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aaron & romy

Je passe mes mains sur mon visage alors qu'Aaron ne cesse de me poser des questions. Je suis fatiguée, j'ai du mal à réfléchir et j'ai clairement l'impression de passer un interrogatoire. Qu'est-ce qu'il essaye de faire là ? Me faire la morale ? En apprendre plus sur Nemesis ? Et si il essayait de me sous-tirer des informations ? Non, je peux pas tomber là dedans. Je suis pas Cole, je peux pas commencer à être parano. C'est Aaron putain. « J'en sais rien ! Peut-être, j'aimerais bien. Mais non je crois pas. On a été démasqués, donc je pense que c'est finit. » je lui réponds dans la précipitation. Je vais pas cacher que cette histoire Nemesis mais voilà, ça me fout pas mal les boules. De un car tous mes proches et moins proches sont au courant que j'y ai participé, et de deux parce que maintenant, je me doute que c'est la fin, tout simplement. Moi qui me faisais une joie de pouvoir les rejoindre au début de l'année. Cela n'a pas duré. Comme si tout ce que j'entreprends, tout ce que je côtoie finit par partir en fumée. Je lance un regard noir à Aaron alors qu'il me parle d'un monde de bisounours. Il se fout de moi là ? Il me dit qu'il comprend pas le but et j'ai pas spécialement envie d'argumenter là dessus. Il est pas prêt à comprendre. De toute façon, je ne demande pas qu'il comprenne, juste qu'il respecte. C'est une conversation qu'on aura un autre jour, à tête reposée. Ou jamais. Parce qu'on est pas obligés de tout se dire après tout. J'en sais rien, j'aimerais partager davantage de choses avec Aaron, mais est-ce une bonne idée ? Plus il en apprend sur moi, plus il risque d'être déçu de ce qu'il voit. La preuve avec cette histoire de Nemesis, et maintenant avec mes médicaments. « C'est bon, calmes toi ! Je les prends maintenant. Puis t'es pas mon père. » que je réponds en croisant les bras sur ma poitrine. Qu'est-ce qui lui prend à me materner, à hausser la voix sur moi. Je comprends qu'il prend tout trop à coeur ce soir. Il en a peut-être gros sur la conscience de son côté. Mais ses réactions m'étonnent. D'ailleurs, ça m'inquiète qu'il veuille autant me venir en aide. Qu'il ne me laisse pas le choix sur mon alibi. En même temps, c'est son choix à lui. Je me mets à paniquer, je veux qu'il s'arrête, qu'il me dépose sur le bord de la route. Je veux me débrouiller toute seule parce que tout ça me dépasse complètement. « Oui ! J'ai qu'à disparaître. Je l'ai déjà fait. » que je lui lance. C'est vrai ça. Je pourrais à nouveau disparaître de la circulation et ne jamais revenir cette fois. Je nous vois dépasser le panneau indiquant que nous quittons Cambridge. Les sourcils froncés, je tente un regard dans sa direction. Il est concentré sur la route, il a pas l'air de vouloir s'arrêter. « On va où comme ça ? » je lui demande intriguée. Pas chez lui en tout cas.

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Je sais vraiment pas où elle se trouve ma belle étoile en ce moment. D'ailleurs ce serait plus simple de se dire que j'en ai pas, car sinon ça veut dire qu'elle craint vraiment. Elle était où quand mes parents m'ont abandonnée ? Quand j'ai du grandir toute seule balotée de foyers en familles d'accueil à travers le pays, les états. Quand ma meilleure amie est morte. Quand j'ai eu cet accident l'été dernier. J'ai bien conscience que j'ai jamais vraiment eu beaucoup de chance tout au long de ma vie, que tout ce que j'ai réussi à faire c'était survivre. Oui, j'ai eu quelques moments, quelques choses qui m'ont redonné espoir. Les Oswald qui m'ont adoptée, acceptée. La rencontre de ma meilleure amie, bien qu'elle soit décédée. Puis Aaron qui prend soin de moi, malgré tout. Malgré moi. Je ne suis pas un cadeau, je peux pas le lui cacher, et je suppose qu'il s'en rend bien compte. Là, dans sa voiture, alors qu'il ne cesse de se proposer pour m'aider, me sauver la mise, je le rends dingue. C'est l'effet que je fais. Je rend tout le monde marteau, parce que je suis un sacré cas social. Parce qu'on a du mal à me comprendre. « Ouais, c'est bon, j'avais compris. » que je lâche alors qu'il me fait comprendre que si j'avais pris mes médicaments, je ne me serais pas retrouvé dans cette situation. Et lui non plus. Sincèrement, je ne sais pas pourquoi il s'acharne à vouloir m'aider alors qu'il sait que je vais lui apporter que des ennuis. Depuis le départ on le sait tout les deux. Depuis notre première rencontre, on sait qu'on risque de se détruire. On s'est limite évités pendant des mois, pour préserver notre amitié et celle qu'il a avec Lewis. Et j'ai pas franchement envie d'être la méchante le jour où il se rendra compte de ses erreurs. Son erreur. S'être attaché à moi. Quand je l'entends me dire qu'on va disparaître ensemble, j'ai envie de lui répliquer que c'est plus compliqué que ça. Que si je disparais, c'est pour toujours. Et qu'il peut pas m'accompagner sur ce coup-là, qu'il peut pas tout abandonner pour moi. Mais je n'en fais rien. Parce que je ne veux pas compliqué les choses. Parce qu'on verra bien demain, ou dans quelques jours. « D'accord. » je me contente de dire. De toute façon, il ne me laisse pas le choix, et j'ai pas envie de me battre avec lui indéfiniment. Je me sens déjà assez mal comme ça. Qu'on en soit venus à hausser la voix. Je lui demande alors où on va. Il ne sait pas. Bizarrement, c'est rassurant et je hoche la tête en silence. Je lui fais confiance. Le visage appuyé contre la vitre, je finis par m'endormir bercée par les étoiles et les ombres des arbres dans la nuit noire.

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J'ai finit par m'endormir. Mon corps et mon esprit m'ont tout simplement fait comprendre que c'en était trop. Que j'étais en sécurité avec Aaron, que je pouvais lui faire confiance en enfin lâcher prise. Ne pas avoir à me soucier de ma propre survie, car pour la première fois de ma vie, quelqu'un allait s'en charger à ma place. Veiller sur moi. Dans le fond, j'ai jamais demandé grand chose de plus. Qu'on prenne simplement soin de moi. En venant me chercher chez moi, en m'emmenant loin de tout ça, en voulant me trouver un alibi, Aaron assure ma sécurité. Alors je me laisse aller dans les bras de Morphée, sereine, ou presque. Je n'arrive pas vraiment à me souvenir de quoi je rêve, mais je sais qu'ils étaient mitigés, par moment doux, par d'autres angoissants. Certainement le reflet de mon état avant de m'endormir. Rassurée et angoissée. Paradoxale jusqu'au bout. Soudain, j'entends la voix d'Aaron dans mon sommeil. Les sourcils froncés, j'ouvre doucement les yeux, d'ailleurs ravie de voir qu'il fait toujours noir et que je n'aurais pas à souffrir des rayons du soleil au réveil. Mais cela veut dire que je n'ai pas pu dormir très longtemps. Je me frottes les yeux du dos de mes mains avant de me redresser pour regarder autour de nous. « On est où ? » je lui demande, intriguée. Grâce à la lumière des lampadaires, je peux reconnaître que nous sommes garés sur un parking. Je tourne légèrement sur moi-même et voir le signe d'un Motel briller dans le noir. Bonne idée, dormir dans la voiture ça fait mal au dos. Puis il faut aussi qu'Aaron dorme un peu. « On va passer la nuit ici ? » je lui demande tout de même, histoire d'être sûre, avant de sortir de la voiture et attraper mon sac à dos sur la banquette arrière. Une fois dehors, je prends le temps de m'étirer et inspirer un coup. Je me sens déjà mieux rien qu'à l'idée d'être loin de Boston et Harvard. J'attrape mon téléphone dans la poche avant de mon sac pour regarder l'heure qu'il est. Tard. Je dois prendre mes médicaments. Je prends donc le tube constamment à portée de main et fais glisser quelques gélules dans le creux de ma main, avant de porter cette dernière jusqu'à mes lèvres, pour les avaler. Je lance un petit sourire à Aaron, histoire de lui dire "t'as vu, je les prends". Par contre il est pas obligé de connaître la posologie, sinon il va encore me faire un scandale car j'en prends trop. Toujours dans l’extrême. Avec moi, c'est tout ou rien.

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A quelques kilomètres de Boston. En quelques heures de route, on aurait pas pu aller beaucoup plus loin. Mais c'est déjà bien, je me sens déjà mieux. Loin de Harvard, de ces tarés de Eliots. Loin de ma soeur aussi, qui m'a trahie, qui me déteste à nouveau. Loin de tous mes ennuis. D'autant plus que j'adore ça, voyager, partir à l'aventure. J'ai toujours aimé fuguer, c'est d'ailleurs ma spécialité depuis que j'ai l'age de marcher toute seule. Disparaître dans la nuit, ne revenir que lorsque je l'aurais décidé. A présent que j'ai l'esprit plus tranquille, je me rends compte que je vais pouvoir apprécier cette virée avec Aaron. Je le regarde prendre ses affaires dans son coffre tandis que je prends mes médicaments comme une grande fille. Ou plutôt comme une gamine insouciante, pour changer. On finit par se diriger à deux vers l'accueil du Motel. Cela ne me dérange pas de passer la nuit ici, j'ai connu largement pire. J'ai connu des nuits à la belle étoile. Puis des nuits blanches aussi. Des nuits de toutes les sortes, aux quatre coins du monde. En y repensant, ça me fait sourire. Quand je suis partie, j'en ai connu des galères, pourtant j'étais heureuse. Et cette virée avec Aaron me rappelle ces souvenirs. Il demande une chambre à la dame de la réception, elle nous tend les clés avec le numéro de la chambre et nous nous y rendons en silence. Je ne me fais même pas la réflexion sur le fait qu'il n'ait demandé qu'une seule chambre. Cela me paraissait évident en fait. S'il en avait demandé deux, je me serais interposé pour dire qu'on en prendrait qu'une. J'ai franchement pas envie qu'on soit séparés, puis ça va, c'est pas comme si on était des inconnus. Puis c'est pas comme s'il nous arrivait jamais de partager un lit. Une fois dans la chambre, je pose mon sac dans un coin de la pièce puis me laisse tomber sur le lit, qui me semble très confortable après avoir passé plusieurs heures dans la voiture d'Aaron. Je lâche un long soupire, avant de poser mon regard sur Aaron. « Désolée pour tout à l'heure. J'étais à bout. » je m'excuse pour la scène dans la voiture. C'est rare que je m'excuse. Mais je sais qu'Aaron se plie en quatre pour moi, puis si on veut passer quelques jours ensembles, je préférerais que ça soit dans la bonne humeur alors je préfère reprendre sur de meilleures bases.

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Allongée sur ce lit, je suis persuadée que je vais pas faire long feu. Quoi que, en y réfléchissant, le petit somme dans la voiture m'a permis de retrouver un peu d'énergie. Assez pour arrêter de paniquer, pour ne plus angoisser et pour m'excuser auprès de Aaron. C'est rare que j'en vienne à dire que je suis désolée. Je regrette rarement mes actes, mes dires, mais ce coup-ci c'est différent. Je regrette pas forcément mes mots car j'ai rien dit de méchant, mais je regrette de l'avoir énervé, d'avoir été assez folle que pour nous pousser à nous disputer. Pas de prises de têtes, c'est ce qu'on veut. Mais avec moi, j'ai finit par comprendre que c'est toujours comme ça. C'est qu'une question de temps. Alors avant que ça ne dégénère, je préfère m'excuser. Réparer les pots cassés. Il me dit de me reposer avant de déposer un baiser sur mon front et je m'apprête à l'inviter à me rejoindre lorsqu'il je vois qu'il s'éloigne. Les sourcils froncés, je l'entends me dire qu'il revient avant de passer la porte de la chambre et sortir. Qu'est-ce qu'il fait ? Où va-t-il ? Pendant quelques minutes, j'essaye de me forcer à m'endormir, puis je me résigne et préfère attendre son retour. Mais il ne revient pas. Je scrute la fenêtre de la chambre, pensant le reconnaître à chaque fois que quelqu'un passe devant. Je commence à m'inquiéter, jusqu'à ce que je prenne la décision d'aller le chercher. Enfilant ma veste, je sors de la chambre et me dirige jusqu'à la réception. Je demande à la dame qui nous a accueillis si elle n'a pas vu le jeune homme qui m'accompagnait. Elle me dit qu'il est allé à l'épicerie de nuit juste au coin. Intriguée, je la remercie avant de me mettre en route vers cette fameuse épicerie. Il s'est perdu dans le rayon dentifrice ou quoi ? Une fois arrivée, je m'apprête à passer les portes pour demander au vendeur s'il a pas vu Aaron, mais un bruit de verre attire mon attention sur ma droite. J'ai du mal à distinguer dans le noir alors je m'approche avec prudence de la source du bruit, jusqu'à voir la silhouette d'Aaron, assis par terre, une bouteille à la main. « Aaron ? » je lui demande en arrivant à sa hauteur. « Est-ce que je dois mal le prendre que tu m'aies pas proposé un verre ? » je lui demande. Je sais pas si je dois être amusée ou inquiète. Après tout, il avait peut-être envie d'un verre sans m'avoir sur le dos. Mais c'est pas très flatteur pour moi. Qu'est-ce qui l'a amené ici ?

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