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Annalay / Janvier 2016

Je n'ai pas pour habitude de dormir dans son appartement et pour cause, il est un rituel au levé que je ne peux me permettre avec elle pour le moment. Plus depuis qu'elle a croisé Leanne sur mon palier et qu'elles ont échangé quelques mots malheureusement. J'ai dès mon réveil examiné mon bandage, qui ne sert plus à grand chose à présent, sauf peut-être à lui cacher un souvenir encore gravé alors que je n'ai toujours pas le droit de me faire tatouer. J'ai donc quitté ses draps aux aurores et profité qu'elle soit encore assoupie pour m'habiller, la regardant dans cet état profondément endormie avant de regagner la cuisine. Pas totalement dépaysé par ce décor, j'arrive facilement à trouver mes repères entre ce mur où j'ai voulu lui plaire et cette table où je l'ai couchée contre son gré. Autant de souvenirs qui me reviennent très souvent lorsque je fous le pied dans son logement et qu'il m'est toujours très difficile d'oublier. Des gestes que je ne pourrais jamais, je le crains, me pardonner.

Un mug dans la main, c'est sur sa cafetière de compétition que je m'attèle afin de trouver le di bouton. D'habitude, c'est toujours elle qui touche à cet engin et il faut bien avouer qu'à son fonctionnement, je n'y comprends strictement rien. Il y a effectivement celui de la mise en marche, facilement repérable. Mais dès que mon pouce le frôle, neuf autres s'illuminent presque aussitôt. « Bordel... » Je ne sais ce que j'ai du toucher mais trois d'entre eux restent allumés et la machine se met à cracher un jet de couleur brune et à l'odeur fortement aromatisée. Par réflexe, le mug est précipitamment flanqué en dessous mais quelques gouttes viennent s'écraser à coté.  

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Annalay / Janvier 2016

Ma main, délicate, glisse contre les draps, vides de sa présence, pensive, je me demande s’il m’a déjà abandonné, s’il est parti comme on le fait avec une fille d’une nuit, et en soupir, j’émerge d’une nuit passée à ses côtés. Bercée encore par les songes qui ont teinté mon sommeil, mon visage s’enfonce dans l’oreiller, refusant capricieuse de quitter cette place qui pourrait témoigner de cette relation adultérine que nous entretenons à présent, et qui rend ce quotidien partagé, des plus plaisant. Mais mon esprit déjà éconduit mon envie de rester au lit, et se concentre sur les bruits qui parsèment l’appartement. Inconsciemment je craque un sourire, forcée de constater qu’il est bel et bien encore chez moi. C’est le même contentement que je ressens à chaque fois, j’accuse mon ridicule cuisant, d’être dépendante de lui, malgré moi. Alors je me redresse, tandis que l’étoffe effleure ma peau dénudée, que par une de ses chemises je vais couvrir, nonchalamment. Quelques pas seulement, et je me retrouve accolée, au mur de la cuisine, observant son dos, l’aimant en silence. « Bordel... » Un ricanement s’échappe de ma bouche, croisant mes bras contre ma poitrine, au moment où il se retourne. Je laisse à mes prunelles le droit de le contempler, avant de pincer mes lèvres, pour finalement lui lancer, de cette façon mesquine, que même amants, officiellement maintenant, je ne pourrai censurer. « Tu comptes me demander de l’aide avant ou après l’avoir cassée ? » C’est sans attendre de réelle réponse que j’approche, atteint son niveau, sans y penser, ou peut-être un peu trop, effleure du bout des doigts son derme. Affectueuse de cette manière que j’ai encore du mal à trouver naturelle, délaissant sa hanche pour aller appuyer sur la cafetière et la calmer. « Un seul mug, hein. » Moqueuse autant qu’ironique, je ne m’attendais pas à le voir m’apporter un café au lit.  

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Annalay / Janvier 2016

Et alors que je cherche vainement de quoi essuyer les quelques gouttes tombées sur le plan de cuisine, un rire cristallin réveille en moi quelques instincts. Pris sur le vif, je ferme pensivement les paupières et prie pour que ce ne soit qu'un rêve mais la réalité est toute autre lorsque je me retourne et la vois m'épier, ce sourire enjoué de collé sur les lèvres. « Tu comptes me demander de l’aide avant ou après l’avoir cassée ? » Non et elle le sait car même sans notice, adepte du système D j'ai toujours su me débrouiller. Tôt ou tard, ta machine aurait cédé face à ma volonté. J'accuse donc sa réplique sans broncher lorsqu'elle s'approche pour me démontrer un peu plus de son affection en une petite attention qui me plait particulièrement de si bon matin. Mais le contact est fugace et des yeux, je suis le mouvement de sa main venir flotter au-dessus des différents boutons encore illuminés. Deux s'éteignent comme par enchantement et je dois faire preuve alors de considération. « Un seul mug, hein. »

C'est à moi à présent de tiquer car j'ai une fois de plus merdé. Alors pour me rattraper, je viens contre elle me coller et l'encadre, fais preuve de tendresse lorsque ma joue vient se déposer sur ses boucles et susurre comme excuse « Les vieilles habitudes... » Je n'ai pas encore saisi qu'elle a revêtu cette chemise avec laquelle je me suis présenté ici même la vieille. Et mes doigts courants sur l'étoffe jusqu'aux boutons qu'elle n'a même pas pris la peine de refermer entièrement, je ne cache pas que je suis tenté d'en dévoiler les formes. Mais un vieux souvenir passé, un texto oublié, une photo envoyée dans l'unique but de me faire chier ressurgissent tel un écho.   « N'en fait pas des chiffons de celle là. » Mes mains quittant le textile, il me faut palier à mon égoïsme et ouvre le placard en amont en quête d'une seconde tasse qui très vite à coté de sa jumelle trouve place.

  

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Annalay / Janvier 2016

Et alors qu’intérieurement encore, je ris doucement du fait qu’il n’a pas eu le réflexe de mettre deux tasses, c’est fière de moi, une fois la machine contrôlée, que je viens chercher ses prunelles pour – je me dois de l’avouer – un tant soit peu le narguer. Face à ma phrase, il semble dans un premier temps, perturbé, et redouble d’assurance quand son corps se rapproche du mien, électrisant mon être, irrémédiablement. Son visage proche de moi, j’expire lentement, ayant du mal encore à me faire à cette affection qu’on se démontre plus ouvertement, qui devient spontanée, qui a l’art et la manière de me faire perdre pieds. « Les vieilles habitudes... » J’arque un nouveau sourire, c’est un « désolé » muet qui me plait, même s’il n’a pas lieu d’exister, et avant de retrouver son regard lui réponds, amusée. « Evidemment. » De ce temps où presque pour un café, on se disputait, à définir lequel faisait le plus mauvais. Mais qu’importe, puisque déjà mon esprit s’étiole déjà, quand ses doigts s’aventurent un peu sur moi, la chemise plus précisément. « N'en fait pas des chiffons de celle là. » Je ne peux retenir un semblant de rire, devinant directement de quoi il s’agit ici. De celle que je lui ai emprunté, il y a quelques mois, quand on jouait encore à chat. Comme si je ne pouvais rien oublier, du début, jusqu’à ce matin. C’est grotesque, et parfois, je me déteste. Mais lorsque je le vois se mettre à la recherche d’une autre tasse, j’oublie tout simplement, et me contente de répondre à sa demande par la positive, en déposant sur son épaule un baiser furtif. « Promis, d’ailleurs, je vais de ce pas la retirer. » Avant de m’éloigner en direction de la salle de bain, seulement, je fais volte-face « Clay ? » Assurée d’avoir son attention à nouveau tout à moi, je lui intime, angélique. « C’est sans sucre pour moi. » Je mords un de mes sourires, et disparais de son champ de vision.

  

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Annalay / Janvier 2016

Etrange sensation que de comprendre à présent où toutes nos querelles nous ont amenés. Ce n'est pas que je les regrette mais parfois ces petites joutes me manquent. Il était si simple de lui cracher cet amour vache que de lui verbaliser à présent mes sentiments. Puis au plus profond j'ai cette cuisante sensation d'avoir changé. Rien que mes gestes parlent d'eux même puisque je ne me serais jamais permis autrefois de telles gentillesses envers elle. Mais je ne suis pas le seul que cette relation a transformé et preuve en est, ses rires mais surtout sa réflexion suite à ma demande.  « Promis, d’ailleurs, je vais de ce pas la retirer. » Ce n'est pas ce que j'avais demandé mais l'idée n'est pas pour me déplaire alors je préfère me taire. Mais lorsqu'elle fait preuve à nouveau de douceur, j'ai ce réflexe idiot de braquer la tête à son encontre, pas encore accoutumé à tant de tendresse.  Puis elle s'éloigne tandis que j'examine la fin du cycle du premier mug et quitte la pièce juste après avoir scander mon prénom, ce qui m'a fait aussitôt relever la tête dans sa direction. « C’est sans sucre pour moi. » Et tout naturellement je laisse s'échapper un rire à la pensée qu'elle puisse aussi aisément m'ordonner, déjà le doigt sur le même bouton qu'elle a juste auparavant effleuré. Le temps que finisse la préparation et les deux mugs en main, me complaisant sans y songer dans ce rôle de larbin, j'emprunte le couloir dans lequel elle s'est engouffrée. C'est dans sa chambre que je l'imagine m'attendre, allongée dans une parfaite nudité. Mais pas de corps alangui dans les draps froissés, juste le bruit feutré de l'eau s'écoulant dans la pièce voisine. « Mal...Anna? » Les vieilles habitudes... Délaissant le sien sur la commode de sa chambre, mes pas me conduisent jusqu'à la porte de sa salle de bain, retraçant ce chemin jadis emprunté le jour où elle m'a recueilli chez elle complètement bourré, réticent quelque peu à l'entrée puisqu'il s'agit de la pièce où je ne peux l'accompagner.
  

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Annalay / Janvier 2016

Encore toute sourire, ressentant toujours cet étrange sentiment de plénitude que je ne connaissais pas avant, et qui perturbe chacun de mes sens, ou bien de mes réactions, je m’éloigne dans la direction opposée à la cuisine, afin d’exécuter le fond de mes pensées. C’est-à-dire retirer, ce que je peux porter. Et mes pas me mènent, presque trop sereine, jusque dans la salle de bain, où c’est vrai, je l’imagine déjà me rejoindre, ce qu’il n’a pas fait encore à ce jour pour son stupide bandage, délaissant le café destiné à le réveiller pour venir s’adonner avec moi à d’autres occupations pour lesquelles on se montre on ne peut plus doués. Mais les minutes défilent, et c’est sous l’eau que je me permets finalement de patienter. Accueillant son côté brûlant sur ma peau, je me laisse quelques secondes pour tenter de mettre pause aux méandres de mon esprit qui n’ont de cesse de me murmurer au sujet de la situation, son étrangeté. Comment quelque chose peut-elle paraitre autant naturelle et irréelle à la fois ? Un château de carte qu’on est aussi bien lui que moi capable de détruire en un simple claquement de doigts. On essaie pourtant, mettant de côté ses réticences et ces réactions pleines de véhémence dont on a pu faire preuve jusque là. Et malgré le bruit de l’eau qui martèle mes tympans, j’entends, assez lointaine, sa voix qui m’appelle. Alors, j'ouvre la cabine de douche, nouvellement pudique, ne laisse passer que mon visage que je penche, sur le côté. Accusatrice, je lui dis sans trop être sérieuse. « Tu l’as cassée, c’est ça ? » En secouant la tête de façon négative, je retourne ensuite sous le jet d’eau que je n’ai pas arrêté depuis qu’il est arrivé, laissant tout de même la porte à demi ouverte, afin d’entendre mieux au moment où il parlera à nouveau. Prenant du shampooing entre mes mains, l’appliquant, presque trop méthodiquement. « J’imagine que le grand blessé ne va pas me rejoindre ? » Etant donné qu’il reste planté devant la porte sans trop bouger, docile, comme jamais.
  

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Annalay / Janvier 2016

Quelques secondes encore et je l'aperçois ouvrir la baie vitrée de la cabine d'où j'avais peine jusque là à distinguer ses courbes. Mais curieusement elle ne souhaite pas les dévoiler à ma vue ce qui me surprend. Je ne souhaite pas de cette pudicité dont elle n'a jamais fait preuve jusqu'à présent et irais volontiers la tirer de la douche si je n'étais porté par une autre crainte. « Tu l’as cassée, c’est ça ? »  J'en fronce naturellement les sourcils, mon attention abaissée sur ce que retient ma main. De quoi parle-t-elle, de sa tasse ou de la cafetière? Et lorsqu'enfin la réponse s'impose d'elle même et que je vais pour lui répondre, mes yeux se heurtent à une fine brume ayant remplacé les fins traits de son visage. Alors ostensiblement j'hausse les épaules car nulle répartie n'est possible pour m'approcher du miroir, buvant quelque gorgées de son café, toujours aussi infecte soi-dit au passage, mais devenu étrangement et ce depuis quelques temps plus aérien. Ce n'est pas de sa faute et je le sais à présent. Il est juste à noter que je n'apprécie pas les arabicas corsés qu'elle a l'habitude de consommer, sans doute dans l'optique de tenir des nuits entières éveillée. « J’imagine que le grand blessé ne va pas me rejoindre ? » Effectivement, je ne viendrais pas me mouiller, pas au risque de la blesser inutilement et pour une connerie que je souhaite au plus tôt réparer. « T'as tout juste. L'infirmière a dit pas avant la fin du mois. » Admirant le reflet de la cause de mon refus, je dépose la tasse de coté pour venir juger une dernière fois de sa tenue.  

   La bande est légèrement distendue, rien d'étonnant au regard de la nuit que nous avons passée. Une dernier coup d'œil sur la porte de douche laissée entrouverte et je plie le genoux dans l'espoir de trouver de quoi la rafistoler dans un placard. Mais là où d'ordinaire moi j'aurais rangé de quoi me soigner, elle a entassé laque et divers produits de beauté. Une simple bande extensible me suffirait mais c'est sur une boite bariolée que je m'attarde et me redressant, l'objet entre les mains, je me pose contre le lavabo pour ne pas lui cacher mon étonnement, réaction quelque peu exagérée dans l'unique but de la faire sortir de cette cage que je ne peux forcer:  « NETT BODY ADAPT Plus?!  »

  

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Annalay / Janvier 2016

Tandis que de mes doigts, je m’attèle à répandre de la mousse sur toute ma chevelure, à ma question sur le possible fait de le voir m’accompagner, je l’entends me répondre, quelque chose qui provoque un agacement fugace en mon intérieur. Jalousie ou un soupçon de rancœur. « T'as tout juste. L'infirmière a dit pas avant la fin du mois. » Et il me donne l’impression d’être arrogant en plus de ça. Tout en continuant de frotter mes cheveux entre eux, je me mords la langue afin de ne pas répliquer, m’autocensure pour ne pas déclencher une dispute dont on peut aisément se passer. Je me contente au final de lui lancer, condescendante à souhait. « Tant pis pour toi. » Retenant ma respiration peu de temps à la suite de cela, pour rincer le savon qui traine ça et là, mousseux, sur moi. Galvanisée par l’eau bouillante tombant sur moi, je ne réalise pas de la quête dans laquelle il vient de se lancer, me contentant de fermer mes paupières parfois pour ne pas être aveuglée.

« NETT BODY ADAPT Plus?! » Mes mouvements dans leur élan sont stoppés, et c’est d’abord un soupir, énervée, qui s’échappe de mes lèvres, tandis qu’à nouveau je me penche, dans le but de le regarder. Il tient donc entre ses mains, une boite de tampons. Bon. Ce n’est pas comme s’il ne se doutait pas comment une fille fonctionne, mais je dois avouer, que je n’étais pas forcément prête à dépasser les limites de notre intimité aussi rapidement. Ayant tenue presque six mois dans son appartement tout en évitant le sujet, ce n’est pas à présent que nous sommes … ce que nous sommes que je me sens plus prête à passer le pas. « Flash info, je suis une femme. » Je lui balance dédaigneuse. « Et à moins que ce ne soit pas avec toi que j’ai passé la nuit, je peux affirmer que tu n’as pas besoin de ça. » En clair, je n’aime pas franchement qu’on touche à mes affaires. Le pire, c’est qu’il le sait, sur ce point, on se ressemble.


  

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Annalay / Janvier 2016

Les petites notifications sur la boite ainsi que le schéma présent me font gentiment sourire lorsqu'elle réagit et me fait grâce de sa présence une autre fois encore, son visage dépassant de la porte vitrée. Mais ses traits se font durs et contrariés, et ses phrases arrogantes à souhait. Alors lorsqu'elle me lance subtilement: « Flash info, je suis une femme. Et à moins que ce ne soit pas avec toi que j’ai passé la nuit, je peux affirmer que tu n’as pas besoin de ça. », je la remercie silencieusement de ce sous-entendu, de ce compliment dont elle n'avait sans doute pas l'intention de me gratifier. Néanmoins j'ai bien compris à son intonation qu'il s'agit d'un reproche et ma main allant chercher le mug dans mon dos, je me permets une autre réflexion à voix basse. « Pas que pour cette nuit j'espère...»  Mais une fois la tasse à portée de mes lèvres, mon geste se fige pour déclarer plus fort sur le même ton qu'elle a emprunté: « Flash info, je suis un homme. Et j'apprécierai que ma...ma compagne ne se cache pas inutilement de mon regard derrière une vitre opaque. »

 Le gout du café quand à lui me fait presque instantanément perdre toute assurance. Il en faut de peu finalement pour influer mes sens et ce serait avec joie qu'il rejoindrai les eaux usées via l'évacuation derrière moi si son regard n'était venu à nouveau affronter le mien. Alors me redressant en le déposant à coté, la boite de tampax toujours fièrement ancrée dans la paume, je fais quelques pas vers elle en espérant qu'elle se décidera à venir me l'arracher des mains. Et comme pour l'y inciter d'avantage, je me remets à lire ce qui y est écrit en caractères minuscules, statique à un bon mètre, « Nett compact pour une protection ultra confortable... ». Puis je marque un temps d’arrêt avant de la lui tendre de quelques centimètres dans un geste qui se veut tout sauf sincère et la provoque ouvertement « Je continue ou tu souhaites venir la récupérer ? »

  

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Annalay / Janvier 2016

Replongeant mon visage sous le jet, j’aspire à l’entendre remettre en place ce qu’il arborait fièrement en main mais c’est une autre chose qui fait son chemin, palliant à la surdité de l’eau dans mes tympans, un vœu de sa part à mon égard. « Pas que pour cette nuit j'espère...» La vérité, c’est que nous sommes deux à le faire. « Flash info, je suis un homme. Et j'apprécierai que ma...ma compagne ne se cache pas inutilement de mon regard derrière une vitre opaque. » Et que j’arque un sourire des plus niais, me radoucissant sans y songer, persuadée, comme une idiote, que c’est une bataille que j’ai gagné. « Ta compagne. » c’est une idée qui me plait, même si sa fierté a eu du mal à laisser passer le mot sur sa langue. Mon regard vient à nouveau chercher le sien, amoureusement, afin de commenter ses dires sur ma nudité, dont il ne peut pas profiter, fait qui de toute évidence semble le frustrer. Mais je reste silencieuse, quand mes prunelles se posent sur tout autre chose que lui, constatant avec exaspération qu’il n’a pas lâché la boite. Automatiquement, je le fusille à nouveau, me demandant sérieusement ce qui lui prend. Je n’ai même pas le temps de réitérer ma demande de voir les protections disparaitre, puisque l’imbécile heureux se rapproche à une distance plus que calculée et commence à lire ce que sur cette boite il est imprimé. « Nett compact pour une protection ultra confortable... » Je vais le tuer.

Son bras se tend, et se traduit de cette manière son amusement, augmente mon propre agacement. Il ma nargue, clairement, et je fulmine intérieurement. « Je continue ou tu souhaites venir la récupérer ? » J’hésite un instant, me demandant s’il est réellement sérieux, où s’il veut seulement me faire un peu plus enrager et lorsqu’il tourne la boite dans l’autre sens afin de commencer à décrire la façon dont il faut se servir de l’applicateur, j’en ai un haut le cœur, je peux assurer, que ça me fait sortir de la cabine de douche, et d’oublier toute envie d’être pudique, toute gêne. « Ce que t’es con. » Je prononce en m’approchant finalement, tentant malgré ses bêtises de lui arracher le rectangle des mains. Je ris de la situation et lui intime autoritaire sans l'être vraiment « Donne. » Accrochant au passage, de mes ongles son bandage. Déjà étiré par notre nuit, il n’en faut pas moins à ce dernier pour glisser. Si je parlais d’avoir envie de vomir précédemment, ce n’est rien comparé à ce que je ressens à présent que mes iris sondent ce qu’ils entrevoient. « Am … » Je m’étrangle sur la fin, p.u.t.a.i.n.