« Enorme…dis pas n’importe quoi… » Pour moi c'était un fait pourtant, j'ai toujours eu un ventre parfaitement plat – normal pour une danseuse me direz vous – et sans que je le veuille – enfin si je l'avais voulu – mais du moins, sans rien faire, j'allais progressivement me retrouver avec un de ces bidons bien ronds qui vous empêchent de voir jusqu'à vos pieds. Et je sentais que j'allais avoir beaucoup de mal à m'y faire. J'avais même peur de comment je pourrais devenir, combien de fois j'ai entendu parler de nanas irritables et mauvaises, sans cesse en train de râler quand elles sont enceinte, ou qui pleurent d'un rien – et ça j'en avais déjà fait les frais - ou pire, ces jeunes mamans qui se plaignent d'avoir le ventre déformé par l'accouchement .. Tout ça m'inquiétait un peu, il faut l'avouer, mais la joie d'avoir finalement eu les résultats positifs à cette prise de sang, comblait tout le reste. Une fois tournée vers Jude, je lui demandais si ça faisait vraiment nympho de ma part de souvent, voir très souvent, lui faire des allusions qui sous entendaient que j'avais envie de lui. Après tout, à la longue ça pouvait être agaçant, prie, peut-être même qu'il allait finir par se lasser de moi ? J'allais finir parano. Jude fit un sourire et posa ses lèvres sur mon front, avant de m'accorder un petit sourire moqueur. Je gardais ma moue boudeuse, sans le quitter du regard un seul instant. « Très très souvent ? Ça fait beaucoup ça chérie… » Je haussais les épaules, c'est le genre de chose que je n'arrivais pas encore à contrôler, c'était nouveau, et mes hormones me jouaient des tours. Donc forcément, dès que Jude retirait son tee shirt sous mon nez, mon sang ne faisait qu'un tour et je ne savais pas encore quand est ce que ça allait se calmer. Qui sait, peut-être jamais, j'étais peut-être vraiment nympho. « Tu sais très bien que j’te taquine quand je te traite de nympho… » Je me pinçais la lèvre en hochant la tête, sans oser dire que parfois le doute persistait quand même. Mon fiancé haussa les épaules avant de se pencher pour m'embrasser durant quelques secondes, plongeant la chambre dans le silence le plus total jusqu'à ce qu'il recule légèrement pour murmurer : « Et puis, y’a pas de mal à aimer faire l’amour, on est jeunes, on est beaux, faut profiter de la vie quand même.. » Je ris légèrement en l'entendant dire ça et je caressais son nez avec le mien. « T'as raison, un jour on sera vieux et moches et trop fatigués pour faire du sport de chambre … » Je ris à nouveau de ma propre bêtise, même si dans le fond y avait du vrai là dedans, et je levais une main jusqu'au visage de Jude, dont je caressais la joue doucement. « Mais comme je suis pas du genre expérimentée, je sais pas trop si je suis pas trop insistante, voir lourde .. Et avec les hormones tu l'as dit je risque d'être pire.. » Je fronçais le nez, avant d'ajouter en me pinçant la lèvre sans le quitter du regard : « Tu me diras si un jour je suis vraiment casse pied ... Hein ? »

JUDANNA

Beaucoup de gens disaient que voir une femme enceinte, c’était mignon. Personnellement, je trouvais aussi que c’était mignon, mais je voyais ça sous un œil un peu plus…médical. Et il allait falloir que je change ça maintenant que Roxanna était enceinte, car je n’étais pas sûre qu’elle le supporterait très longtemps. Je ne devais pas commencer à faire mon papa poule qui fait médecine et donc, qui connait absolument tous des changements qui s’opèrent dans le corps de sa copine. Mais c’était difficile, de garder le « médecin qui sommeille en moi » parfois, alors il fallait que je fasse quelques efforts pour améliorer ça. Déjà, je ne devais pas penser comme un futur docteur, mais plus comme un futur père. C’était certainement une question d’habitude. Mais pour le moment, l’heure était plutôt à la discussion de comment gérer notre vie intime avec cette grossesse. C’est vrai qu’il existe un kamasutra pour femmes enceintes, mais toutes les femmes enceintes n’ont pas forcément envie de ça dans les derniers mois de leurs grossesses. Alors c’était vrai quoi, il fallait qu’on profite qu’on puisse encore partager ce genre de moment avant de commencer à se chercher et à se lancer des défis comme nous venions de faire d’ailleurs. « T'as raison, un jour on sera vieux et moches et trop fatigués pour faire du sport de chambre … » J’éclatais de rire et j’haussais les épaules : je n’étais pas tellement un pro quant à la question de la libido des personnes âgées, mais ça m’étonnait qu’elle soit la même qu’à notre âge. Je fermais les yeux en sentant sa main caresser ma joue, et elle ajouta, « Mais comme je suis pas du genre expérimentée, je sais pas trop si je suis pas trop insistante, voir lourde .. Et avec les hormones tu l'as dit je risque d'être pire.. » je fronçais légèrement les sourcils : comme ça, insistante ? Quand je disais qu’elle était nympho, je disais vraiment, mais vraiment ça pour rire. Je ne voulais pas qu’elle pense que j’en avais marre d’elle et de ses avances. Je souris un peu, et j’allais lui répondre mais elle fut plus rapide que moi, « Tu me diras si un jour je suis vraiment casse pied ... Hein ? » je me pinçais la lèvre et j’haussais légèrement les épaules sans la quitter du regard : je me voyais vraiment mal lui dire un jour, qu’elle était chiante. Surtout que pendant plusieurs mois, avec la grossesse, elle allait l’être ! « T’es ni insistante, ni lourde bébé… » Je ris un peu et j’ajoutais, « J’dis tout ça pour te taquiner…j’adoooore quand tu me sautes dessus » Je souris et je caressais son nez avec le mien doucement. Je ne voulais vraiment pas qu’elle se fasse de mauvaises idées là-dessus, car ça peut vite partir en bazar total. « Et jamais, jamais j’te trouve casse-pied, alors t’inquiète pas pour ça… » Je ne savais pas si ce que je venais de lui dire allait la rassurer, mais il fallait au moins essayer.

C'est un fait, il m'arrivait très souvent de poser des questions étranges, voir ridicules, mais j'avais besoin de me rassurer en sachant si Jude ne me cachait rien pour ne pas me vexer ou quoi que ce soit. Parce que oui, il m'arrivait souvent, voir très souvent, que nos sms terminent par un « je viens dans ta chambre ou tu viens dans la mienne ? » et je ne voulais vraiment pas que tout ça me fasse passer pour une nana trop tactile et lourde, ou quoique ce soit dans le genre. Surtout si d'ici les mois à venir, je devais vraiment, devenir chiante. C'est vrai que cette histoire me tracassait un peu, mais qui sait, peut-être qu'avec un peu de chance, je serais de ces femmes pas trop chiantes pendant leurs grossesses … Ou pas. A voir. « T’es ni insistante, ni lourde bébé… » Je regardais Jude avec un air de chien battu, et un air suspicieux, craignant qu'il ne dise ça que pour me rassurer et que j'arrête de jouer les pessimistes. Mon fiancé rit légèrement avant d'ajouter suite à ses dernières paroles : « J’dis tout ça pour te taquiner…j’adoooore quand tu me sautes dessus » Je fronçais le nez, lui sauter dessus, carrément ? Bon, peut-être, ça m'était déjà arrivé. Je me pinçais la lèvre en esquissant un maigre sourire, tandis que Jude caressais mon nez avec le sien calmement. « Moui.. » Murmurais-je seulement en guise de réponse, peu convaincue. « Et jamais, jamais j’te trouve casse-pied, alors t’inquiète pas pour ça… » Je hochais la tête faiblement, mon sourire s'agrandissant quelques peu. « D'accord.. Promis hein ? » J'approchais mes lèvres de celles du jeune homme pour l'embrasser doucement, quelques secondes, avant de reculer mon visage pour murmurer à nouveau « Allez j'arrête de jouer les névrosées.. J'vais avoir des mois pour faire ça.. » Je ris légèrement, je me doutais bien qu'après l'épisode du téléphone, j'allais surement avoir des périodes ou j'allais être du genre .. Insupportable. Dans ces moments là peut-être faudra-t-il que je demande à Jude de m'attacher dans ma chambre pour éviter que je ne veuille tuer quelqu'un, ou je ne sais quoi dans le genre. « Je t'aime tu sais ? » Passée la période "j'ai envie de taper tout le monde", voici la période guimauve nounours. Je me collais contre Jude, nichant mon visage dans son cou en fermant les yeux alors que mes doigts caressaient son dos « Et t'es le meilleur des fiancés .. Même si t'es le seul que j'aie eu. » Je ris légèrement à nouveau.

JUDANNA

Je ne savais pas si toutes les femmes étaient comme ça, mais Roxanna elle l’était : elle s’inquiétait toujours pour un rien, et surtout pour des petits détails dont je prêtais à peine attention. Comme par exemple, cette histoire comme quoi elle pouvait être lourde et insistante : ça n’était pas comme si elle débarquait dans ma chambre toutes les soirs, nue sous son manteau en l’ouvrant et en criant « Allez on fait l’amour ce soir ! », sans même me laisser l’occasion de pouvoir m’exprimer, ou de pouvoir dire non. Déjà de une, quel homme dirait non ? Et de deux…ça n’était vraiment pas le genre de Roxanna d’être insistante. Même si elle savait très souvent me surprendre comme avec cette histoire d’infirmière au Summer Camp. Je la laissais approcher son visage du mien, prolongeant légèrement son baiser alors qu’elle me demanda, d’un air encore hésitant, « D'accord.. Promis hein ? » Je souris et j’ouvrais les yeux pour la regarder, hochant la tête doucement, « Promis… », murmurais-je avant de l’embrasser à nouveau jusqu’à ce qu’elle recule le visage pour pouvoir me regarder et annoncer, « Allez j'arrête de jouer les névrosées.. J'vais avoir des mois pour faire ça.. » Je me mordais la lèvre, continuant de sourire comme un idiot. En fait, à chaque fois que j’étais avec Roxanna, et ça, depuis le soir où nous nous étions rencontrés, je souriais toujours comme un con. On dit que ça fait ça, quand on est amoureux. « Je t'aime tu sais ? » Je me redressais légèrement, le temps de pouvoir remonter la couette de mon lit sur nous et je me tournais à nouveau vers elle, hochant la tête, « Bien sûr que j’le sais…mais j’adore te l’entendre dire… » Je ris un peu et je la laissais se blottir contre moi, passant mes bras autour de son corps. « Et j’t’aime aussi.. », murmurais-je en déposant un long baiser sur sa joue. Je fermais les yeux, frissonnant en sentant ses doigts glisser sur la peau de mon dos doucement, presque à un rythme régulier. « Et t'es le meilleur des fiancés .. Même si t'es le seul que j'aie eu. » Je souris et je remontais mes doigts dans ses cheveux, jouant avec ses mèches blondes que j’enroulais autour de mon index que je m’amusais à tournicoter. « Et j’espère bien que je serai le seul que tu auras ! », répondais-je en riant légèrement. Je continuais de jouer avec ses cheveux calmement, laissant un petit silence s’installer avant que je ne finisse par ajouter, « C’est plus calme ici, hein ? » Je souris : même à moi ça me faisait bizarre, chez les Mathers il y avait toujours un petit bruit de fond, des gens qui parlent, de la musique. Ici c’était tellement…calme… « Les gens vont parler...quand ils sauront pour la grossesse…t’es prête à ça… ? »

« Promis… » Voilà, j'étais rassurée maintenant. C'est bête comme un simple petit mot était en mesure de tout changer. Ca pouvait me faire passer pour une véritable tarée, mais c'est un fait, depuis que je ne suis plus une associable de service, j'ai besoin d'être sûre que je ne déconne pas, que je n'ai pas un comportement qui pourrait .. Pousser les gens que j'aime à s'éloigner de moi. Parce que rien que le fait d'avoir momentanément été éloigné d'Apple au cours du mois d'aout m'avait totalement tuée et presque rendue amorphe. Changeant de sujet, alors que Jude riait suite à mon allusion aux nombreux mois que je risquais de lui faire vivre en enfer, je lui demandais s'il savait que je l'aimais. Une autre question bête sachant que s'il ne le savait pas, ou que si c'était faux, je ne serais pas actuellement dans son lit. Jude se redressa en ramenant la couette d'avantage sur nous, avant de hocher la tête. « Bien sûr que j’le sais…mais j’adore te l’entendre dire… » Je ris légèrement, étouffant mon rire en me blottissant dans ses bras calmement, les yeux clos. « Et j’t’aime aussi.. » répondit-il en déposant un baiser sur ma joue, me faisant instantanément faire un sourire idiot comme je savais si bien les faire (moi aussi huhu) Je sentais les doigts de Jude qui jouaient avec certaines de mes mèches dorées, et j'aurais presque été capable de me mettre à ronronner tant je me sentais bien, calme, rien à voir en comparaison avec la crise que je lui avais faite en venant. « Et j’espère bien que je serai le seul que tu auras ! » Je ris en même temps que Jude, sans arrêter de promener calmement mes doigts dans son dos, et je répondais dans un murmure en riant toujours « Tu le seras, je me fais pas de soucis là dessus » S'installa par la suite une période de silence, jusqu'à ce que Jude dise : « C’est plus calme ici, hein ? » Je hochais la tête. C'était comme chez les Eliots ou les Cabots, mais rien à voir avec la Mather House, toujours avec des gens qui rient, parlent, avec de la musique, et toutes leurs soirées. « C'est sur que comparé à ta dernière chambre on risque pas d'être réveillés par des types bourrés... » Je ris à nouveau, jusqu'à ce que Jude enchaîne sur un autre sujet, plus sensible. « Les gens vont parler...quand ils sauront pour la grossesse…t’es prête à ça… ? » Je reculais mon visage pour le regarder silencieusement, posant mon front contre le sien avant de hocher la tête. « Les gens peuvent bien dire ce qu'ils veulent dans mon dos, j'en ai marre de leurs rumeurs. Tout ce que je veux c'est être heureuse, et si ça leur plait pas... » Je me pinçais la lèvre, prenant un petit air pensif avant de dire avec un air innocent : « Fuck off ? »