tu deviens folle.
— margot

Allongé dans mon lit, je fixais le plafond, pensant à ma vie. Je réfléchissais à tout, à Lara, à Margot. Depuis plusieurs jours déjà, je réfléchissais à l'issu de cette histoire, sans réussir à en trouver. Enfin, si, j'en avais trouvé. Mais quelqu'un finissait par souffrir et... Ce n'était pas ce que je voulais. Loin de là. Je poussais un énième soupire, me dirigeant dans ma cuisine pour me prendre une bière et je sentais mon téléphone vibrer. Je savais pas que ta rouquine aimait mes soirées, elle a l'air de s'éclater en tout cas. Je fixais mon téléphone, relisant ce message plusieurs fois et.. Putain, mais c'était pas possible. Elle était vraiment là-bas ? Je posais directement ma bière pour attraper mes affaires et quitter mon appartement, direction une maison de Cambridge réputé pour ses soirées... spéciales. Disons que la drogue tournait à fond les ballons m'voyez et Margot n'avait rien à faire là. Après plusieurs minutes de voiture, je me garais et je rentrais dans la maison où la fête avait déjà bien démarré. Mais je m'en fichais, je cherchais juste Margot du regard. Et après avoir fait plusieurs pièces, je la trouvais assise à une table, entouré de beaucoup trop de garçons à mon goût. Je m'approchais sans réfléchir, bousculant le petit monsieur qui lui chuchotait je ne sais quoi à l'oreille. « Lève-toi et on sort d'ici tout de suite. » m'exclamais-je sur un ton un peu trop autoritaire et froid. Mais je comprenais pas ce qu'elle foutait là et il était hors de question qu'elle reste ici.

tu deviens folle.
— margot

« J'aime trop cette chanson! » Je sais plus c'est le verre numéro combien là, j'avais commencé à compter, mais allez savoir pourquoi, chaque fois je perds le compte. Puis avec y a les joints qui circulent, la coke, aussi, mais ça, j'suis pas encore psychologiquement prête à essayer, j'sais pas, ça m'effraye de renifler des trucs bizarres. Je sais que ça devrait me servir de leçon cette histoire, la dernière fois avec Lara je me suis fait remonter les bretelles, mais y a eu Adriel, y a eu notre discussion, et tout ce que je veux, c'est oublier. Alors pourquoi j'le vois partout? Je secoue la tête, et j'écoute le gars à côté de moi, main sur ma cuisse, qui me propose d'aller à l'étage. Pourquoi, y a quoi à l'étage ? J'suis à côté de mes pompes, et je comprends pas pourquoi il recule d'un coup, jusqu'à ce que j'entende: « Lève-toi et on sort d'ici tout de suite. » Quoi quoi quoi? Adriel ? Je secoue la tête en me redressant, faisant un pas en arrière. « Qu'est ce .. Qu'est ce que tu fous là ? » Je secoue la tête en faisant une moue mécontente. « J'suis très bien ici. » Pourquoi tu gâches tout?

tu deviens folle.
— margot

Quand j'avais reçu ce message, j'avais pas réfléchis une seconde avant de prendre mes affaires et d'aller à cette fameuse soirée la retrouver. Le bébé Margot n'avait rien à faire là, alors j'y allais mais une fois là-bas, la voyant au milieu de ses hommes, je me sentais jaloux. Un peu trop jaloux, il n'y avait aucune raison pour que je le sois. Mais elle.. Elle n'avait pas envie de partie et elle avait l'air surprise de me voir. Ce n'était pas étonnant, je n'avais pas penser qu'elle voulait sûrement plus me voir. « On m'a dit que tu étais ici et t'as rien à faire là Margot, c'est pas un endroit pour toi ! » disais-je en l'observant, regardant ses yeux et.. oh mon dieu. Elle avait les pupilles dilatés, les yeux rouges. « Margot, me dis pas que t'as fumé des joints, hein ? » demandais-je sur un ton assez sec. Je supporterais pas ça.

tu deviens folle.
— margot

Au final, peut-être que je suis pas folle, j'ai pas d'hallucinations, Adriel est bien en train de me dire de me lever pour partir. Pour qui il se prend à jouer les papas ? Il a décidé de me laisser, et j'l'ai laissé faire. J'ai été anéantie, et le seul moyen que j'ai de t'oublier Adriel, c'est ça. Alors, heureux ? Je lui demande ce qu'il fiche là, et tout ce qu'il trouve à répondre, c'est: « On m'a dit que tu étais ici et t'as rien à faire là Margot, c'est pas un endroit pour toi ! » Et là, c'est le fou rire. Comment ça j'ai rien à foutre là ? La blague. « C'est une soirée pour Mathers, et j'vis à la Mather maintenant, ils m'ont un peu adoptée! » J'suis fière de ma connerie, en plus. Adriel s'approche, je recule. « Margot, me dis pas que t'as fumé des joints, hein ? » Je hausse une épaule avec un sourire en coin, penchant la tête sur le côté. « Ok, je te le dis pas! » Je fais la maline, j'réalise pas. J'ignore la douleur qui remonte parce qu'il est là. « T'en fais pas pour moi, j'm'en sors comme un charme! » Et j'me penche pour ramasser mon verre, sauf que j'ai pas l'équilibre qui va avec. La chute.

tu deviens folle.
— margot

Maintenant que j'étais sur place, je me demandais ce qui m'avait prit de venir ici. Je devais rester loin d'elle, je le savais. J'en étais conscient après notre dernière discussion. Mais de la savoir ici... Je n'avais pas pu m'en empêcher. Et au fond, je me disais que j'avais bien fait quand je voyais l'état dans lequel elle était. La voir rire comme ça, imbibé d'alcool et dieu sait quoi. Je ne la reconnaissais pas, c'était pas la Margot que je connaissais. « Je suis Mather. T'es une Lowell qui fait sa crise de la vingtaine là. » lâchais-je froidement. Sérieusement, elle croyait quoi ? Que vivre chez les mathers c'était ça ? Puis il y avait des soirées bien mieux où elle pouvait aller, plutôt que dans cette maison où les soirées finissaient pratiquement toujours mal. Et là, le drame. Elle le disait pas mais c'était donc vrai, elle avait fumé des joints. Elle qui m'engueulait il y a encore quelques semaines parce que je fumais une simple cigarette. J'ai pas le temps de rétorquer qu'elle... tombe. J'essaye de la rattraper, du mieux que je le pouvais, la relevant. « Oh bah oui dit donc. C'est vrai que tu as l'air de gérer la situation là. » disais-je en laissant s'échapper un rire jaune. J'avais envie de la tuer.

tu deviens folle.
— margot

Non, clairement, je ne suis pas moi-même, mais au fond, c'est pas plus mal. Moi, tout ce que j'arrive à faire, c'est foutre le bordel dans la vie des gens que j'aime; alors le mieux que j'aie trouvé à faire, c'est de devenir une autre. Une loque. Une moins que rien, qui ne se souvient presque pas de son propre prénom. « Je suis Mather. T'es une Lowell qui fait sa crise de la vingtaine là. » Il est froid. Je grogne. « T'es pas drôle. » Puis j'essaie de lui faire comprendre que j'ai un contrôle parfait sur la situation. Sauf que le fait est que... Je ne l'ai pas. La preuve, je me casse la gueule comme une merde en voulant ramasser mon verre. « Oh bah oui dit donc. C'est vrai que tu as l'air de gérer la situation là. » Je me redresse avec son aide, et je m'écarte. « Puis qu'est ce que ça peut te faire mon état, t'façons ? T'es mieux sans moi. » Je le regarde, je baisse les yeux. J'suis même pas foutue de soutenir son regard. Je m'évade alors, le dépasse vers la sortie de la pièce, sous les huées tristes de mes nouveaux camarades de soirée. « J'ai plus envie de m'amuser. »

tu deviens folle.
— margot

Elle m'énervait. Je savais pas à quoi elle jouait, mais c'était clairement pas drôle. Et ça, tout ça, c'était pas elle, qu'elle le veuille ou non. La Margot que je connaissais ne faisait pas ça et surtout, ne fumait pas. Au fond, je me demandais si c'était la mather ou toute cette histoire, nous, qui lui faisait faire cela. Et j'espérais que ce n'était pas à cause de la deuxième option. Je levais les yeux au ciel quand elle disait que je n'étais pas drôle, enchaînant sur la maîtrise de la situation. Etant donné qu'elle venait de se vautrer lamentablement, on pouvait dire qu'elle ne contrôlait rien du tout. Je l'aidais et elle s'éloignait de moi, rapidement. « Evidemment que j'suis mieux sans toi, mais j'veux pas être la cause de ta perte. » J'aurais sûrement mieux fait de me taire. J'étais pas mieux sans elle, j'étais un vrai cas depuis notre dernière conversation. Mais je devais restais loin d'elle, chose que je ne faisais pas là. Alors j'allais pas non plus lui dire des mots doux. Je l'observais quitter la pièce, la suivant. « Génial, l'amusement étant partie, je te ramène d'accord ? » lançais-je en me posant devant elle, l'empêchant d'avancer.

tu deviens folle.
— margot

Je suis fatiguée par tout ça. Pourquoi faut-il qu'il débarque et qu'il ruine ma bonne humeur ? Faut que je fume. Non, faut pas. Je sais plus. Je me vautre, me redresse, et je l'agresse. Vas t'en. Me laisse pas. Trop de dualité d'un coup, dualité à laquelle il met fin en un instant. « Evidemment que j'suis mieux sans toi, mais j'veux pas être la cause de ta perte. » Mon coeur se fissure un peu plus, si tant est qu'il est possible de le briser d'avantage. Je l'esquive, je m'en vais, ignorant les remarques des autres. Je vacille sur mes talons, je les retire en allant dehors. Tant pis, ça sera pieds nus dans la rue. « Génial, l'amusement étant partie, je te ramène d'accord ? » Arrivés dans la rue, il se poste devant moi. « Je peux rentrer seule. » J'avance, j'essaie de l'esquiver, je m'arrête à nouveau, et je souffle. « Pourquoi tu t'acharnes ? Tu m'dois rien, Adriel. Si tu veux pas être la cause de ma perte, caches toi juste les yeux, j'vais disparaitre. » T'es tellement mieux sans moi, tu l'as dit. Je le fixe, autoritaire. « Laisse moi passer. »

tu deviens folle.
— margot

Je faisais le contraire de ce que j'avais dit. Je devais m'éloigner d'elle, l'oublier, ne plus la voir, ne plus lui parler. Et un sms me disant qu'elle se trouvait ici, j'avais foncé. Et voilà que je me retrouvais à la suivre dans la rue pour presque la supplier de me laisser la ramener. Il était hors de question qu'elle rentre seule, elle était dans un mauvais état et les rues n'étaient pas très sûrs. Je m'en voudrais si quelque chose lui arrivait. « Arrête un peu, ça marche pas avec moi tout ça. Je vais pas te laisser. Je vais rester là, devant toi, jusqu'à ce que tu acceptes que je te ramène. » disais-je en sortant une clope que j'allumais, continuant de l'observer. « Et je fais pas ça pour toi, que ce soit clair. Mais t'es un bébé en crise, un bébé qui a décidé de faire une poussée de croissance dans le mauvais chemin, je me sens responsable, je répare mes fautes. » lâchais-je en haussant les épaules, tirant sur ma clope. Comme si je m'en foutais, comme si je croyais en mes paroles. Mais je mentais. Je tenais juste à elle et ce simple contact me faisait du bien. C'était ça, la vérité.

tu deviens folle.
— margot

Que je passe par la gauche ou la droite, mes réflexes étaient trop lents pour que je parvienne à l'éviter et me sauver. Puis entre nous, même si j'y arrivais, ça durerait deux secondes avant qu'il me rattrape. J'te déteste. Que j'ai envie de hurler, mais rien ne sort. Je me contente de lui faire face, de l'écouter faire sa putain de tête de mule, à me dire qu'il ne va pas bouger jusqu'à ce que j'accepte qu'il me ramène. Et il remue le couteau d'avantage. Je fais pas ça pour toi. Prends ça dans les dents Margot. La gifle part. J'ai pas réfléchi. Et je dit, froidement: « J'vais finir par croire que t'es là pour admirer ton chef d'oeuvre. » Regarde, Adriel, regarde comment j'suis mal sans toi. Je profite qu'il se remette de ma claque - qui au final semble bien plus violente dans ma tête, j'ai une force de mouche - pour le contourner, mes talons à la main. « T'as qu'à me suivre si tu veux te donner bonne conscience. »