Un café, juste un café. Ses parents ont du lui filer tout ce dont elle avait besoin pour les vêtements. Et même si c'était déconseillé de bouger à cause de la tempête, j'étais retourné à la Lowell dans la nuit, récupérer ma voiture, voir où en était les secours. La maison était totalement détruite. Il ne restait quasiment plus grand chose de la bâtisse qui s'élevait à cet endroit. Et ouais, je savais que j'aurais pas du, mais j'ai pris des photos, au cas où ma copine me demande des nouvelles. Enfin, elle était sûrement pas au courant de ce que j'avais fait en quittant l'hôpital cette nuit. Faut dire que j'étais quand même un peu vexé pour le coup et j'étais parti à l'arrache après avoir contacté ses parents. On avait beaucoup trop à parler à présent et.. okay, elle venait de vivre un traumatisme et peut-être que j'avais pas fait suffisamment preuve de compassion, mais j'étais comme ça et pour le coup, je ne savais pas trop comment réagir autrement. Puis j'étais rentré chez moi, incapable de dormir, tant cette nuit me travaillait un peu trop. Elle était mal en point, elle était enceinte et.. putain, elle était enceinte. J'étais pas prêt. Je pouvais pas être père moi. C'était.. non, c'était pas possible. Mais c'était compliqué avec sa famille. Ils étaient croyants pratiquants et... non, l'avortement n'était pas envisageable. La tête dans les pensées, j'attendais que le deuxième café sorte de la machine afin que je puisse me rendre dans sa chambre. Le chemin, je le connaissais et sa porte me narguait un peu on dirait. Je regardais à travers le petit carreau présent sur cette porte en bois pour vérifier que ses parents étaient bien partis. Confirmé, je tournais la poignée de la porte pour pénétrer dans la pièce, sans un mot. Refermant, je venais par la suite m'assoir sur le siège à côté de son lit, posant le gobelet sur la tablette face à elle. Le tout, sans un mot.

Je ne savais même pas si elle voulait de moi en fait, alors j'y allais un peu à reculons parce que merde, c'était le gros bordel depuis la soirée d'hier. D'une elle se retrouvait complètement blessée suite à un incendie qui a ravagé sa maison sur le campus de Harvard. Ensuite, ses poumons ont empiré en état et il était compliqué pour elle de respirer normalement. Alors forcément, elle avait besoin d'oxygène en masse. Et puis le pire à mes yeux restait le fait qu'elle soit enceinte. Je n'étais clairement pas prêt pour ça. Elle voulait du café et je lui en avais pris avant d'arriver à sa chambre. J'étais pas certain que ce soit conseillé pour son état de femme enceinte mais tant pis. Elle en voulait, j'allais pas faire la fine bouche. Et une fois présent dans la pièce, je déposais le gobelet sans un mot sur sa tablette avant de m'installer sur le siège à côté de son lit. Je ne savais pas trop quoi dire, quoi faire. Relevant les yeux à son "Nich", je la regardais, clairement silencieux. Ouais non, les mots ne sortaient pas, ni maintenant, ni dans deux minutes. Perdu, je l'étais. Elle était enceinte. De moi ? Peut-être, j'en sais trop rien. Peut-être Royce qui sait. « Okay » Je soupirais avant de regarder le sol. Que dire, que faire. Je ravalais ma salive et mon regard se posait de nouveau sur elle, ma main rejoignait la sienne. « I love you » disais-je, le pensant, mais clairement perdu dans toute cette situation. « I love you but I'm scared » Je n'étais pas prêt. Sûrement qu'elle non plus. Elle a du en parler aussi avec ses parents et j'ose espérer que ça s'est bien passé pour elle.

J'étais en flip total en fait. Parce que même si l'enfant n'était pas de moi, j'allais avoir un lien avec. Être le beau-papa. Parce que Kaya n'allait pas avorter, je le sais. C'était sa religion qui voulait ça. Chrétienté oblige. Donc pas d'avortement, pas de... j'sais pas qu'est-ce qu'il y a de plus en fait. Mais voilà, je savais qu'elle avait certaines obligations à cause de tout ça et moi, je me retrouvais coincé. Non pas que je veuille échapper à tout ça mais... l'amour que je lui porte m'empêche de m'enfuir loin d'elle. Ouais, c'était presque triste à dire mais si je restais, c'était parce que je l'aimais. En d'autres termes, j'aurais fui depuis bien longtemps. Mais là, j'étais dans sa chambre, après avoir déposé tout ce qu'elle voulait sur sa tablette. Silencieux dans un premier temps, j'avais pris parole une fois qu'elle avait entamé la conversation. Des petits détails devaient être rappelés malgré tout. Le fait que je l'aimais, entre autres. Je pouvais voir le soulagement dans ses yeux à l'entente de ces mots. Parce que bon, quand elle me l'a dit hier, j'étais loin d'être le plus conciliant et je me devais de rattraper un minimum le coup. Surprise, elle était effrayée aussi. Je le comprenais, l'enfant se trouvait en elle, ses parents étaient sûrement contre tout ça mais en même temps, contre l'avortement, ce qui nous laissaient tous dans une voie sans issue. You want to break up ? Les yeux écarquillés par la surprise de ses paroles, je restais sans voix. Non mais elle pensait clairement que c'était ce que je voulais ? Peut-être que l'oxygène qu'ils lui foutaient dans le corps n'était pas si pur que ça au final. « Wait, what? No, not at all. You... That's what you want? » Non mais qu'elle le précise en fait, parce que ce serait pas la première fois qu'elle voudrait rompre avec moi et... je pourrais le comprendre. Je suis pas forcément l'homme parfait. Ni pour elle en tant que copain, ni pour l'enfant en tant que père.

Bien sûr que je flippais. Elle était loin d'être en bon état la jeune femme. Et en plus de tout ça, elle était enceinte et.. c'était ça qui m'effrayait le plus. Je n'étais pas prêt à être père. Je n'étais pas prêt à avoir la responsabilité d'un enfant et je l'avoue, j'ai pensé à tout stopper. La quitter et ne rien assumer. Mais le truc, c'est que je l'aime et je me vois pas l'abandonner. C'était Kaya, la fille que je voulais protéger envers et contre tout. De moi, même, parfois. Mais là j'étais trop faible pour ça. J'étais venu la rejoindre dans cette chambre afin de discuter avec elle. Hier, il y avait trop d'émotions, trop de ... trop. Et forcément, il était préférable que les choses se tassent. Maintenant, c'était sûrement le meilleur moment pour parler. Dans un premier temps, elle m'avait fait peur, en parlant de se séparer. C'était ce que je voulais ? Absolument pas. Est-ce que c'était ce qu'elle, elle voulait ? Réponse: non. Le soulagement, c'était ce qui s'emparait de moi à cet instant précis. « I won't leave you, ever » Je venais attraper sa main pour la serrer dans la mienne afin de montrer mon soutien à la jeune femme. Tu le sens Kaya, à quel point j'ai eu peur pour toi ? Puis elle le disait, c'était notre enfant. On allait être parents. Bien sûr, le doute subsistait à mes yeux, elle avait couché avec un autre homme pendant notre séparation. A ma connaissance. Et peut-être il n'avait pas mis de capote, j'en sais trop rien. « Do you know since how long you're pregnant? » Par simple curiosité. Voir combien de temps on avait jusqu'à l'arrivée du bébé. Mon dieu. Je flippais grave.

Ouais, j'sais pas trop pourquoi je cherchais à savoir de quand était l'enfant. Peut-être pour retirer le doute. Ouais, mais de ce qu'elle me disait, ça n'enlevait rien du tout. Deux semaines, c'était pendant que nous n'étions plus ensemble. Royce. Moi. Je ne savais toujours pas qui était le père. Après, j'avais oublié la capote le soir où nous avions couché ensemble. La dernière fois qu'on avait dit. Et pris dans le truc, j'avais carrément oublié le préservatif. Est-ce que lui l'avait oublié ? C'était peut probable. Du moins, j'osais l'espérer. Je préférais mine de rien que ce soit le mien, parce que Kaya était mienne. Même si je flippais... c'était mieux ainsi. Ouais, mieux. Mais flippant quand même. Main dans la sienne, je la serrais et je sentais qu'elle la serrait aussi, preuve de l'amour que nous nous portions l'un et l'autre. « Angry bout what? » Parce que non, je n'étais pas en colère contre elle. J'étais plutôt soulagé de voir qu'elle allait bien. « Kaya.. I'm sorry bout yesterday. Leaving you like that, I was just... overwhelmed » Parce que je me rends compte que je n'avais pas été correct. Et peut-être elle, elle était blessée. C'était sûrement pour cette raison qu'elle pensait que j'allais la quitter. Ouais mais non, j'avais déjà vécu deux semaines sans elle, il m'était simplement impossible de l'envisager.