to escape

aaron & romy

Je ne cesse de découvrir de nouvelles facettes de la personnalité d'Aaron. Aujourd'hui, je l'ai découvert sérieux, impliqué, passionné, aimant même. Loin du Aaron insouciant que j'ai pu rencontrer avant le Summer Camp. Mais un Aaron qui me plaît d'autant plus. Plus profond, plus intriguant et attachant. Quelqu'un qui me veut du bien, qui me protège, qui se fait du soucis pour moi. Quelqu'un de foncièrement bon. Alors ça m'a étonnée quand il est parti de la chambre au beau milieu de la nuit, pour ne pas revenir tout de suite comme je m'y attendais. Trop curieuse, j'ai du découvrir ce qu'il était allé faire. Parce que je ne voulais pas rester seule, parce que j'avais besoin qu'il soit auprès de moi. Puis parce que c'était à mon tour de me faire du soucis pour lui. Il a conduit une bonne partie de la nuit, il avait davantage besoin de sommeil que moi. Pourquoi repartir ? J'ai donc suivit ses traces, demandé à la réceptionnistes pour le retrouver une bouteille à la main devant la supérette du coin. Je secoue négativement la tête alors qu'il me demande si je ne dors pas. Sincèrement, j'aurais pas pu dormir en sachant qu'il était dehors à faire je ne sais quoi. Je comprends pas trop ce qu'il fait là à boire seul. C'est mal de boire seul. Cela n'annonce jamais rien de bon. J'en connais un rayon, j'ai l'habitude de traîner dans ce milieu. Le milieu des êtres brisés et torturés, de ceux qui se battent chaque jours, à deux doigts de sombrer. J'en fais partie. J'attrape tout de même la bouteille qu'il me tend et m'assieds à côté de lui, avant de porter le goulot jusqu'à mes lèvres. Je vais pas l'empêcher de boire, je suis pas sa mère, je sais pas ce qui le chagrine, mais je vais pas non plus le laisser seul. Dès l'instant où il est venu me chercher chez moi, j'ai compris qu'on ferait tout ensemble. Qu'on se soutiendrait, à notre façon. « Dans la voiture, j'ai senti que t'étais à cran. Et pas juste à cause de mes problèmes. » je commence à lui dire alors que je lui rends sa bouteille. J'ai bien senti qu'il était pas comme d'habitude, qu'il s'énervait rapidement. Qu'il était à la fois avec moi, et à la fois ailleurs. « C'est quoi qui te tracasse ? » je finis par lui demander d'une voix douce. J'ai pas envie qu'il se sente interroger. De m'introduire dans sa vie privée. Je veux juste lui laisser l'occasion de se confier. De me laisser prendre soin de lui cette fois-ci.

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Je m'étonne de ma capacité à voir qu'Aaron va pas bien. Peut-être l'habitude. L'habitude de voir mes proches souffrir, de les voir traverser de mauvaises passes. Azraël et ses problèmes de couple. Amare qui est tombé malade. Et maintenant Aaron. Sauf que je ne sais pas ce qu'il a, sûrement car dans le fond, on ne se connait pas assez. Je ne sais rien de sa vie privée. La dernière fois qu'on a plus ou moins abordé ce genre de choses, il était en couple avec une amie. Un pari ou je ne sais quoi. On a jamais été très à l'aise sur ce sujet et c'est pas pour rien. Ma vie est assez chaotiques, comme mes relations avec mes proches et moins proches. Quand j'en parle, c'est en général pour dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas, car il y a toujours quelque chose qui cloche. J'attire les ennuis comme un émant. Et quelque chose me dit que c'est aussi un peu le cas d'Aaron. Qui se ressembe s'assemble. La nature même de notre relation est assez complexe, étant donné qu'on s'interdisait d'aller trop loin tous les deux. « Je comprends. » je lui réponds alors qu'il m'explique qu'il avait du mal à trouver le sommeil. Moi aussi en quelques sortes. Pourtant, je rêverais de pouvoir m'endormir, passer une bonne nuit sans me réveiller ou sans faire de mauvais rêve. En ce moment, c'est compliqué. Entre mes médicaments puis mon meilleur ami malade, je suis constamment stressée, préoccupée. Et je sens qu'Aaron l'est également. J'aimerais savoir ce qui le tracasse, mais il se refuse de me parler. Je suis un peu déçue, j'aurais aimé qu'il me fasse assez confiance. Puis j'aurais aussi aimé l'aider, bien que je ne sache pas trop comment. Il finit par se relevant en me disant de rentrer avec lui. « D'accord. » je lui dis en me relevant à mon tour. Je lui tends la main pour l'aider à se mettre debout, et je ne la lâche pas une fois que c'est fait. Je laisse mes doigts entrecroisés avec les siens pendant qu'on marche jusqu'à la chambre. On dirait un couple de fugitifs. « Au fait, d'où tu connais ma soeur ? » je lui demande, d'un ton plus léger une fois arrivés devant la porte de la chambre. C'est vrai qu'on en a vite fait parlé quelques heures plus tôt et maintenant je suis curieuse de savoir. J'avoue que ça me ferait plaisir s'ils étaient amis. Moi qui essaye d'apprendre à mieux la connaître.

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Azraël est ma jumelle, on est nées en même temps des mêmes parents. Personne sur Terre ne peut être davantage liée à moi qu'elle et pourtant on ne se connait presque pas. On a pas eu la chance de grandir ensemble, on était même pas au courant de l'existence l'une de l'autre avant qu'elle ne découvre notre lien et ne toque à ma porte pour me l'annoncer. Au départ, j'étais pas spécialement intéressée, je me disais que ça me ferait une autre soeur pour m'en vouloir pour ci ou pour ça. Double chance d'avoir des problèmes. Puis j'ai eu mon accident de kayak et là j'ai changé d'avis. J'ai bien cru que j'allais mourir, seule. Sans connaître ma famille. Alors j'ai repris contact avec elle. C'est pas simple de nouer des liens après autant de temps séparées. Au final, nous sommes un peu comme des étrangères l'une pour l'autre. J'avais donc espéré qu'Aaron puisse m'en dire plus à son sujet, qu'avoir un ami en commun nous rapprocherait davantage. On ne sait jamais. Mais c'est mal parti dès le départ, car Aaron m'annonce qu'elle est la femme d'un ami. Huum donc Aaron est ami avec Alexander. Et moi je ne l'aime pas. « Ah oui, Alexander. » que je dis légèrement moins enthousiaste. J'aime pas ce mec. En tout cas, de ce qu'Azraël m'a dit, ça m'a l'air d'être un sale type. Puis Aaron m'admet qu'il n'aime pas Azraël. Délicat. Je peux pas cacher ma déception. Je ne lui en veut pas, mais bon, c'est jamais agréable d'apprendre qu'on apprécie pas sa soeur. Je ne lui demande pas pourquoi il ne l'aime pas car j'ai pas envie qu'on s'aventure sur ce terrain. Il est l'ami d'Alexander, ils ont rompu, je me dis qu'il prend sa défense. J'en sais trop rien et j'ai pas spécialement envie de savoir, je veux pas me mêler des histoires des autres. J'ai déjà assez de problèmes comme ça, si on pouvait éviter d'en rajouter. J'entre dans la chambre à la suite d'Aaron et souris alors qu'il me dit qu'Azraël et moi sommes différentes. « Je veux bien te croire. Quand je vois qu'elle a un bébé alors que moi ... je suis toujours un bébé. » je lui réponds amusée. Clairement, ça m'a fait bizarre d'apprendre que j'étais tata. Bordel, je suis même pas fichue de m'occuper de moi-même alors avoir un bébé ? C'est juste dingue. Azraël est clairement plus responsable que moi pour le coup. « Tu t'imagines, avoir un bébé ? Finit les conneries. » que je dis en attrapant la bouteille qu'il vient de poser sur la table. Si j'avais un bébé, je serais pas en train de prendre la fuite avec Aaron. Je bois quelques gorgées de la bouteille. Clairement, c'est pas une vie pour moi. Des enfants, un maris, une maison. Je me vois déjà pas me stabiliser de quelque manière que ce soit, aussi bien sentimentalement, que géographiquement.

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Aaron se la joue particulièrement silencieux alors que je parle de ma jumelle. Il ne passe pas pas quatre chemins, il ne l'aime pas. Cela ne me fait pas spécialement plaisir, mais je décide de ne pas trop m'attarder sur le sujet, sur les raisons qui font qu'il ne l'apprécie pas. Lui est pote avec Alexander et j'ai pas envie qu'on entre dans un conflit à propos de nos proches et nos fréquentations. Qui il aime ou pas ne me regarde pas. Je décide donc d'alléger l'ambiance en prenant tout cela davantage à la rigolade. M'imaginer avoir un bébé, c'est assez dramatique. Dramatiquement drôle. Pauvre enfant, il finirait pas mieux que sa mère. Une véritable catastrophe ambulante. Je souris alors qu'Aaron me répond qu'il ne peut pas se l'imaginer. Dans le fond, lui et moi sommes trop attaché à notre liberté. Nos vies délurées. En réalité, j'apprécie cette sensation de danger, d'adrénaline. S'enfuir tous les deux, ça a du bon, ça me donne l'impression d'être toujours vivante, d'être spéciale. De pas être Mademoiselle Tout Le Monde. Je manque de trébucher alors qu'Aaron m'attire contre lui. Je le serre contre moi et passe sa main dans ses cheveux, son visage caché sous le mien. Je le sens torturé par ses pensées. Il n'a pas souhaité se confier, certainement parce qu'il n'est pas prêt pour ça. Après tout on ne se doit rien. On passe du bon temps ensemble, on se sauve la peau si besoin, mais on essaye de pas trop s’immiscer. C'est mieux comme ça, j'ai eu ma dose de dramas. Ses lèvres viennent finalement trouver les miennes pour s'unir dans un baiser. Mes mains viennent caresser ses joues, un geste qui se veut rassurant, réconfortant. « Viens, on va se coucher. » que je lui dis en m'éloignant légèrement de lui, avant d'attraper sa main pour l'attirer avec moi jusqu'au lit. J'espère qu'il n'aura plus besoin de cette bouteille pour trouver le sommeil, que ma présence lui suffira. Je ne veux pas le voir sombrer vers quelque chose qu'il ne pourra pas contrôler.

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Quelques jours plus tard à Philadelphie. On a pas mal bougé avec Aaron. On a vu du paysage, on s'est pas trop préoccupés de ce qu'il se passait à Boston. Heureusement, on a plus eu de nouvelles de Harvard. C'était les vacances et on s'est dit que les Eliots avaient finit par laisser tomber leur jeu d'intimidation ridicule. On savait qu'il allait devoir pas tarder à rentrer, reprendre nos vies mais on avait envie de profiter encore un peu. Installés à une table dans un café à Philadelphie, on se réchauffe autour de boissons chaudes. Il fait  un froid de canard dehors. Tous deux silencieux et un peu fatigués, on repasse dans notre esprit les souvenirs de ces quelques jours passés ensemble. Parfois, on se surprend à sourire pour rien. Cela m'a fait du bien, cette escapade. Cela nous a fait du bien. Pendant quelques jours, on a pu oublier nos soucis et ça m'a un peu replongée dans cette période de fugue que j'ai fait suite à la prise d'otages à Harvard. C'était tout ce don j'avais besoin. Soudain, mon téléphone se met à sonner. Je l'attrape, m'attendant à ce que cela soit un message venant d'un ami, me demandant où je suis passée. Mais le nom qui s'affiche sur mon écran me glace le sang. Je finis par ouvrir le message, et son contenu est pire que ce que je m'imaginais. Cole qui m'envoie une vidéo de moi, sortant de mon immeuble, le soir de l'incendie. C'est pas possible. Je m'en souviens pas. J'ai cru qu'il avait arrêté de s'acharner sur moi. Je réponds, il m'envoie un autre message, me menaçant de me balancer aux flics. C'est bon, je touche le fond. Je laisse mon téléphone tomber sur la table face à moi et cache mon visage entre mes mains. « C'est Cole. » que je dis à Aaron, l'invitant à regarder par lui-même. Il semblerait que je sois dans de beaux draps.

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