Je perd le contrôle, je le sais, et je suis sûre qu'au fond, il en a conscience aussi. De cet impact qu'il a sur moi, de cette influence qu'il a eu dès le premier jour et qu'il aura probablement toujours, même si je m'endurcit, même si je change, il sera toujours ma faiblesse, au fond. Et je lui avoue, tandis qu'on danse, à Adriel, je lui dis qu'il va finir par me rendre folle, fermant les yeux, tentant de garder un semblant de maîtrise sur mes émotions. « C'est pas déjà fait ? » Putain, j'y arriverais pas, j'arrive même à deviner ses sourires dans le ton de sa voix. Et je rouvre les yeux, proche, bien trop proche de lui, tentée à la fois de m'approcher, et de reculer, foncer dans le tas, ou fuir. Le duel continue, et je peux plus rester comme ça, je peux plus le regarder sans savoir ce qu'il se passe dans sa tête, alors je pose une question. Rien qu'une question, mon regard vert accroché au sien, accroché à ce moment, à nous deux tout simplement. Dubitatif, il fronce les sourcils, et même comme ça, j'le trouve beau. Juste ça, ça suffit à ce que mon coeur fasse un raté. « Je.. je sais pas. Pourquoi est-ce que tu me poses cette question ? » Et maintenant, Margot, tu fais quoi? Tu lui sors une excuse toute faite, ou tu fonces dans le mur une dernière fois? Du bout des doigts, je caresse sa nuque, mord ma lèvre inférieure, et je plonge: « Parce que moi, j'ai essayé. » Annonçais-je d'abord, la gorge serrée, pensant à ces dernières semaines de pure torture. Respire, Margot. « J'ai essayé d'me passer de toi, Adriel, sincèrement, j'ai essayé de toute mon âme, à maintes reprises, pour toi, pour moi, pour Lara, pour tellement de raisons qui m'ont chaque fois semblé absurdes en comparaison de .. » J'me perd dans mes mots, j'hésite à rebrousser chemin, mais je continue, j'irais jusqu'au bout: « .. de tous ces putains de sentiments qui me submergent chaque fois que je te parle. Chaque fois que tu me regardes. Chaque fois que tu me touche.. » C'est de la torture, mais une torture tellement enivrante. « Au fond, je suis peut-être égoïste. Mais j'y arrive pas. Je peux pas vivre sans toi. » Et voilà que la bombe est larguée.

Cette sensation de la sentir défaillir en ma présence, de la sentir se perdre, j'adorais ça. Au fond, je l'étais aussi. Quand j'étais avec elle, j'étais différent. Ou disons plutôt que j'étais réellement moi-même. J'étais pas ce connard qui jouait avec les filles, qui jouait avec les sentiments, qui jouait avec l'amour. J'étais juste ce mec un peu idiot, un peu trop accroché à cette fille. Et j'adorais cette sensation, je me sentais bien, je me sentais heureux. Même si ça partait toujours mal, même s'il y avait toujours quelque chose qui déconnait entre nous. Comme si c'était obligatoire, comme si on ne pouvait simplement pas être heureux à deux. Est-ce que le problème était nous ? Nos caractères ? Nos différences ? Je voulais essayer de comprendre, pour faire disparaître tout ces soucis idiots et être simplement heureux. Mais ce serait bien trop simple et la réalité n'était jamais simple. Mes mains sur ses hanches, mon front contre le sien, mon regard plongeait dans le sien, je me sentais défaillir, je me sentais perdre le contrôle. Mais je continuais, décidant de m'enfoncer un peu plus dans cette belle soirée. Les paroles de cette musique, sa question, ma surprise. Je ne comprenais pas, je ne savais pas où elle voulait en venir, je ne savais même pas s'il y avait réellement un sens à cela. « Parce que moi, j'ai essayé. » Essayer pour qui ? Pour Eliot ? Est-ce qu'elle avait essayé d'oublier Eliot mais elle n'y arrivait pas ? Ou est-ce que c'était moi ? « J'ai essayé d'me passer de toi, Adriel, sincèrement, j'ai essayé de toute mon âme, à maintes reprises, pour toi, pour moi, pour Lara, pour tellement de raisons qui m'ont chaque fois semblé absurdes en comparaison de .. » Mon coeur ratait un battement, alors que je devenais immobile, ne pouvant plus danser. Mais je restais là, je ne m'éloignais pas, je continuais de la fixer, j'attendais la suite. J'avais peur, peur de ses paroles, peur de la suite de cette conversation, mais je ne fuirais pas. Pas cette fois. « .. de tous ces putains de sentiments qui me submergent chaque fois que je te parle. Chaque fois que tu me regardes. Chaque fois que tu me touche.. » Je l'observais, un sourire s'étirant sur mes lèvres sans que je ne puisse réellement le contrôler. J'aimais entendre ça, c'était plus fort que moi. Après toutes ses emmerdes, tout ses problèmes, j'avais besoin de ces mots-là. « Au fond, je suis peut-être égoïste. Mais j'y arrive pas. Je peux pas vivre sans toi. » Mon coeur était en train de me lâcher, je le sentais battre à une vitesse folle, alors que mon regard restait perdu dans le sien. « Alors garde-moi dans ta vie, garde-moi près de toi, ne m'abandonne plus, ne me laisse plus m'enfuir, ne me donne plus de raisons de fuir. » disais-je en caressant doucement sa joue, me mordant légèrement l'intérieur de la joue. Je n'arrivais plus à réfléchir, je n'arrivais plus à me contrôler, je n'arrivais plus à me fixer des barrières, à me fixer des limites. « Depuis que t'es revenue dans ma vie, je me sens mieux, je me sens heureux, je me sens libéré. J'ai l'impression que t'es mon souffle d'air frais Margot, t'es la personne qui fallait dans ma vie, t'es.. celle qui me faut.. » disais-je ensuite, baissant le regard. La gêne revenait doucement, la peur encore plus. Mais je ne voulais pas laisser tout ça reprendre le dessus, c'était hors de question. « Est-ce que... est-ce que tu penses que tu pourrais être qu'à moi ? » J'avais besoin de savoir, j'avais besoin de savoir si je devais avoir peur que quelqu'un d'autre arrive dans sa vie comme Eliot et me bouleverse encore plus. Il fallait que je sache, parce que mes sentiments étaient forts, mais ma peur l'était encore plus.

Les mots défilent presque plus vite que mes pensées, sans que je ne les arrête. Plus maintenant, c'est fini, ce soir quitte à foncer dans le mur, je le ferais jusqu'au bout, et je n'arrive même pas à décrypter les pensées d'Adriel en le regardant. Il s'immobilise, me sourit, me fixe, il semble à la fois touché et dérouté, comme un garçon perdu au milieu d'un chemin sombre, ou un homme voyant la lumière en pleine mer. Et pour la première fois, moi, je trouve les mots à mettre sur ce poids que j'ai sur le coeur: J'ai peur. J'suis tétanisée par sa réaction, terrifiée à l'idée qu'il me rejette, qu'il quitte cette maison, qu'il réalise que cet impact qu'il a sur moi est allé loin... Beaucoup trop loin. Et pourtant, je ne le quitte pas des yeux quand il reprend, enfin, la parole. « Alors garde-moi dans ta vie, garde-moi près de toi, ne m'abandonne plus, ne me laisse plus m'enfuir, ne me donne plus de raisons de fuir. » Mon regard accroché au sien, ma prise se resserre délicatement autour d'Adriel, comme si je redoutais de vaciller, de défaillir sous ses mots. Sa main effleure ma joue, et instinctivement, je suis du regard le tracé de sa main, redoutant d'imaginer tout ça, d'avoir abusé du vin, d'avoir juste l'imagination qui déraille et que tout ça ne soit que le fruit d'un rêve trop beau la nuit ayant suivi notre soirée. Sauf que tout ça, c'est bien réel, Margot. « J'veux plus que tu me fuies.. » Confirmais-je à voix basse, la gorge nouée, étranglée par l'émotion maintenant que je m'étais laissée aller à lui confier mon ressenti. Comme submergée par un raz-de-marée de sincérité, après ma vague, il semblerait que soit venue celle d'Adriel. « Depuis que t'es revenue dans ma vie, je me sens mieux, je me sens heureux, je me sens libéré. J'ai l'impression que t'es mon souffle d'air frais Margot, t'es la personne qu'il fallait dans ma vie, t'es.. celle qu'il me faut.. » J'aspire de l'air, comme si sans ce shot d'oxygène j'allais tout simplement m'évanouir. Et s'il baisse les yeux, moi, je ne vois plus que lui. Mais voilà que déjà, il reprend la parole: « Est-ce que... est-ce que tu penses que tu pourrais être qu'à moi ? » C'est seulement maintenant que je réalise qu'on s'est tous les deux arrêtés de danser. Mon coeur s'affole, tout contre lui, et pourtant je ne le lâche pas, je le fixe avec un mélange d'appréhension et de soulagement. Parce qu'il me tend la perche pour que je dise ce que j'ai sur le coeur: « Ça fait déjà un moment que je veux être qu'à toi.. J'suis juste.. Trop bête pour l'admettre, trop bête pour saisir ma chance quand je l'avais déjà y a deux ans, j'ai été inconsciente et j'ai fait que te repousser, pour mieux me jeter dans les bras d'un autre. » Eliot. Je me suis attachée à lui, avec toute la sincérité du monde, et quand il m'a avoué ses sentiments naissants, je savais déjà que j'étais pas amoureuse. Mais j'ai voulu essayer. Pour lui, pour moi, pour oublier Adriel. Mais s'il n'y avait que moi... Une de mes mains relâche la nuque du brun pour venir effleurer son avant-bras tendu dans ma direction, doucement. « Mais toi, Adriel, est-ce que tu penses que tu pourrais n'être qu'à une femme? » Sous entendu .. Est-ce que tu crois que tu pourrais n'être qu'à moi ? Parce que si Lara m'a confié ne pas être amoureuse de lui, est-ce que lui en revanche, n'éprouve pas quelque chose pour ma meilleure amie ?

Ses paroles restaient bloqués dans ma mémoire, je me repassais chaque phrase, chaque mot, je me sentais perdu et heureux. Ses paroles, ça faisait des mois que j'entendais ça, des mois que j'attendais d'attendre ça. Je n'arrivais pas à placer des mots sur ce que je ressentais, j'avais toujours été nul pour les histoires d'amours. Mais elle, c'était différent. Elle faisait battre mon coeur comme jamais personne ne l'avait fait jusqu'ici. Mais aujourd'hui, il était temps de dire les choses. Il fallait arrêter de fuir, il fallait arrêter de se cacher. Elle, elle m'avait déjà dit certaines choses contrairement à moi. Alors il fallait que je le fasse à mon tour, il fallait que je me libère de tous ses sentiments ancrés en moi qui ne cessaient de s'agrandir de jours en jours. « J'veux plus que tu me fuies.. » Je gardais ce sourire accroché aux lèvres, je gardais cette sensation de paix qui m'envahissait petit à petit et je continuais de tout déballer. Je continuais de lui dire la vérité, de lui dire ce que je ressentais, du mieux que je le pouvais. Je baissais les yeux, j'avais peur, malgré toutes ses belles paroles, je ne pouvais m'empêcher de me sentir mal, de me sentir étrange. Jusqu'à ce que je pose cette question. La question qui pouvait tout changer, qui pouvait tout faire évoluer. Cette question que je voulais lui poser depuis longtemps, mais que je n'avais jamais osé poser. La peur du refus, la peur de l'abandon, la peur du coeur brisé. Une habitude prise sans que je le veuille, une habitude que je voulais effacer. « Ça fait déjà un moment que je veux être qu'à toi.. J'suis juste.. Trop bête pour l'admettre, trop bête pour saisir ma chance quand je l'avais déjà y a deux ans, j'ai été inconsciente et j'ai fait que te repousser, pour mieux me jeter dans les bras d'un autre. » Le soulagement pouvait sans aucun doute se lire sur mon visage. Même si l'épisode Eliot restait dans ma tête, parce que j'avais eu mal, j'avais eu peur, j'avais eu l'impression de la perdre et je l'avais clairement poussé dans ses bras, pensant qu'elle serait plus heureuse avec lui, pensant que je n'avais pas encore droit au bonheur. Mais je n'avais pas le temps de reprendre la parole, qu'elle retournait la question contre moi. « Mais toi, Adriel, est-ce que tu penses que tu pourrais n'être qu'à une femme? » Moi, le dragueur. Moi, le séducteur. Moi, qui aimait tant les femmes. Est-ce que j'étais prêt à abandonner toutes les tentations autour de moi pour seulement une seule personne ? En temps normal, j'y aurais réfléchis, j'aurais pesé les pour et les contre, mais cette fois, il n'y avait même pas à réfléchir. « J'en suis sûr. Je sais que tu as sûrement cette image de moi draguant toutes les filles, volages. Mais.. quand j'ai des sentiments, les autres ne comptent plus. » Plus du tout. Certes, je suis attaché à Lara, je ne veux pas la perdre, mais je ne suis pas amoureux d'elle. C'est surtout une attraction physique, mais que je pouvais totalement contrôler, non ? Mais est-ce que cette conversation signifiait qu'on était ensemble ? J'étais tellement pas doué pour ça, j'étais tellement perdu, j'avais tellement peur. Je l'observais quelques secondes, avant de passer ma main derrière sa nuque pour l'embrasser tendrement. Les actes sont plus forts que les mots, plus frappants, plus sincères. Et j'avais besoin de ce contact avec ses lèvres, de lui montrer que je l'aimais. Parce que même si je ne lui avais pas encore clairement dit, c'était une évidence.

Et maintenant, qu’est ce qu’on fait ? J’ai sorti tout ce que j’avais sur le Coeur, allege le poids de ma conscience, mais et lui alors, que pense-t-il de tout ça? Adriel ne décroche plus de mon regard, me fixe tandis que je lui avoue, difficilement, mes erreurs. Non Adriel, je ne suis pas parfaite. J’ai mes défauts, à commencer par l’erreur de t’avoir fui plutôt que de m’accrocher à toi et à ce nous deux entre parenthèses, t’avoir laissé filer et t’éloigner alors que tout me hurlait de courir jusqu’à toi. Puis évidemment, je met le sujet Eliot sur le tapis, sujet tendu, inévitable, tût pendant beaucoup trop longtemps. Non, je n’en étais pas amoureuse, pour la bonne et simple raison que comme l’a si bien dit ma sœur, il n’y a qu’une personne qui arrivait à me faire vibrer, à me faire sentir véritablement vivante, et c’était lui. A chaque nouvelle phrase, j’avais l’impression de le surprendre, de lui apprendre de nouvelles choses concernant ce que je ressentais pour lui. Pourtant, n’est-ce pas évident depuis mon retour ? Ma jalousie, ma colère allant jusqu’à me disputer avec ma propre meilleure amie, et cette faiblesse que j’ai chaque fois que je retombe dans ses bras… Ou même dans des moments aussi simples que celui-ci. Juste Adriel, moi, et la musique qui semble avoir bercé nos deux cœurs meurtris pendant longtemps… Trop longtemps, jusqu’au réveil brutal. Mais et lui, alors, il me demande si je peux n’être qu’à lui, mais en retour, est-ce qu’il est capable de … Se contenter de moi ? De ne faire qu’avec ce que j’ai à lui apporter ? J’ai bien conscience de ne pas être aussi intelligente que Lara, aussi belle et sexy qu’Ariana, que beaucoup de femmes dans cette université. Dis-moi, Adriel, est-ce qu’une fille comme moi te suffira ? Toi qui vis pour séduire, pour plaire, pour attirer les femmes dans ton lit ?
J’aurais cru lancer un froid en lui retournant sa question, lui poser un certain temps de réflexion. Mais il n’en fut rien. A vraie dire, la réponse du brun fut même étonnamment rapide : « J'en suis sûr. Je sais que tu as sûrement cette image de moi draguant toutes les filles, volages. Mais.. quand j'ai des sentiments, les autres ne comptent plus. » Je me fige à nouveau, ma main contre son avant-bras, la seconde ayant glissé à nouveau sur son épaule. Est-ce que je dois comprendre là qu’il a des sentiments pour moi ? « Tu … Non je te crois… C’est juste… Putain je sais pas commen.. » Comment appréhender les choses, que je voulais dire. Mais je crois qu’au fond, Adriel aussi ne sait pas comment gérer la situation, ou du moins, il a préféré me montrer clairement son point de vue. Car la seconde suivante, ses lèvres sont sur les miennes, mes yeux grands ouverts se ferment, ma prise repart de plus belle autour de lui. Et je l’embrasse, je retrouve l’air, je vis à nouveau. Mes lèvres effleurent les siennes, puis s’y accrochent, plus fermement, reprenant le baiser de plus belle avec tendresse. Et je reste plantée là, dans ses bras, mes lèvres proches des siennes, les yeux fermés, le souffle court le temps de me remettre de mes émotions. « Ne me laisse plus. J.. J’ai besoin de toi, Adriel. J’serais juste à toi si en retour, tu me laisses entrer dans ta vie, et pas seulement y faire des passages. » Murmurais-je enfin, une main placée sur sa joue, mon regard accroché au sien.

Les mots sortaient les uns après les autres, les langues se déliaient, la vérité sortait enfin. Après tout ces mois de doutes, de tourments, d'indécisions, de non dits, il était bien temps de tout avouer, non ? Et plus les mots passaient, plus mon corps battait vite, plus cette sensation de plénitude prenait place en moi. Cette sensation que je ne connaissais pas, je ne l'avais connu que très rarement. Mais ce sentiment si fort me faisait un bien fou, j'avais l'impression de revivre, de me sentir mieux. Elle faisait de moi quelqu'un de meilleur, je l'avais déjà remarqué, j'avais déjà vu ses changements que je faisais pour elle alors que je n'avais jamais fait ça pour personne. Arrêter les drogues durs, tout du moins essayer, ça relevait du miracle pour moi. Je ne faisais jamais ça, on m'acceptait comme j'étais ou on partait. Mais c'était Margot. Je ne pouvais plus me passer d'elle, je ne pouvais plus la laisser filer et je ne pouvais pas prendre le risque de la perdre. Même si j'avais pris beaucoup de risques, que j'avais pris pas mal de mauvaises décisions. Mais au fond, dans cette histoire folle, on avait tous pris de mauvaises décisions et je n'étais pas le seul. Alors quand elle me demandait si j'étais prêt à être qu'à elle, je ne mettais pas longtemps à réfléchir. Ma décision, je l'avais déjà prise depuis longtemps. « Tu … Non je te crois… C’est juste… Putain je sais pas commen.. » Je ne la laissais pas finir, je ne la laissais pas réfléchir et je collais mes lèvres contre les siennes. Dans un baiser tendre, dans un baiser essayant de montrer toute l'affection que je lui portais. J'étais pas doué avec les mots, j'étais pas doué avec les gestes, mais j'embrassais bien. Sérieusement, j'avais besoin de ça. C'était un moyen de me rassurer, un moyen de profiter de ce baiser, de ses lèvres, si jamais les choses changés d'un seul coup, si une parole de trop sortait, si une dispute éclatait pour qu'on se brise une nouvelle fois. « Ne me laisse plus. J.. J’ai besoin de toi, Adriel. J’serais juste à toi si en retour, tu me laisses entrer dans ta vie, et pas seulement y faire des passages. » Je souriais légèrement, ne la lâchant pas des yeux. On pouvait presque dire que je la dévorais des yeux en réalité. Ses paroles, j'avais eu envie de les entendre depuis le début, depuis bien longtemps. « Je ne te laisserais pas, Margot. Tu fais officiellement partie de ma vie maintenant, t'es coincé avec moi pour longtemps.. » répondais-je en lui souriant de plus belle, un sourire en coin. Cette soirée était tellement belle, tout était trop beau, tout était magnifique. C'était le moment parfait pour lui dire les mots magiques, mais.. non. J'y arrivais pas, perdu dans son regard, la peur restait et les mots restaient bloqués.

Je n'avais pas la moindre idée de comment cette soirée allait se terminer, au fond. Tout ce que je voulais, c'était qu'il ne m'en veuille pas pour l'avoir invité à un bal où, au final, j'avais été foutre la merde entre ma soeur et son copain, délaissant royalement Adriel. Je voulais qu'il comprenne que ... Que malgré toutes nos disputes, malgré nos différences et le fait que je ne comprenne toujours pas ce qu'il pouvait bien faire avec une fille comme moi, comment il pouvait être attiré par une fille comme moi, eh bien... Les sentiments sont là. Et je sais pas formuler mes mots, j'ai jamais été douée pour ça. Je m'embrouille beaucoup trop vite, je me perd, jusqu'à ce qu'il me fasse taire de ses lèvres sur les miennes. Et mes barrières sautent, une à une, plus rien n'a d'importance tant qu'il est là. Logée dans ses bras, je ne sépare nos lèvres que pour pouvoir dire une nouvelle vérité, du bout des lèvres, bégayant sous l'effet de l'émotion : Me laisse plus. Qu'on arrête enfin de se tourner autour sans oser finir ensemble. Parce qu'il est temps de se rendre à l'évidence, Adriel: A travers tous le chaos qui nous tourne autour, on finit toujours par se retrouver. T'es devenu ma religion et t'as détruit tout le reste pour en faire de la fumée. Et il sourit, de ce genre de sourire qui m'en fait tourner la tête, ce sourire qui me rappelle que ça est bien réel. « Je ne te laisserais pas, Margot. Tu fais officiellement partie de ma vie maintenant, t'es coincé avec moi pour longtemps.. » Et à mon tour, je souris. Purement et simplement, c'est tellement naturel que j'en viens à me demander s'il a pas un don pour ça. Sur la pointe des pieds, je reviens chercher ses lèvres, légèrement, baiser fugace, rapide, comme une piqure de rappel avant que je ne réponde: « Et t'es coincé avec moi.. Aussi longtemps que tu voudras de moi. » J'vais pas prétendre le genre de débilité "jusqu'à ce que la mort nous sépare", j'suis pas du genre à vouloir ME MARIER AU BOUT DE QUELQUES MOIS NEYCEPASNICHOYA, mais tant que ça marchera, j'en serais heureuse. « Tu le veux toujours pas, ce dessert ? »

Je ne risquais plus de la laisser partir maintenant, je ne risquais pas de l'abandonner, je ne risquais pas de continuer mes conneries. Il fallait que je sois quelqu'un de bien pour elle, il fallait que je sois correct avec elle. C'était une fille bien, au fond. Elle était trop bien pour moi, je le savais. Mais j'avais cette chance de pouvoir faire quelque chose avec elle, de pouvoir l'avoir rien que pour moi. Il ne fallait pas que je laisse passer ça, il fallait pas que je gâche tout et que je la brise comme je savais si bien le faire avec les filles. J'en avais brisé plus d'une, je le savais. Mais je ferais tout pour ne pas reproduire mes erreurs du passé avec elle. J'allais faire de mon mieux et si j'échouais, je ne pourrais m'en prendre qu'à moi-même. Après toutes ses belles paroles, après ces beaux discours et un long baiser remplis d'espoirs, je me sentais apaisé. Heureux. Comblé. « Et t'es coincé avec moi.. Aussi longtemps que tu voudras de moi. » Je riais légèrement, caressant doucement sa joue. « Je voudrais toujours de toi, alors ça va être long. » Je lui souriais, sincère. Parce que je l'étais, je ne mentais pas, je disais ce que je voulais, j'assumais mes paroles et mes pensées. La fuite n'était plus permise, il fallait arrêter ça maintenant et c'était le bon moment pour arrêter. « Tu le veux toujours pas, ce dessert ? » Je lui lançais un petit sourire pervers, répondant du tac au tac. « Ca dépend, c'est toi le dessert ? » Que je disais en gardant le plus possible mon sérieux, avant de rire légèrement. Je déposais un baiser rapide sur son front avant d'enfin me détacher d'elle. C'était bien ce petit moment mignon et romantique, mais il fallait avouer que je n'avais pas l'habitude et que ça ne me ressemblait pas. « J'ai enfin le droit de savoir quel goût t'as choisis ? » Parce que oui, je ne le savais toujours pas comme elle n'avait pas voulu me le dire. J'espérais qu'elle avait fait le bon choix et que ce serait bon.

Je sais pas tellement ce qui nous attend, avec Adriel. Une relation de couple, un bonheur éphémère, peut-être que demain, encore une fois, on déchantera. Mais j'ai envie de m'accrocher à l'espoir que cette fois, on fera les choses bien. Appelez moi naïve, appelez moi idéaliste si ça vous chante, mais quand j'vois sa façon de me regarder, là, tout de suite, je me dis qu'y a pas moyen qu'il soit en train de mentir. Après tout, il ne m'a jamais menti. Et je me sens obligée de lui dire que tant qu'il voudra de moi, j'serais là. Tu te débarrasseras pas de moi aussi facilement, Rhodes. Et il sourit, sincère, de ce petit sourire qui, si ça ne tenait qu'à moi, me ferait l'embrasser et le regarder simplement jusqu'au petit matin. Bon, ok, et plus si affinités, j'suis pas folle. « Je voudrais toujours de toi, alors ça va être long. » Et je hoche la tête, ravie de l'entendre le dire, rassurée même à l'idée que cette fois, on se donne une vraie chance, sans se disputer, sans tout foutre en l'air au premier débat. « Deal, on verra qui craquera en premier. » Et je lui fait un clin d'oeil en riant, n'étant évidemment pas sérieuse. Puis, retournant un peu sur Terre, j'me décide enfin à lui reproposer le dessert. Bah ouais, mine de rien, on s'est perdus en plein repas, là. Et forcément, Adriel profite de la situation.  « Ca dépend, c'est toi le dessert ? » Sourire carnassier, je le regarde d'un air faussement consternée, partagée entre le rire et l'envie de me cacher, probablement en train de rougir. « Disons que je parlais pas de ce dessert là. » Ma façon à moi de détourner sur le vrai dessert, sans pour autant l'envoyer sur les roses. J'sais être subtile, quand je veux. Je ris doucement, souriant légèrement niaise à son baiser sur mon front. Allez, ressaisit toi, Margot. « J'ai enfin le droit de savoir quel goût t'as choisis ? » Je me dérobe jusque la cuisine, ouvrant le frigo avant de le refermer aussitôt. « Non. » Et zou, j'retourne vers lui pour le faire s'asseoir sur le canapé. « Tu fermes les yeux! Si tu triches, j'le saurais. » Bizarrement, elle est joviale, la Margot. Je retourne aussitôt vers la cuisine, sort les bacs de glace que j'avais préparés plus tôt. Et rapidement, mixeur déjà en place, je prépare dans deux grands verres deux milkshakes différents: Un à la vanille, un autre à la fraise. Deux pailles, et je reviens avec le tout en mettant de la chantilly au sommet. Comme dans les films ! « Ouvre la bouche, et tu m'dis celui que tu préfères. Et tu regardes pas! » Et j'rigole, enfantine, m'installant devant lui pour poser une main sur ses yeux en lui mettant une paille dans la bouche. « Si tu trouves le parfum, je jure de plus jamais remettre ma combi de chat. » Que j’annonce finalement, solennellement.