Je n'ai jamais vraiment fonctionné comme ces nanas qui voulaient attendre des années avant d'être sûres de leur "amour" envers leur petit ami. Pour moi, c'était quelque chose qui se sentait directement, et jamais mon coeur n'avait battu comme il battait pour Jude, même encore maintenant, quatre mois après notre première rencontre. Il avait su percer mes défenses avec une facilité déconcertante, et je me souviens encore du cri de victoire d'Apple, lorsque, au téléphone, je lui ai confié qu'elle avait eu raison en disant que nous pourrions nous entendre, son meilleur ami et moi. Elle m'avait à peine confié quelques détails sur lui, et après un soir au restaurant, j'avais l'impression de déjà le connaître bien. Après cette soirée dans le parc, à parler vaguement de nos passés, à regarder les étoiles, je me souviens être rentrée toute chamboulée. Et aujourd'hui, j'étais intimement convaincue que les choses étaient faites pour se passer ainsi. Jude devait me rencontrer, et vice versa, et nous étions faits pour être ensemble. Et même si ça pouvait paraître débile, et même gamin vu que je n'étais même pas majeure, mais je ne voulais aucun autre petit copain. Beaucoup disent qu'il ne faut pas s'arrêter dès la première expérience, rencontrer d'autres hommes, profiter de sa jeunesse... Mais je ne voyais pas les choses de la même façon. Trouver l'homme parfait, ça ne se fait pas souvent, et pour moi, Jude incarnait tout ce que je cherchais. Alors oui, j'affirmais haut et fort sous son nez, devant lui, que s'il me kidnappait pour m'épouser à Las Vegas, je ne me débattrais pas. « Sérieux… ? » murmura alors Jude , visiblement surpris, bouche bée. Je me pinçais la lèvre et hochais la tête à l'affirmative. J'enchainais en manifestant combien j'étais sérieuse. Il pouvait me demander n'importe quoi, je savais déjà que je dirais oui. Quitter Harvard et les Etats Unis pour un autre pays ? Je coche. Se marier sur une ile et faire cinq enfants ? Je coche. Faire le tour du monde à vélo ? Je coche encore. N'importe quoi, j'étais capable de tout et n'importe quoi, et après l'enfance pourrie que j'ai eue à ne rien pouvoir faire, croyez moi, j'étais capable de beaucoup. Jude fronça les sourcils, baissant les yeux, et je me mordais la lèvre inférieure en me demandant un moment si je n'aurais pas mieux fait de me taire. Mais non, autant être honnête dès le début, si ça devait me faire passer pour une folle, soit. Jude resserra son étreinte autour de moi, et je me blottis contre lui sans le quitter du regard, devenue étrangement bien sérieuse d'un coup. « Attends… tu serais prête à épouser un gars que…tu connais depuis seulement quatre mois ? » Je me pinçais la lèvre alors qu'il poursuivait en se retenant de rire : « Qui te dit que…je ne suis pas un fou psychopathe qui en fait attend juste le bon moment pour te tuer derrière un buisson et jeter ton corps dans le lac ? » Je secouais la tête en riant légèrement, avant de lever mes deux mains pour encadrer le visage de Jude entre celles ci. Je posais mon front contre le sien. « La durée ça ne représente rien tant qu'on sait que c'est le bon ... Et quand on sent qu'on ne veut jamais quitter une seule et unique personne... » Après un moment, j'ajoutais avec un demi sourire, en riant légèrement : « Et je sais que non, tu n'es pas un fou psychopathe qui veut me tuer pour me jeter dans le lac .. Sinon tu aurais pas été me chercher à Phoenix .. Et tu te serais pas occupé de moi ... » Je baissais mon regard sur mon épaule, où se trouvait la cicatrice de ma blessure datant maintenant de quelques mois.

JUDANNA

" We accept the love we think we derserve "

J’avais très vite compris, dans son regard, que le fait que je sois venu la chercher jusqu’à Phoenix après son agression, l’avait touchée, et peut-être même surprise. Mais j’espérais que jamais, je n’aurais à vivre à nouveau ce que j’avais vécu pendant ses plusieurs jours où je n’avais eu aucune de ses nouvelles. J’avais tout de suite senti, que quelque chose c’était passé, que quelque chose ne tournait pas rond, et j’avais eu raison. Mais je crois que jamais, je n’avais eu aussi peur de toute ma vie, et même si j’avais été effrayé, même si j’avais été inquiet, j’avais été aussi, pendant quelque temps, terriblement en colère contre elle. Comment avait-elle pu s’imaginer qu’elle pourrait me laisser, comme ça, en se laissant mourir à des milliers de kilomètres ? Comment est-ce qu’elle avait pu croire, que j’allais repartir en la laissant là-bas comme elle me l’avait demandée quand je l’avais retrouvée dans cette salle de danse poussiéreuse ? Je lui en avais voulu pour avoir même seulement eu la penser de m’abandonner. Mais ça, je ne l’avais jamais laissé paraitre, je ne lui avais jamais rien dit, parce qu’elle passait en premier. A partir du moment, où je l’avais rencontré, elle passait en premier. Je ne voulais pas qu’elle ait à subir mes tendances toxico, alors j’avais arrêté la drogue. Quand j’avais dit à Roxanna de rester loin de moi, c’était pour elle au départ, même si je n’étais pas sûr qu’elle l’avait compris. Tout, tout ce que je faisais, je le faisais en pensant à Roxanna d’abord. Elle était la seule chose qui me préoccupait, la seule chose qui me maintenait en vie. Et peut-être que c’était pour ça, que dans un sens, m’engager avec elle ne me ferait pas peur : parce que, dans le mariage, le truc, c’est de faire passer l’autre avant soit, non ? Et bien c’était ce que je faisais déjà. Je commençais à lui dire que j’étais peut-être un psychopathe, et je me sentais totalement idiot après avoir sortie une absurdité pareille. Mais je crois que j’étais vraiment, vraiment étonné de sa réponse. Et que ça me faisait, dans un sens, peut-être un peu paniquer et donc, dire n’importe quoi. J’avais toujours été comme ça : dès que quelque chose me perturbait, je me mettais à devenir un moulin à parole qui enchaine connerie sur connerie. Un sourire se dessina sur mon visage lorsque Roxanna plaqua ses deux mains sur mes joues, encadrant mon visage doucement sans me quitter du regard. « La durée ça ne représente rien tant qu'on sait que c'est le bon ... Et quand on sent qu'on ne veut jamais quitter une seule et unique personne... » Je me pinçais la lèvre, et je me demandais si elle se rendait compte à quel point ça me touchait, ce qu’elle me disait. « Et je sais que non, tu n'es pas un fou psychopathe qui veut me tuer pour me jeter dans le lac .. Sinon tu aurais pas été me chercher à Phoenix .. Et tu te serais pas occupé de moi ... » Je souris et je glissais mes doigts sur la petite cicatrice laissé sur son épaule. Décidément, nous étions tous les deux bourrés de cicatrices : j’en avais maintenant deux sur le dos, quelques-unes sur les bras à cause de la drogue et elle, sur les bras aussi et maintenant sur son épaule. Je relevais mon regard vers Roxanna, et j’approchais mes lèvres des siennes pour l’embrasser un peu, murmurant calmement, « J’serais toujours là pour m’occuper de toi… » Je souris, gardant mes lèvres près des siennes avant d’ajouter, « Dans…la pauvreté et la maladie…la joie et les difficultés… » Je m’arrêtais un instant, « C’est comme ça qu’on dit, non ? » Je ris un peu et j’haussais les épaules. « Je sais que t’es la seule et l’unique personne que je ne voudrais jamais quitter… jamais… »

Il m'avait fallu quelques semaines - et quelques séances chez le psy - avant de réaliser combien j'avais agit irraisonnablement ce soir là, quand je suis partie jusque Phoenix avec ma voiture après notre agression avec Billie, pour m'y laisser tout simplement mourir. Je me rappelle que le psy m'avait particulièrement sensibilisé sur les personnes que j'aurais laissé derrière moi, en partant tout simplement sans prévenir. Et immédiatement, je m'en étais voulu terriblement pour Jude, que j'aurais clairement abandonné. Abandonné, alors que je savais qu'il voulait se foutre en l'air, avant de me connaître. Je l'aurais laissé, et il n'aurait jamais su ou je serais partie, ou pire encore, Billie lui aurait indiqué ou aller trop tard, et n'aurait retrouvé dans cette salle que mon corps froid et vidé de toute vie. Je me sentais horriblement égoïste quand j'avais songé à cela, et je m'étais promis, de ne jamais abandonner Jude à partir de cet instant. D'où ma violente réaction lorsque c'est lui qui a décidé de me tenir à distance, alors qu'il était mourant à l'hôpital. Je ne supportais plus, d'être loin de lui, et encore plus quand il se sentait mal. Alors oui, quoi qu'il me propose, je comptais bien lui coller aux baskets, et jusqu'au bout. Comme on dit, "jusqu'à ce que la mort nous sépare", même si dans les films j'ai toujours trouvé cette phrase très bateau. Jude fit un sourire, et glissa doucement ses doigts le long de ma légère cicatrice sur mon épaule. Je relevais mon regard vers lui, demeurant immobile. Il était le seul que je laissais faire, s'il approchait de trop d'une de mes cicatrices. D'une part, parce qu'il avait passé un moment à panser deux d'entre elles, et deuxièmement, parce que ... parce que c'est Jude, tout simplement. Jude releva son regard vers moi, et j'esquissais un sourire en coin en m'approchant également de lui pour l'embrasser. J'étais décidément capable de passer la nuit au milieu de cette forêt, assise comme ça, ça m'allait parfaitement. Jude murmura en décollant à peine ses lèvres des miennes « J’serais toujours là pour m’occuper de toi… » Je penchais doucement la tête en avant pour l'embrasser encore une fois, alors qu'il continuait, nos visages à quelques millimètres l'un de l'autre : « Dans…la pauvreté et la maladie…la joie et les difficultés… » Jude s'arrêta un moment, alors que mon sourire s'agrandissait. « C’est comme ça qu’on dit, non ? » J'éclatais de rire, reculant un peu mon visage pour me recaler correctement dans ses bras. Jude haussa les épaules avant de dire : « Je sais que t’es la seule et l’unique personne que je ne voudrais jamais quitter… jamais… » J'arrêtais alors de rire, bouche bée devant sa phrase. Sans doute encore une fois avais-je rougit, comme à chaque fois qu'il me faisait un compliment. « Je t'aime Jude … » Je me pinçais la lèvre en riant nerveusement, avant d'ajouter en haussant les épaules à mon tour : « En fait ... J'crois que j'pourrais jamais trouver de mot suffisamment fort ... Je t'aime c'est pas assez... » Je ris légèrement avant d'ajouter : « Ceci dit ... T'es pas un fou qui compte me tuer et jeter mon corps dans le lac, hein ? »

JUDANNA

" We accept the love we think we derserve "

Dévoiler mes sentiments, ça n’était pas ce que je faisais de mieux. Au contraire même, je détestais dévoiler ce que je ressentais, ça n’était vraiment pas dans mes habitudes. Après la mort de ma mère, et la mort de Kyle, mes amis – dont Apple – m’avaient vivement conseillés d’aller voir un psychologue. Etant en études de médecines, je n’avais pas tellement les mêmes préjugés que les gens peuvent avoir sur les psychologues. Le problème, c’était que je ne voulais pas me retrouver assis devant un inconnu, aussi compétant celui-ci pouvait-il être, pour lui raconter ce que je ressentais. J’avais toujours cru que dire, même à voix haute, ce qu’on peut ressentir, n’aiderait pas forcément. C’est vrai, à quoi cela pouvait-il servir ? Mais depuis que j’étais dans ma relation avec Roxanna, je crois que j’avais besoin de lui dire certaines choses. Une des bases du couple, est la communication, n’est-ce pas ? Surtout que nous n’étions plus des adolescents de dix-huit ans qui vivent une petite amourette de jeunesse. Je voyais ma relation avec Roxanna comme une relation durable dans le temps et à vrai dire, j’avais du mal à me voir avec une autre femme qu’elle quand j’osais me projeter dans l’avenir. Je savais que les gens disent qu’il faut rencontrer beaucoup de personnes avant de trouver la bonne, qu’il faut profiter de sa jeunesse. Mais était-ce vrai à chaque fois ? Je trouvais en Roxanna, quelque chose que je n’avais jamais su trouver chez toutes les femmes que j’avais déjà rencontré jusqu’ici et, croyez-moi, des femmes, j’en avais rencontrés. Cette fois, c’est elle qui eut l’air totalement bouche bée face à ce que je venais de dire. J’avais été moi-même étonné de l’entendre me dire que j’étais la seule et unique personne qu’elle ne voudrait jamais quitter. Je n’avais fait que lui retourner sa phrase, parce que je le pensais aussi. Et même si au départ, je prenais cette relation comme…une simple rencontre qui m’avait aidé à m’accrocher à la vie, aujourd’hui, je pouvais affirmer haut et fort que j’étais certains que Roxanna était la femme de ma vie. « Je t'aime Jude … », dit-elle après avoir eu les joues tourner au rouge tomate. C’était quelque chose qui me faisait toujours rire : la capacité que j’avais à réussir à la faire rougir aussi…facilement ? Elle avait l’air soudainement terriblement nerveuse, et je pouvais comprendre ça, car je me sentais nerveux aussi, à l’idée de lui dire tout ça. « Je t’aime aussi…tellement… » Je souris, j’avais eu peur qu’elle parte en courant mais non, elle était encore là, et l’idée qu’elle partage les mêmes pensées, les mêmes envies que moi, me remplissait d’une joie indéfinissable. « En fait ... J'crois que j'pourrais jamais trouver de mot suffisamment fort ... Je t'aime c'est pas assez... » Je ris légèrement avec elle, ne quittant pas d’une seule seconde son regard plongé dans le mien. Je sentais même mon cœur s’accélérer légèrement. « Ceci dit ... T'es pas un fou qui compte me tuer et jeter mon corps dans le lac, hein ? » Je souris et j’hochais la tête négativement, glissant mon doigt sur sa lèvre inférieure en me pinçant la lèvre et je finis par murmurer, « Non…je ne compte pas te tuer et jeter ton corps dans le lac…par contre…. Si j’suis fou…c’est bien de toi… » Je ris un peu et j’approchais mes lèvres des siennes calmement pour l’embrasser quelques secondes. Je finis par me reculer et je baissais le regard vers elle, « T’a pas froid comme ça… ? J’peux te filer ma veste si tu veux… » Je souris timidement, une petite couverture ne devait pas la réchauffer tant que ça, et même si il faisait plutôt chaud la journée, les soirées étaient beaucoup plus froides.

M'entendre dire Je t'aime à quelqu'un est d'une rareté incroyable, quand on y repense, puisqu'avant Jude je ne l'avait dit qu'à deux personnes. Ma grand mère, qui avait été la seule à m'élever pendant les quinze premières années de ma vie, puis Billie, mais c'est un je t'aime avec une tout autre signification, puisqu'elle est ma meilleure amie, mais que nous avons toutes les deux une grande affection l'une envers l'autre. Néanmoins, et ça personne ne dira le contraire, chacun de mes je t'aime, amicaux ou plus, étaient rares, et je crois que Jude est la personne qui y a eu le plus droit en un si court laps de temps. Et je comptais bien lui répéter encore et encore, pour être sûre qu'il n'oublierait jamais la nature de mes sentiments pour lui. La première fois que je lui avait dit, le soir du bal de la Saint Valentin, je me souviens avoir eu le déclic au moment ou lui me l'avait dit en premier. Seule, je n'aurais jamais été capable de me décider à laisser ces mots franchir mes lèvres, bien que je le pensais déjà depuis un moment. Jamais je n'y aurais cru, et d'ailleurs, je me souviens encore que Jude non plus, n'y croyait pas au départ, lors de notre première conversation, alors qu'Apple s'était mis en tête de nous caser tous les deux. "Oui, cette petite chipie sait ce qu'elle veut, et elle s'est mise dans la tête que de me faire tomber amoureux, ça pourrait me "sauver" !" m'avait-il alors dit ... Et au final, elle a fait d'une pierre deux coups ... Elle nous a tous les deux sauvé, alors que nous, les deux principaux concernés, nous n'y croyions pas. Tout avait changé, grâce à elle. Et d'entendre Jude me le répéter ... « Je t’aime aussi…tellement… » ... Ca valait tous les trésors du monde. Il fit un sourire, et je l'imitais, immédiatement. Après la séquence émotion, je ne put m'empêcher de sortir une connerie, demandant si malgré tout Jude n'était pas un psychopathe attendant une occasion quelconque pour me tuer. N'empêche, quelle bêtise il avait pu me balancer tout à l'heure ! Jude sourit, et secoua la tête de gauche à droite avant de glisser son doigt le long de ma lèvre inférieure. Je le laissais faire, docile, avant d'y déposer un baiser rapide. « Non…je ne compte pas te tuer et jeter ton corps dans le lac…par contre…. Si j’suis fou…c’est bien de toi… » Je ris légèrement, caressant son nez du bout du mien avant de souffler : « Si on voit les choses sous cet angle ... Moi aussi alors je suis folle ! A lier même ! » Je ris à nouveau, et je posais mes lèvres sur celles de Jude avec un fin sourire, capturant ses lèvres pour y déposer un baiser léger. Lorsqu'il recula, son visage se baissa légèrement sur ma tenue, « T’a pas froid comme ça… ? J’peux te filer ma veste si tu veux… » Humpf, oui, c'est vrai que j'étais en sous vêtements, j'avais complètement oublié. « Nan ... En fait ... Tant que j'suis comme ça, j'ai pas froid du tout ... » Je me pinçais la lèvre avant de hausser les épaules et de dire en riant légèrement : « Je décrète que tu es mon radiateur officiel ! Même si va falloir que je songe à remettre ma robe ... »

JUDANNA

" We accept the love we think we derserve "

Après la mort d’Aurore, plusieurs années plus tôt, je m’étais complètement interdit de pouvoir aimer une autre. Au départ, je dois avouer que je ne croyais plus tellement en l’amour. Même si ça n’était pas de leur faute, mes parents ne m’avaient pas donner le modèle d’un couple qui vivrait ensemble jusqu’à ce qu’ils soient très vieux : mon père était décédé d’un cancer il y a maintenant plus de dix ans, et ma mère ne s’en étais jamais totalement remise. Je savais bien que si mon père avait voulu, il ne serait pas mort, bien sûr, mais qu’est-ce qui garantissait que, s’il n’avait pas été malade, quelque chose ne les auraient pas séparés ? Comme un adultère, ou tout simplement l’éteignement de leur flamme. Ensuite, je m’étais senti extrêmement coupable, et quand j’ai rencontré Roxanna, quelques mois plus tôt, j’étais toujours dans cette phase de ma vie, où chaque rencontre que je faisais, me laisser une boule au ventre. Je n’avais jamais pu m’empêcher de me dire que Aurore était peut-être là, pas loin, et qu’elle me surveiller et que ça n’était que la trahir que de voir une autre femme. Je me contentais de les mettre dans mon lit, bien souvent, a moitié conscient de ce que je faisais, afin de pouvoir enlever un peu de ma culpabilité. Tout le monde, ma mère y compris, ne cessait de me dire qu’il fallait que je passe à autre chose. Aurore avait été mon premier amour, et je ne pourrais pas l’oublier vu les circonstances de sa disparition, mais que la vie valait la peine d’être vécu et qu’il y avait certainement quelque part une jeune femme qui n’attendait que moi. Mais je n’avais jamais voulu la croire, et ce qui m’avait rendu si proche de Torrey, c’était le fait qu’elle ressentait la même culpabilité qui m’habitait : elle savait ce que ça faisait, d’avoir peur de tomber amoureux et d’avoir cette impression de tromper la personne disparue qu’on a tant aimé. Et même si au départ, je me sentais un peu coupable, j’avais su tourner la page d’Aurore et de cette culpabilité avec une facilité déconcertante quand j’ai fait la connaissance de Roxanna : elle était cette jeune femme qui m’attendait, comme avait dit ma mère. « Si on voit les choses sous cet angle ... Moi aussi alors je suis folle ! A lier même ! » J’éclatais de rire en l’entendant me dire ça, et je finis par baisser le regard vers elle, me souvenant à nouveau qu’elle était à peine habillée. En plus de ça, elle avait les cheveux encore mouillés, et le vent qui soufflait dans cette forêt était plutôt froid. Le fait qu’elle vienne de prendre un petit bain pouvait la faire très vite tomber malade, ce qui serait plutôt dommage après seulement quelques jours ici. En bon gentleman – qui était, un aspect de ma personnalité que je n’avais même pas osé soupçonner jusqu’à ce que je rencontre ma petite amie – je lui proposais de lui passer ma veste, histoire qu’elle ne choppe pas un microbe ou un virus qui la clouerait au lit pendant plusieurs jours. « Nan ... En fait ... Tant que j'suis comme ça, j'ai pas froid du tout ... », me répondait-elle en riant légèrement. Je souris et j’haussais les épaules, resserrant un peu plus mon étreinte contre elle afin de pouvoir lui apporter un peu de chaleur corporelle. « Je décrète que tu es mon radiateur officiel ! Même si va falloir que je songe à remettre ma robe ... » J’éclatais de rire et je posais mon front contre le sien pour la regarder, gardant mes bras fermement noués autour de la jeune femme. Je l’imaginais, me présentant à des amis : « Je vous présente Jude, mon petit radiateur ! » Cette pensée me fit encore un peu plus sourire, c’est fou le nombre de conneries que l’on pouvait sortir à la minute lorsque nous étions ensemble. « J’accepte le titre de radiateur officiel, y’a même intérêt à ce que je sois le SEUL radiateur humain qui te réchauffe dans l’coin ! », lançais-je en riant à nouveau. Je jetais un coup d’œil vers sa robe qui séchait sur la couverture, « J’pense pas qu’elle soit déjà sèche…mais tu risques de chopper un truc si tu restes comme ça… », murmurais-je en me pinçant la lèvre. Je la lâchais alors quelques secondes, le temps d’attraper ma veste un peu plus loin pour la mettre sur ses épaules sous la serviette qui nous entourer, la prenant par la suite à nouveau dans mes bras, « Voilà, ça devrait déjà être un peu mieux… »

Il n'y a qu'avec Jude que je me sens si à l'aise, au point que je me sentais capable d'être ainsi, en sous vêtements, et totalement trempée, recroquevillée contre lui. Quand on pense qu'il y a quelques mois à peine, j'étais gênée rien qu'à l'idée de me pavaner en pyjama devant lui, c'est dans ces moments là qu'on se rend compte d'à quel point au contact d'un homme, on put évoluer. Je n'étais pas non plus devenue une dévergondée sans pudeur, loin de là, mais j'étais beaucoup plus à l'aise à l'idée d'être naturelle devant mon petit ami. J'étais sincère, en disant que je n'avais pas froid, et que j'étais bien à vraie dire. La serviette sur mes épaules réchauffait mon dos, et de l'autre côté, j'avais le buste plaqué contre le torse de Jude, qui, bien que trempé également, me réchauffait. Sans compter ses bras autour de moi qui m'enveloppaient. J'avais l'impression d'être blottie dans mon cocon, et je n'avais vraiment plus envie de bouger. Je décrétais alors que le jeune homme serait mon radiateur officiel. Bien qu'il l'était déjà depuis un moment, puisque à chaque fois que j'avais froid, c'était à lui que je l'avais dit. Jude éclata de rire, posant son front contre le mien avant de dire : « J’accepte le titre de radiateur officiel, y’a même intérêt à ce que je sois le SEUL radiateur humain qui te réchauffe dans l’coin ! » Je ris avec lui, secouant la tête en haussant les épaules avant de dire d'un air évident « Bien sur que oui, et je veux pas d'autre radiateur humain si ça peut te rassurer chéri. » Je souriais toujours, alors que Jude jetait un regard vers ma robe, encore en train de sécher sur la couverture, plus loin. Je tournais la tête également pour la regarder, et je me doutais bien qu'elle était loin d'être sèche encore. « J’pense pas qu’elle soit déjà sèche…mais tu risques de chopper un truc si tu restes comme ça… » murmura Jude, visiblement inquiet de ma santé. Je souriais doucement, m'apprêtant à rappliquer que j'avais une santé de fer, mais il me lâchait déjà pour aller attraper sa veste un peu plus loin et la glisser sur mes épaules, sous la serviette. J'en attrapais un pan pour le rapprocher de mon corps, et j'esquissais un sourire. « Voilà, ça devrait déjà être un peu mieux… » Je hochais doucement la tête avant de dire en me recollant contre lui doucement : « Merci .. C'est vrai que c'est mieux maintenant que je teste ... » J'embrassais Jude à nouveau, avant de cacher mon visage dans son cou, passant mes deux mains dans son dos pour me coller d'avantage à lui. Je tournais la tête à droite, et mon regard oscillait entre le sol, puis les chutes que j'arrivais à distinguer au loin, au coin de ma vue. J'appuyais ma tête contre l'épaule de Jude, avant de murmurer doucement : « On peut rentrer bébé si tu veux ... Faut pas que tu te sentes obliger de rester là parce que je suis collée à toi comme un bébé kangourou dans la poche de sa maman ! » Je ris légèrement, retournant ma tête dans le creux de son cou.

JUDANNA

" We accept the love we think we derserve "

Ce que j’aimais le plus, chez Roxanna, c’était qu’elle était naturelle. Beaucoup de filles sont très superficielles, surtout à Harvard : mesdemoiselles ont de l’argent, et elles ne s’en cachent pas : maquillage hors de prix qu’elles tartinent sur leur visage de manière presque vulgaire, vêtements hors de prix dont elles ne cachaient pas les marques. Roxanna, elle, qui avait de l’argent, était tout à fait différente de la plupart de ses filles. Elle était simple, tout simplement, et c’était une des choses qui m’avait tout de suite séduit en la rencontrant. Elle n’avait pas besoin de se tartiner le visage de maquillage pour être belle, et Dieu seul sait que les filles belles sans maquillage sont vraiment très rare de nos jours. Pourtant, elle l’était. Même le matin, avec ses cheveux blonds en bataille et ses petits yeux, elle était tout simplement magnifique. Beaucoup de personnes disent que l’amour rend aveugle, mais je savais que je n’étais certainement pas le seul homme du campus à penser ça. Roxanna avait un peu une réputation d’allumeuse avant de me connaître, le genre de fille qui chauffe les garçons pour au final, ne rien leur donner. Alors je me doutais que Roxanna Blackburn devait être le fantasme de plus d’un garçon, et je n’avais jamais montré de jalousie réelle envers les hommes qui fréquentaient Roxanna. Sauf peut-être le gars qui n’arrêtait pas de la coller à la soirée des Mather sur le thème d’Harry Potter, mais je faisais confiance à Roxanna. C’est alors que sur un ton ironique, je dis à Roxanna que j’espérais que j’étais le seul radiateur humain qu’elle utilisait dans le coin, ce qui la fit immédiatement rire. « Bien sûr que oui, et je veux pas d'autre radiateur humain si ça peut te rassurer chéri. » Cette phrase me fit sourire, car même si je n’étais pas jaloux, ça faisait quand même du bien de l’entendre dire ça de temps en temps. Ce qui était plutôt ironique, car si j’avais été elle, j’aurais beaucoup de mal à me faire confiance, vu le passé que j’avais avant de la rencontrer et le nombre de filles qui étaient passées dans mon lit. De peur qu’elle ne prenne vraiment froid, je lui plaçais quand même ma veste sur les épaules, avant de nous recouvrir à nouveau de la serviette, la gardant blottie contre moi le plus possible. « Merci .. C'est vrai que c'est mieux maintenant que je teste ... » Je souris et je prolongeais le baiser, avant qu’elle n’enfouisse son visage dans mon cou doucement. Je caressais son dos calmement, c’est fou le côté protecteur que je pouvais avoir avec Roxanna. Je fermais les yeux en continuant mes caresses doucement, alors qu’un petit silence c’était installé entre nous, laissant le ruissellement de l’eau raisonner. Au bout d’un moment, je sentais Roxanna gesticuler légèrement, avant de murmurer, « On peut rentrer bébé si tu veux ... Faut pas que tu te sentes obliger de rester là parce que je suis collée à toi comme un bébé kangourou dans la poche de sa maman ! ». Je ris légèrement et j’inclinais légèrement la tête sur le côté pour caler ma joue contre le sienne, gardant mes mains dans le bas de son dos pour la garder contre moi. « J’me sens obligé de rien du tout… », murmurais-je en riant à nouveau doucement, avant de tourner mon visage vers le sien pour déposer un baiser sur sa joue. « Moi j’aime bien quand t’es collée à moi comme un bébé kangourou dans la poche de sa maman ! » Je souris et je me reculais légèrement pour poser mes mains sur sa taille, elle avait l’air moins mouillée et la robe devait l’être aussi. « Mais si tu veux vaut mieux rentrer…parce qu’il va falloir repérer le chemin du retour dans le noir et ça risque d’être plutôt drôle ! » Je ris un peu, le sens de l’orientation et moi, ça faisait zéro.

On m'a toujours prêté un côté enfantin "trompeur". Bien souvent, quand je demande aux gens quel âge ils me donnent, ils vont en dessous des vingt ans, alors que j'approche à grands pas de mes vingt et un ans. Je ne sais pas ce qui conduisait à cette conclusion, peut être mon petit mètre cinquante neuf, ou ma voix plutôt aigüe ... A moins qu'il ne s'agisse du stéréotype de la poupée : Blonde, petite, joues rosées et grands yeux bleus, qui me donnaient des airs d'adolescente .. Mais avant que je ne connaisse Jude, les hommes se rendaient bien vite compte que j'étais tout sauf le genre de petite fille facilement influençable qu'on cale dans son pieu en deux temps trois mouvements. Bon, en dehors d'Alek, Damen et Soliman, les trois rares hommes qui me connaissent réellement. Et maintenant, il y avait Jude, et en dehors de mes périodes "joueuses" avec lui, je n'avais plus rien de cette fille que j'étais encore courant janvier. Je me rapprochais beaucoup plus justement de cette image d'enfant que les gens me donnent, et puis de toutes manières, l'image que les gens donnaient de moi m'importait franchement peu. Toujours calée dans les bras de Jude, je me rendais progressivement compte du fait que ça faisait maintenant un petit moment que j'étais ainsi, collée contre lui, à demi trempée. Et vu comment il faisait noir, ça faisait surement longtemps puisqu'il faisait encore jour lorsque nous sommes arrivés. Alors que je disais à Jude qui pouvait se débarrasser de moi et rentrer s'il le voulait, il rit et tourna à peine la tête pour coller sa joue contre la mienne, ses mains toujours dans mon dos qu'il caressait doucement, s'accrochant à moi comme si j'allais me casser la binette dans l'herbe au moindre faux mouvement. « J’me sens obligé de rien du tout… » murmura-t-il en riant, avant de déposer un rapide baiser sur ma joue. Je tournais un tout petit peu la tête pour pouvoir le regarder, étirant légèrement mes lèvres pour faire un demi sourire amusé. « Moi j’aime bien quand t’es collée à moi comme un bébé kangourou dans la poche de sa maman ! » Je ris légèrement, en voyant qu'il avait adopté mon expression. Mais c'est vrai que j'étais bien, comme ça, calée dans ses bras. Jude recula légèrement et je fis de même, alors que ses mains se posaient sur ma taille encore légèrement humide, mais sèche par rapport à tout à l'heure. Ma robe aussi, avait l'air dans un état moins pitoyable que tout à l'heure quand je l'avais retirée dans l'eau. « Mais si tu veux vaut mieux rentrer…parce qu’il va falloir repérer le chemin du retour dans le noir et ça risque d’être plutôt drôle ! » Oh oui, j'avais oublié ce détail. Il faisait nuit noir, et il allait falloir retrouver le chemin des chalets sans se paumer ! Je me courbais légèrement en arrière, pour tendre les bras et attraper ma robe, plutôt humide, mais pas trop non plus. « Hm, t'as raison, vaut mieux commencer à rentrer si on veut pas finir par dormir dans les bois ! » Et puis bon, c'est pas que les bois j'avais pas trop confiance mais .. Bon, si, j'avais pas confiance. Je voulais pas vraiment prendre le petit déjeuner avec un ours ... Ou lui servir de petit déjeuner plutôt. Je dégageais de mes épaules la serviette, puis la veste de Jude que je posais entre nous pour ensuite enfiler ma robe. A cause de l'humidité le tissu était froid, et un frisson me parcourut. Immédiatement après je reprenais la serviette sur mes épaules. « Mets ta veste, toi aussi t'es encore trempé avec la bouteille de tout à l'heure ! » Je finis enfin par me décider à quitter les bras de Jude après l'avoir embrassé, puis j'attrapais les affaires que j'avais sorties, et la nourriture, pour les ranger correctement dans le sac qui leur étaient destinés. Jude se redressa à son tour, et je pliais la couverture pour la mettre en dernier dans le sac. J'avais réussi à tout caler : Une vraie Mary Poppins ! « Voilà ! Bon, le plus dur reste à faire ... » J'attrapais la main de Jude dans la mienne, entrelaçant nos doigts, en m'éloignant des chutes par l'endroit ou nous étions arrivés. Je n'étais pas vraiment rassurée vu l'obscurité, mais ... Il allait falloir faire avec.

JUDANNA

" We accept the love we think we derserve "

Maintenant que nous étions tranquilles, Roxanna et moi, j’avais juste hâte de pouvoir passer cet été avec elle. Nous retrouver au moins une fois par semaine ici, rien que tous les deux, ne serait que pur délice. J’avais hâte que les jeux entre les équipes commencent également : n’étant pas dans la même équipe, cela risquait d’être assez drôle de se battre l’un envers l’autre. Surtout que nous étions tous les deux très joueurs et que j’étais certains que ça nous amuserait beaucoup, autant Roxanna que moi. Mais là maintenant tout de suite, il était très tard et il faisait très noir, du moins, de plus en plus et retrouver notre chemin serait quelque chose de périlleux. Enfin, en venant ici, nous ne nous étions pas engouffré de trop dans la forêt, il suffisait juste qu’on ne s’enfonce pas encore plus dans la nature. « Hm, t'as raison, vaut mieux commencer à rentrer si on veut pas finir par dormir dans les bois ! » Je ris et j’hochais la tête, la regardant attraper sa robe pour pouvoir l’enfiler. J’attrapais ma veste qu’elle avait sur les épaules entre les mains, en la regardant enfiler son vêtement qui semblait être quand même encore un peu froid puisqu’elle remit immédiatement la serviette sur ses épaules. « Mets ta veste, toi aussi t'es encore trempé avec la bouteille de tout à l'heure ! » J’attendais qu’elle se décolle de moi pour pouvoir enfiler ma veste, c’est vrai que j’étais aussi assez mouillé, mais je n’avais pas froid. Je la regardais commencer à ranger, nous nous étions vraiment étalés ! Je me redressais avec un peu de difficulté puisque mon dos me faisait un peu mal. Une fois debout, Roxanna avait tout rangée et elle glissa sa main dans la mienne. « Voilà ! Bon, le plus dur reste à faire ... » Je ris légèrement et nous commencions à marcher à travers la forêt. Si mes souvenirs étaient exacts, nous n’avions pas tournés ou fait un chemin abracadabrant pour venir juste ici : à mon sens, il suffisait juste de marcher tout droit pour trouver les chalets ou du moins, pour sortir de la foret. Nous ne marchions pas trop vite, et dans un silence de mort. Je caressais le dos de sa main dans la mienne avec mon pouce, regardant autour de moi pour essayer de me repérer. A un moment donné, un sourire se dessina sur mon visage et je tournais mon regard vers la jeune femme, « Ça me rappelle quand je t’ai raccompagné chez toi pendant notre premier rendez-vous… ont a marchés main dans la main jusque la maison des Eliot alors qu’on se connaissaient à peine… » Je ris légèrement, c’est vrai, premier rendez-vous et nous avions gardé nos mains emboitées l’une dans l’autre pendant tout le trajet. A vrai dire, je ne m’en étais même pas rendu compte tout de suite, comme si c’était…naturel ? Je me pinçais la lèvre et je souris à nouveau, lâchant sa main pour glisser mon bras autour de sa taille en continuant de marcher. « Franchement…t’a pensée quoi de moi ce soir-là, quand t’es rentrée dans la maison après qu’on se soit quittés… ? » Je me rappelais de cette soirée comme si c’était hier : une fois qu’elle était entrée dans la maison, j’étais restais sur le palier quelques minutes avant de me décider de partir. Après, on connait la suite. La nuit que j’avais passé avec Apple et celle-ci qui avait pris l’appel de Roxanna le lendemain matin pour organiser cette sortie au centre commercial et nous avoir taquinés sur notre rendez-vous en me réveillant pour me coller le téléphone à l’oreille. Décidément, tout ça me manquait, parfois. « Moi j’t’ai trouvé…drôle et…gentille aussi, incroyablement compréhensive…et vraiment très très très sexy. Trop bien pour un garçon comme moi aussi.. » Je ris un peu et j’haussais les épaules en lui souriant.