« Le grand secret. »
isaiha & lily

La soirée s’était déroulée sous de bons hospices, et finalement, elle commençait à s’y faire. A ce monde un peu trop guindé, à ces gens trop fortunés qui pensent répondre à des codes auxquels seule une élite pourrait avoir accès. C’était surtout à cause de sa mère que Lily gravitait dans des soirées mondaines depuis quelques semaines. Elle lui faisait rencontrer du monde, discuter avec des personnalités férues d’art et aux portes monnaies bien garnis. L’université ne la couverait pas éternellement et il lui fallait se préparer à quitter le nid, à tâter le terrain pour son avenir. Lily s’était d’ailleurs particulièrement bien entendue avec Charles Hamilton, à la tête d’une grande société de Boston, et visiblement suffisamment fin et intéressé par l’art pour s’en préoccuper au-delà de l’aspect décoratif. Il avait aimé son travail, sa technique, lui avait déjà passé plusieurs commandes. Enfin quelque chose de concret qui lui permettait d’entrevoir un après jusqu’alors plutôt obscur, et de développer un professionnalisme qu’elle n’avait pas jusqu’alors. Son rêve, c’était d’avoir sa propre galerie où elle pourrait exposer, promouvoir et démarcher des artistes émérites. Pouvoir créer une galerie où ne seraient exposé que ceux qu’elle aurait choisis, méticuleusement. Ça ce serait quelque chose, au-delà de vivre de sa propre peinture puisqu’elle n’était pas certaine de vouloir en faire un fond de commerce.

Quoiqu’il en soit, la dernière  soirée en date s’était déroulée dans un Casino de la ville. Une partie avait été privatisée pour l’occasion, dans un salon privé, où il avait été remis à chaque invité un jeton d’une valeur de 200 dollars, pour le « clin d’œil ». A titre personnel, Lily trouvait que c’était de l’argent jeté par les fenêtres, surtout pour ceux qui ne joueraient pas et se contenteraient de siroter un champagne hors de prix lui aussi. Mais la soirée s’était passée, les heures défilant et les petits fours virevoltant dans une danse à vous donner la nausée. La soirée était déjà bien entamée lorsqu’elle avait décidé de s’aventurer plus avant dans le Casino. Il fallait préciser que depuis une bonne heure elle s’ennuyait à mourir, que ses pieds criaient au secours dans ses talons hauts, et qu’un vieux banquier féru de Napoléon Ier lui avait tenu la jambe pendant près d’une demi-heure. Il y avait de tout. Des couples mal assortis, des âmes esseulées perchées aux machines à sous. Certains avaient l’air habitués, d’autres moins. Elle contrastait un peu avec le décor dans sa robe de cocktail noire, légèrement décolletée, un brin échancrée dans le dos, et rehaussée d’une dentelle délicate. Le chignon « décoiffé » dans lequel on avait essayé de rassembler ses bouclettes rousses commençait à se déséquilibrer un peu sur le côté, mais elle n’avait rien remarqué pour l’instant. Une pochette dans une main, faisant tourner le jeton dans une autre, elle s’était finalement présentée dans la salle où se trouvait différentes tables de poker.

Son visage lui était familier, et pourtant, elle ne le connaissait. C’est en s’approchant qu’elle avait pu mettre une identité sur son visage. Il faisait partie de la Lowell House, comme elle, elle en mettrait sa main à couper. Mais quel était son nom en revanche ? Isaac, peut-être ? Non, certainement pas. Mais il était seul, et il semblait ne pas, ou ne plus avoir d’adversaires autour de lui. « On abandonne déjà ? » murmura-t-elle à son encontre, en saluant doucement le croupier qui s’apprêtait à présent à distribuer les cartes. Avec une grâce presque féline, elle s’était assise en face de lui, lui adressant un sourire délicat en confiant son jeton au croupier pour qu’il le subdivise en plusieurs autres jetons d’une moindre valeur. L’idée était de ne pas perdre plus que la valeur de ce jeton-là, donc, 200 dollars. Il fallait bien qu’il serve à quelque chose, plutôt que de rester à dormir dans un plat sur la console de l’entrée. « Tu es à l’université n’est-ce pas ? Dans la Lowell ? Ton visage me dit quelque chose … »



@Isaiha J. Buchanan

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Lily l’observa pendant un moment entre ses cils, avec discrétion. Il avait l’air d’une humeur un peu maussade, cela se lisait dans son regard. Mauvaise soirée, mauvais jeu, ou simplement mauvaise période ? Elle ne saurait le dire. Mais pour une raison qu’elle ignorait, ce soir, cela l’intéressait. Il était le premier de son âge auquel elle parlait depuis le début de la soirée, ayant passé les heures qui avaient précédé à faire des ronds de jambes à des femmes d’hommes d’affaires toutes boudinées et carcantées dans leurs robes de soirée hors de prix. Et puis, elle lui trouvait un certain charme. Surtout dans le regard. Lily était très sensible à cela chez un homme : la façon qu’il avait de regarder ceux, ou celles à qui il s’adressait. « Dommage. Moi non plus. » Un sourire en demi-lune vint poindre à la commissure de ses lèvres alors qu’elle lui adressait un regard espiègle, quoique discret, par-dessus les cartes que le croupier venait de lui distribuer. Son jeu n’était pas brillant, mais était loin d’être catastrophique non plus. Elle aurait peut-être de quoi faire une paire, ou avec un peu de chance, deux paires. Sans doute serait-il meilleur qu’elle à ce jeu-là, mais elle n’était de toute façon pas venue spécialement pour gagner. « Ah oui … Isaiha. C’est vrai … » Un simple écho, alors qu’il venait de se présenter. Maintenant qu’il le disait, son nom lui semblait d’un coup plus familier. « Oui aussi … Lily-Rose Hopkins. Mais … tu peux m’appeler juste Lily. Enchantée. » Elle préférait en réalité. Lily-Rose. Elle trouvait ce prénom trop long et avec une composition tout bonnement inutile. Elle ne comprenait d’ailleurs toujours pas pourquoi ses parents ne l’avaient pas simplement prénommée Lily. Trop simple peut-être. Trop court. Allez savoir. « C’est terrible ce qui s’est passé … A la Lowell. Tu y étais le jour de l’incendie ? » le questionna-t-elle au haussant un sourcil.  Il portait les stigmates de brûlures sur les mains, visibles malgré la lumière tamisée de la pièce. Elle ne saurait dire si elles étaient récentes ou non, et encore moins si l’incendie de la Lowell House en était la cause. S’il ne souhaitait pas en parler, et que l’expérience avait été traumatisante pour lui, elle n’insisterait pas. Mais la question lui avait semblé pour le coup appropriée. Après tout ils appartenaient à la même confrérie. « Tu viens souvent jouer ici ? » demanda-t-elle encore avec douceur, posant une première mise au centre du tapis pour commencer, ses cartes retournées face cachée contre la table.



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C’était étrange. Ce soir, après cette soirée où elle avait rencontré trop de monde, elle normalement plutôt réservée, s’était découvert une facette « sociale » qu’elle ne se connaissait pas auparavant. Elle avait toujours excellé dans l’art de feindre : sourire pour avoir l’air d’aller bien, répondre avec courtoisie sans faire de vague, ne pas sortir du rang pour éviter de se faire remarquer. Elle avait eu beau appliquer tous ces principes-là à la lettre cela ne l’avait pourtant pas empêchée de s’attirer des ennuis. Des ennuis, et de la solitude aussi. Car à force de feindre, elle ne savait plus bien quel masque dissimulait la vérité, et quel autre n’était que subterfuge. Et la vérité était simple : depuis quelques temps, elle se sentait seule. D’une solitude abyssale et terrifiante. Elle avait des amis bien sûr, des gens sur qui elle pourrait toujours compter, mais elle avait des incertitudes aussi. Quant à son avenir, quant à ce qu’elle pouvait représenter et espérer, sur ce qu’elle attendait aussi maintenant qu’on lui avait ôté cette compagne mortifère qui l’avait toujours suivie où qu’elle aille, elle ne savait plus bien. Il y avait comme un vide béant dans sa poitrine : la sensation d’être quelqu’un d’autre, et en même temps, d’être demeurée la même. Et alors qu’elle le regardait, elle avait cette impression étrange de le connaître déjà. Elle ne se forçait pas à lui sourire, ou à faire preuve de courtoisie. Elle avait le sentiment que lorsqu’il la regardait, il la voyait elle, et pas tous les masques derrière lesquels elle se cachait. Il la voyait elle, et c’était tout. Et elle avait la sensation de le voir aussi, presque las derrière ses cartes. Comme s’il jouait davantage par mécanisme que par envie réelle, pour étancher une soif plutôt que pour savourer une gourmandise. Elle se trompait peut-être, pourtant il avait cette lueur vacillante dans le regard qui ne ment pas. Et c’était à cause de cela, à cause de cette ombre tapie derrière lui, dont elle éprouvait la présence, qu’elle avait décidé de s’asseoir, de rester, de s’attarder encore. Un besoin viscéral d’être vue, mais de voir aussi, même si ce n’est que pour quelques heures, et même si cela n’a pas de sens. « Je suis sure que je verrais si tu bluffes. Rien ne m’échappe. » le taquina-t-elle pourtant avec sérieux, ses yeux se plissant légèrement alors que ses lèvres s’ourlaient d’un sourire délicat. « C’est tout à ton honneur. » Qu’il ait fait ce qu’il ait pu, quitte à y mettre les mains, et à se blesser lui-même. C’était honorable, elle-même ne savait pas si elle aurait eu le courage de braver les flammes. « Oui, et surtout si vite. C’est presque comme si rien n’était arrivé … Pourtant … ça a laissé des traces qu’on n’oubliera pas de sitôt. » Et elle ne parlait pas là uniquement des cicatrices qu’il allait garder de cet incendie, mais aussi de ce sentiment qui vous envahi en voyant un endroit que vous aviez l’habitude de fréquenter complètement dévasté. Lily n’avait pas été présente le jour de l’incendie. Heureusement d’ailleurs. Mais ça ne l’avait pas empêchée de se sentir particulièrement concernée, surtout qu’il s’agirait de leur confrérie. « Je … J’étais à la soirée, à l’étage. » Inconsciemment son index montra le plafond pour accompagner ses dires, et elle reprit : « Je joue rarement dans les Casinos. C’est mon père qui m’a appris à jouer au poker, mais quand on jouait, on prenait différents types de pâtes crues pour remplacer les jetons, comme on n’en avait pas. Je crois que les farfales équivalaient à des jetons de 100 dollars, et les coquillettes … Hmm … 20 dollars. Quelque chose comme ça. » Un sourire vint point à la commissure de ses lèvres, alors qu’elle se concentrait sur les cartes disposées au milieu de la table. Son jeu n’était pas si mauvais finalement, avec un peu de chance, elle aurait de la veine. « Hmm … Alors qu’est-ce que tu caches ? » Bien sûr elle parlait de son jeu. Après tout, ils étaient là pour ça non ? Elle hésitait à échanger l’une de ses cartes, se ravisa, fit monter la mise en plaçant de nouveau un jeton au centre du tapis.



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A l’observer un instant entre ses cils, Lily se demanda s’il était coutumier du lieu plus que de raison ou s’il faisait partie de ces joueurs de passage, qui ne s’attardent qu’une fois l’an dans la perdition, car ils savent que s’ils restent trop ils pourraient tout y perdre. Peut-être que sans s’en rendre compte elle était en train d’encourager une addiction difficilement maintenue en respect. Et cette lassitude, dans son regard. Comme si le jeu n’était plus aussi grisant qu’il ne devrait l’être, qu’il n’avait plus la même saveur que lors des premières parties. Il n’avait pas l’air si triste que cela pourtant. D’ailleurs, il ne buvait même pas en jouant, signe qu’il ne cherchait pas à se changer les idées au point de se faire tourner la tête. Étrange. Le mystère devenait chaque seconde plus épais, enveloppant ses traits qui pourtant inspiraient une certaine confiance, voire la sympathie. Il était séduisant, avait un certain charme, particulièrement lorsqu’il souriait. S’en rendait-il compte, de cette emprise qu’il devait avoir sur la gent féminine qui gravitait autour de lui ? Probablement. Les hommes qui plaisent n’ignorent pas ces choses-là en général, ils en jouent. Ils se repaissent de la sensation d’exister à travers les regards brûlants anonymes, et ils s’y perdent, souvent au point de ne plus savoir dans quel regard exister. Ou alors faisait-il partie de ces quelques âmes sensibles, qui préfèrent se cantonner à l’essentiel, qui peinent à refermer les blessures infligées par celles qui ont parcouru leur vie. Autour de lui les interrogations se multipliaient sans qu’elle ne sache pourquoi. Et son intérêt, même s’il serait illusoire, grandissait. Penser à ce qu’il pouvait être l’empêchait de songer à ce qu’elle ne serait jamais pour quelqu’un d’autre, et en un sens, cela la rassurait. « Il vaut mieux. Je n’aime pas les victoires trop faciles. » Plaisanta-t-elle avec douceur. Il avait l’air de quelqu’un de pragmatique, pour le coup. « Oui tu as raison. C’est ce qu’il y a de beau chez lui, et qui compense beaucoup de laideurs de sa nature. »

En y repensant, il avait raison. L’homme était capable d’être brisé, mais de réussir à se reconstruire malgré tout. Elle en était la preuve vivante, même si les cicatrices étaient encore bien visibles, et qu’il ne manquait parfois un rien pour que son esprit se fragmente encore. « N’est-ce pas ce que beaucoup font en jouant au final ? Manger leur mise avant même de l’avoir déposée sur la table ? » Elle lui jeta un regard par-dessus ses cartes, sans jugement, ni hostilité, juste avec calme, en se demandant s’il était de ces gens-là ou non. « Alors-là, tu rêves. » Franchement, son jeu était plutôt bon. D’ailleurs d’un brelan, elle venait d’obtenir un carré de reines, ce qui dans son souvenir, n’était pas si mal, voire une main plutôt solide. « Au pire ils chercheront, et ils ne trouveront pas. Sauf si tu me dénonces. » Elle leva un regard espiègle dans sa direction, se mordilla légèrement l’intérieur de la lèvre en se concentrant sur ses cartes. «  Et … Je relance de 50. » Elle poussa les jetons correspondant au milieu du tapis. Plutôt confiante de sa main a priori. A croire que la chance sourit parfois aux débutants.



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L’avantage au fond, si l’on pouvait appeler cela ainsi, c’était qu’ils ne se connaissaient pas. Comment juger quelqu’un dont on ne connaît ni le passé, ni le présent, et encore moins l’avenir ? Comment parvenir à le ranger dans des cases quand on ignore tout de lui et de ce qu’il a à dire ? On ne peut pas. On ne peut que chercher à en savoir davantage, et l’accepter tel qu’il est en attendant que ce soit le cas. Ils avaient l’air plutôt sur la même longueur d’ondes à ce sujet. Il ne la regardait pas avec cet intérêt malsain qu’ont parfois les hommes face à un sujet de convoitise, et elle ne l’observait pas non plus comme  un défi à relever en particulier. Ils étaient un peu comme deux âmes errantes, qui s’étaient retrouvées là par hasard, au gré de pérégrinations, et qui appréciaient la parenthèse passée ensemble sans que cela n’influe sur leurs réalités respectives. Quoique. Tout le monde sait que rien n’est jamais sans conséquence éternellement. Mais qui s’en souciait, à ce moment-là, franchement ?

« Si je pars perdante d’avance, quel intérêt ? » le questionna-t-elle en jetant coup d’œil furtif vers ses cartes, jusqu’à ce que son interlocuteur s’improvise un brin philosophe. Elle se demandait quel type d’éducation il avait bien pu recevoir, pour tenir un discours si pensé que celui-ci. Il avait dû avoir des parents très portés sur l’importance de la cohésion avec la nature, ça, c’était presque une certitude. Quoiqu’il en soit, pour le coup assez sensible à ses paroles, Lily esquissa un sourire songeur en demi-lune. « C’est joliment dit. » admit-elle, sans forcément lui donner son point de vu, qui complétait au fond le sien. Assez solitaire de nature, depuis toute petite, Lily préférait aussi parfois la compagnie de la nature environnante à d’autres êtres humains. Tout y était plus cru, sans fard. La nature se donnait telle qu’elle était, et non telle qu’elle devait être, et cela l’avait toujours fascinée. C’était même sans doutes pour cette raison qu’elle s’était mise au dessin, à la photographie, ou la peinture. Pour immortaliser cette nature étrange qui nous tolère, et que l’on ne pourra jamais apprivoiser toute entière.

« Tu parles. C’est surtout la chance qui sourit aux débutants. » Bon sang. Elle avait gagné. Pas grand-chose certes, vu qu’ils n’avaient misé que des sommes dérisoires, mais quand même. Une chance plus qu’autre chose. Il n’y avait aucune stratégie là-dessous. « Aller, c’est de bonne guerre. On partage les gains ? » D’un geste résolu, elle divisa les jetons en deux parts égales, faisant glisser sa part jusqu’à lui. Globalement comme ça, lui n’aurait rien perdu, elle n’aurait rien touché en plus. Ils repartaient sur le même pied d’égalité. Quant à sa proposition de prendre un dernier verre, celle-ci la laissa interdite pendant une fraction de secondes. Qu’est-ce que tu fais Lily ? Tu ferais mieux de partir, avant de commettre une erreur. Oui sauf qu’elle appréciait sa compagnie, et que cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas parlé simplement avec quelqu’un. Quelqu’un qui ne la regardait pas d’un regard biaisé par les principes. « Avec plaisir. » répondit-elle finalement, balayant les doutes et les interdictions qu’elle s’imposait inutilement à elle-même. Elle avait simplement quitté sa chaise, récupéré sa pochette, jusqu’à ce qu’ils se rendent ensemble jusqu’au bar dans la salle principale du Casino. « Pourquoi tu viens ici tout seul ? Il n’y a personne qui aimerait t’accompagner ? Une copine par exemple ? » lui demanda-t-elle en s’asseyant sur l’un des tabourets de bar. La question n’était pas désintéressée en réalité. Elle voulait éviter, si possible, qu’une dulcinée éconduite ne vienne lui sauter dessus pour lui griffer le visage parce qu’elle se serait un peu trop approché du grand blond. Ils n’avaient rien à se reprocher pour le coup, mais elle préférait prendre les devants afin d’éviter tout malentendu éventuel.




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