle cala autour de son buste, passant un coup devant le miroir recouvert de buée. Un instant elle rencontra son reflet dans le miroir, et se demanda si l’image qu’il lui renvoyait était véritable ou non. Elle ne souriait pas, toujours triste, sans trop savoir pourquoi le sentiment ne la quittait toujours pas. Une voix cristalline s’éleva alors en fond sonore, alors que distraitement, elle s’employait à démêler ses cheveux trempés. Tout juste un fredonnement au début, puis une mélodie délicate, une chanson que lui chantait sa mère lorsqu’elle était enfant, et dont elle n’avait jamais pu oublier la mélodie bien qu’elle ne comprenait pas bien le sens des paroles étant petite. Une voix douce, presque fragile, qui meublait le silence de la pièce de laquelle elle finit par ressortir, surprise de rencontrer dans la chambre la silhouette de Lawrence, qui venait d’ailleurs de l’interpeller. Elle s’était tue alors, interrompant ses fredonnements pour l’observer avec attentions, et de grands yeux interrogateurs. Comment aurait-elle pu savoir alors ? Qu’il avait tout entendu ? Qu’il s’était fait auditeur inattendu d’une conversation qui ne lui était pas destinée ? Lily fit mine de rien, se murant dans le silence en se promettant intérieurement de faire en sorte d’oublier l’intermède pour que tout se passe bien, n’imaginant pas un seul instant qu’il puisse peut-être avoir envie d’en parler. « Je ne t’avais pas entendu monter. » murmura-t-elle dans un premier temps, finissant par feindre en esquissant un sourire prudent.  « Tu vas mieux ? » Il avait l’air, quoique l’expression de son visage trahisse hésitation, et incertitude. Elle ne comprit pas pourquoi sur le coup. « Ta mère ne voulait pas te froisser … Elle était vraiment mortifiée. Penses-tu pouvoir oublier ce petit intermède, pour que le reste du séjour se passe tranquillement ? » osa-t-elle lui demander du bout des lèvres, esquissant un sourire plus sincère à présent, pensant véritablement pouvoir passer à autre chose sans avoir à entrer dans le vif d’un sujet qu’elle n’avait pas forcément envie d’aborder tout de suite.


    ©️ FRIMELDA



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    Lien du postSam 19 Aoû 2017 - 12:41
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    Hochant la tête plus pour se dérober à ce débat qu'elle ne désirait pas encore avoir avec Lily, songeant qu'il ne lui appartenait pas de lui faire comprendre par d'autres moyens qu'il ne s'agissait pas de la vérité à laquelle la jeune femme semblait croire, Margaret attendit patiemment que la jeune femme ne disparaisse dans les étages, avant de s'éloigner à son tour, un vague sourire sur les lèvres.

    Profitant plus tard de l'apercevoir dans le jardin, sans doute occupée à soigner ses légumes de saison, je me rendais aussitôt vers ma chambre, où je pensais trouver Lily dans le but de m'expliquer. Comment s'y prendre, alors que la jeune femme ne m'avait pas vu auparavant ? Je n'avais pas envie qu'elle se referme en songeant que d'une manière ou d'une autre, j'avais profité de son inconscience pour me tapir dans l'ombre et écouter la conversation brève mais intime qu'elle avait entretenue avec ma mère. Bien que celle-ci m'eut donnée alors toutes les raisons de croire que la jeune femme gardait une opinion amère du constat qu'elle retirait de mon souhait de ne pas l'épouser, je ne trouvais pas encore les mots pour excuser mon comportement, pas plus que pour l'expliquer à l'heure actuelle. Ce pourquoi, en pénétrant dans cet espace intime, les mains froides et le cœur palpitant trop vite, je décidais de passer outre, pour l'instant. L'occasion me serait donnée de lui fournir des preuves qu'elle n'attendait sans doute pas et que je peinais à lui offrir malgré ce sentiment de plus en plus oppressant de mon échec. Surtout après cette chanson. Cette voix que je n'oublierai jamais et ce timbre qui m'avait fait presque frémir en entrant. Ce que j'y décelais me frappait littéralement en plein cœur. « Je...hum...oui excuse-moi, j'espère que je ne t'ai pas effrayé. » balbutais-je en feignant un sourire avant de me dirigervers la fenêtre dont les rideaux étaient tirés, croisant à peine son regard au passage. Red is my heart. Je soupire mais fais silence. Tu as une si belle voix, aurais-je aimé lui souffler à l'oreille avant de l'embrasser, pour lui prouver combien je tenais à elle, combien elle avait tort lorsqu'elle pensait que... Quelle importance maintenant. Je devais réparer mon erreur, et ce n'était pas par des flatteries. Le pire, c'est qu'elle ne semblait pas m'en vouloir, ce qui me troublait au plus point. Elle qui paraissait si peinée quelques minutes auparavant, voilà que nous entamions une conversation des plus agréables, comme si tout souvenir avait été effacé de sa mémoire. Serait-il possible qu'elle chercha elle aussi à dissimuler ses émotions ? Un sourire orne mes lèvres en songeant à sa force de caractère que je n'avais pas encore supposé le premier jour de notre rencontre à l'université de Cambridge. Qu'il est loin ce temps où je ne l'entrevoyais alors encore que comme une enfant à qui je devais une protection sans failles, m'interdisant des sentiments que je peinais pourtant à mesure de la connaître, à réprouver. « Je vais bien. Et je te prie d'accepter mes excuses pour...ce qui s'est passé. Cela n'aurait jamais dû arriver. » Pas ici, pas vis à vis de ma mère, pas à ce sujet. Mais tant pis, le mal est fait. Me retournant pour lui faire, je souris plus sincèrement maintenant, quoique toujours prudent pour cacher la moindre parcelle de doute et de gêne à ses yeux. Ma main se lève, juste devant moi comme pour l'interrompre alors que je parcours les derniers mètres qui me séparent d'elle. « Non, ne...oui ne t'inquiète pas pour cela. Je n'ai pas l'intention de faire un nouvel esclandre. » résumais-je pour moi-même. Quelques secondes plus tard, le temps de feindre admirer le plancher et de jeter un nouveau regard contemplatif vers la fenêtre, je l'observe à nouveau, le front légèrement plissé. « Est-ce que cela t'intéresserait de venir avec moi en ville ? » lui demandais-je, incertain de sa réponse et n'osant lui avouer que je comptais également en profiter pour visiter quelques amis au passage.



    @Lily-Rose S. Hopkins

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    Lien du postDim 20 Aoû 2017 - 9:26
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    Entre ses cils, Lily l’observe, interdite pendant quelques instants. Elle ne comprend pas sur le coup l’expression que ses traits arborent, à mi-chemin entre la gêne et la stupéfaction, comme s’il était surpris de la trouver là. Elle était loin de se douter des raisons profondes en réalité. Dans son esprit, cette conversation illusoire n’aurait jamais de suite, classée qu’elle était à présent dans son esprit qui s’efforçait de passer à autre chose. Une confidence qu’elle avait estimée nécessaire pour « rassurer » Margaret en quelque sorte, et lui ôter toute forme de culpabilité. A présent que la chose était faite, elle ne reviendrait pas sur le sujet, et certainement pas avec lui-même s’il s’agissait d’une erreur de se calfeutrer ainsi derrière des impressions peut-être fausses. Posant de grands yeux sur sa silhouette, une dernière note de sa comptine soufflée au bord des lèvres laissée en suspens, elle lisait sans peine la culpabilité qui le rongeait, avec le regard fuyant et la mine déconfite. Si seulement elle avait su. Pour l’heure elle pensait que seul l’intermède avec sa mère avait pu le mettre dans un état pareil, ce qui n’arrangeait rien à l’idée qu’elle se faisait de la situation.

    « Non … Du tout. » le rassura-t-elle du bout des lèvres en faisant quelques pas dans la pièce. Elle en profita pour commencer à s’habiller, passant sur ses épaules une robe longue claire de femme enceinte à imprimés floraux, accompagné d’un pull, car elle avait cru comprendre que l’air était plus vif et plus frais en Ecosse qu’à Boston. Son silence la laissa quelque peu perplexe, accentuant quelque peu le sentiment de lourdeur qui tenaillait son cœur depuis plus d’une heure à présent. Se murant derrière un calme de façade, son regard chercha des réponses en observant ici et là dans un premier temps. Elle ne trouva rien, aussi ajouta-t-elle simplement au bout de quelques minutes, tout en épongeant ses longs cheveux distraitement : « Cela n’a pas d’importance. Je suppose que c’était prévisible, si ta mère est très à cheval sur certaines traditions. Elle s’en remettra, au moins, l’abcès est crevé à présent. De toute façon la question ne se pose pas, et n’est pas à l’ordre du jour. Tu peux donc te tranquilliser, cela ne devrait pas être remis sur la table. » dit-elle d’un ton relativement monocorde, d’un calme olympien et sans agressivité. Comme si cela lui était complètement égal au fond.

    Disposant sa serviette humide sur une chaise pour qu’elle puisse sécher, elle termina de se préparer en un clin d’œil, notant ses excuses alors qu’il venait de se rapprocher de sa silhouette. Probablement pour joindre le geste à la parole. C’est ce qu’elle pensa au début mais rien ne vint, il semblait juste plus distrait et soucieux qu’autre chose. Et en toute honnêteté, elle n’avait pas la force de le rassurer davantage, ou de feindre des émotions qu’elle n’éprouvait pas sur l’instant. Ne souriant pas, une main posée dans le creux de son dos qui la faisait un peu souffrir ce matin-là, elle répondit d’un simple : « Oui bien sûr. Je t’attends en bas si tu veux. » en ne tardant pas à obtempérer, pivotant sur ses pieds pour repartir au rez-de-chaussée.



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    Lien du postLun 21 Aoû 2017 - 16:45
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    Je hoche la tête, faisant mine d'approuver sinon d'entendre ce qu'elle affirmait alors qu'intérieurement, je n'écoutais que distraitement et n'étais pas même certain d'y croire moi-même. Je reste cependant sans voix lorsqu'elle m'annonce que le sujet n'était de toutes façons pas à l'ordre du jour. Serait-elle blessée au point de nier avoir jamais eu l'envie de se marier, comme toutes princesses d'un certain âge ? Ne sont-ce que le prétexte d'une jeune femme tiraillée entre raison et sentiments pour se dérober à une vérité trop cruelle ? Ou était-elle sérieuse ? Aussi surprenant que celui puisse paraître, ma confusion était telle que je peinais à démêler le faux du vrai, et ne fis que l'observer en plissant les yeux, dissimulant avec tact et habitude un cœur déjà bien cabossé. « D'accord... » commençais-je alors que je me dirigeais déjà vers les escaliers, juste avant que mes yeux ne remarquent la main qu'elle avait posé au creux de ses reins, au bas de son dos. « Assieds-toi...juste deux minutes. » Retournant sur mes pas, l'air de rien, je posais alors mes bras autour de sa taille pour l'inciter à rejoindre le coin du lit, sur lequel je m'installais avant elle, écartant les jambes pour qu'elle puisse y trouver un creux confortable entre elles, le temps que mes mains ne remontent le long de sa colonne. Massant ses épaules, appuyant fermement en faisant toutefois attention à chaque os que je trouvais sur ma route pour ne pas qu'elle souffre davantage, concentré sur ma tâche, je sentais sa peau se distendre sous mes doigts, rougie à certains endroits, se réchauffant à mesure de mes caresses dans son dos jusqu'au bas de ses reins. « Tu aurais dû me dire que tu avais mal au dos... » murmurais-je pour moi-même avant de me taire pour de bon. Non, elle n'avait pas besoin de m'en parler. C'était moi l'imbécile de n'avoir rien vu alors que je ne manquais pourtant pas de remarquer depuis le début de sa grossesse que Lily ne mangeait pas suffisamment, que son corps se modelait d'une manière différente. Sans être amaigrie, Lily avait perdu du poids. Et bien que je prétendais être aveugle à certains signes, je m'inquiétais, forcément. « Ca va mieux ? Si tu veux, on peut rester ici aujourd'hui et on ira en ville demain ? » lui demandais-je d'une voix calme en abaissant mes doigts jusqu'à mes genoux. « Je ne veux pas que tu te fatigues encore plus, Lily. Ou qu'il t'arrive quelque chose. La ville n'est pas très loin biensûr mais... » Elle avait compris là où je voulais en venir, inutile d'insister.  



    @Lily-Rose S. Hopkins

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    Lien du postLun 21 Aoû 2017 - 19:59
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    Est-ce lui qu’elle essaie de rassurer par des affirmations presque abruptes ? Ou sont-ce ses propres illusions qu’elle s’efforce d’enterrer pour ne pas se laisser dominer par elles ? Sans être totalement blessée, Lily éprouvait malgré tout une morsure dans son orgueil de femme. Mais heureusement, loin d’être très à l’aise ou vindicative à ce sujet, il lui semblait plus judicieux de passer outre. A quoi bon s’enliser sur ce terrain insensé ? Elle n’en voyait pas l’utilité pour l’instant, si peu croyante et à cheval sur les principes de cette nature qu’elle était alors. D’ailleurs, avant que Margaret ne mette le doigt sur une évidence inavouable, elle n’y avait jamais vraiment songé, l’esprit suffisamment accaparé par d’autres problématiques pour se poser celle-ci en plus des autres. Ce n’était pas tant le contenu de la discussion qui l’avait blessée, mais plutôt la virulence de sa réaction sur l’instant. Comme s’il s’agissait d’une injure. C’était cela, juste cela en réalité, dont elle se rappelait avec une tristesse inavouable dont elle peinait à se départir totalement, tant elle pesait sur son cœur déjà tiraillé par d’autres tourments par ailleurs.

    « Hmm ? » Lily hausse un sourcil interrogateur, ne comprend sur le coup pas pourquoi il cherche à la faire asseoir. Mécanique, les muscles raidis par les tensions qui s’accumulaient en permanence dans les rouages de son corps, elle obtempéra sans broncher, venant s’asseoir lentement entre ses jambes en lui tournant le dos. Sans même s’en rendre compte, ou que cela soit volontaire, ses nerfs eurent un tressautement lorsque ses mains entrèrent en contact avec ses muscles. Ils se raidirent plus encore au début, force silencieuse qui lutte contre celui qui cherche à délier les nœuds installés depuis trop longtemps. Un soupire sous-tendu lui échappa, juste avant la reddition. Lentement, sous ses doigts, elle se détendit, ses épaules retrouvant une posture normale plutôt que défensive, sa nuque se faisant moins raide alors qu’elle penchait légèrement la tête en avant, une main posée à plat sur le sommet de son ventre.  « Parfois … J’ai l’impression que mon corps ne sera jamais assez fort pour les accueillir tous les deux pleinement. » lui confia-t-elle, murmure à peine audible alors que, reculant légèrement, son dos vint se lover contre son torse. Inquiétude étrange, une autre, dont elle avait peu parlé. Elle se demandait pourquoi elle perdait du poids plutôt que d’en gagner. Pourquoi chaque énergie créée était aussitôt absorbée, si bien que tous ses efforts étaient souvent vains. Devrait-elle se mettre à manger pour quatre ? Son estomac allait avoir du mal à le supporter. Elle avait remarqué aussi que les deux enfants se développaient exclusivement sur l’avant de son ventre, raison pour laquelle son dos la faisait souffrir. Si on la regardait de dos, difficile alors de deviner qu’elle était enceinte. Mais dès lors qu’elle se trouvait de profil, c’était une autre histoire. Mystère de la nature que de permettre à deux êtres de grandir dans un espace aussi restreint que celui du ventre d’une femme menue et fluette de nature. « Beaucoup mieux … Merci. » murmura-t-elle, ses lèvres se fendant enfin d’un sourire sincère. Elle s’était même penchée légèrement en arrière, ses doigts venant chercher son visage pour l’attirer vers le sien, déposant ses lèvres sur les siennes le temps d’un baiser dont elle avait bien besoin. « Allons-y, ça nous fera prendre l’air. Et puis … J’aimerais profiter du temps que l’on passera ici. » lui confia-t-elle alors que son visage se reculait, pouvant lire l’inquiétude qui se peignait sur ses traits. « Tout ira bien, je suis en forme tu sais. Si je suis fatiguée, je te le dirais, c’est promis. » Cette promesse-là, elle savait au moins pouvoir la tenir. Gracile, elle se leva alors, amorçant la descente vers le rez-de-chaussée où ils pourraient partir pour le centre-ville de Kirkwall.




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    Lentement, mes doigts se posent, s'étirent et se replient, passant et repassant lentement entre chaque ligne, distendant sa peau fine et délicate en prenant bien soin de ne pas la faire souffrir par un mouvement trop profond. Après chaque massage, je sens les nœuds se démêler peu à peu, et mon sourire s'agrandir à son tour en constatant que les épaules de la jeune femme, d'abord braquées, relâchent toute leur tension. Pratiquer des massages était l'une de mes spécialités. Sans doute que des mauvaises langues diraient qu'un agent – ex-agent – devait forcément savoir où frapper et en toute logique, les points sensibles du corps humain.

    Ses mots me touchent, plus que je ne le voudrais en la circonstance, et je baisse les yeux pour observer, distrait, ses omoplates, son ossature, presque visible aujourd'hui. Comment la contredire alors que mon cœur se serrait à cette simple évocation ? Alors que moi-même je la considérais si menue que je craignais parfois de la voir défaillir ? Et pourtant, je gardais espoir. Je luttais intérieurement pour ne pas la surprotéger et l'obliger à avaler ses trois repas par jour sinon plus. Même si j'insistais toujours pour qu'Armand garde un œil sur elle quand je m'absentais du manoir ou qu'Amoun – quoique de mauvais gré en ce qui le concerne – ne manque jamais de lui servir de chauffeur dans le cas où elle voudrait s'échapper un moment de la routine de la propriété, je tâchais de ne pas l'étouffer par mon instinct protecteur et, depuis sa grossesse, mon angoisse de la savoir trop faible pour supporter le poids des bébés à naître. L'une des raisons pour lesquelles, j'avais hâte qu'elle accouche. Une hâte qui se muait parfois en frayeur si intense que je n'en fermais pas l'oeil de la nuit. Dissimulant sans grande peine mes émotions les plus secrètes, je me retournais alors sur le flanc en priant les cieux qu'il ne lui arrive rien de fâcheux. Car je savais que si quelque chose devait se produire, je ne pourrais pas me le pardonner. Et que cette fois-ci, je ne m'en releverais plus.

    « Je sais, ma chérie...je comprends. » soufflais-je au creux de sa nuque, en passant une main sur la sienne, elle-même tendue sur la rondeur de son ventre. « Un enfant est déjà épuisant à porter, alors deux...mais tu y arriveras, je le sais. Même si physiquement je ne peux pas faire grand chose, je suis là, je t'aiderai à tenir jusqu'au bout... » murmurais-je pour moi-même en baisant tendrement sa nuque  au passage. Et sitôt que nos lèvres se rejoignirent, je sus que j'avais perdu la bataille. Nos pas nous entraînant bientôt hors de la chambre, en direction de la ville, ou plutôt du village qui m'avait vu grandir. Ce fut cependant avec la promesse qu'elle m'avertirait en cas de fatigue soudaine que nous prenions alors la direction de Kirkwall village, ma main refusant obstinément de quitter la sienne tout au long du chemin de terre, tandis que je me remémorais parfois mon enfance, le nez levé au ciel et les joues déjà rougies par le froid sec de l'Ecosse. Un simple jean, une paire de bottines marron vieilli, un tee-shirt surmonté d'un pullover en laine beige avaient suffi à faire mon bonheur et à me tenir chaud.

    Arrivés au village, je respire cette odeur caractéristique de la campagne que je n'avais jamais pu oublier. Le parfum du pain sortant à peine des fourneaux du boulanger au petit matin, l'odeur alléchante d'un gigot en train de rôtir dans le seul restaurant du coin, les rires des commères qui se délectent des derniers potins, ou encore le bruit de la télévision du pub devant laquelle des habitués s'attroupaient pour boire un café avant d'aller travailler, discutant déjà du prochain match à venir. Je n'avais pas oublié. Et malgré une vie trépidante à voyager de par le monde, jamais je ne m'étais senti aussi heureux que lorsque mes pieds foulaient la terre de mes ancêtres.

    Sur notre sillage, les murmures s'estompent, les regards se figent, alors que certains plissent les yeux en soupçonnant quelques étrangers de passage. Les superstitions sont légions dans les petits villages. Et les étrangers pas toujours très bien accueillis. D'autres semblent attendre, la bouche ouverte, que le silence s'estompe. Finalement, les anciens ont meilleures mémoires et nous sourient déjà, chuchotant entre deux exclamations avant de s'exclamer à qui veut l'entendre que l'aîné des Austen est rentré au pays. Mon prénom est cité plusieurs fois, et les conversations reprennent aussitôt. « LAWRENCE ! C'pas vrai bonhomme, t'es rev'nu ! Ca fait quoi, vingt ans qu'on t'a pas r'vu ! » siffla un grand gaillard d'un bon âge, la barbe au visage et les yeux rieurs en levant la main pour me saluer. « Vingt ans, seul'ment ? J'dirais que ç'fait plus que ça moi dis ! Au moins vingt cinq hey le saligot ! Pas trop tôt dis hein, m'dis pas qu'tu nous avais oublié quand même hey ! » jura un autre en venant me serrer la main, moins enthousiaste vis à vis de Lily qui l'intimidait par sa beauté, sa jeunesse et surtout...du fait de ses origines non écossaises. « C'est qui la belle dame que tu nous as ram'né là, gamin ? Elle est mignonne comme tout, hein Josef ? Et comment qu'elle s'appelle la pitchounette ? » demanda alors une femme d'une soixantaine d'années, les joues rondes et le corps tout aussi trapu, un bon mètre quatre-vingt cinq, blonde, un tablier recouvrant sa chemise et un vieux pantalon fermier. Sourire aux lèvres, elle semblait attendre la réponse de Lily, tandis que de mon côté, bien obligé de libérer la main de la jeune femme dans mon élan, je me trouvais bien vite acculée contre l'immense poitrail de Hugh, un bûcheron aux épaules de catcheur et à la barbe mal rasée. « La vache gamin, qu'est-ce t'as grandi dis donc ! Pas vrai les gars ! N'empêche t'es toujours aussi petiot à la taille hein ! » me taquina t'il en me donnant une vigoureuse tape amicale dans le dos qui avait sûrement déplacé une vertèbre au passage. « Bonjour Thomas. Je ne pensais pas que vous alliez me reconnaître. » avouais-je en souriant, un brin gêné par toute cette foule qui commençait doucement mais sûrement à s'amasser autour de nous. « Mais évidemment qu'on allait t'r'connaître hey fiston, t'as l'poil aussi roussi qu'ta mère sur l'sommet du crâne et la tête de Gordon dans ces bons jours ! » grogna l'ancêtre du village, déclenchant le rire des habitants alors qu'il me claquait gentiment l'arrière de la nuque comme pour me réprimander. « Et la petiote, c'est quoi cette jolie fleur qu'tu nous as ram'né au pays, gamin ? On en a pas des comme ça par ici, pas vrai Charles ? » tonna un autre en donnant un vigoureux coup de coude à son comparse, lui-même incapable de prononcer un seul mot cohérent, totalement sous le charme de la jeune femme. Ce qui eut pour effet de déclencher de nouveaux rires moqueurs et quelques sifflements réprobateurs de la part de la gent féminine. « Z'inquiétez pas ma p'tite, y sont pas méchants, sont d'braves gars un peu bêtes, c'est tout. » lui assura la boulangère qui venait de nous rejoindre et tentait maintenant de disperser l'attroupement en éloignant de regards noirs n'importe quel homme qui oserait faire un pas de plus en direction de Lily, qui visiblement attirait sur elle tous les regards masculins à la ronde. Ce qui, si j'en étais flatté, commençait sérieusement à titiller mon instinct protecteur et une certaine forme de jalousie. « Merci Greta. Je te présente... » « Tatataa, c'est bon Lawrence, laisse tomber, Maggy a d'jà fait les présentations, tu penses bien ?! » rigola t-elle en me jetant un bref regard avant de s'en retourner vers Lily. « Greta Mac Murray ma jolie, c'est moi qui fais l'pain dans ce bouge. Mais on aura l'temps de mieux faire connaissance après la p'tite fête, t'inquiète pas ma bichette. Bon allez, laissez les enfants respirer bon sang de bois, vous allez les effrayer ! Charles, arrête d'z'yeuter la gamine comme ça ou j't'envoie un seau d'eau pour t'remettre les idées en place, crétin d'Ecossais ! » menaça la grosse dame en attrapant le poignet du fameux Charles pour le pousser en avant. A peine quelques minutes suffirent pour que nous soyons à nouveau seuls, quoique toujours observés ici et là, en plein milieu de la rue principale. « C'est pas vrai. Dis-moi qu'elle n'a pas osé...oh God. » soufflais-je en passant une main fatiguée sur mon visage. Une fête ? Ma mère avait organisé une fête pour notre arrivée ? J'aurais dû le prévoir.



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    « Il ne faudra pas trop m’en vouloir si je mets au monde deux petites crevettes. » lui répondit-elle sur un ton plus léger cette fois, afin de ne pas l’inquiéter plus que de mesure. Il était évident, aux vues de sa constitution physique, qu’elle ne mettrait pas au monde deux gros bambins de plus de trois kilos. S’il n’y en avait eu qu’un seul à la limite, ce dernier aurait pu prendre toute la place qu’il souhaitait et grossir jusqu’à devenir tout potelé. Mais aux vues des circonstances, ils allaient devoir apprendre à partager les ressources, et cohabiter. Heureusement que la nature était bien faite au fond. Et puis quoiqu’il arrive, si l’on observait leurs morphologies à tous les deux, il ne fallait pas s’attendre à de gros gaillards. Lawrence était fin de nature, pourvu de muscles élancés mais globalement d’une ossature assez étroite. Pareil pour Lily, avec une vingtaine de centimètres en moins. La belle affaire. Elle était bien contente au fond de ne pas être tombée sous le charme d’une grosse armoire à glace.

    Goûtant pour la première fois depuis longtemps à l’air frais de la campagne, sur le seuil de la porte, Lily prit une minute pour humer le bon air qui venait lui fouetter le visage. Pas de bruits, si ce n’est celui des oiseaux qui gazouillaient sur leurs branches. Il y avait un peu de vent frais mais le temps était malgré tout clément, les rayons du soleil venant leur réchauffer le visage à travers les nuages duveteux. Des bottines en cuir aux pieds, les pans de sa jupe longue volant ici et là autour d’elle, durant tout le trajet jusqu’au centre du village de Kirkwall, Lily prit le temps d’admirer l’architecture des différents cottages qui longeaient la route principale. Tout à fait charmant et atypique, presque hors du temps quand l’on était habitué à l’architecture en métal émacié des bâtiments de Boston. Ses doigts frais entrelacés dans ceux de son compagnon, elle repéra quelques bâtisses plus singulières que d’autres, les gravant dans un coin de son esprit en se disant qu’elle reviendrait avec son carnet de dessins, ou bien son appareil photo. Tous ces décors lui faisaient renouer avec une inspiration nouvelle, presque bucolique en réalité.

    « C’est si joli … » avait-elle murmuré avec un sourire serein, s’apprêtant  à poursuivre, mais haussant un sourcil interrogateur lorsque la première silhouette vint à leur rencontre. Ou interpella Lawrence plutôt, avec un bon accent guttural du cru qui, bien que son anglais soit excellent, ne lui permit pas de comprendre totalement toutes les subtilités des phrases prononcées. Elle trouva juste la jovialité des personnages communicatives, et ne put s’empêcher d’arborer des sourires ravis. « Lily-Rose … Madame ? » répondit la jeune femme dans un premier temps à l’encontre de la femme toute gironde qui venait de lui adresser la parole. Allons-bon, avait-elle vraiment l’air d’une étrangère ? En tant que rousse, au teint pâle, avec des tâches de rousseurs, elle aurait pu très bien passer pour une écossaise pure souche si seulement son anglais n’avait pas été si lisse, accommodé d’un léger accent slave dont elle peinait à se dépêtrer. « Vous connaissiez Lawrence étant petit ? Un sacré garnement j’imagine … » commença-t-elle alors à plaisanter avec les silhouettes qui s’accumulaient autour d’elle, beaucoup d’hommes … Etrangement. Et cette façon qu’ils avaient de la regarder … Comme si elle était une créature étrange, à mi-chemin entre une jolie colombe et un sucre-d ’orge. Au moins n’avaient-ils pas cette lubricité dans le regard qu’ont les plus jeunes gens à l’égard des jeunes femmes. Ils auraient quasiment tous pu être ses grands-pères qui plus est. Quant à cette référence à son « poil roux », Lily ne put s’empêcher d’étouffer un rire derrière ses doigts, lui jetant un regard plein de sous-entendus à la dérobée, signe qu’elle ne risquait pas d’oublier tout ce qu’elle venait d’entendre. « Je pensais pourtant qu’il y avait pas mal de rousses en Ecosse. » répondit-elle ensuite, adressant en même temps un sourire  mutin adorable à celui qui parlait le moins, ne sachant plus trop où donner de la tête entre toutes ces silhouettes toutes plus atypiques les unes que les autres. « Oh, enchantée … Greta. Ça sent bon en tout cas, je suis sure que votre pain est un délice. » Rien que l’odeur, cela lui ouvrait l’appétit d’ailleurs. C’était plutôt bon signe. « La petite quoi ? » incrédule, ses sourcils se haussèrent par deux fois avant de comprendre. Margaret, maître dans l’art des petites fêtes imprévues. En attendant, ayant un regard en biais vers le fameux « Charles », Lily partit d’un rire discret dissimulé derrière ses lèvres pincées, retrouvant du même coup la silhouette de Lawrence dont elle enlaça la taille avec l’un de ses bras. Une fois l’effervescence retombée, elle se pencha vers son oreille, lui glissant au passage un : « J’imagine que tu n’étais pas au courant, pour la petite fête. S’ils sont tous présents, cela risque d’être … Intéressant. » Enthousiasme à peine dissimulé, elle était contente en réalité, cela leur changerait les idées. Bon il lui faudrait sans doutes se reposer un peu dans l’après-midi pour pouvoir tenir toute la soirée, mais qu’importe. « C’est une bonne idée qu’elle a eu … ça nous changera les idées, et puis, ils ont l’air tous si contents de te revoir … mais je suis surprise … Pourquoi n’étais-tu pas revenu depuis si longtemps ? Je pensais que … Que tu revenais régulièrement ici depuis ces dernières années, au moins pour les fêtes de famille, ce genre de choses. » Question épineuse peut-être. Trop tard pour reculer à présent.





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    « Si elles te ressemblent, elles seront à croquer... » ronronnais-je contre son épaule, sans vilain jeu de mots, ni sous-entendu concernant le sexe de nos 'petites crevettes'.

    Sur le chemin qui nous conduisait au village, l'esprit ailleurs focalisé sur la discussion qu'avait entretenu les deux femmes et que je n'avais pas manqué malgré moi, incapable de penser à autre chose tant que ce nœud ne serait pas définitivement démêlé, je fronce les sourcils en entendant la voix claire de Lily à mes côtés, me sortant aussitôt de mes songes. « Oui, oui c'est joli...j'avais oublié à quel point je me sentais bien ici. » soufflais-je pour moi-même dans un sourire vague. Bien que je n'avais aucune idée de la beauté du paysage et des bâtiments telle que la concevait Lily et son esprit d'artiste, j'appréciais tout simplement le charme d'un endroit tranquille où il ne se passait jamais rien et où le temps semblait filer au ralenti. Aux premiers qui nous interpellèrent, je devinais bien vite qu'il y en aurait d'autres, et me retenais aussitôt d'attraper Lily contre mon cœur et de tous les menacer en montrant les crocs. Je n'étais pas possessif ni jaloux dans l'âme, mais au vu de l'état de santé que je jugeais fragile en ce moment de la jeune femme, et du tempérament étouffant des villageois, je préférais faire attention à ce qu'ils ne se montrent pas trop envahissants, même si pour cela je devais hausser la voix ou prendre un air effrayant qu'aucun alors ne me connaissait. Les compliments fusent, les remarques avec eux, et je soupire intérieurement devant ces démonstrations d'affection maladroites. Je savais qu'en revenant ici, et en me rendant au village, je devrais forcément en passer par là. Au moins Lily ne semble t-elle pas leur en vouloir, car son sourire demeure égale à elle-même, lumineux et d'une douceur indéfinissable. Nul doute que j'en ferais des jaloux avec une telle perle à mon bras. D'ailleurs, je m'étonne que nul n'ait encore fait le moindre commentaire sur sa présence, sur le fait que nous soyons...ensembles. Sans doute que ma mère ou mon père n'avaient pas manqué de menacer quiconque oserait en parler. Prenant un air blasé face au rire étouffé de ma compagne, quoique l'oeil rieur, je ne me départissais pas de mon calme légendaire, jusqu'à ce que tous finissent par s'éloigner pour mon plus grand plaisir. Enfin, je pouvais de nouveau respirer normalement. Ses bras m'étreignent pile au moment où je me sens en devoir de la presser contre moi, comme pour la protéger d'un danger invisible. « Intéressant, en effet. » ronchonnais-je entre grinçant des dents. « Tu crois que la branche là-bas se casserait si j'y attachais une corde pour me pendre ? » ironisais-je en lui jetant un regard entendu. Intéressant étant un euphémisme pour qualifier cette fête à laquelle je ne voulais aucunement participer. Depuis le temps que je n'avais pas mis les pieds ici, nul doute que Lily et moi allons passer la soirée bien entourés. Moi qui espérais un peu de tranquillité. Je remercierai ma mère plus tard pour cela, et n'oublierai pas de lancer un regard noir de reproches à mon père au passage. Je l'imagine déjà sourire de toutes ses dents et faire comme s'il ne comprenait rien. Comme d'habitude. « C'est vrai, je reviens tous les ans mais... hum, disons que je reste cloîtré à la maison comme l'ermite que je suis. » soupirais-je en déposant un baiser sur le sommet de son front, reprenant la route en saluant d'un petit hochement de tête ceux qui passaient sur notre route de temps à autres. Dois-je expliquer à Lily la raison de mon isolement ou comprendrait-elle d'elle-même quelle en fut la raison ? Mon bras autour de ses épaules voire dans son dos, l'autre dans la poche de mon pantalon, je n'ai pas le temps de faire deux pas supplémentaires que devant nous, se dresse le seul restaurant du coin. Oh God. Les décorations que je vois dépasser dans l'entrée, quelques ballons, des fleurs en boutons et les bras tendus vers nous de James, le propriétaire, et Matty, sa femme, ne laissent plus aucun doute quant au lieu de la fête en question. Evidemment, je n'y avais pas pensé, mais le jardin de la maison était trop petit pour accueillir tout le village. Parce qu'EVIDEMMENT, connaissant Margaret, elle avait sûrement invité tout le monde. « Hum...bonjour M. Grey. » M'obligeant à afficher un faux sourire, je lui tends une main qu'il s'empresse d'attraper, avant de prendre dans ses bras. Lily pour sa part a le droit à l'embrassade affectueuse de Matty qui lui sourit de toutes ses dents. « Bienvenue à Kirkwall mademoiselle. Venez, venez, ne restez pas dehors. Tout s'passe par derrière. T'as pas oublié Lawrence, on a toute la place qu'il faut par chez nous ! » s'exclama Matty en m'attrapant le bras pour m'obliger à la suivre à l'intérieur jusqu'à la porte de derrière, pendant que son mari s'occupait de déposer un chaste baiser sur le dos de la main de ma compagne – que je ne quittais d'ailleurs pas des yeux une seconde – avant de lui tendre le bras tel un gentleman pour la mener à son tour sur l'arrière cour. Des tables dressées ici et là, toutes contenant au moins une trentaines de couverts. Tout le monde avait dû mettre la main à la pâte, j'imagine. Des ballons blancs, encore. Des enfants qui jouaient déjà au ballon un peu plus loin ou à cache-cache. Un buffet, gigantesque de plusieurs dizaine de mètres sur la gauche, et les arbres qui offraient un abri en cas de forte chaleur. Mais ce qui me surprit le plus, et m'intimiderait presque d'ailleurs, furent les regards qui nous fixèrent sitôt que nous passions l'entrée. Ces conversations qui s'arrêtent net dans leurs élans, et ces visages d'antan que je n'avais jamais oubliés. « Bonjour à tous et ...à nouveau à ceux que nous avons déjà croisé tout à l'heure. » commençais-je en lâchant le bras de Matty pour m'enquérir de Lily, passant un bras possessif autour de sa taille comme défiant quiconque oserait à nouveau nous séparer. « Je...hum...je vous présente Lily. » Puisqu'ils m'écoutaient tous, autant clore une bonne pour toutes leurs interrogations muettes. « Nous sommes ensembles. » lâchais-je pour finir en m'attendant déjà aux prochaines effusions qui, hélas, n'allaient pas tarder.



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    Plus elle regardait autour d’elle, plus il lui était donné de pouvoir observer ce cocon de tranquillité, ce petit paradis isolé, plus elle se demandait s’il se rendait compte alors de la chance qu’il avait. D’avoir eu ce point d’ancrage, cet espace salutaire sans égal ? Elle n’avait jamais connu cela pour sa part, habituée à changer de domicile au gré des pérégrinations de son père. New York dans un premier temps et dont elle n’avait quasiment aucun souvenir, hormis le jour où sa mère était partie en emportant sa valise sous le bras. Londres de manière très furtive … Puis Moscou principalement, avant qu’ils ne reviennent se perdre sur le sol américain quelques années plus tard. Les paysages de son enfance avaient toujours changé au fil des ans, ne se figeant jamais sur un seul. Avantage, inconvénient ? Allez savoir. Pourtant une chose à laquelle elle n’avait pas songé en le questionnant lui apparut tout d’un coup comme une évidence. Etait-ce pour ne pas faire ressurgir certains souvenirs qu’il s’était isolé ainsi durant ces dernières années, fuyant un quotidien dont chaque angle de rue lui rappellerait les expressions mutines de celle qu’il avait perdu ? Catherine encore. Toujours. Pourquoi n’y avait-elle pas songé avant de poser la question ? A croire que le fantôme serait constamment là pour planer au-dessus de leurs têtes. Avaient-ils grandit à Kirkwall ensemble ? Déambulant, gravitant dans ce petit univers entourés de tous ces gens si charmants qui l’avaient salué comme si elle venait d’un autre monde ?  Lentement son sourire renaissant s’affadit de nouveau, et silencieuse alors qu’ils continuaient de marcher, elle finit par demander tout en fixant un point au loin devant eux, veillant consciencieusement à ne pas croiser son regard alors. « Les souvenirs rattachés au quotidien de ce village étaient-ils trop nombreux pour que tu veuilles les affronter ? » Sans doutes comprendrait-il où elle voulait en venir, ou feindrait-il l’ignorance comme il le faisait parfois en passant sous silence certaines de ses émotions, sans doutes en imaginant qu’elle ne remarquait rien alors. Les vieilles habitudes ont la vie dure, parfois.

    Sauvé par le gong, ou plutôt par les deux nouvelles silhouettes qui se dirigent jovialement dans leur direction, par-dessus leurs épaules ils peuvent apercevoir les prémices d’un déjeuner soigneusement préparé. Bon sang, elle ne s’attendait pas à ce que la fête ait lieu dès le midi. Et sans doutes allaient-ils festoyer jusqu’à point d’heures le soir. De quoi la mettre sur les rotules … Et leur changer les idées tout à la fois. Mais si l’idée de s’amuser un peu et de pouvoir se détendre auprès de gens bienveillants l’enthousiasmait, une nervosité naissante faisait en revanche du chemin dans son ventre à l’idée qu’ils se mettent tous à la dévisager jusqu’à décortiquer les moindres de leurs secrets. Les commérages allaient aller bon train, ainsi que les jugements et les comparaisons évidentes avec la compagne précédente. Merde, elle ne s’était pas préparée psychologiquement à cela, et avait l’impression que Margaret venait de les pousser tous deux brusquement dans un bain qu’ils ne seraient pas prêts d’oublier.  D’ailleurs, elle avait senti à la crispation légère de la main de Lawrence sur son épaule qu’il était sans doutes dans le même état d’esprit qu’elle à l’heure actuelle, et se permit de lui glisser à la dérobée : « Bon sang … Tu te doutais que ce serait dès ce midi, la fête ? Elle n’a rien dit ce matin … » avant que leurs deux « hôtes » ne viennent les saluer pour les mener jusqu’au lieu de la fête.

    « Et bien dites-moi, vous n’avez vraiment pas fait les choses à moitié … » glissa-t-elle avec un sourire poli à l’intention de l’homme qui lui tendait à présent son bras avec courtoisie. Bras dont elle se saisit par ailleurs, Lawrence étant accaparé avec la fameuse « Matty ». Demeurant figée et muette face aux nombre de tables qui avaient été dressées, un nœud se serra peu à peu dans le fond de sa gorge, l’anxiété ayant tout d’un coup distancé toutes les autres émotions pour étendre son empire sur ses sens. Les joues rosies par la gêne face à tant d’inconnus dont elle ne savait rien, n’aimant pas particulièrement être au centre de l’attention comme maintenant, instinctivement sa main chercha celle de son compagnon pour s’y accrocher, appréciant au passage le geste de son bras soutenant sa taille, et lui donnait quelque chose à quoi se raccrocher, ou pour l’empêcher de déguerpir à toutes jambes. « Bon sang … Quand ils disaient TOUT le village …ce n’était vraiment pas un euphémisme … » glissa-t-elle dans un murmure à son oreille, affichant désormais un sourire de façade légèrement crispé alors que tout le monde s’était tut pour les regarder. Ou les dévisager plutôt. Lawrence jugea même judicieux de souligner le fait qu’ils étaient ensemble, chose à laquelle Lily répondit à sa seule attention avec une forme de crispation sous-jacente, teintée d’ironie. « Chéri, je crois que ça, ils avaient saisi. »

    Quant à l’effusion qui s’en suivit, cela non plus elle ne s’y attendait pas avec autant de ferveur, se retrouvant bientôt accaparée par de nouveaux visages, puis d’autres déjà croisés dans la rue. Désorientée au début elle commença peu à peu à se détendre face à tous ces gens qui lui souriaient, s’enthousiasmaient et les félicitait de toutes parts. Sans compter toutes ces femmes (ou même certains hommes) qui se permettaient d’envahir son espace sensible en touchant de leurs paumes son ventre, chose qui avait plus le mérite de la crisper qu’autre chose, elle qui n’était pas d’une nature très tactile. Séparée de nouveau de Lawrence depuis que les corps des villageois s’étaient agglutinés autour d’eux pour les accaparer tour à tour, il y eut alors un claquement de mains. Puis deux. Quelqu’un dans l’assemblée applaudissait, sa silhouette dissimulée jusqu’alors par d’autres. Cela eut le mérite de créer un silence, jusqu’à ce qu’une voix ne s’élève par-dessus toutes les autres, grave, douce, froide aussi, teintée d’une ironie qui la fit aussitôt déglutir et blêmir à vue d’œil. « Félicitations, oui félicitations. Je suis si fier de vous. » L’homme s’était levé, avançant tel un félin jusqu’à sa fille qu’il avait observé avec désarroi et amertume mêlés jusqu’alors, tandis qu’elle était trop occupée par ses devoirs pour ne serait-ce que lui jeter un regard, à lui, son propre père. « Papa ? … Mais … Qu’est-ce que tu fais ici ? » avait d’ailleurs bredouillée l’intéressée, à présent blanche comme un linge.  Arrivé tout juste au cottage des Austen juste après qu’ils soient partis se balader, Jonathan avait été invité par Margaret pour cette soi-disant « petite fête » traditionnelle il y a plusieurs semaines déjà. « Jusque quand comptais-tu me le cacher ? » La surplombant d’une bonne tête, sa langue claqua contre son palais, le visage fermé, l’expression froide et autoritaire. Lily quant à elle le dévisageait, les sourcils froncés, ayant tout d’un coup totalement oublié toutes les autres silhouettes présentes autour d’eux susceptibles. Adoptant une posture défensive malgré elle, redevenant tout à coup la petite fille vulnérable qu’elle avait toujours été face à son père lorsqu’il se mettait dans des colères aussi sombres, elle lisait cette fois dans son regard une chose différente de d’habitude : la déception. Elle l’avait déçu, blessé, en se terrant dans un silence trop long. Mais il était trop tard à présent. Elle n’avait plus d’autres options que de l’affronter. Mutique, les lèvres tremblantes, elle suivit son regard qui la détaillait pour la sonder toute entière, redescendant peu à peu jusqu’à s’arrêter sur son ventre contre lequel elle posa ses mains par instinct protecteur. « Et en plus il t’a mise enceinte. Ça aussi, tu comptais m’en informer une fois que j’serais mort ?! Lily ?! » Brusquement, ses doigts, impérieux, s’étaient refermés autour du bras de sa fille, la tenant fermement au cas où elle déciderait de protester. « Lâche-moi, tu me fais mal ! » lui répondit-elle en grimaçant, se libérant de sa poigne sans peine dans la mesure où il restait tout de même assez maître de lui-même pour ne pas tourner entièrement sa colère vers sa fille. « Pourquoi tu ne m‘as rien dit ?! Avais-tu honte de ton propre père au point de lui cacher quelque chose d’aussi essentiel ?! » Exultant de déception et de rage mêlées, son poing frappa sur une table qui se trouvait juste à côté de sa hanche, créant ainsi un bruit sourd qui fit avoir à la jeune femme un hoquet de surprise, alors que son cœur tambourinait à présent contre sa poitrine. « Depuis quand ça dure ?! Ne me dis pas qu’au chalet vous étiez déjà … » sa phrase se perdit dans un suspens, car au-dessus de l’épaule de la jeune femme, il l’avait aperçu. Une silhouette forgée dans un alliage auquel il avait contribué. Une silhouette qu’il avait protégée durant des années, comme un fils, comme un frère. Une confiance bafouée, jetée en pâture. Croisant son regard au loin, ses pupilles semblèrent se dilater, devenant d’une obscurité opaque. Il serra le poing jusqu’à faire blanchir ses phalanges, s’apprêtant à s’élancer vers lui si seulement Lily ne lui avait pas fait barrage avec son corps au même moment. « NON ! Je t’interdis de le blâmer de quoi que ce soit ! C’est ma faute ! J’aurais dû te le dire ! Je suis désolée … Papa … Je suis désolée … Pardonne moi. » lui murmura-t-elle, avec conviction d’abord, avant que des larmes ne se mettent à rouler sur ses joues blanches et que ses derniers mots ne s’étouffent au fond de sa gorge. Car l’homme ne l’écoutait pas. Ne l’entendait pas. Aveuglé par l’amertume, le chagrin et la colère qui le tiraillait, il n’y avait qu’une seule idée qui le taraudait alors : briser son cou d’écossais vicieux entre ses doigts pour avoir osé aller séduire sa fille dans son dos – et la mettre enceinte, bordel de dieu, il ne s’en remettait pas ! - , sans même avoir le respect de lui en parler avant ou de lui demander son approbation – à croire qu’elle en avait besoin -.  






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