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I LOVE HARVARD
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  • « Used to. » Anna et Clay.
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    Lien du postMer 11 Mai 2016 - 22:02
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    Alors je me demande si ça va être ça, notre avenir, moi avortant, pour amorcer mon avenir dans mon univers de géant, et lui, changeant de poste, allant dans une ville où il sera, si loin de moi. Étrangement, même si je savais, que c'était ça notre finalité, ça me fait bien trop de mal pour me l'avouer. Je ne supporte pas l'idée de ne plus le voir, de ne plus me battre contre lui, je ne saurai même pas lui dire, à quel point je ne veux pas le voir sortir de ma vie. A quel point tout se complique à mesure que passe le temps. Mais je n'ose pas pour de bon réitérer ma question, lui balançant une énième fois combien il peut être con. Et ne me risque pas à affronter, comme je peux l'être moi. A espérer un je-ne-sais-quoi. Il y a des gens qui disent cette chose là, au sujet des causes perdues, qui ne le sont pas réellement tant qu'il reste un fou pour se battre pour une de celles la. J'ai cru,une infime seconde, durant laquelle la terre n'était plus ronde, qu'il serait ce fou là. Qu'elle est stupide, cette Anna. " Rien qui ne saurait attendre encore quelques jours " Quelques jours avant d'atteindre le point de non retour. Peu de jours et on oubliera pour une bonne fois pour toute non faux semblants, mon amour.

    Je suis là, à le regarder, une nouvelle fois, ici et maintenant, mon Clay, hésitant. Le même que j'ai rencontré, il y a bien des mois, celui qui m'accueille chez lui, cet appartement devenu presque chez moi. C'est ma bouffée d'air, celui qui me retient alors que je me noie. C'est mon autre. C'est un tout, qui dépasse les riens. C'est celui qui me fait du mal, comme du bien. Et j'en détourne mon regard, puisque je réalise que je ne suis pas certaine de pouvoir supporter son possible départ. Je préfère aller m'asseoir dans cette limousine et attendre, oui c'est tout ce qu'il reste à faire. Patienter pour voir s'il va me rejoindre ou s'il va choisir de tourner les talons, de finalement me dire non. Et les secondes se transforment en minutes, jusqu'à ce que je le vois enfin prendre place à côté de moi, et que j'en lâche un soupir, discrètement. Je ne dis rien, parce que je ne sais pas quoi ajouter, parce que j'ai peur de le vexer, et que dans le fond, j'en ai marre de ramper. De me sentir coupable d'être moi. De mes choix. Et déjà, les miles doivent s'accumuler, je ne saurai même pas dire depuis combien de temps je regarde le paysage défiler. Jusqu'à ce que sa voix me parvienne enfin. " Et qu'as-tu prévu de faire de ton coté? " J'en fronce les sourcils, contrariée. Ce weekend, il n'est pas prévu pour qu'on le passe chacun de notre côté à profiter du luxe que peut offrir ma propriété. Il a été pensé dans le but premier de nous voir nous retrouver. Du mieux qu'on le peut, du plus qu'on en est capable. De ravaler cette rancœur, et que se saigne moins mon intérieur. Ma volonté est telle que j'ai envie de lui faire comprendre, de lui montrer, que c'est à mon tour de lui offrir mes quatre vérités.

    C'est prise de court, que je réponds, hébétée. « Je n'en sais rien. » J'en maudis mon manque de répartie. Pourtant, j'arrive à trouver en moi un semblant d'attaque à son égard. « Mais je vois que toi tu as une idée. » D'ailleurs, j'aimerai bien en savoir plus à ce sujet. Ce qu'il s'imagine faire chez moi, ce à quoi il pense plutôt que de parler avec moi. Dans quel débat il se fond dans son esprit, à quel point il peut être déjà loin d'ici. Accusant un frisson à cause de la climatisation, de cette brise synthètique, j'en retire une boucle ébène venue se coller sur le maquillage de mes lèvres teintées. Avant de tourner à nouveau le regard vers le dehors, je laisse volontairement mes pupilles vaciller sur ce qui défile bien trop vite et qui presque me donne la nausée, j'en blâme mon état, et me fais entendre d'une petite voix. « J'avais horreur de ça. » De voyager en limousine, de me sentir comme un trophée. L'enfant parfait. Avant d'être en vogue, j'étais déjà démodée, tu vois ? C'était d'un cliché. « Quand j'étais gosse, j'avais horreur de ça. » Je lui montre notre cage des doigts. J'étais comme toi … Et je ne saurai même pas dire pourquoi je tente de cette manière bancale de lui expliquer, sûrement pour lui montrer, que je n'ai pas toujours été ce monstre d'égoïsme. J'ai envie de vomir, fait chier. Ils m'ont changé, mais toi aussi tu l'as fait. « Laisse tomber. » Mes pensées s’effilochent, sur la courbe du temps, et elles me demandent toutes, de me taire, un instant. De laisser ce trajet silencieux, de m'expliquer plus tard, simplement.



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    Lien du postSam 14 Mai 2016 - 12:12
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    Ca y'est, elle est tout comme je le voulais à peine vexée. C'était recherché. Je ne sais pourquoi d'ailleurs mais depuis quelques temps, malgré tous ses efforts, je ressens le besoin de la blesser tout comme elle l'a fait ce 19 mars dernier. « Je n'en sais rien. » Alors pourquoi m'avoir invité dans ce cas si c'est pour se retrouver tous les deux à ne savoir quoi faire d'un week-end en terres hostiles? J'accuse sa folie passagère, peut-être les hormones qui la travaillent déjà et réfléchis un instant, me demande si même enceinte une femme garde en mémoire d'être susceptible certains jours du mois. Cette seule pensée me tire un semblant de sourire qui très vite s'efface au détriment d'une petit réplique balancée à mon égard. « Mais je vois que toi tu as une idée. »  Elle est sur la défensive... Je quitte un instant du regard les rangées de cyprès de cette route  que nous venons d'emprunter, petite nationale pour nous éloigner de Cambridge et de tous les difficultés que nous y avons rencontrées. " Faut bien palier à ton manque d'originalité." Encore cette foutue limousine que je désigne de mes yeux qui flottent sur l'habitacle tout entier avant de m'en retourner vers le paysage de moins en moins urbain au fil des kilomètres encaissés. Et tandis que j'observe le décors changer, elle se laisse à une réflexion qui a le don d'attirer mon attention. « J'avais horreur de ça. Quand j'étais gosse, j'avais horreur de ça. » La limousine encore une fois. Son aveu me consterne car je ne l'avais jamais imaginée pouvoir être dégoutée de tout ce luxe dont aujourd'hui elle dépend. Surprenant. Elle désigne de ses doigts fins de la même façon dont je l'avais fait l'habitacle du véhicule. " Alors c'est qu'on s'y fait très vite," pour certains plus que d'autres visiblement. De l'autre coté de la baie vitrée, c'est le chauffeur qui doit bien se marrer de voir ces deux occupants chacun de leur coté à s'envoyer de temps à autres quelques paroles venimeuses sans le moindre intérêt. « Laisse tomber. » C'est bon, c'est clair, elle m'envoie chier comme je m'y attendais.

    Pour le restant du trajet que je sais être encore long d'ailleurs, je me cale un peu mieux sur cette banquette aux allures baquet pour en fermer les yeux, prendre un peu de recul face à cette situation et ne plus l'acculer de quelque façon. Je me suis assoupi très rapidement, sans doute trop épuisé, lassé par ce cette relation et par toutes nos récentes conversations, disputes au sujet d'un oubli à la con ou parce qu'elle a bien voulu m'accueillir simplement une fois de trop. Elle en fera ce que bon lui semblera maintenant. Je pense avoir suffisamment lutté contre Omnicom, son père et Alan pour ma part et que même si je continuais, cela n'y changerait strictement rien. Elle est déterminée à posséder ce luxe dans lequel elle se vautre continuellement et dans lequel nous prenons un plaisir malsain à nous faire la gueule. Ce sont les freins de la voiture qui me sortent peu à peu de ma léthargie lorsque le véhicule ralenti à l'approche du manoir. Dommage que ses parents ne soient là pour nous accueillir convenablement, je me serais fait une joie de me représenter sous mon vrai nom cette fois. Je ne cherche même pas à attendre que le chauffeur daigne nous ouvrir comme il se doit et quitte l'habitacle pour aller directement m'emparer de ce que le coffre recèle, c'est-à-dire mon sac. Le sien? Il s'en chargera j'imagine et trépigne déjà à l'idée de déposer dans ma chambre ce dont je dois me débarrasser pour aller satisfaire mes envies qui ne se conjuguent avec les siennes..... quelles qu'elles soient.  

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    Lien du postLun 16 Mai 2016 - 17:29
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    Foutue pour foutue, je ne prends même pas la peine de lui demander le fond de ses pensées au sujet de comment il pourra bien occuper son weekend. Je me dis que même s'il ne restera pas avec moi, il est là, dans cette voiture qu'il n'aime pas, il est venu, et je dois le voir comme un effort, n'est ce pas ? Ouais, ça doit sûrement être ça, devoir faire preuve de compassion, me positionner en monstre encore une fois. Sorcière qui ne veut pas de son enfant, le refuse catégoriquement. Je suis maîtresse de ses tourments, bourreau évident. " Faut bien palier à ton manque d'originalité." Ok. Je me heurte à un mur, j'en suis de plus en plus conscience, il ne me laisse aucune faille, pas la moindre chance de me racheter réellement. Récupérer une conduite et redorer mon blason. Peu importe mes délires et explications. J'en resterai dans tous les cas, cette femme qui – selon lui – le prend pour un con. Et pourtant, je dois avoir un côté masochiste parce que je m'y essaie, je tente par un moyen un tantinet bancal de lui exposer à quel point, c'était une doctrine de grandir au sein des Malcolm. Je m'en prends à la voiture, mais ma voix se perd, parce que je me sais être à l'opposé de l'effet que j'espère. " Alors c'est qu'on s'y fait très vite," Parce qu'il ne veut pas m'écouter. A quoi cela sert alors de m'avoir fait croire que lui aussi se refusait à l'idée de me quitter ? Je lui ai pourtant dit bien des fois, nombreuses fois, que sa haine, je ne la supporterai pas. Mais il faut croire qu'il est encore plus têtu que moi. Qu'il souffle le chaud, puis le froid. Le vrai, et le faux. Qu'il en a strictement rien à foutre de mes maux. Alors je me stoppe, dégoûtée, me contente de balancer le fait de laisser tomber. J'abandonne pour le moment, il fera ce qu'il voudra, parce que je m'écrase un peu trop, et que j'en ai assez, vraiment, à quoi bon perdre celle que je suis afin de me faire pardonner d'un choix que je suis prête à assumer ? Cela me ramène à quelques mois de ça, quand je lui ai dit que s'il me prenait, c'était comme ça. Telle que je suis, celle que je sais être. Sûrement qu'à l'époque, il ne réalisait pas ce que signifiait réellement son choix.


    J'en ai marre de devoir m'excuser d'être moi. Et si j'avais d'abord vu ce weekend comme une idée de le faire entrer dans mon monde, lui expliquer de quelles manières j'ai été élevée, non pas pour m'assurer sa pitié, je sais bien qu'elle n'est pas mérités, puisque je suis la plus privilégiée des privilégiées, la petite hindoue que le couple stérile pété de thunes a sauvé. Je me rends à l'évidence, il a tout sauf envie d'être là. C'est donc sans rechigner, que je le laisse s'endormir, tandis que je vogue sur les vagues inégales de mon esprit. Contemplant des paysages que je connais par cœur et je tente d'oublier ma rancœur. Après quelques minutes presque heures dans ce silence beaucoup moins pesant que nos conversations, le moteur se stoppe tandis que mes prunelles se posent sur la bâtisse de mon enfance, semblant de manoir aux allures de château. Il se réveille en un sursaut, et je me contente d'entendre qu'il sorte, afin de le suivre. Chose qu'il fait, va récupérer son sac quand je trouve son geste marquant tant il est différent. Parce que je ne m'avance pas vers le coffre, je laisse le chauffeur le faire, décharger mes affaires, quand un autre employé déboule des escaliers de l'entrée pour venir les récupérer. Et qu'autoritaire, je prononce, en son parfait contraire. « Dans ma chambre. » Simplement. On n'est pas fait pour être ensemble, c'est affligeant. Peut-être est-ce le trajet, ou bien parce que je suis maintenant en terrain connu, je me permets de le regarder, avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit. Sur mon comportement de princesse, et de ma fortune son ivresse. « Épargne-moi tes commentaires. » Je les entends déjà, de toutes manières. Et marchant à côté de lui, même si cela semble lui déplaire, on passe les portes d'entrée, bois taillés et façonnés. De celles que l'on voit que dans les films scénarisés d'assez mauvaise qualité. C'est d'ailleurs ce que nous sommes, lui et moi, personnages inégaux, amour impossible, et destins malheureux. La tension entre nos deux êtres est palpable quand dans le hall, mes paupières s'ouvrent sur quelques portraits de moi, que j'ai vu bien trop de fois. C'est à cet instant, qu'une employée déboule, encore une fois. Elle a quelques années de plus que nous, une dizaine, je ne sais pas. Mais ce dont je ne doute pas, c'est que ses prunelles, j'y ai vu de l'amitié sincère, une ou deux fois. De la compréhension, quelque chose dans ce genre là. Ce que Clay n'a absolument plus envers moi. Et si je pensais pouvoir aujourd'hui, demain, recoller les morceaux de nos divergences d'idéaux. Je me retrouve une contenance, tout en pensant à ce qu'il a pu m'indiquer, ses activités qu'il a déjà dans ses idées préparées. Sa fameuse mutation. Et ma présence, occultée. On est comme deux pauvres cons. Félicitations. « Je suppose que tu veux visiter l'aile réservée aux invités ? » Parce que ma personne elle même semble te donner envie de gerber. Et que ça fait quelques temps déjà que tu ne m'as pas touchée, que j'ai cette impression de te dégoûter. Vu que l'on voit tous les deux ces jours a partager de façon diamétralement opposées. « Amélia va t'y conduire. » Parce que je ne vois pas l'intérêt de lui faire faire le tour de la maison, j'ai déjà assez jouer la carte de la soumission. Pour finalement m'adresser à la concernée. « Monsieur Cooper est un ami ... » Le mot est extrêmement mal choisi. « Un ami, précieux. » Je précise comme je le peux, avec des mots presque trop harmonieux. J'en dégobille un peu le caractère doucereux. Sachant dans quels instant on se trouve tous les deux. « Il peut donc faire ce qu'il veut. » Il a donc tous les droits, dans ces lieux. Pourvu que ça le détende un peu.  

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    Lien du postLun 16 Mai 2016 - 21:16
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     Alors nous y voilà.... C'est la seconde fois qu'il m'est permis d'admirer, non sans un dégout certain maintenant, les façades de cette bâtisse dans laquelle on l'a entrainée depuis sa tendre enfance à mépriser son prochain. Et si aujourd'hui je ressens cette colère gronder à mesure que mes yeux se posent sur les vitres et moulures qu'ornent ce bâtiment, ce n'est pas parce que non seulement j'en ai été chassé la première fois mais parce qu'ils nous ont amené à çà: à nous repousser mutuellement alors qu'il ne nous reste que si peu de temps. Comme il fallait s'y attendre, la Malcolm qui sommeillait en elle réapparait aussitôt qu'elle a quitté l'habitacle pour cracher sur ses domestiques venus docilement l'accueillir.« Dans ma chambre. »Sa chambre. Pourquoi n'en suis-je pas étonné... Ah oui c'est vrai, les apparences. Mais non, parce que même si je voulais m'en rassurer, honnêtement, je sais que j'ai dans la voiture fais foirer toutes mes chances. Je n'ai même pas cherché à gagner son affection alors qu'elle me l'offrait de nouveau, un peu trop écœuré encore par ce mot qu'elle chérit tant, " accident ". Et tandis qu'ils s'affairent, récupèrent rapidement dans le coffre ses petites affaires, j'ose jeter sur la femme austère qu'elle est devenue soudainement un regard froid sans le moindre attachement. « Épargne-moi tes commentaires. »  Je n'ai rien dit mais n'en pense pas moins, me demandant surtout pourquoi j'ai accepté de subir ses emportements de lady mal baisée, chose qu'elle est depuis un certain temps parce que ces mots, elle doit à présent les assumer. Non, je ne l'ai plus touchée depuis un bon moment, préférant mes petits plaisirs solitaires à ceux qu'elle m'a autrefois donnés.... lorsqu'il m'était encore possible de les apprécier.  

    Elle fait un pas que je lui emboite non sans mimer mon écœurement d'un rictus dans son dos avant de la rattraper, de moins en moins certain de pouvoir jouir du séjour auquel elle m'a si chaleureusement convié. Je n'ai maintenant qu'un désir, qu'un souhait, en finir des convenances mondaines afin de m'exiler. Nous marchons de pair lorsque nous pénétrons dans l'antre de la bête, le repaire de son Pater que je n'ai eu l'occasion de recroiser qu'une seule fois depuis notre petite mésentente. Dans l'attente de connaitre ses futures intentions une fois dans le grand hall, j'en dépose lourdement mon sac à terre lorsqu'une domestique vient à notre rencontre. Joli brin de femme, peut-être la quarantaine, élégante et un port de tête irréprochable malgré le fait qu'elle soit légèrement marquée par des années de servitude. « Je suppose que tu veux visiter l'aile réservée aux invités ? »  Mes yeux s'égarent avec indignation sur la silhouette qui me côtoie. Inutile de prendre des gants avec moi, j'ai bien compris la teneur du message. " Y crécher serait le mot le plus adéquat ". J'en réprime même l'envie de lui confier que même l'étable me serait égale puisqu'après tout, je ne suis rien d'autre qu'un animal dont elle veut retirer toute fierté sous peu. Ses hongres, j'aurais tout à fait ma place parmi eux. Mais ce serait inconvenant devant cette autre femme que de lui faire part de cet aveu. « Amélia va t'y conduire. » Soit. Ma main s'empare vigoureusement de la sangle pour recaler dans mon dos ce qui m'appartient et préfère sourire à la domestique, travestir cette amertume sous un semblant d'amabilité à son égard.   « Monsieur Cooper est un ami....Un ami, précieux. » Mon souffle se fait lourd lorsqu'elle s'ose à la provocation car c'est ainsi que je le conçois et pas autrement. J'en décline toute responsabilité lorsque de mon regard porté sur les nombreux portraits nous entourant je souffle fielleusement autant pour moi que pour elle : "Rien qu'un ami.... vraiment. "  C'est si faiblement énoncé que je ne pense pas que la domestique ai pu m'entendre. « Il peut donc faire ce qu'il veut. » Ce que je souhaite... Mais j'en sais encore foutre rien pour tout dire mis à part mon petit délire concernant un exil en foret. Mais cela ne devrait m'occuper que quelques heures. Et après?

    La servante, après avoir hoché de la tête pour acquiescer à la requête de sa maitresse, m'incite à la suivre d'un mouvement gracieux de la main. Je me détourne vers Annalynne ceci dit une seconde pour lui glisser " N'en fait pas trop " en référence à son précieux un peu déplacé faute de vouloir entériner son, notre secret.
    Réajustant la courroie sur mon épaule, je rejoins donc mon hôtesse qui ne s'est éloignée que de quelques pas. Pas une parole ne s'échappe de ses lèvres et c'est à se demander si le père d'Annalynne les préfère muettes, ses soubrettes.  " Amélia? " Elle s'arrête juste devant moi et se fige, surprise sans doute par cet élan de franchise. "  Excusez-moi, puis-je vous appelez Amélia? " Elle opine une nouvelle fois, un fin sourire aux lèvres. Oh non Malcolm. Tu ne me feras pas passer pour ton bourreau, pas pour pire que toi lorsque tu te permets de rabaisser les autres. A moins que....  Que je ne me fasse passer pour un enfoiré, détrousseur de jupons auquel ton père - j'en suis certain - ne cesse de me comparer.  Après avoir erré dans un couloir embelli par je ne sais combien de bibelots, Amélia finit par ouvrir une pièce que je devine être ma chambre. Elle s'arrête à la porte tandis que je pénètre à l'intérieur, fais voler mon sac sur le lit pour me laisser à un examen minutieux de la pièce. Chambre parfaite mais un peu trop surfaite à mon gout. Rien que les rideaux d'un blanc moiré suffisent à eux seuls à me sentir rabaissé, d'une classe sociale totalement dépréciée. " Dites-moi Amélia, sachant que j'ai accès à tout, la sellerie se trouve où ? " Et aussi surprenant que ce soit, puisque je suis resté inconsciemment de dos, c'est pour la toute première fois sa voix qui se fait timidement entendre. " La sellerie Monsieur? " J'en ai un léger sourire de satisfaction, en retrousse les lèvres à l'écoute de son intonation et la devine derrière moi se reprendre, malaxant ses doigts nerveusement faute de n'avoir su clairement me répondre d'emblée." Juste derrière l'écurie. Mais seule Madame a la clef. " Et ce qui s'était imprimé sur mon visage s'efface de manière instantanée. Fait chier. Un peu plus irrité qu'il n'y a quelques secondes encore, mes traits s'inclinent vers elle tandis que je tends à déboucler les liens du sac dans lequel reposent mes affaires. " Pouvez-vous la lui demander? Merci " Merci... Un mot qu'elle n'a pas du beaucoup s'entendre dire ici.


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    Lien du postLun 16 Mai 2016 - 22:58
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     " Y crécher serait le mot le plus adéquat " Dans la phrase « épargne-moi tes commentaires. » je me demande, pour le coup, ce qu'il n'a pas comprit. Mais j'en soupire quelque peu, en faisant comme si je n'avais pas entendu, en continuant sur ma lancée. Pour être totalement honnête, je ne pense pas, qu'un des domestiques pourraient me balancer, à mon père et au sujet de Clay. Cependant, je préfère tout de même de pas m'épancher sur la nature réelle de notre relation lorsque je demande, ordonne à Amélia de l'amener où il dormira, passera son temps, ou je ne sais quoi. Puisque Cooper ne veut pas passer de temps avec moi. Ca me donne la migraine, franchement, ça fout en l'air toutes les espérances que je pouvais avoir en ce qui nous concerne, ça me fatigue tellement, que je ne prends même pas la peine de répondre à sa pique détournée. "Rien qu'un ami.... vraiment. " Et me contente de continuer sur ma lancée, et d'expliquer qu'il pourra faire ce que bon lui semblera. Elle hoche son visage, dès lors, je m'apprête à partir en direction opposée. Sans même envisager le fait qu'il n'en avait pas encore fini à mon sujet. " N'en fait pas trop " Quand mon expression lui répond « Je te donne ce que tu veux pour une fois, c'est bon, lâche-moi. » De fait, j'en hausse les épaules, lui offre une conclusion, pour le regarder filer les pas d'Amélia, quand les miens me guident de l'autre côté, vers la cuisine.

    Pour obtenir un verre d'eau, il ne me faudrait qu'utiliser un seul mot, parfois même mes volontés par leurs gestes sont anticipées. Il suffit que je me pointe dans l'habitacle pour qu'une limonade soit servie, pour qu'on m'apporte stupidement des fruits. Mais pas aujourd'hui, aujourd'hui ce sont mes propres doigts qui ouvrent le frigo, qui attrapent une bouteille d'eau, à laquelle j'épanche ma soif, au goulot. Acte qui aurait le don d'agacer les bonnes manières qu'un jour ma mère m'a enseignées. Je la repose, finalement, et mes doigts vont chercher mon front, ils le malaxent, lentement, épuisée par la situation. Mes souvenirs me ramènent à cette première fois où je l'ai imposé à mes parents, je ne l'aimais pas encore, à cette époque là, ou plutôt, je ne le réalisais pas. Cette manière qu'il a eu de leur tenir tête, cette fraction de seconde où j'ai choisi de partir avec lui plutôt que de rester ici. Mes pieds en automates me dirigent vers le salon, et encore je me repasse en boucle nos instants, magiques et nos sentiments grandissants. S'il n'y avait pas eu le Chili, sûrement que tout aurait été différent. Parfois je me dis que c'est sa faute, je le blâme, l'accuse de toutes mes forces, de sa culpabilité, je m'en réconforte. Mais au plus profond, comme l'était censé être gravé mon prénom, je sais, que tout cela vient de moi. Je suis consciente, on ne peut plus, d'à quel point, il en a souffert de ma décision, combien il en souffre encore … Comme ça me dévore.


    Ma paume relâche mes tempes, effleurent les touches du piano ornant le fond du salon. Des mois entiers, des années, que je n'y ai pas touché. Petite fille parfaite qui se doit de tout connaître. Je m'en veux, de ne pas avoir la fibre maternelle, incapable de lui donner ce qu'il désire, appelant notre enfant sans arrêt, accident. Deux trois accords tapotés, avant qu'une présence derrière moi ne me fasse sursauter. « Amélia ? » J'interroge en contemplant de son visage les traits, patientant pour savoir ce qu'il peut se passer. « Monsieur Cooper. » Cinq minutes d'installation et déjà des questions ? « Il souhaite se rendre aux écuries, à la sellerie. » Pour de bon cette fois, je délaisse le piano, opine du visage, accepte la requête. Bien vite, je me dirige vers un coffre où se trouve les clefs, scellé par un code que seul mes paternels et moi-même détenons. Puisque les employés possèdent des trousseaux attitrés. Et qu'aujourd'hui, le garçon d'écuries est absent, ne travaillant pas le weekend forcément. « Je vais lui apporter, tu peux disposer. » Laissant de côté le vouvoiement, en lui concédant un sourire discret. Je monte les marches, me menant à l'endroit précédemment cité. « L'aile dédiée aux invités. » Et je passe devant l'énième salle de bain de cette baraque, un salon, un bureau, et autres pièces que beaucoup trouvent d'une démesure incomparable à tout ce qui normalement se fait. J'arrive à la chambre, hésite un instant. Avant de me planter dans l'encolure de cette dernière, l'observant en train de prendre ses marques. « Ne monte pas Serenity, elle est infecte. » Comme sa maîtresse. Forcément, c'est la mienne. Et d'un mouvement bref et vif, je lui lance les clefs, que part réflexe il rattrape évidemment. « Je te propose pas de t'accompagner, t'es un grand garçon, tu sauras trouver. » Pourtant je suis tentée de lui dire qu'il faut sortir par la véranda, et continuer tout droit, que le terrain n'a pas vraiment de limites, si ce n'est celles lointaines délimitées par un simple grillage, entre les arbres, cachés. Parce que ça fait toujours mieux de penser que l'univers tout entier nous appartient. Je me détourne déjà, envieuse de le quitter, parce qu'il m'a très bien fait comprendre que malgré son acte de présence, acte de bonté, il a tout sauf envie d'être, par moi, accompagnée. Jamais je n'aurai cru avoir si mal du fait de ne pas être, par lui, désirée. C'est fichu, si je voulais m'ouvrir en venant jusqu'ici, je sais pertinemment, que je suis en train de redresser toutes les barrières qu'un jour j'ai voulu démolir pour lui.

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    Lien du postMar 17 Mai 2016 - 8:55
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    Les mains plongées dans l'amalgame de fringues que je n'ai eu le temps de ranger soigneusement - mauvaise foi puisque de toute façon, même en m'accordant un peu plus de temps, tout aurait été foutu en vrac dedans - je m'aperçois malheureusement bien trop tard avoir omis l'un des éléments les plus importants de ce voyage.

    « Ne monte pas Serenity, elle est infecte. » C'est spontanément, dans un balancement de tête que je lâche un soupir, exaspéré de l'entendre elle m'avertir d'un quelconque danger. Je ne lui ai pourtant rien demandé d'autre que ces putain de clefs. " Tu devrais pourtant le savoir. Je raffole des causes perdues." Et çà quelque soit le prix à payer, le tribut à verser. J'ai à peine le temps de me retourner pour la voir me balancer ce que j'avais préalablement réclamé, c'est à dire ledit sésame que j'attrape d'un geste énergique. Puis sans un seul remerciement, je reprends mes fouilles dans mon sac à la recherche de ce paquet de clopes dont je ressens déjà le manque incontestable. « Je te propose pas de t'accompagner, t'es un grand garçon, tu sauras trouver. » Mes mouvements se sont arrêtés et pour cause, je ne supporte plus le ton qu'elle vient encore une fois d'emprunter. " Non. Monter jusqu'ici a du déjà beaucoup te couter. " Autant en force qu'en volonté. Mais pour Serenity, c'est enregistré. S'en est encore une que j'aurais un malin plaisir de soumettre à ma volonté. Cela dit, je ne suis pas omnipotent et ne connais aucun des équidés de son haras alors déterminer laquelle je vais monter me pose un léger problème en cet instant. Et quand je me retourne pour lui poser la question de savoir à quoi ressemble cette jument, la reine noire a déjà quitté son siège, ses pas galvanisant le parquet du couloir démesuré comme tout ce qui concerne ce manoir.

    Lui courir après? Jamais. Je préfère de loin me démerder quitte à ne planter de monture. On ne sait jamais, je scellerais la plus revêche, la plus réticente à mon approche puisque du temps j'en ai à perdre maintenant. J'y passerai la journée s'il le faut pour lui prouver que je ne suis pas le genre à renoncer au premier coup de sabot. Sa croupe à elle, je l'ai eu à l'usure, à force d'avoir sué sang et eau alors ce n'est pas un stupide animal qui me tiendra en respect. " Chier...." Impossible de les retrouver, je les ai tout simplement oubliées alors qu'il était évident que j'en aurai eu besoin à un moment donné. Clef à la main, je quitte à mon tour ma.... chambre de roturier pour m'avancer dans ce couloir qu'elle a depuis quelques secondes déserté et descends les marches jusqu'au grand hall principal d'où résonnent quelques accords mélodieux. C'est à la porte entrouverte du salon que je m'arrête, reconsidère un instant la situation les yeux rivés sur cette clef qu'elle aurait tout aussi bien pu ne pas me donner histoire de me faire enrager. Mais allez expliquer à la servante pourquoi celui qui peut donc faire ce qu'il veut ne peut aller seul à cheval dans les bois... Baisée de toutes parts Anna. Pour une fois dans sa vie, quelqu'un lui refuse ce qu'elle escomptait avoir et j'en suis très profondément... satisfait. Les notes s'enchainent et il est évident que c'est elle qui s'exprime sur le piano de l'autre coté de la porte en merisier que je n'ose pousser.  

    Mais un autre détail attire mon attention au dehors, de l'autre coté du couloirl dans ce même jardin où nous nous étions présentés à ce brunch à la con. L'un des domestiques semble prendre une pause que je devine bien méritée et c'est ce qu'il tient entre ses doigts qui éveille mon intérêt. Alors mes pas me conduisent vers lui, traversant la véranda pour aller à sa rencontre. Pourtant décontracté, les mains dans les poches, ma vue semble l'effrayer et il écrase précipitamment le mégot de son pied. De Dieu, elle les a tous bien dressés on dirait. " Non. En fait, j'aimerais m'en griller une aussi si tu le permets. "  Pas si stupide que çà, il s'aperçoit à mon attitude que je ne suis pas d'un réel danger vis-à-vis de son emploi et me tend ce qu'il sort du fond de sa poche, c'est-à-dire un paquet presque neuf de Malbo dont j'extrais avec bonheur l'une des cigarettes. Son seul contact entre mes lèvres me laisse déjà songeur quand au bienêtre que va me procurer la première bouffée, dose de nicotine que je n'ai plus reçu depuis bien longtemps déjà. C'est ce nègre qui, un briquet entre les doigts, allume mon petit plaisir de la journée avant que je ne pose cette réflexion. " Pas facile la patronne, hein. " Son premier réflexe est naturellement de rester sur la défensive, ne sachant quoi dire, pour finalement me rendre un timide sourire. " Au fait. Serenity. C'est laquelle des juments? " Il doit forcément être au courant mais semble encore un peu réticent lorsque finalement, il me fait signe de le suivre.  Nous traversons donc à deux le jardin pour, au bout de quelques minutes, tomber au détour de massifs de rosiers sur une structure équestre composée d'aménagements fonctionnels et variés. A l'intérieur volent les effluves de foin frais et de copeaux de bois nouvellement déposé, les boxes paillés sur lesquels un soir j'ai osé fantasmer. Il pointe du doigt une jument à la robe d'un perlino clair qui dès notre arrivée se met à piaffer. Ah ouais, même sans son aide je pense maintenant que je l'aurais facilement repérée bien que je m'imaginais Annalynne monter plutot une monture d'un noir jais. Et lorsque son œil capte enfin l'éclat argenté de l'objet métallique que j'ai dans la main, le domestique se permet à la même mise en garde. " C'est Serenity. Mais seule la patronne est autorisée à la monter." Ah oui? " Peut-être, mais j'ai tous les droits." Et déterminé à me faire respecter tout comme elle de cette bête, c'est palpant la clef de mes doigts que je me dirige vers le box de la jument, m'accoude sur sa porte pour l'étudier quelques instants avant de m'apercevoir que le black a décampé. La jument ne cesse de piaffer, de hennir à chaque mouvement prononcé et vient même me niaquer une fois avant de retourner dans le fond de son alcôve pour se calmer.

    Au fait, je peux faire ce que je veux?  :evileye: :
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    " Tu devrais pourtant le savoir. Je raffole des causes perdues." Non, pas assez, puisque de te battre pour moi, tu as clairement arrêté. Et tes mensonges s'accrochent à mes phalanges, comme les songes qu'un jour on a voulu s'octroyer. Pauvres petits rêveurs qui ne réalisaient pas à quel point c'était foutu d'avance leur combat. Mais je l'ai compris, et ce aujourd'hui, grâce à toi. Je suis presque tentée, de lui cracher un merci. Ce sera encore plus simple de m'en délester, puisque c'est déjà que tu me hais. Et sans pour autant préciser à quel point ma jument est l'amalgame parfait du mot ouragan, je le laisse se convaincre qu'elle aussi il pourra l'avoir à l'usure, et je me contente de lui lancer la clef, de lui préciser qu'il n'a qu'à se débrouiller seul pour rejoindre ce à quoi il aspire pour cette journée. Parce que nos volontés ne voguent plus sur la même longueur d'onde, et que je suis fatiguée de tenter vainement de rendre à nouveau notre terre plus ronde. C'est lorsqu'il est à nouveau de dos, à chercher dans ses affaires, qu'il reprend la parole, et dans le fond, m'exaspère. " Non. Monter jusqu'ici a du déjà beaucoup te coûter. " Et encore, tu es bien loin de pouvoir réellement l'imaginer. Je ne fais que ça, depuis quelques temps, m'écraser, tenter en permanence de me faire pardonner d'un choix que pourtant, j'étais en droit de faire depuis l'annonce de cette grossesse accident. Je ravale ma fierté, je rampe à tes pieds. Je te prouve à quel point tu comptes alors que tu refuse de le voir, c'est épuisant, d'essayer de rattraper du vent. Une fumée qui de mes doigts ne cesse de s'échapper.


    J'en secoue le visage, dépitée, il est vrai, et reprends le chemin du salon principal, les escaliers, à nouveau, les pièces, les tableaux, les vases et autres bibelots, hors de prix, qui en une vente pourrait nourrir un pays. Quand je passe la porte, je remarque, que sur le piano a été déposé, un mug en porcelaine que je devine plein de café fumant. Amélia, à ne pas en douter, puisqu'elle connaît mes habitudes, qu'elle a appris à s'accommoder d'une patronne comme moi. Un monstre, rien que ça. Mes doigts effleurent les dorures ornant cette tasse qui elle seule est d'une démesure. Je ne le porte pas à mes lèvres pour autant, m'assoie sur le tabouret de cuir relié, et laisse mes phalanges agripper les touches, à répétition. Je mets cependant quelques secondes, obligatoirement ou presque, à reprendre mes anciennes habitudes, à ne pas hésiter de trop sur les airs que j'ai ingurgité enfant afin de devenir un semblant de virtuose pour faire plaisir à mes parents. C'est une nouvelle mélancolie qui empli l'espace temps ainsi que mon esprit, c'est une mélodie inventée, quelque chose qui pourrait en faire certains trembler. Je me vide de tout, à la force des accords par moi-même provoqués, j'oublie à quel point je peux le dégoûter. Et je ne pourrai dire combien de temps je le fais, je me suis perdue bien trop de fois, j'ai mis de côté les forces qui font que je suis moi. Je l'ai voulu si fort, que mon corps encore s'en souvient, comme un délice, un interdit qui a provoqué bien des supplices. Je nous pensais capable de tenir jusqu'à la fin, de ne plus penser à ces demains, je nous rêvé un adieu, digne des certains dieux, un quinze juillet avant que ma vie et destinée ne m'arrache à lui auquel je me suis tant habituée. Et quand je parviens à la fin de mes notes démodées, je crache un soupir rien que pour moi, fatiguée à un niveau que je ne comprenais pas, avant ça. Amoureuse de lui, indéniablement et obstruée de toutes parts à cause de la force de mes sentiments. D'une main, que je dépose sur mon bas ventre, j'en perds la force de respirer. Esseulée dans ce manoir où je l'ai tant de fois été.

    Alors je porte à mes lèvres le café, m'écoeure de son goût corsé, alors que normalement c'est de cette manière que je le préfère, à plusieurs reprises je me force à en avaler des gorgées, refusant catégoriquement de me laisser voler par ce qui grandit en moi, dont je ne veux pas, les choses que je dois avoir ou pas à l'intérieur de mon estomac. Mon regard va se perdre alors sur la baie vitrée, le passage libéré des rideaux à moitié tirés, d'où j'aperçois le jardin ensoleillé, la grange au loin. Je ne saurai dire si déjà il a essayé de monter Serenity, ayant pris mon avertissement comme un défit. Et je me lève, approche de la fenêtre, laisse ma main ouvrir un peu mieux, le voilage destiné à pallier la clarté. Et ma paume déposée sur le lit de cette chose non désirée, je suis prise de nausée, vertige du coeur, accuse mon erreur. Le café ne fait qu'un tour, ou deux, avant que je ne comprenne ce qu'il va réellement se passer. Je m'en deviens rapide, je cours en direction opposée, monte les marches, encore une fois. Mon mal être grandissant trop malgré moi. Je suis contrôlée, par un autre que moi. J'ai horreur de cette constatation là. J'ai mal partout et ailleurs à la fois. Je pousse la porte des toilettes, devant lesquelles avec difficulté, je m'agenouille, tête baissée. L'aigreur de la bile n'a d'égale que celle de mon cœur. Et se déverse de mes lèvres tout ce qu'aujourd'hui j'ai pu avaler. Pas grand-chose, je dois l'avouer. Les secondes s'éternisent, les nausées n'en finissent pas. Quand j'attrape de mes doigts, un rouleau de papier afin de m'en servir pour m'essuyer, j'entends quelqu'un derrière moi. « Madame, ça va ? » Je suis en train de mourir, et je ne le maîtrise pas. Je crève pour une chose que je n'ai jamais voulu porter en moi. Ma servante s'en va alors, mais je l'entends encore, non loin de là. L'eau coule au travers d'un robinet, quand j'amorce un énième rejet. Et sur mon front, vient se déposer, à son retour dans la pièce carrée, couvert d'une sueur froide que l'acte a engendré, elle éponge d'abord silencieuse, voulant m'aider. C'est fébrile qu'elle me questionne, sachant qu'elle n'en a pas le droit. « Combien de temps ? » Que cette mascarade a commencée ? Elle devine alors que je réalise ignorer si elle en a, si elle a déjà enfanté. Une œillade mauvaise y est lancée, de mon regard bien embué. Elle en mord sa lèvre, se demande, je le sais, si elle est allée trop loin, si elle se doit d'avoir peur pour la continuité de ses lendemains. « Je ne dirai rien. » A mon père, ma mère, Alan, et toutes les autres personnes qui me désespèrent. Alors je ne saurai expliqué pourquoi c'est « Quelques semaines. » que lui crache ma voix, mais c'est bientôt fini, qu'elle n'en doute pas. Elle s'approche, encore, comme on le ferait avec une bête qu'on envisage d'euthanasier. Atrocité. Elle passe mon bras sur ses épaules m'aide à me relever. Compréhensive, elle me glisse ; « Je vais vous faire couler un bain. » A mes services, rien de plus, rien de moins. J'approuve d'un râle difficile à lâcher, quand elle me mène jusque dans la salle d'eau, où elle m'assoie sur la rebord de la céramique de la baignoire. Elle s'assure de la température quand elle ouvre les robinets. « Après vous irez vous reposer. » Je ne peux qu'approuver, d'un mouvement de tête léger. « Mais pas sans avoir mangé. » Je n'ai pas faim, assurément pas faim. Je refuse de nourrir ce mioche qui a pris place aux creux de mes reins. Mais je ne dis rien, je la laisse s'éloigner, quand je retire mes vêtements avec difficulté. M'approche du miroir, me regarde, avec aversion, avant de foutre dans ma bouche ma brosse à dent et de nettoyer de ma bouche mes vomissements. Plusieurs fois, je repasse et repasse encore. Avant de me plonger dans la tiédeur de l'eau, submergée par la mousse que les sels de bain ont provoqué. Je me laisse couler, ma respiration coupée, l'eau m'empêchant de fonctionner ... Avant que l'instinct de survie ne me contraigne à remonter.

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    C'est donc seul au milieu de tous les boxes que j'observe et comprends pourquoi Annalynne s'est entichée de celle-ci, telle une perle dont il est difficile d'adoucir les aspérités et caractérielle à souhait. Mes yeux la détaillent avec conviction, en apprécie les courbes quand elle daigne enfin se montrer sous un autre jour, calme mais les oreilles toujours rabaissées en guise d'avertissement à quiconque aurait le culot de se rapprocher. Le travail va donc commencer...  Je la laisse à ses piaffements nerveux et à ses ronflements expiés pour aller m'enquérir de ce que cette clef va m'offrir. La porte de la sellerie s'ouvre dans un grondement caractéristique du bois travaillant à la chaleur et j'en découvre enfin le contenu: une multitude de tapis brodés aux initiales de chaque cheval et estampillés des armoiries familiales, des bridons de cuir surpiquées, des mords de cuivre que je devine à l'aspect chaque soir nettoyés. C'est une toute autre odeur qui emplit ce lieux, celle de la cire et de crème, de tous ces pots entamés qui libèrent leur arôme au fil de la journée.

    Pour le moment, je n'ai besoin que d'un licol et d'une longe qu'encore une fois je trouve facilement puisque ceux de Serenity pendent tout comme les autres sur un portant à son nom. Tout y est si organisé qu'on ressent bien là la fortune que son con de père peut lâcher sur un simple coup de tête et de la rigueur dont il fait preuve. Bride en main ainsi qu'une brosse, c'est résolu que je m'approche de la stalle paillée, de la furie qui y réside et y trépigne dans l'attente de pouvoir me botter. J'en jette ce que j'ai dans les mains pour les entreposer sur la porte et contempler la créature une nouvelle fois. Cheval de grand gabarit et aux épaules musclées, à l'encolure large qui se dissimule sous une épaisse crinière ondulée. Un coup de sabot à terre attise mon attention sur les questions que je suis en droit de me poser avant que je ne pénètre dans son abri. Elle pourrait aisément briser des cotes si jamais d'aventure elle ruait. Mais maintenant que j'y suis, il m'est encore plus difficile de renoncer. Pas après avoir fait comprendre à Banania que je voulais la monter. J'en ravale un peu mon orgueil en me rassurant que de toute manière si ce n'est avec Anna, aucune autre ne sera enceinte de moi et allonge le bras, ouvre le verrou légèrement abimé qu'elle a du nerveusement grignoter. La sécurité du bas, c'est du pied qu'elle est lentement retirée pour tirer le battant avant de le refermer derrière moi. Et ne quittant ma la jument des yeux, mes doigts tâtonnent vers le licol, réfléchissant une seconde à la façon d'aborder l'animal sans qu'il ne s'emporte.

    Le temps défile de façon démesurée, en proie à la crainte de devoir rebrousser chemin. Comment diable ai-je fais pour maitriser sa propriétaire? Pas grand chose en fait. Je suis resté égal à moi même, porté par le culot dont jusque là j'ai aussi fait preuve en pénétrant dans sa stalle. Un autre coup de semonce est donné, il serait peut-être temps de laisser tomber. Mais c'est soit partir la queue molle entre les jambes, soit revenir castré faute d'un trop plein d'assurance mal placée. Alors routinier des coups, je préfère la seconde option et licol à la main, ne cachant rien de mes intentions et desseins, j'en ferme les yeux quelques secondes, pensant bien qu'Annalynne - malgré tout ce qu'elle semble vouloir affirmer - fait preuve de cette même douceur que j'ai peu de fois eu l'occasion d'observer pour l'approcher.

    C'est à force de patience que finalement le souffle lourd de la bête vient s'étaler sur mon visage, curieuse certainement à l'égard de ce qui se présente à elle et vient même jusqu'à me bousculer, repoussant ma tête sur le coté et sollicitant une réaction de ma part qui ne vient pas. C'est en ouvrant les yeux brièvement que je me rends finalement compte de sa taille impressionnante à présent qu'elle se trouve à mes cotés. Elle se met automatiquement à me flairer, happant de ses lèvres mon sweet où elle dépose en plaque sa salive, déterminée à vouloir - semblerait-il - lentement me bouffer. Telle monture tel maitre je dirais...  Alors tandis qu'elle est occupée à me ronger maladroitement l'épaule, après quelques caresses qu'elle semble accepter, j'en profite pour passer discrètement le licol autour de sa puissante mâchoire et termine par l'attacher à l'ossature en acier galvanisé. La voilà qui ne peut plus reculer, contrainte à l'immobilisme le temps que je retourne chercher ce que sa patronne lui a attribué. Une épaisse selle en cuir crouté, dégarotée depuis fort longtemps ce qui sous-entend qu'Annalynne pratique souvent. Et pour çà oui, je ne peux que confirmer qu'elle possède une bonne assiette lors de ses chevauchées funestes. Je sais à présent d'où lui vient cette possessive fermeté lorsque j'étais asservi entre ses cuisses, son obligé. Selle et bridon posés de la même façon sur le battant de porte, je termine de panser sa monture, la juge sous toutes ses angles, agacé par cette crinière qu'elle a le plaisir d'agiter rien que pour m'emmerder. Dernier détails: les sabots qu'il me faut curer et là, j'avoue ne plus avoir autant d'aplomb lorsqu'il me faut faire ses postérieurs. Mais bien dressée cependant, la jument, au simple contact de ma paume qui de sa croupe descend à sa cuisse, les lève un par un.

    Pansée, Scellée, nous quittons sa stalle brides à la main sans avoir l'idée de me saisir de l'une de ses bombes qui me donnerait l'air d'un crétin. L'air au dehors s'est un peu radoucit et après quelques pas encore la jument s'immobilise suite à mon arrêt. " Elle prend un escabeau d'habitude ta maitresse? " Même moi qui suit pourtant plus grand, pied à l'étrier et crinière agrippée d'une main, j'ai du mal à me hisser dessus. Deux essais et nous voilà ne faisant plus qu'un, réglant une dernière fois la longueur de mes étriers avant de prendre le chemin. Pas peu fier d'avoir réussi là où d'autres auraient abandonné, je dépose un dernier regard sur la bâtisse au loin avant de lui intimer à avancer d'un coup de reins flanqué. Elle piétine, trépigne d'impatience à l'idée d'emprunter avec un inconnu les sentiers battus et c'est une chose que je vais lui accorder volontiers, en gage de ma bonne volonté puisqu'elle se montre pour le moment docile et réceptive.  

    3 heures plus tard, c'est à pied que je rentre par les chemins banalisés, les rênes entre les doigts telle une longe rapiécée et trainant l'animal derrière moi, pas peu fier de lui lorsqu'il assène mon dos de vigoureux coups de tête pour m'avoir envoyé à terre. " J'en connais une autre qui va apprécié..., " le fait que malgré son interdiction, j'ai pu abimer son équipement. Quant à moi, rien de bien grave hormis une coupure sous l'œil et quelques écorchures que je dois à une racine qui trainait par là lors de ma chute. C'est Banania le premier qui me voit arriver et vient aussitôt à ma rencontre, l'air préoccupé. " J'avais prévenu que seulement Madame pouvait la monter. " " Va donc la désangler. T'es là pour çà. " Voilà que je parle comme elle à présent. Il y a ici quelque chose de contagieux, surement. Une fois déchargé de Serenity, c'est vers le manoir que je me dirige, pénètre discrètement à l'intérieur pour ne pas attirer l'attention lorsque déboule Amélia du salon, surprise de me voir je ne sais pourquoi. Peut-être est-ce parce que je suis légèrement amoché. Non, elle a ce léger sourire lorsqu'elle me dévisage de la tête aux pieds. " Pardon " J'y suis.... Je ne me suis pas essuyé les pieds avant d'entrer et vu l'état de mes fringues, elle a toutes les raisons de m'en vouloir. Elle s'approche afin de mieux contempler l'étendue des dégâts lorsque son regard se dépose, contre toute attente, sur ma personne et non au sol. " Madame doit être avertie " J'accuse le choc et la fatigue de ne m'avoir permis de réagir plus vite. "" NON! Hors de question. " Mais déjà elle s'empresse dans les escaliers avant que je ne puisse la rattraper, encore juché sur un tapis, hésitant à saloper ce parquet lustré et ciré.
     

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    Lien du postSam 21 Mai 2016 - 22:41
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    Le temps est une chose curieuse, incontrôlable et immuable, il est comme une foule furieuse, dans laquelle on ne peut se frayer de passage distinct, obligé et contraint de prendre plusieurs chemins. De se séparer et parfois de ne jamais se retrouver à la fin. On arrive pourtant, à le ralentir, comme maintenant, alors que mon visage retourne dans l'eau, que j'ai cette impression de ressentir les pulsations de mon cœur s'alanguir, automatisme dévié d'une vie que je suis de moins en moins en train de souhaiter. Respiration coupée, c'est là que j'y parviens à ce but factice, là que tout ce fait, ici que le temps s'arrête pour m'attendre, folle à lier et persuadée de pouvoir tout contrôler, même les trotteuses des horloges dont l'univers est doté. Mais encore je suis rattrapée, par ce qui contrôle le genre humain, ce fichu instinct. Et ma respiration revient de plus belle lorsque je ressors de l'eau, quand mes phalanges vont s'accrocher sur les rebords de la baignoire, et que l'envie de pleurer toute ma haine me reprend. Incapable de stopper le temps, je tuerai, notre enfant. Les médecins, certes, mais ce sera moi dans le fond, il le sait, et c'est pour cette raison, que lui aussi s'est mis à me détester. Mes prunelles vont se poser sur mes bras, la peau au bout de ceux là commençant à se friper, quand je me meurs en silence, je les regarde un moment, déconnectée, plus que je ne le serai jamais, combien de temps mets-on pour se relever ? Comment survit-on à son propre égoïste ? De la même manière qu'on se redresse alors qu'on se noie ? Est-ce que c'est aussi simple que cela ?

    Mon esprit tout à mes réflexions, j'attrape de mes mains faussement vieillies un savon, je le passe sur ma peau, j'en lave ses maux. Je me panse à ma manière, quand je l'imagine en train de se débattre plus bas, dans le jardin, contre elle, la jument, mais envers et surtout contre moi. A plusieurs reprises, je repasse sur mes membres, j'en viens à les trouver douloureux, sans savoir s'ils le sont vraiment, je leur en veux juste de devoir me supporter. Carcasse encline à la médiocrité de son cosmos friqué. Encore pour quelques fractions de seconde, je me joue du temps, avant de me rincer et de sortir de mon enclos improvisé. Ma tête en a fini de tourner, les nausées semblent s'être, comme écrites à la craie, effacées. Et mes paumes saisissent une serviette de laquelle j'entoure mon corps et ses meurtrisses, personne ne peut les voir, mes brûlures. Même pas lui. Puisqu'il me dépeint en femme narcissique, cette femme vénale qui ne saurait correctement l'aimer. Comme s'il n'avait jamais su qui j'étais, comme si je m'étais perdue à lui cacher. J'ai toujours été honnête, ou presque, sauf la première fois où il est venu ici avec moi, il est vrai qu'il ne savait pas. Mais du reste … Il fait parti de ceux auxquels je ne saurai mentir. Celui à qui je me suis offerte, telle que je suis. Affreusement Malcolm, un tantinet Anna, et un brin des deux, rien que ça.

    Quand mes pas me mènent jusque dans la chambre qui m'a vu naître et grandir, je remarque – habituée – les habits déposés sur le pied de mon lit qui me sont destinés. Amélia, je soupire de la savoir aussi dressée que cela. C'est criant d'insensibilité, et pourtant, c'est naturel, c'est comme ça. Ca coule de source, ça fonctionne de cette manière là, chez moi. Je ne demande même pas les choses qu'elles sont déjà là, avant mes propres volontés. C'est anticipé. Tout est acquit. Tout m'est du. Et bien sur que ça fait parti des trucs qu'il exècre chez moi, mais c'est orgasmique autant qu'il peut le trouver pathétique. C'est gratifiant, normalement, d'être moi. C'est la vie rêvée. C'est ce que tous les gens se perdent à espérer. Suis-je donc réellement un monstre de vouloir le conserver ? De désirer achever notre accident afin de poursuivre ce pourquoi on m'a toujours préparée ? J'en ai du mal à suivre le propre chemin de mes pensées. Isolée dans mon esprit diabolique à souhaits, et penchant à s'adoucir sous prétexte que c'est amoureux, qu'il est tombé. Et pas seulement mon esprit, ce sont chaque part de moi qui sont amoureuses de lui. Toutes mes infimes terminaisons nerveuses, toutes celles qui de vouloir me faire avorter m'en veulent. En manque de lui par avance, de ses mains, de sa présence.

    Je m'habille, toujours silencieuse, bercées par mes propres contradictions, ma rancœur en sa faveur, mon amour, mon déshonneur, incroyablement perdue dans l'instant. Dans le tumulte de notre relation, par le fait qu'il ne soit pas là. Parti alors que je pensais qu'il avait compris à quel point j'avais besoin de lui. Incapable de pouvoir lui expliquer. Coincée. J'ai un rire moqueur face aux sous-vêtements qu'elle a choisi pour moi, cotonnés, de petite fille qui veut se cacher, et non de femme qui tend à s'assumer, et cette robe longue, sans forme. J'en soupçonne ma gouvernante de vouloir me faire signer un vœux de chasteté. Elle a, d'ailleurs, ce timing parfait, parce que dans l'encolure de la porte, je la vois se planter, un plateau dans les mains, quand mauvaise je lui dis en prémices à ses désirs déjà exprimés. « Je n'ai toujours pas faim. » Je me refuse catégoriquement à avaler quoi que ce soit, refusant de ce fait de vomir encore. Elle soupire, et j'en fronce les sourcils, parce qu'à le faire, elle n'y est pas autorisée. Elle le sait, puisqu'elle se mord la lèvre, faisant un pas vers moi. Mon regard détaille alors ce qu'elle porte à bout de bras, ce n'est pas le plus grand des repas, au contrainte, un jus d'orange, un sandwich et une banane découpée, pourtant ça en suffit à faire gronder mon estomac. J'en serre les mâchoires, subitement agacée, quand je m'assoie sur mon lit aux couvre lit rosé. « Ok. » je crache, face à ses airs amusés, alors je ne peux pas de m'empêcher. « Mais ravale ton sourire. » Parce que même si je te tolère, je suis capable de te virer, même s'il m'a adoucie, mon ami précieux, je n'ai pas totalement changée. Elle pose le plateau face à moi, tandis que je rabats mes jambes en tailleur, contre moi. Et mes doigts portent à ma bouche le pain pré-coupé, en triangle, aussi bien que ceux que certains peuvent acheter en magasin.

    « Madame ? » Commence sa voix à me questionner, et d'un regard je lui signifie qu'elle se doit de se méfier de ce qu'elle pourrait demander. « Monsieur voudrait le garder ? » Tout en continuant de mâcher, je n'explique pas pour quelles raisons je hoche la tête positivement, peut-être que malgré moi, dans mon foutoir, je me cherche une alliée, quelqu'un qui pourrait me comprendre, se foutre enfin de mon côté. Que je n'ai plus cette impression d'être toute seule à crever. Il ne l'a jamais exprimé, puisque je ne lui ai jamais donné le choix, mais il le veut, c'est évident, profondément. Ses iris gravement posés sur moi, je continue de manger, bercée par la perdition de mes propres réflexions. Je le vois alors, ce moment où elle semble me prendre en pitié, celui que pourtant j'espérai. Il est tellement à gerber, qu'il me prend des envies de la frapper. Un domestique qui me plaint. C'est un comble, putain. « Mais c'est un problème bientôt réglé. » Alors il n'est pas question de s'attarder plus sur le sujet, je vais finir de manger, parce qu'elle ne semble pas disposée à quitter la pièce sans ça. Elle fait alors, un acte auquel je ne m'attends pas, elle s'approche, à petits pas, réitère ses mouvements comme lorsqu'elle est venue m'aider dans les chiottes il y a quelques minutes à peine, et pose sur mon épaule, sa main. Docile et compatissante comme rarement. Geste qui va à l'encontre de tout ceux que j'ai pu un jour recevoir chez moi. J'accuse le choc de l'action sans pouvoir dire quoi que ce soit, et sur moi elle effectue une faible pression. J'avale ma bouchée avec un mal certain avant de l'observer, récupérer le plateau et poser mon verre encore a demi plein sur la table de chevet. Abattue, j'en laisse mon corps basculer dans mon lit, je m'allonge, les paupières closes, mouillées. Dans mon désespoir égocentrique, je fais pitié. Je suis brisée. Et j'en rêve d'arrêter le temps. Maintenant. Trois, deux, un …

    « Madame ? » Combien de temps, déjà ? Combien de minutes perdues entre le sommeil, l'éveil et les pleurs ? Combien pour jauger de mon horreur ? Combien pour remettre de l'ordre dans mes idées. « Quoi ? » Balancé avec véhémence, dérangée, mise à nue. « Il l'a monté. » Plusieurs fois, j'ouvre et ferme mes paupières, assimilant avec difficulté. Il l'a monté, Serenity, d'accord, j'aurai du m'en douter, c'est donc pour ça qu'elle en viole encore mon intimité. Fatiguée. « Elle a gagné. » Étrangement, c'est d'abord un rire qui s'étend en mon corps, qui rapidement me dévore. Pas encore totalement revenue dans la réalité, persuadée que je suis en train de rêver. Fallait s'y attendre, j'avais prévenu, qu'elle était infecte. Il n'apprendra donc jamais à m'écouter. Mais mes moqueries sont soudainement troquées contre un autre sentiment, inattendu, quand je m'entends demander, alors que je me redresse pour la regarder. « Il est blessé ? » Sans ça, elle n'aurait jamais pris la peine, le risque, de me réveiller, à quel point, elle a pu l'abîmer comme je l'ai déjà fait ?
     


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    Lien du postSam 18 Juin 2016 - 11:36
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    Trop tard, elle est déjà bien loin lorsque j'ai le réflexe d'hausser la voix, porter un ordre qu'elle n'entend ou ne veut entendre vraisemblablement. Elle est déjà en haut des escaliers quand je me décide enfin à bouger pour m'empresser d'aller travestir les dégâts dont l'héritière aura tôt fait de se moquer d'un " je te l'avais dit " hautin et dont elle en a le secret. Il est évident qu'elle voudra avoir le dernier mot après ce regrettable incident qui pourtant aurait pu être évité si sa jument ne s'était cabrée à la vue d'un foutu blaireau sorti subitement d'un fourré. Mais je me rassure sur un fait: j'ai pour moi le mérite d'avoir essayé et n'en démords pas car tôt où tard je recommencerais.

    Alors attentif au bruit de ses talons qui annoncerait sa funeste approche, je me hâte dans le couloir, déboule nerveusement dans cette chambre immense qui - tout en crachant à son attention quelques jurons qu'il me siérait qu'elle entende - me fout le bourdon. C'est d'un blanc, d'une propreté nette et apparente dans laquelle je n'ai de place visiblement, mes fringues pour le week-end salopées jusqu'au dernier degré, jeans légèrement troué mais surtout souillé par endroits bien ciblés d'un vert éclatant que je ne me sens obligé de préciser. J'en dénote l'ampleur tout en essayant de me retourner, tâte encore hâtivement le textile abimé pour plonger les mains dans mon sac et d'en extirper de quoi me changer. Mais non, que je suis con... Bien loin de m'imaginer me vautrer dès la première chevauchée, je n'ai pensé à prendre un second pantalon. Des t-shirts et des sous-vêtements oui, mais rien qui pourrait m'épargner le genre de réflexions auxquelles je vais devoir répondre. Au dépourvu, j'empoigne donc un t-shirt pris au hasard et tente le tout pour le tout dans la salle d'eau mais voilà qu'un autre problème se pose. Les yeux rivés sur la seule serviette toute aussi éclatante que tout le reste, j'hésite à m'en emparer au risque de la souiller. Ce serait laisser une autre preuve de mon arrogance qui s'est avérée être d'une incroyable stupidité. Je n'y déposerais donc pas les doigts et me contente de mon t-shirt délabré pour, une fois passé sous la flotte, essuyer l'excédant de poussière et de sang coagulé sur mes traits. Le textile retombe dans l'eau stagnante de l'évier, légèrement teintée, pour dans un moment de solitude et par intermittence l'observer lui et mon reflet, les mains crantées sur le marbre. Il fallait que je réussisse, autant pour moi que pour lui souligner le fait que je suis capable de me démener dans son univers mordoré. " Et j'ai lamentablement échoué. " La tête basse alors, après quelques instants à relativiser sur ma condition de roturier par lequel elle ne veut se voir entachée, je ploie le genoux à la recherche de tout ce qui me permettra dans le meuble encastré de soigner mes quelques plaies. Mais là encore je fais choux blanc parce que ce n'est pas dans une chambre d'invité que l'on trouve généralement de quoi se soulager. Mis à part une corbeille garnie de savons et d'onguents pour les douches, il n'y a rien de vraiment très intéressent. Dans un geste de colère, la corbeille finit par valser sur le coté avant de se retrouver plongée dans le noir, les portes du battant refermées.

    Quelques échardes dans la paume venue s'écraser en première au sol durant le choc me rappellent tristement à la réalité... Dur de se branler ce soir si ce n'est avec la main gauche. Une fois n'est pas coutume mais sincèrement, même si je suis ambidextre, je serais frustré de ne pouvoir me satisfaire comme j'en ai l'habitude, condamné depuis quelques temps aux plaisirs solitaires de la chair. Une fois le nouveau t-shirt passé, c'est en chaussettes que j'erre dans le couloir en direction de l'aile opposée, celle qui est réservée aux membres de la noble lignée. Au moins là trouverais-je de quoi me panser en espérant ne pas tomber nez-à-nez avec elle. Qu'elle me laisse au moins le temps de me retirer ces épines venues se figer dans le creux de ma main parce que pour le reste, en ce qui concerne mes vêtements, hélas je n'y peux rien.

    Quelques mètres encore et c'est un bout de robe qui dépasse un peu plus loin d'une ouverture. Alors sans comprendre pourquoi, par réflexe très certainement, mes doigts viennent s'abattre sur la première porte rencontrée pour silencieusement m'y engouffrer, déformation professionnelle, refermant juste derrière moi et écoutant les bruits de pas qui s'estompent au fil des secondes.  Ce n'est qu'une fois la menace lointaine que j'en profite pour détailler l'endroit, beaucoup plus chic et apprêté que ce à quoi j'ai eu le droit. Rien n'est négligé. La pièce est entièrement décorée d'un gout surfait. Des tableaux, des tapisseries, des linges de lit de renom surpiqués des lettrines de la maison. Un peu plus loin c'est un dressing qui attire mon attention, entrouvert et faisant étalage avec prétention de nombre de costumes trois pièces et de robes de haute couture. La chambre conjugale de ses parents... Porté par la curiosité d'en apprendre d'avantage sur ceux qui ont cru un jour bon de me refouler faute de mon maigre patrimoine - s'ils savaient... - , je me permets à quelques pas, effleurent des doigts une photographie représentant cette famille recomposée, une petite étrangère, gamine à l'époque du cliché, entre eux tous bien habillés. Elle semblait heureuse à cette époque ou c'est ce qu'elle souhaitait déjà faire croire devant l'objectif. Bien loin de ce qu'elle peut éprouver aujourd'hui et ce à cause de moi et de ce que je lui fais quotidiennement endurer.

    Le cadre redéposé sur la commode, je m'octroie quelques secondes à contempler d'avantage encore l'endroit, n'ayant aucunement la permission de le fouler du pied mais cela est d'un tel réconfort, d'une telle justice que je ne vais pourtant m'en priver, allant même jusqu'à fouiller dans les papiers privés. Soyons francs:  cette petite virée, j'ai différents motifs de l'avoir acceptée. Aussi j'ouvre donc précautionneusement le pupitre qui doit à mon humble avis lui servir de bureau pour habilement y éplucher les quelques feuilles détachées, les pochettes ajourées. Mais je n'ai pas le temps nécessaire pour les étudier. Il me faudra revenir plus tard lorsque le manoir ne sera plus la scène de nos disputes perpétuelles. Lassé, blasé, j'avoue ne plus en voir le bout, la finalité, et ne sais comment arranger ce que j'ai pu, par fierté, saboter. Le secrétaire est refermé, peut-être plus bruyamment que lorsque j'ai voulu en éventrer les secrets, et contemple à nouveau les alentours pour admirer une autre photographie qui jalonne les nombreux dossiers. Y'a pas à chier, Annalynne est leur fierté, leur petite merveille qu'ils ont durant tant d'années façonnée selon leur propre modèle.
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