Parfois je me demande comment Clea a put à ce point me décevoir en intronisant dans notre famille un tel queutard. Je n'ai certes rien à lui reprocher vu mon passif quoique je n'ai jamais eu l'indélicatesse d'en tromper une en ce qui me concerne. Et bien qu'elle m'ait fait promettre de ne plus remettre sur le tapis ce sujet avec elle, j'ai encore fort heureusement le droit d'en parler ouvertement lorsqu'elle n'est pas présente. Alors quand elle nous a convié à un petit week-end en montagne dans le chalet familial en usurpant à la volée mes clefs de voiture juste avant de me quitter, j'ai vite compris que j'allais tomber dans un gué tapant par ses soins proprement tissé. Clea... petite futée. Soit, l'heure venue, quand je le vis m'attendre en bas de mon bâtiment, c'est en lâchant un profond soupir d'exaspération que je finis par m'approcher, maudissant le propre prénom de ma sœur pour ce qu'elle allait me faire endurer. Encore plus lorsque je vis qu'elle n'était pas à l’intérieur de sa voiture tout en lâchant mon sac à dans le coffre. Alors en rejoignant Boden coté passager dans l'habitacle, je me permis la question suivante: « Elle est où Clea?  » , ayant le droit à quelques explications.

Si tôt rivé dans la voiture que les hostilités commencent à fuser élégamment. "Elle est au chalet, Elle voulait finir le repas..." Parce qu'en plus ma sœur lui sert de bonne. Enfin, je ne dirais rien puisqu'il s'agit aussi de ce que je vais dans quelques temps déguster. Clea et ses doigts de fées, ses talents culinaires si.....variés. J'ai bon souvenir qu'elle cuisinait très mal autrefois lorsque nous étions à peine sortis de l'adolescence. Alors en plus de devoir me payer les jérémiades de leur couple, les bisous bisous et autres signes affectueux qu'ils vont sans cesse démontrer, je vais risquer l'intoxication alimentaire. Remarquez qu'une fois cloitré au pieu, je n'aurais plus à le supporter et Clea sera dans l'obligation d'être aux petits soins pour son frère alité. L'idée me parait soudainement de plus en plus aguichante puisque dans ce cas, ça devrait bien le faire chier.   «   J'imagine que ça doit bien te faire chier » de me prendre ici sur les ordres de Madame qui a voulu nous réunir... une fois de trop sans doute. « Si ça peut te rassurer, moi aussi » , je ne suis pas follement enthousiaste à l'idée de passer trois quart d'heure en ta compagnie. Alors bouclant ma ceinture je nous observe quitter les lieux et prie silencieusement le bon Dieu, caressant ma croix que je porte continuellement autour du cou pour qu'il abrège au plus vite ce trajet, direction les collines.

Deux doigts pianotant sur ma barbe pensivement, je me dis qu'il y a matière à réflexion parce que rentrer à pied là maintenant, c'est Clea qui le lui ferait regretter amèrement. Mais ce serait aussi lui tourner le dos et abdiquer, ce à quoi je me refuse catégoriquement.  '' T'as l'intention de me faire un procès lieutenant ? Me passer en revue mon dossier? " Et machinalement je me retourne vers lui, délaissant les ruelles qui défilent et ces pavés à perte de vue qui nous encerclent, décors urbain auquel nous allons bientôt dire adieu. « Pourquoi? Y'a des faits nouveaux? T'en a sauté une autre?   »  Sans attendre de réponse de sa part je prends mes aises, ayant un peu gagné l'avantage de cette joute verbale. Et cela même s'il s'agit de sa voiture, j'en profite pour me déchausser sans gêne. D'une main libre je tâtonne à l'aveugle quelques secondes le coté de mon siège pour enfin trouver comment régler son inclinaison.

Toucher à ses affaires devrait un peu plus l'exciter mais c'est un peu le but recherché je l'avoue. Alors voilà que je modifie l'agencement de l'habitacle, couchant au max le siège auquel je suis adossé pour feindre un repos bien mérité. Mais après quelques minutes d'immobilité, je finis par me redresser. «  Fait froid ici... Ou ça vient de moi? » Je ne peux encore réfréner l'envie de l'emmerder lorsque mes doigts viennent pianoter sur l'écran tactile pour augmenter la température ambiante de quelques degrés.

'' Non aucun méfaits nouveau, et non je n'est pas trompé ma femme.'' J'ai braqué mon regard aussitôt sur lui et sur cet évènement qu'il tente certainement d'oublier. Coucher, embrasser, dormir avec une autre alors que tu es censé n'appartenir qu'à une seule, c'est du pareil au même pour moi. Puis il y eu ce moment où j'ai voulu retrouver un peu de sérénité sans quoi certainement je l'aurais emplafonné. Alors à ma question sur la température, il répond l'air de rien, comme si cette animosité installée entre nous s'était d'un seul coup envolée. C'est étrange d'ailleurs comme ressenti car s'il n'avait été aussi con en embrassant je ne sais plus qui il y a quelques temps maintenant, il aurait put être à la hauteur de mes attentes, rien que parce qu'il conduit une Aston par exemple. Et alors que j'examine la finition de l'habitacle, je me dis qu'elle vaudrait presque mon i8. D'ailleurs, comment lui a pu s'offrir un tel bijoux, je me le demande. Il est étudiant en médecine si je ne m'abuse mais il est vrai que je ne connais pas grand chose de la belle famille, je ne me suis jamais posé de questions.

Alors je tente de fermer les yeux une fois la régulation modifiée mais rien n'y fait, je n'ai pas assez confiance en Boden pour fermer l'œil même si j'imagine que cette voiture, il doit y tenir plus qu'à sa femme.   " Tu te sens mieux? la chaleur à atteint ton égo? '' Il tente de faire ami-ami le Clooney. «  Pas encore  » que je lui réponds direct en souriant vilement. « Mais j'aimerais savoir comment un étudiant peut se payer une telle caisse. Ca rapporte le trafic d'organes...  »

Spoiler:

Appelez çà une déformation professionnelle. Il est vrai que j'ai tendance à me mêler de ce qui ne me regarde pas, à foutre mon nez dans des affaires alors que je ne devrais pas. Mais c'est de l'avenir de la famille dont on parle et du bonheur de Clea. Alors quand je l'entends me répondre qu'effectivement il vend des rognons, j'ai juste envie de lui rappeler qui est le plus respectueux dans cet habitacle. '' Mon père m'a offert cette voiture à mon entré en médecine à Yale... et il a les moyens pour le faire.'' Fils de bourge... Voilà pourquoi depuis le premier jour, depuis le premier regard échangé je ne peux l'encaisser, mon instinct ne m'ayant pas trompé. J'exècre au plus haut point la mondanité, tous ces fils de pontes friqués qui n'ont jamais eu à lever le petit doigt pour réaliser leurs souhaits tandis que certains crèvent de froid le soir, sans un toit. Ma main se resserre indéniablement sur la poignée de la portière lorsqu'il rajoute sereinement '' Mon père est Ministre à Londres et ma mère est pédiatre...mais tu t'en fou..'' Pas totalement. '' Autre chose que tu veut savoir pour te donner satisfaction que je suis pas le bon mec pour être le mari de ta sœur?'' Il faut l'admettre elle sera à l’abri du besoin plus tard ainsi que leurs enfants d'ailleurs... Et cette même pensée m'écœure puisque que je réalise étrangement qu'une propre partie des miens fera l'objet de mon aversion prochainement. «  Content de savoir qu'elle sera friquée lorsqu'elle aura divorcé. »